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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 12:19

 

16E12C5847654BD491186F1C1F3CE-1-.jpgLe care, ou la politique du K par K

 

On se plaint ici et là que la convention sur « l’égalité réelle » manque de cadrage et n’est qu’un catalogue de mesures. Martine Aubry à l’antenne de France Culture a dévoilé le pot-aux-roses, celui qui contenait le fameux crayon qu'elle s'est mis dans l'œil, son idée fard, le care...

Elle l'a dit très clairement : le care, c'est la philosophie du projet. Après avoir concédé que le mot n'était pas très bien choisi mais qu'en anglais il avait ce sens intéressant d'être l'expression d'un lien interpersonnel qui nous porte vers l'humanité de l'autre, ce qui revenait à dire que le care, c'était le lien même et qu'il fallait donc par tous les moyens le créer ou le renforcer. Pourquoi pas ? bien qu'elle semble confondre « humanitarisme » et « humanisme »...

Reste le problème : comment intégrer le care à un programme de gouvernement ? Et donc comment le planifier, comment vérifier que cette mission caritative postmoderne est bien réalisée ? Comment va intervenir la puissance publique dans les relations privées des citoyens ? Est-ce quantifiable ? Est-ce seulement assignable à tel ou tel ministère, sauf à imaginer les ministères allégoriques du novlangue de 1 9 8 4  à  l'image des Ministères de la Vérité, de la Paix, de l'Abondance, de l'Amour ? On comprend que du côté de François Hollande, on trouve ça un peu flou. Moi, j'enlèverais le « l » et dirais que c'est fou... Fou de croire que ça va convaincre nos compatriotes de voter pour ce projet-là.

Car(e) enfin quel est le vrai sens de ce qu'on est en train de nous fourguer ? C'est exactement la politique du K par K de Sarkozy et de son ministre de l'Éducation nationale, Luc Chatel, ancien de L'Oréal, comme c'est bizarre, comme c'est étrange, et quelle coïncidence...

Car(e) nous la valons tous bien cette politique qui prend soin de chacun et considère que nous sommes tous des K uniques qu'il faut suivre individuellement et assister, comme on assiste les personnes en fin de vie : service à la personne élargi à toute la société considérée comme moribonde (j'entends par là notre modèle social). L'État, enfin ce qu'on appelle la puissance publique, devenue l'impotente publique, ne « pouvant pas tout » (Martine a repris la formule de Jospin), il faut déléguer aux proches – voisins, associations de quartier, famille, etc. le soin de créer l'environnement moral et affectif qui permettra de mieux supporter l'existence pas très rose d'un avenir qu'on est en train de barrer...

Car(e) c'est quand même énorme de reprendre la « philosophie » de l'une des concessions faite par la droite au problème de la pénibilité au travail et des différences d'espérance de vie suivant les classes (mot obscène) sociales : on réglera le problème au K par K, alors que les syndicats, comme c'est leur rôle, demandent une solution collective. Et c'est aussi ce que réclame la rue, cette masse indifférenciée d'inconséquents qui ne savent pas ce qu'ils veulent si j'en crois certains. Creusons un peu plus la signification de ce recours obsessionnel au care, dont on nous dit qu'il n'est peut-être pas bien choisi.

Et pour cause. D'où vient le care ? des EU et des « cultural studies » où l'on raisonne par communautés, groupes localisés dans l'espace social, voire politique, où il importe, en effet, de savoir si les anges ont un sexe pour les placer dans l'échiquier politique et social, bref une société du clivage systématique dont l'aboutissement est le ghetto – de riches aussi bien que de pauvres. Chacun chez soi, et chacun pour soi. Ce que j'appellerai la WASPolititique dont le fondement idéologique est celui qui anime le Tea-Party. Le care, dans cette société qui met la liberté de l'individu au dessus de tout et de tous, bref de ce tout sans lequel nous ne sommes rien, est une solution destinée, théoriquement, à atténuer l'égoïsme dominant généré par un individualisme forcené, celui qui précisément met légalement au poing des forcenés ces armes avec lesquels ils peuvent massacrer leurs compatriotes n'importe où. Loin d'atténuer ou de colmater les trous de plus en plus énormes faits dans le tissu social, le care les conforte.

Au mieux, pour suivre la métaphore du tissage, il ne produit que du patchwork, c'est-à-dire un assemblage de pièces disparates. Mais dans l'état actuel d'une société qui se déglingue de plus en plus, ce qu'on nous propose, c'est un filet aux larges mailles.

Certains auront la chance d'être repêchés, les autres tomberont à l'eau ou pire...

 

Françoise Chenet

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 01:55

apres-la-candidature-de-montebourg-l-emission-d-audrey-pulv

Audrey Pulvar (AFP)

Audrey Pulvar, journaliste et présentatrice de télévision, est revenue, vendredi 26 novembre 2010 dans Libération, sur son éviction de l’émission politique « Audrey Pulvar Soir » (APS) sur i>TELE suite à l’annonce par son compagnon à la ville, Arnaud Montebourg, de son intention se porter candidat aux primaires du Parti socialiste, annoncée vendredi 19 novembre 2010 au JT de 20 heures sur France 2. Audrey Pulvar rappelle son attachement aux journalistes qu’elle vient de quitter, et, « féministe affirmée », elle constate analyse avec amertume l’attitude que la chaîne i>TELE a eu envers elle :

« Exerçant le métier qu’elle a choisi, une femme serait toujours, au travail et dans la construction d’un raisonnement, incapable de s’émanciper non seulement du jugement dudit compagnon, mais aussi des sentiments qu’elle nourrit pour lui. »

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Audrey Pulvar interviewant Ségolène Royal lors d'Audrey Pulvar Soir (APS) lundi 15 novembre 2010 sur i>TELE

Lors de l’UPP « Liberté et responsabilité de la presse et des médias : une utopie réalisable », mardi 23 novembre, Ségolène Royal est revenue sur cette éviction, dans un passage qui ne figurait pas dans la version initiale de son intervention :

« Je voudrais quand même évoquer le malaise des journalistes, qui n’est pas moins vif, devant ce que beaucoup ressentent comme une dégradation de l’exercice de leur métier. Je suis, par exemple, particulièrement choquée de la façon dont Audrey Pulvar a été débarquée. Elle m’a expliqué au téléphone, j’espère que je ne vais pas lui nuire, qu’elle avait pourtant informé la direction de sa chaîne (…) avant la déclaration de candidature de qui l’on sait. Elle a appris son débarquement 10 minutes après la fin du 20 heures. ».

Dans On n’est pas couché, l’émission de divertissement présentée par Laurent Ruquier sur France 2 hier soir, Arnaud Montebourg, interrogé, est également brièvement revenu sur le sujet :

« Laurent Ruquier : (…) Audrey Pulvar, dont on a voulu écarter sa présence sur une antenne en tant que journaliste. (…) En 2007, de Béatrice Schoenberg, vous disiez qu’il y avait conflit d’intérêt, voilà, avec sa présence au journal de 20 heures, et le fait qu’elle soit la compagne de Monsieur Borloo. Vous avez changé d’avis là-dessus ou pas ?

Arnaud Montebourg : je pense que Monsieur Borloo était ministre d’Etat, c’est-à-dire qu’il occupait une fonction très élevée, et moi je ne suis rien. Je suis candidat à une désignation, et candidat à une candidature. Si j’étais désigné, d’ailleurs avec Audrey nous avions imaginé que cette question se poserait si j’étais désigné, ce que je pense tout à fait possible, mais là je trouve que c’est une décision … que je ne qualifierai pas. Je laisserai à chacun le soin de la qualifier. Je crois que c’est mieux comme ainsi. Si vous me le permettez, par délicatesse, vis-à-vis d’elle et de ses employeurs. ».

Selon un sondage OpinionWay réalisé pour le JDD.fr, 59% des Français juge injustifiée la décision prise par i>TELE de priver Audrey Pulvar d’antenne sous prétexte qu’elle est la concubine d’Arnaud Montebourg. Fait significatif, les femmes sont plus choquées que les hommes du sort fait à la journaliste : elles sont 67% à désapprouver le choix de la chaîne contre 51% pour les hommes.

 

 

Le 10 novembre dernier, "Potiche"le film de François Ozon, est sorti dans les salles ; il met en scène les préjugés d'une époque très conservatrice sur les relations hommes-femmes, qu'il prétend situer dans les années 70 pour "garder de la distance" et "rire d'une situation injuste", comme l'explique François Ozon. La façon dont Audrey Pulvar a été remerciée et les raisons qui ont mené à ce remerciement montrent que les préjugés ont laissé une empreinte profonde dans la société actuelle, dont on supporte encore les conséquences.

Frédérick Moulin

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Animale sauvage

Par Audrey Pulvar

lg_libe.gif, le 26/11/2010

Ainsi donc, une femme serait encore condamnée à penser comme et par son compagnon. […] Elle serait toujours incapable de s'émanciper non seulement du jugement dudit compagnon, mais aussi des sentiments qu'elle nourrit pour lui.

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Audrey Pulvar (photo : France 3)

Par toi-même. Par toi et personne d’autre, ma fille. Te réaliser. Réussir ta vie par tes combats et peut-être quelques victoires. Ne compter sur personne pour la faire à ta place. Viatique. Héritage d’une grand-mère maternelle partie de rien, sans personne, au tout début d’un XXe siècle plein de fureurs et de cris. Une négrillonne, le terme de l’époque, sans instruction, ni argent, ni aucune de ces ressources si précieuses pour construire une vie, mais dotée d’une détermination consciente cependant qu’à l’ampleur insoupçonnée à s’arracher, s’extirper du malheur tout tracé. Une énergie qui lui permit de modeler à elle seule façon de dynastie sans possessions ni membres illustres mais dont chacun, et surtout chacune, va - dépositaire d’une puissance inaliénable, transmise de génération en génération. Tranquille assurance de la nécessité de s’approprier sa vie, le seul bien qui nous restera jamais. C’est ce legs qui a déterminé chacun de mes choix personnels et professionnels, chaque rupture, aussi, et fonde ce que je crois pouvoir aujourd’hui appeler un parcours. Chemin heurté mais toujours droit. Nids-de-poule, ronces, oasis, menaces et tempêtes : l’indépendance coûte cher. Il n’est pourtant de prix que je ne consente un jour à payer pour elle.

Féministe assumée, revendiquée et prosélyte. Dans la société matriarcale d’où je viens, la question ne se pose même pas. Ce qui m’arrive aujourd’hui ne pouvait donc que faire bondir l’animale sauvage que je demeurerai jusqu’à mon dernier souffle. D’aucunes, d’aucuns, se sont étonné(es) que je déclare comprendre la décision prise à mon encontre. Faire partie d’une entreprise, en être l’un des visages connus, entraîne une obligation de solidarité et de réserve que je sais observer. Ne pas trahir la confiance de gens que j’aime. Professionnellement, ne pas exposer une rédaction entière à un soupçon semble-t-il inévitable, ce n’est pas faire preuve de mollesse, mais de responsabilité. Ne pas apparaître comme l’instrument de telle ou telle chapelle politique, ce n’est pas de l’hypocrisie, mais de l’instinct de survie ! Pour autant, ménager son entourage et modérer son expression n’empêchent pas de penser. Par soi-même.

Ainsi donc - et bien au-delà de mon cas, qui n’est rien au regard des difficultés que des millions de femmes affrontent chaque jour en France - aujourd’hui, une femme serait encore condamnée à penser comme et par son compagnon (remarquez que la question ne se pose jamais pour un couple de femmes). Exerçant le métier qu’elle a choisi, elle serait toujours, au travail et dans la construction d’un raisonnement, incapable de s’émanciper non seulement du jugement dudit compagnon, mais aussi des sentiments qu’elle nourrit pour lui. La femme, cet être fragile et émotif comme chacun sait, pas assez autonome pour affronter seule une éventuelle attaque (verbale !) d’un interlocuteur malhonnête, pas assez armée pour faire la part entre sa vie privée et son engagement professionnel ? Un cerveau in-disponible en quelque sorte, parce que colonisé par celui de l’homme qu’elle aime… La question ne concerne pas que moi. Elle est le quotidien de milliers de femmes ayant réussi, à force de travail, à construire une carrière, à exercer des responsabilités, à porter l’image d’une grande entreprise, d’un groupe, d’un parti politique. Un procès permanent en incompétence, manque de maîtrise ou hystérie. Une culpabilisation générale, parfois autoalimentée, à propos de notre prétention à vouloir tout réussir à la fois. Une négation, également, de nos choix, dès lors qu’ils dérangent l’ordre établi. Voyez la démesure des réactions provoquées par le simple refus d’une ministre de dévoiler le nom du père de son enfant. Comme si passer au crible le travail qu’elle a fourni au poste qui était le sien revêtait moins d’importance pour le pays que l’intimité de sa vie de femme…

Non, je ne vis pas dans une bulle, indifférente à la critique ou au questionnement. Oui, je sais que ma vie de personne publique suppose une rectitude privée permanente. Oui, concrètement, aimer un responsable politique n’est pas la configuration la plus simple à gérer pour une journaliste politique. J’ai cru pouvoir être jugée sur pièces… A tort.

Propriétaire de ma vie, de mes pensées et choix. Ainsi me suis-je construite. Avec l’aide d’autres, mais sans avoir rien volé de tout ce que j’ai conquis. Considérée à mon corps défendant comme une manière d’étendard pour tous et toutes les nous autres que je rencontre parfois. Exclus de toutes couleurs et-ou origines sociales. C’est à eux que je m’adresse aujourd’hui. Nous autres, non destinés à la vie que nous avons choisie. Marqués du sceau de déterminismes ineptes, mais porteurs de cet inaliénable désir d’échapper à la dépossession de soi. Humains, debout. Intacts.

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27 novembre 2010 6 27 /11 /novembre /2010 17:50

Philippe-5921_WEB-1-.jpg   Invitée des jeunes socialistes ce samedi 27 novembre, pour leur convention sur le thème de la santé, Ségolène Royal a lancé une vibrante charge contre la politique de Nicolas Sarkozy sous l’ovation des jeunes.  

 

La socialiste a souhaité d’abord remercier les jeunes socialistes pour leur engagement politique, c’est « un bien précieux … de donner du temps aux autres ». Contre la droite dure actuelle qui voudrait lui retirer la parole, Ségolène Royal a soutenu la jeunesse « prenez la parole » car « la France a besoin de construire avec vous son avenir ».

 

Mais c’est surtout contre la politique du Nicolas Sarkozy que la socialiste a axé son intervention pour ouvrir sur une autre politique, pour le changement nécessaire en 2012.

 

Condamnant avec force le manque d’investissement pour la jeunesse du pouvoir en place, la socialiste a fustigé une politique qui plonge dans la précarité et le chômage la jeunesse. Rappelant qu’on ne peut pas construire l’avenir de la France sans soutenir ardemment la réussite de toute la jeunesse, Ségolène Royal a retrouvé toute la fougue de la campagne présidentielle de 2007 pour l’un de ses principaux combats.

Elle a dénoncé avec force l’absence de politique contre la discrimination dont souffre trop de jeunes qui parce qu’ils n’ont pas « le nom, la couleur de peau ou l’adresse » qu’il faudrait restent sur le bord de la route alors que la société a besoin d’eux.

 

Revenant sur le thème de la santé, la socialiste a lancé une attaque directe contre Nicolas Sarkozy accusé de « non assistance à personne en danger » face à l’épidémie du SIDA. La socialiste s’est montrée indignée face à l’absence de politique de prévention alors qu’il serait possible de réduire la propagation de la maladie en mettant en place un dépistage obligatoire réclamé par les autorités responsables.

 

Contre un pouvoir qui n’agit pas, la socialiste a appelé les socialistes et la gauche à l’unité. Pour mettre un terme à ce pouvoir « le plus anti-social » de la Vème République, elle a lancé un vibrant appel pour « la démocratie et la justice, pour être tous ensemble, tous ensemble ! »

 

Philippe Allard

Photo : © Razak / Désirs d'Avenir

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27 novembre 2010 6 27 /11 /novembre /2010 13:20

serfaty-1-.jpgNous nous souviendrons longtemps Nous nous souviendrons longtemps d' Abraham Serfati.

 

Militant infatigable de la lutte pour l'indépendance du Maroc, emprisonné des années par le protectorat français, il fut ensuite emprisonné, torturé sous le règne de Hassan 2. Il a consacré sa vie à la lutte pour les droits de l'homme et fut un militant de la cause palestinienne.

 

Il lui a fallu attendre le règne de Mohamed VI pour que lui soit reconnue enfin sa pleine appartenance au peuple marocain et l'ampleur des sévices subis pour délit d'opinion.

 

  Abraham Serfati a payé très cher sa fierté d'être juif et arabe à la fois et son refus des communautarismes réducteurs. Il était, et c'est l'honneur de son pays, le Maroc, le seul dirigeant juif d'un parti politique dans le monde arabe.

 

  Il restera, y compris pour nous, un exemple.

 

 

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27 novembre 2010 6 27 /11 /novembre /2010 10:24

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Photo : Christine Pichette

Jean-Pierre Mignard, avocat spécialiste du droit de la presse et de la communication notamment, ancien président de Désirs d’avenir (2007-2009), a animé mardi 23 novembre  l’Université Populaire Participative « Liberté et responsabilité de la presse et des médias : une utopie réalisable » à la Mairie du IVème arrondissement, à Paris.

Il est également intervenu sur la situation de la liberté de la presse en France, sur les liens entre liberté de presse, citoyenneté et information, sur la notion d’information, indissolublement liée au plusralisme, sur la crise et la montée des populismes autoritaires comme l’Italie, sur le rôle d’Internet, et pour conclure, sur ce qui fait qu’un journaliste est journaliste.

F.M.

 

Retranscription par Militants de l’Espoir À Gauche avec Ségolène Royal / F.M.

Bonsoir, chers amis. C’est une très bonne idée. Je suppose que c’est pas une idée qui est liée au hasard, pour Ségolène et pour Désirs d’avenir, d’avoir réuni cette Université ce soir sur un sujet comme celui-ci, parce que c’est pas un sujet académique. C’est un sujet d’importance, et c’est un sujet politique, et de grande politique, de haute politique, que l’on n’a pas fini de devoir reprendre et porter très haut dans les débats à venir et dans les initiatives que l’on doit prendre maintenant. La presse, la liberté de la presse, l’information, sont au cœur aujourd’hui de ce que nous ressentons à la fois comme une nécessité et un malaise.

Une situation qui n’est pas ordinaire en France et dans le monde

Pourquoi aujourd’hui ? Parce que d’abord, premièrement, on est dans une situation quand même qui n’est pas ordinaire. D’abord le monde n’est pas dans une situation ordinaire. Le monde ne va pas bien. Et la France va tout particulièrement mal. Et dans des périodes comme celle-ci, il y a en effet beaucoup de doute, beaucoup d’indécision, beaucoup d’inquiétude, quelques fois de la rancœur, de l’amertume, du ressentiment, et le ressentiment est à la frontière de la violence, ou en tout cas des sentiments violents, du mensonge ou des falsifications. Dans des périodes comme celle-ci, on a plus que besoin, plus que jamais, d’information.

La République a porté le plus haut possible la liberté de la presse

Et puis cette nécessité, on la ressent parce que nous sommes aussi une famille politique, la République, qui a porté le plus haut possible la liberté de la presse. On l’a portée avec la Déclaration des droits de l’homme, qui a sur ce point en effet déjà posé comme principe celui de la liberté de communication.

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Photo : MEAGSR/F.M.

En 1881, une grande loi, la loi sur la liberté de la presse, a effectivement indiqué qu’en France, l’édition et l’imprimerie étaient libres. Peu de temps auparavant d’ailleurs – enfin, un siècle auparavant quand même – la Révolution américaine avait prévu que la presse était libre et que le Congrès ne ferait jamais de loi contre la presse. Je ne sais pas si Laurent Mauduit, qui est journaliste à Mediapart, que nous connaissons et apprécions tous, est porteur d’un mandat ou d’un message particulier d’Edwy Plenel ce soir ; Plenel a toujours l’habitude de rappeler cette phrase de Thomas Jefferson, le président des Etats-Unis : il disait que s’il avait à reconstruire les Etats-Unis, et si un jour le choix lui était donné de le faire, entre la presse et l’administration, il choisirait la presse pour reconstruire le pays, plutôt que l’administration.

Une liberté de la presse menacée

La liberté de la presse, c’est ce que Laurent Mauduit et puis Franck Nouchi du Monde évoqueront avec nous aujourd’hui puisque cette liberté, elle est mise en question par des poursuites, par des menaces, par des procédures, et quelques fois il faut bien le dire, par des injures de la part de responsables du pouvoir exécutif. Et c’est tout à fait dangereux que ceux-ci se livrent à ce type de procédé, alors qu’il y avait une habitude et une tradition en France qui voulait que dès lors que la presse n’injurie pas ou ne diffame pas, et que l’on n’aille pas rechercher des injures et des diffamations là où il n’y avait que de l’information, fut-elle rugueuse ou dérangeante, aujourd’hui, les procédures à l’encontre des journalistes et des médias se précipitent et se multiplient, et c’est un aspect inquiétant.

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Photo : Christine Pichette

Non pas que notre pays ait toujours été sur ce point exemplaire, la guerre d’Algérie a montré combien la liberté de la presse pouvait être ruinée, combien les perquisitions dans les salles de presse peuvent être nombreuses, et les journalistes arrêtés voire emprisonnés, cela est survenu, mis je trouve que sans comparaison encore à ce point, nous sommes aujourd’hui dans une situation où la liberté est bousculée, alors qu’elle doit être au contraire réconfortée. Nous sommes dans une situation où nous avons en effet à nous interroger sur non seulement la liberté de la presse, mais sur les moyens de la presse ; et d’apprécier ce qu’est l’information.

Qu’est-ce que l’information ? Sans information, il n’y a pas de citoyenneté

L’information, ce n’est pas seulement la liberté d’expression. La liberté d’expression, c’est l’oxygène que nous respirons, elle est au cœur même de nos sociétés démocratiques, elle est au cœur de nos sociétés libres, nous avons besoin de nous exprimer, nous avons besoin de communiquer, de rechercher la communication. C’est au cœur même de ce qui est notre être. Maintenant l’information, c’est autre chose. L’information, c’est véritablement ce qui nous permet, non seulement d’être des humains qui pouvons communiquer, c’est ce qui nous permet d’être des humains avertis, des humains renseignés, des humains qui sont purement et simplement des citoyens. Sans information, il n’y a pas de citoyenneté. Voilà pourquoi il n’y a pas d’information sans liberté d’expression, mais l’information, c’est beaucoup plus.

Une information exigeante

L’information réclame de l’exigence, elle réclame des moyens, elle réclame du temps, et tout cela, c’est bien évidemment des engagements que les Etats ont pris vis-à-vis de l’ensemble de leurs citoyens. La Déclaration des droits de l’homme, je vous le disais ; la loi sur la presse de 1881 ; mais nous avons aussi en France depuis 1986 les grandes décisions du Conseil constitutionnel en matière de concentration, et Jean-Marie Charon vous y viendrez, de même que vous aussi Xavier Panon sur la situation de la presse quotidienne régionale, le Conseil constitutionnel français a imaginé un concept intéressant qui est celui d’« honnêteté de l’information ».

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Photo : MEAGSR/F.M.

Qu’est-ce que « l’honnêteté » de l’information ? Nous avons toujours pris le soin en France de ne pas définir l’information à travers, je dirais, des caractéristiques intrinsèques, la bonne ou la mauvaise information.

Bonne information et possibilité de choisir : le pluralisme

Nous avons simplement dit en France et c’est aujourd’hui la loi française et la loi constitutionnelle, qu’elle supposait, la bonne information supposait que nous ayons tous la possibilité de choisir. Que nous ayons à notre disposition des titres, des titres de presse, des titres sur Internet, que la presse audiovisuelle soit multiple, bref, nous devons pouvoir choisir. C’es la possibilité de choisir qui fait aujourd’hui qu’une information est pluraliste. Car voilà le mot. La charte des droits fondamentaux de l’Union européenne a repris le pluralisme comme étant une des valeurs fondamentales de l’Union européenne.

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Photo : MEAGSR/F.M.

Ça signifie que lorsque nous avons à réfléchir sur la presse, nous devons d’abord réfléchir au fait, pour reprendre ce que disait Ségolène, que les Etats sont débiteurs vis-à-vis de nous tous. Ils sont débiteurs des engagements qu’ils prennent au niveau de leurs lois nationales et constitutionnelles, ils sont débiteurs au regard des conventions et des traités régionaux qu’ils ont signés entre eux, ils nous doivent, nos Etats nous doivent en effet le pluralisme, c’est-à-dire qu’ils doivent nous laisser la possibilité d’avoir à choisir entre plusieurs titres.

Sans pluralisme pas d’information,

sans information pas de société démocratique

Si on ne peut pas choisir entre plusieurs titres, si on ne peut pas choisir entre plusieurs médias, il n’y a pas d’information, et comme le dit la Cour européenne des droits de l’homme, sans information il n’y a pas de société démocratique. Et sans liberté de la presse, et sans liberté de l’information, puisque que la Cour européenne des droits de l’homme va jusqu’à parler des watchdogs, des chiens de garde, il n’y a pas effectivement pour nous la possibilité de considérer que nous vivons dans des sociétés pleinement libres comme la démocratie les réclame.

Crise et montée des populismes autoritaires

C’est tout cela que nous avons à défendre dans une situation de crise, dans une situation de crise économique internationale, dans une situation de crise sociale, dans une situation de crise politique et de crise morale, où nous voyons bien qu’avec l’incertitude des politiques d’Etat, la difficulté qu’il y a de mettre en place une gouvernance, mais je préfère vous dire un gouvernement mondial, le risque de voir les gouvernements jouer les uns contre les autres, la montée des protectionnismes, nous sommes effectivement peut-être à la frontière de la montée d’autre chose de beaucoup plus important, qui serait ce que j’appellerais les populismes autoritairesEt les populismes autoritaires, Monsieur Giannotti, vous nous parlerez de l’Italie sur ce point, vous avez l’expérience d’un pays dont la culture politique, la culture intellectuelle faisait l’admiration de l’Europe, mais qui est aujourd’hui dirigée – pardonnez-moi, ce n’est pas faire injure à un peuple que nous aimons beaucoup et que nous respectons – par un dirigeant assez bouffonnant.

Ecrire sur Internet ne fait pas de nous des journalistes

Donc comment est-ce que la presse, comment l’information est en mesure d’éviter tout cela ? Nous allons donc avoir à discuter sur les modèles économiques, à discuter sur l’état de la liberté aujourd’hui. Est-ce que l’Internet, Maurice Botbol, vous qui êtes président du Syndicat de la presse en ligne, va nous permettre de retrouver cette liberté qui est économiquement si chèrement comptée sur la presse, qui fait que les présidents de l’audiovisuel public sont désignés dans des conditions que nous n’acceptons pas, est-ce que l’Internet est notre solution ?

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Photo : Christine Pichette

Oui et non. D’abord premièrement, il y a des poursuites sur les sites d’édition en ligne. Et puis deuxièmement, Internet vous jette à vous, journalistes, un défi qui est redoutable. C’est-à-dire qu’Internet nous permet à tous de nous exprimer sur Internet. Nous sommes tous des communicateurs, sur Internet. Nous le sommes tous, et nous usons de notre expression, nous écrivons. Sommes-nous pour autant devenus de journalistes ? Non. Plus que jamais Internet va devoir poser la question en effet du travail journalistique, de ce qu’est l’information, de ce qu’est l’information qui n’est pas simplement la liberté d’expression, qui n’est pas simplement la liberté de communication. Je peux écrire, Ségolène écrit, nous écrivons, on peut lire des tas de choses passionnantes et intéressantes, mais nous ne sommes pas des journalistes.

Qu’est-ce qu’un journaliste ?

Le journaliste, il travaille sur des faits. Il relève des événements, il relève des faits, selon effectivement une méticulosité que d’ailleurs les juges ont à peu près bien déterminée quand jugement après jugement, année après année, ils ont tricoté comme des dentellières, ils ont tricoté la jurisprudence sortie de la loi de 1881. Plus que jamais Internet demande aux journalistes d’être eux-mêmes, et peut-être de se doter de la déontologie qui leur permettra non seulement de se défendre vis-à-vis de l’exercice du pouvoir et de ses abus, mais peut-être de s’identifier plus que jamais comme des professionnels qui doivent être protégés, des professionnels qui ont des droits, des professionnels qui ont des devoirs, et peut-être de considérer tout simplement que les journalistes sont à la fois des professionnels et des militants les plus précieux de la démocratie. Voilà. (Applaudissments)

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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 22:40

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Ségolène Royal à Poitiers, le 25 novembre 2010 (Reuters/Régis Duvignau)

Ségolène Royal a réagi aujourd’hui depuis son bureau au Conseil régional de Poitou-Charentes, à Poitiers, à la polémique sur un « pacte » entre DSK, Ségolène Royal et Martine Aubry qui avait suivi l’intervention de la première secrétaire du PS au JT de 20 heures mercredi 24 novembre 2010.

Qu’avait dit Martine Aubry, qui n’avait d’ailleurs à aucun moment prononcé le mot « pacte » ? Elle était intervenue très brièvement sur le sujet :

« On l’a déjà dit, nous avons déjà dit que nous réfléchissons ensemble, comme Ségolène a dit qu ‘elle souhaitait aussi réfléchir avec nous, et donc nous proposerons une candidature véritablement ensemble, c’est-à-dire pas l’un contre l’autre ou l’une contre l’autre, en l’occurrence, voilà. »

LeMonde.fr avec AFP revient sur la réaction de Ségolène Royal de cet après-midi.

Frédérick Moulin

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lemondefr pet avec AFP

Ségolène Royal : "Il n'y a pas de pacte pour empêcher les primaires"

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"On n'est pas candidat les uns contre les autres. On est candidat pour offrir une alternative au pays." (dessin de Plantu)

Mercredi soir, Martine Aubry avait pourtant confirmé l'existence d'un pacte entre Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal et elle-même, prévoyant qu'ensemble ils choisiraient lequel ou laquelle d'entre eux serait candidat à la primaire socialiste pour la présidentielle. Aussitôt, les candidats déclarés ou potentiels à cette primaire avaient dénoncé une "entente", un "arrangement".

"LEVER TOUTE AMBIGUÏTÉ SUR LE SUJET"

"Il y a eu ambiguïté dans ce qui a été dit", à savoir qu'"on se mettrait d'accord entre nous avant les primaires. Non", a affirmé Mme Royal. "Plus que jamais, l'heure est venue d'avancer sur les primaires. C'est la meilleure façon de lever toute ambiguïté sur le sujet", a-t-elle fait valoir, en plaidant pour une accélération du calendrier. "Il n'y a pas de pacte pour empêcher les primaires. Toutes les interprétations qui laissent croire qu'il y a une alliance pour empêcher les primaires ne correspondent absolument pas à la réalité des choses", a-t-elle poursuivi.

Mme Royal considère que "les Français ont besoin le plus tôt possible de cette confrontation politique avec la droite pour savoir ce que les socialistes feront quand ils seront en responsabilité". Pour elle, les primaires "sont un élément-clé des conditions de la victoire à la présidentielle", et "c'est par la mobilisation que l'on va enclencher sur un projet alternatif la dynamique de la présidentielle". "Ce moment démocratique, il est indispensable de le réussir sinon les Français diront 'les socialistes qui ont promis des primaires, ils ne sont pas capables de les faire, comment pourraient-ils être capables de démocratiser le pays s'ils n'ont pas été capables d'organiser des primaires démocratiques ?' ".

Insistant sur l'importance de ne pas revivre "la guerre des ego, les conflits", elle a fait valoir que dans le cadre des primaires "on n'est pas candidat les uns contre les autres. On est candidat pour offrir une alternative au pays".

Dans une allusion à peine voilée à DSK et Martine Aubry, Ségolène Royal a critiqué "ceux qui veulent toujours retarder la confrontation politique pour ne pas être attaqués". "Il faut qu'ils sachent que ce n'est pas en retardant les choses qu'on les règle", a-t-elle martelé.

Le calendrier des primaires (candidatures en juin, primaires en septembre) donne du temps au directeur général du FMI pour se déclarer. À la seconde où il aura annoncé sa candidature, il devra en effet quitter le FMI. Et pour afficher sa volonté de participer à la compétition, Mme Royal a ajouté : "Personne ne s'interdit d'être candidat aux primaires, y compris moi (...). Je n'irai pas dans un dispositif qui empêcherait les primaires pour une quelconque raison de confort personnel, (...) je ne crains pas la confrontation politique."

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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 05:38

LMauduit 4

 Photo : MEAGSR/F.M.

 Mardi 23 novembre 2010, Laurent Mauduit journaliste d'investigation et co-fondateur de Mediapart, est venu apporter son témoignage et faire des proposition à l’Université Populaire Participative « Liberté et responsabilité de la presse et des médias : une utopie réalisable » à la Mairie du IVème arrondissement, à Paris.

 Orateur passionné, applaudi à plusieurs reprises, il a rappelé les deux grands maux de la presse en France : la "régression démocratique" observée par la presse depuis 2007 en France, et dans le même temps, les ravages du "capitalisme de connivence à la Sarkozy". Puis il a proposé des pistes pour sortir de "la vie au quotidien terrifiante" de la télévision publique française sous la coupe de Nicolas Sarkozy, et enfin a fait des propositions de réformes pour la liberté de la presse écrite, tirées des exemples américains, suédois, islandais et belges.

 Laurent Mauduit a conclu en martelant :

"N’attendez pas des journalistes qu’ils soient courageux, faites qu’ils soient dans un environnement où même les faibles, même les fragiles, puissent travailler sereinement dans une vraie démocratie."

F.M.

 

Retranscription par Militants de l’Espoir À Gauche avec Ségolène Royal / F.M.

Jean-Pierre Mignard : je vais donner la parole successivement à Laurent Mauduit qui est journaliste à Mediapart, économiste, et puis à Franck Nouchi, qui est rédacteur en chef et éditorialiste du Monde, parce que je demanderai successivement à l’un et à l’autre, non pas de se limiter dans le temps, ça je sais qu’ils le feront, ils n’arrêtent pas de le dire, mais en tout cas dire, parce que, vu la situation et le paysage - il est sombre - alors, journaliste égale résistant ?

Laurent Mauduit : oui, Jean-Pierre, à cette heure au moins un peu résistant. Juste d’abord un petit mot liminaire, que je ne veux pas discourtois, mais sincère. Ordinairement, la place d’un journaliste n’est pas à une tribune à côté de politiques. Je le dis du fond du cœur, parce qu’on évoquera les questions d’éthique et de déontologie, en règle générale, cette forme de rapprochement crée, vous le savez, des connivences.

La seule exception que nous nous autorisons, c’est quand il en va de la question de la liberté de l’information et de la liberté de la presse, parce que précisément, le fond de notre conviction, c’est qu’on touche là à une question majeure du fonctionnement de la démocratie. Et donc parler de la crise de la presse, c’est une invitation à réfléchir aux dysfonctionnements de notre démocratie, et donc de ce point de vue-là je pense que le débat est fructueux, il est normal, il est logique, il est riche qu’un journaliste parfois vienne se confronter avec des citoyens pour entendre ce qu’ils disent, à la fois faire part de ses doutes, de ses inquiétudes, et en même temps entendre les interpellations.

La presse vit une période de régression démocratique depuis 2007

Alors, je dis ça parce que devant notre assistance, je pense qu’il y a des points sur lesquels on peut aller vite, sur lesquels on peut s’entendre. C’est que le fond de la conviction comme journaliste, c’est que nous vivons, notamment depuis 2007, dans une période de régression démocratique, vu de la presse, qui est gravissime et dont le feuilleton est interminable, vous le vivez … (Applaudissements) Vous le vivez comme moi, comme nous, comme nous tous les journalistes. Il y a d’abord eu pour nous, « fascistes », s’adressant à Mediapart au moment des premières enquêtes. Ce n’était pas une attaque contre Mediapart, c’était une attaque contre toute la presse, et vous l’avez vu parce qu’après « fascistes », il y a « pédophiles ». Voilà. C’est une suite d’agressions verbales.

LMauduit 3

Photo : MEAGSR/F.M.

Il n’y a pas seulement ça, il y a les fadettes. Il y a des tentatives de contrôle, surveillance des journalistes. Il y a les plaintes. J’attire votre attention sur le fait que la plainte, notamment, de Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, contre Mediapart est un fait sans précédent dans l’histoire de la Vème République, plainte contre un papier de Mediapart, un papier d’interpellation, faisant l’addition de l’ensemble des hypothèses actuellement réalistes sur le contrôle des journalistes.

Le capitalisme de connivence à la Sarkozy fait des ravages dans la presse

Et puis au-delà de tout cela, il y a ce que vous connaissez, il y a – comment dire ? – le capitalisme de connivence à la Sarkozy qui depuis 2007 a fait des ravages dans la presse. C’est-à-dire que la singularité de la crise de la presse, c’est qu’elle connaît en France l’addition de toutes les crises de la presse qui existent partout dans les autres pays : crise de la gratuité, récession de politique publicitaire, basculement technologique. Mais en plus de tout ça en France, il y a une crise en plus qui distingue la crise de la presse de toutes les autres grandes démocraties, l’Italie peut-être mise à part, c’est la crise d’indépendance, ou crise de dépendance si vous voulez. Je veux dire c’est notre histoire à tous, je veux dire, c’est l’histoire de mon ami Franck qui est toujours au Monde, moi j’y étais, j’en suis sorti parce que j’y ai été censuré, je veux dire, mais faites l’addition.

La singularité de cette crise de la presse, c’est que les gens qui ont croqué les uns après les autres tous les quotidiens de la presse nationale, leur singularité, c’est de ne pas être des hommes de presse. C’est d’être des obligés du Palais. Tous les uns après les autres. Et donc de ce point de vue-là, c’est juste une pe… (Applaudissements) C’est juste une petite parenthèse.

C’est qu’en termes de propositions dire l’enjeu, l’un des enjeux, l’une des réformes, ce serait de couper, je veux dire, demander à ce qu’il y ait une séparation, que quelqu’un qui vit des commandes publiques ne puisse pas avoir un journal.

D’accord, il y en a qui vivent des commandes publiques, en clair c’est Dassault, on sait très bien que ses avions, s’ils ne sont pas vendus au Brésil, c’est l’armée française qui les rachète. On sait que ceci peut peser, on sait que c’est… Oui, mais c’est pas seulement ça. Ce sont les obligés du Palais.

Faites l’addition de l’ensemble des journaux. Regardez ce qu’est la crise de l’information économique par exemple. Comment voulez-vous que l’on parle du premier PDG français, Bernard Arnault, la 7ème fortune mondiale, je le dis avec modestie, parce que j’ai des confrères que j’aime, que j’apprécie et que je respecte aux Echos, mais souvenez vous de leur révolte déontologique aux Echos, souvenez vous. Comment peut-on parler dignement, sereinement de ce PDG, alors qu’il est le propriétaire des Echos et qu’il est par ailleurs, comme actionnaire de LVMH, propriétaire de LVMH, le premier annonceur du Figaro ? C’est impossible !

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Photo : MEAGSR/F.M.

Bon. Donc il y a toute cette normalisation économique, et comprenez bien que de la normalisation économique découle un danger qui est la banalisation ou l’instrumentalisation éditoriale. Je veux dire, on sort d’une histoire qui est l’histoire… je veux dire, le marqueur, ça a été la Libération, ça a été le programme du Conseil national de la Résistance. Une muraille de Chine entre les actionnaires et la rédaction. Beuve-Méry, le fondateur du Monde, disait : « Loin de la presse d’industrie. ». Et cette remarque, d’ailleurs, vous montre que la question ne se pose pas seulement auprès des actionnaires de droite amis de Nicolas Sarkozy. Ce que l’on a vécu, c’est la fin d’exceptions, journaux propriété de leurs journalistes. Ça a été l’histoire du Monde ou de Libération.

Voilà. Donc toute cette histoire vous la connaissez, ça induit évidemment beaucoup de réformes, beaucoup de réflexions, mais j’aimerais concentrer mon propos sur, comment vous dire ? Sur ce qu’il y a dans cette crise de la presse, il y a la rationalité des journalistes, leur bagarre, leur bataille pour défendre une forme de journalisme indépendant, une forme de journalisme honnête. Je veux dire, c’est ce que nous, nous avons essayé, au travers de Mediapart, de refonder, une presse indépendante, et donc réhabiliter ce qui nous semble à nous le cœur du métier, l’enquête, l’investigation, donner à montrer ce que Jean-Pierre rappelait tout à l’heure.

Mais j’aimerais surtout faire des propositions et vous faire réfléchir, parce que, à mon avis, la crise de la presse dit d’abord beaucoup de la crise de la démocratie, de son anémie, de la crise de la démocratie qui prend en France un contour très, très singulier qui fait à mon sens de la démocratie française une démocratie à part. Je pense qu’il y a, pour conforter le droit à l’information, la liberté de la presse, beaucoup de réformes à envisager, et à réfléchir. Il y en a qui sont assez simple, et dont il y a les contours, on peut les deviner.

Sarkozy et la télévision publique : « il nous disait quels programmes faire »

Quand on parle de la télévision publique, c’est vrai, Ségolène Royal l’a mentionné, lisez, lisez le livre des deux Duhamel. Suivez surtout le témoignage de Patrice Duhamel ; il n’est pas de votre bord, mais ce qu’il dit est un récit honnête qui fait froid dans le dos. Il raconte, pour la télévision publique, un exemple, pas seulement l’information, l’émission de David Hallyday, Sarkozy l’a appelé 17 fois pour lui dire : « Embauche David Hallyday, fais lui une émission. ».

Et tout le récit est à l’avenant, c’est-à-dire que, vous comprenez bien que la réforme de la procédure de nomination, c’est pas seulement le coup de force, c’est pas seulement le coup d’Etat permanent, ça y est il décide lui-même des bons patrons de l’audiovisuel public. C’est pas ça. Duhamel dit une chose : « On n’avait pas compris qu’en fait, Carolis était le ministre de la télévision publique, et moi j’étais le secrétaire d’état aux programmes. Nous étions convoqués à des réunions interministérielles où il nous disait quels programmes faire. ». Donc la vie au quotidien, enfin, qu’il raconte était – bon – terrifiante.

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Photo : MEAGSR/F.M.

Et donc on imagine bien, réforme, dans les nécessités, réforme de la procédure de nomination, mais c’est beaucoup plus loin qu’il faut aller. Je veux dire la question de l’indépendance de la rédaction, des rédactions, vis-à-vis de l’actionnaire, de l’actionnaire public, se pose. Donc je pense que la réforme doit être une réforme beaucoup plus ambitieuse qu’un simple retour à un CSA, même un CSA réformé.

Des pistes pour la liberté de la presse écrite

Mais je pense que si l’on parle de la presse écrite, il y a aussi beaucoup de pistes que Jean-Pierre connaît beaucoup mieux que moi et que je cite pour mémoire. Il y a tout un droit à construire ou à améliorer ou à renforcer sur lequel peut s’adosser la liberté de la presse.

Le « Freedom of Information Act » américain

Je pense à un droit notamment sur le modèle du « Freedom of Information Act », vous savez le fameux dispositif américain qui oblige les agences fédérales américaines à transmettre leurs documents à quiconque en fait la demande. Alors vous savez que ce dispositif qui est ancien, qui date, je crois, de 1966, c’est-à-dire au moment de la guerre du Vietnam, a fait tache d’huile dans beaucoup de pays.

Suède : communication d’une pièce administrative sans décliner son identité

Sachez par exemple qu’en Suède, où un système à peu près du même type existe, un citoyen qui demande communication d’une pièce administrative n’a pas même à décliner son identité, il peut le faire de manière anonyme.

Islande : droit à la communication des documents Etat-entreprises

Sachez qu’en Islande, et tout ceci doit faire réfléchir, peut nous faire réfléchir, en Islande donc le dispositif est tout récent, il est né de la crise, la communication des pièces administratives, je dis ça parce que, le droit de la presse, le droit à l’information est un droit qui protège non pas les journalistes, c’est d’abord un droit qui vous protège vous, qui protège les citoyens, donc… (Applaudissements) En Islande, le droit à la communication des documents porte même sur les documents qui concernent les relations entre l’Etat et les entreprises.

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Photo : MEAGSR/F.M.

Imaginez, au regard d’un dispositif de ce type, ce qu’aurait été en France, la facilité qu’auraient eue les journalistes à enquêter, encore plus facilement, sur l’affaire Bettencourt, ou sur l’affaire Wildenstein, où il y a une présomption de fraude fiscale massive, qui porte sur 3 ou 4 milliards d’euros. Vous vous rendez compte, mais, dans ce cas-là : communication, y a-t-il des enquêtes fiscales, comment ? Voilà. Donc, il va de soi que le droit à l’information, le droit à votre information, si ce droit-là était renforcé, la société serait considérablement améliorée.

Renforcer la protection des sources des journalistes

Mais il y a aussi un second volet, c’est là-dessus que j’aimerais terminer, il faut aussi réfléchir à un droit qui renforce la protection des sources des journalistes.

Suède : condamnation du journaliste qui révèle ses sources

Sachez que par exemple il y a une législation en Suède qui fait que c’est le journaliste qui est condamné s’il révèle ses sources. C’est une loi qui est très, très protectrice. Je parle sous le contrôle de Jean-Pierre qui connaît ça beaucoup mieux que moi mais…

Unique exception de la loi belge de 2005 : sauver la vie d’une personne

Il y a la grande loi belge, la loi de 2005, qui peut être à mon sens un modèle, et qui ne prévoit qu’une seule exception à la protection des sources, c’est si dans le cadre d’une enquête conduite par un juge d’instruction indépendant, il est avéré que la révélation d’une source pourrait permettre de sauver la vie d’une personne. Et voyez bien que cette loi, sous cette procédure, protège les intérêts d’un individu, et non pas d’un Etat. Et donc mettez par contraste la loi française, hein, qui cadenasse le dispositif en évoquant des intérêts supérieurs, intérêts supérieurs qui autorisent toute une série de passe-droits, cette loi est – pardon – dangereuse.

Donc voilà, je pensais à cette phrase de Mauriac et je conclus aussi là-dessus, 54, hein, Mauriac qui n’était pas un révolutionnaire, qui n’était pas un gauchiste : « Je doute s’il existe pour la presse un crime d’indiscrétion, mais il existe un crime de silence. Le jour de règlement des comptes, nous ne serons pas accusés d’avoir parlé, mais de nous être tus. ».

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Photo : MEAGSR/F.M.

Je dis juste une dernière remarque : n’attendez pas des journalistes (Applaudissements) qu’ils soient courageux. De toutes les époques, il y a toutes les figures du journalisme. Il y a des journalistes courageux, il y en a de faibles.

Regardez le XIXème siècle comme je ne veux faire aucune comparaison blessante. Il y a des journalistes corrompus, c’est Splendeurs et misères des courtisanes, c’est Balzac, relisez-le, ceci n’a pas changé.

Il y a aussi des grandes figures, les grands républicains sous le Second Empire, je pense moi à un journaliste modèle, qui est celui que j’aime, Charles Delescluze, celui qui a construit une statue à la mémoire d’Alphonse Baudin, vous savez, le député qui est mort lors du coup d’Etat [cf intervention d'Edwy Plenel, co-fondateur de Mediapart, sur le sujet, le 13 septembre 2010 en cliquant ici]. Voilà, il y a ces deux figures-là.

Mais n’attendez pas des journalistes qu’ils soient courageux, faites qu’ils soient dans un environnement où même les faibles, même les fragiles, puissent travailler sereinement dans une vraie démocratie. (Applaudissements nourris)

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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 23:18

154887_1704051008934_1467755058_31709094_1389634_n-1-.jpg      Depuis le congrès de Reims qui avait vu s’affronter Martine Aubry et Ségolène Royal, la direction du PS a tout tenté pour disqualifier la présidente de Poitou-Charentes. Isolée selon cette direction, l’ancienne candidate de 2007 apparaissait distancée à gros renforts de sondages et d’articles dans la presse. Oublié le temps des grands rassemblements autour de Ségolène Royal, la trahison prenait résidence et les petits caporaux fuyaient le navire comme les rats avant la tempête …

 

 Quelle fut donc la surprise pour beaucoup de voir Martine Aubry confier sa place dans les grands rendez-vous des médias. Quel fut l’étonnement d’entendre Martine Aubry accepter d’associer au pacte « secret » de Marrakech, aux côtés de Dominique Strauss-Kahn, celle qu’on présentait il y a encore peu comme politiquement morte. Quelle fut la stupéfaction de voir Martine Aubry venir reconnaître la trahison de 2007 sur une chaîne publique : "On a tiré toutes les leçons du passé : les leçons de la division, de l'absence de travail et d'une responsabilité qui n'a peut-être pas été suffisamment grande" ! 

 

Comment expliquer un tel revirement ? Comment expliquer cette place de choix offerte à Ségolène Royal alors qu’ils seraient si nombreux au PS à vouloir atteindre ce rang et entrer dans ce pacte ? Pensons notamment à ce pauvre Fabius venu sur tous les médias défendre son rang dans ce pacte dont on n'évoque même pas le nom aujourd'hui. Quelle tristesse pour ce grand monsieur ...
 Si Ségolène Royal pèse si peu face à ces hommes importants, anciens et nouveaux barons du PS, si elle ne compte plus aujourd’hui, pourquoi l’intégrer au pacte « secret » ?

 

 Certes Ségolène Royal, formée à l’école florentine de François Mitterrand a appris toutes les ruses, toutes les recettes de la grande cuisine politique française qui pourrait rejoindre la gastronomie au patrimoine mondial. Appelant depuis des mois à l’unité, elle a montré son entier dévouement à la cause commune pour la victoire de la gauche à la prochaine présidentielle. Acceptant de se retirer pour mieux faire l’unité elle a donné devant la France des gages. La florentine a su jouer avec finesse pour s’imposer à nouveau. Une stratégie bien réfléchie, bien orchestrée qui porte aujourd’hui ses fruits et lui permet un retour au sommet.

Il y a sans aucun doute quelque chose de vrai dans tout cela, mais il serait un peu facile de croire que Martine Aubry aurait aussi peu de flair pour se laisser ainsi abuser. Alors pourquoi ?

 Peut-être que tout simplement, Ségolène Royal n’a pas perdu de sa force, de sa capacité à convaincre et à mobiliser et qu‘elle sera indispensable pour mener une campagne nationale face à un adversaire qui n‘a pas encore abaissé ses dernières cartes. Peut-être qu’elle dispose toujours contrairement à ce que certains voudraient faire croire d’un fort soutien des milieux populaires si rare au Parti socialiste parce qu’elle a su convaincre de son engagement et de sa volonté de changement. Peut-être que ses idées novatrices que certains ont trouvé trop audacieuses en 2007 deviennent aujourd’hui réalistes pour porter le combat contre la droite conservatrice.

 

 En tout cas nul doute maintenant, la florentine est rentrée dans le jeu, il faudra compter sur elle. On lui a ouvert la porte, elle saura trouver le chemin ... Elle vient avec panache de s’emparer d’une dame. La partie est relancée ...

 

Philippe Allard

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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 20:07

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Policiers lors lors d'une opération "coup de poing" à Marseille cette semaine (Reuters/Jean-Paul Pélissier)

Une centaine de policiers accompagnés de gendarmes ont lancé une première « opération coup de poing » lundi 22 novembre dans la soirée à Marseille. Des opérations de contrôle ont été effectuées avec le but afficher de « récupérer des armes et lutter plus efficacement contre les dealers et les trafiquants », a annoncé le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux.

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La kalachnikov saisie lors de l'opération "coup de poing" de lundi dernier à Marseille (AFP/Anne-Christine Poujoulat)

Le succès a été de taille : une kalachnikov a été saisie dans le coffre d'un 4×4 de luxe immatriculé au Luxembourg ; le conducteur a immédiatement été placé en garde à vue. Au total, le butin est impressionnant : une kalachnikov et quelques interpellations !

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Opération "coup de poing" de lundi à Marseille : "quelques interpellations" (AFP/Gérard Julien)

Oyez, oyez, braves gens, le gouvernement assure votre sécurité !

Jean-Jacques Urvoas, député du Finistère, secrétaire national à la sécurité du PS, un poste qui a été occupé dans le passé par Delphine Batho, écrivait dans Le Monde daté du 31 juillet 2010 (« Une politique de sécurité en faillite ») :

« Depuis plusieurs années, le pouvoir développe en matière de maintien de l'ordre public une doctrine d'emploi des forces de plus en plus influencée par le modèle militaire américain. (…)

On concentre les moyens pour ensuite les « projeter » là où apparaissent les étincelles. Résultat : les forces ne connaissent plus le terrain, mais qu'importe au fond, dans la mesure où ce qui compte pour les promoteurs de cette doctrine, c'est la sécurité de l'Etat, et non la protection des citoyens. Le problème est que, du même coup, tournant le dos au plus élémentaire bon sens, l'Etat renonce à prévenir les prochains embrasements que les élus ne cessent d'annoncer. (…)

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Jean-Jacques Urvoassecrétaire national à la sécurité du PS (DR)

La réponse du pouvoir, plus angoissé qu'on ne le croit, par la décomposition de sa politique de sécurité, tient en l'organisation d'une riposte-spectacle, rideau dérisoire jeté sur une réalité si dérangeante que même le ronflement des déclarations de matamore ne permet plus de camoufler. ».

Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres dans l’ancienne circonscription de la présidente de la Région Poitou-Charentes, proche de Ségolène Royal, nous livre un billet sur le thème de l’opération « coup de poing » menée à Marseille lundi...

Frédérick Moulin

-oOo-

Marseille : une opération médiatique

Delphine-Batho2.thumbnail.jpg

L’efficacité judiciaire de l’opération menée ce matin à Marseille est quasi-nulle.

Bien sûr, il faut rassurer la population. Mais il y a franchement de quoi s’interroger sur ce qui ressemble bien davantage à une opération médiatique qu’à une opération de police.

À quoi rime ces annonces du Ministre de l’intérieur sur l’imminence d’opérations « coup de poing », ce qui revient à prévenir les délinquants qu’il va y avoir une descente de police ?

Cette publicité s’avère contre-productive, si l’on en croit le fait que près de 200 policiers ont été déployés pour à peine quelques interpellations.

Au lieu d’un travail sérieux et de fond contre l’économie souterraine et ce qui ressemble de plus en plus à des gangs à la française, qui impliquerait le déploiement pérenne de police judiciaire de quartier, en fait le gouvernement se contente de plus en plus d’une simple gestion médiatique de l’insécurité.

Les caméras viennent et puis repartent, comme les renforts temporaires de policiers…

Blog de Delphine Batho, mercredi 24 novembre 2010

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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 01:06

 Ségo 5

Photo : MEAGSR/F.M.

Mardi 23 novembre 2010, Ségolène Royal a ouvert l’Université Populaire Participative « Liberté et responsabilité de la presse et des médias : une utopie réalisable » à la Mairie du IVème arrondissement, à Paris. Devant un public nombreux et attentif, longuement applaudie à plusieurs reprises, elle a brossé les grands traits de la situation de la presse en France, en rappelant les enjeux, notamment trois combats à mener, contre l’arbitraire du pouvoir, contre le pouvoir de l’argent, et pour maîtriser la révolution technologique.

F.M.

 

 

Retranscription par Militants de l’Espoir À Gauche avec Ségolène Royal / F.M.

Merci Dominique de nous accueillir une nouvelle fois dans ta belle mairie du IVème arrondissement, merci d’être là si nombreux. Désolé pour ceux qui sont debout, j’espère qu’au moins ils auront le son, et même dans le couloir, que nous avons sonorisé parce que la dernière fois tous ceux qui étaient loin n’avaient pas pu entendre.

Nous sommes rassemblés si nombreux, je crois d’abord parce que le sujet fait débat actuellement dans la société française, et que nous sommes là pour essayer de voir ensemble comment réaliser, si nous en prenions les moyens, comment réaliser cette utopie : une presse et des médias libres et responsables, aux droits solidement protégés et aux devoirs assumés.

Alors je remercie très, très chaleureusement tous les intervenants qui vont nous apporter l’éclairage de leur expérience et de leur réflexion, et tout particulièrement de Jean-Pierre Mignard qui va animer ce débat, et à qui je vais laisser le soin (Applaudissements)et à qui je vais laisser le soin tout à l’heure de présenter chacun de ceux qui sont venus ici. Nous les en remercions vraiment très chaleureusement, parce que c’est vrai que dans cette articulation entre ce que nous voulons faire ici, dans les Universités Populaires, c’est-à-dire apporter l’excellence de la connaissance et de la réflexion, et inviter toutes celles et tous ceux qui veulent à la fois apprendre et réfléchir sur ce sujet-là, je crois que nous avons réuni ce soir vraiment l’excellence de la réflexion et de l’action dans le domaine des médias.

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Photo : MEAGSR/F.M.

Je voudrais vous dire en quelques mots, pour leur laisser très rapidement la parole, dans quel esprit j’ai voulu que nous puissions réfléchir ensemble, débattre avec vous, et je l’espère faire émerger ce soir des propositions et des pistes d’action. Car la liberté d’informer est une chose trop grave, et en ce moment trop malmenée, pour que nous nous satisfaisions d’incantations consensuelles. Et si demain les Français accordent leur confiance à la gauche, il nous faudra agir, car le véritable enjeu de l’information, c’est tout simplement la démocratie. Joseph Pulitzer, cette grande figure américaine, un journaliste d’exigence, nous disait en son temps : « Notre république et sa presse graviront ensemble les sommets ou bien elles iront ensemble à leur perte. ». Alors je le dis en pesant mes mots, il y a urgence dans notre pays, et ce ne sont pas les récentes insultes du jour du président de la République à l’égard d’un journaliste, infâmes injures, qui me font aujourd’hui penser le contraire.

Jamais en effet les forces brutales d’un marché obsédé de rentabilité à court terme n’ont à ce point pesé sur les conditions de production de l’information. Jamais depuis bien longtemps l’interventionnisme intempestif et arbitraire d’un pouvoir foulant aux pieds ses propres lois n’a à ce point menacé le libre exercice du métier de journaliste. Jamais non plus, enfin, une révolution technologique n’a bouleversé à ce point les modèles économiques, la hiérarchie des supports, les pratiques journalistiques, les attentes, les comportements citoyens, qui ne sont pas, loin de là, les citoyens, des récepteurs passifs – la preuve – mais les citoyens sont des acteurs doués d’une capacité d’expertise et de critique.

Premier combat : la lutte contre l’arbitraire du pouvoir

Alors le premier combat – il y en a trois – le premier combat, c’est la lutte contre l’arbitraire du pouvoir. Alors juste un mot, c’était un journaliste, Philip Turle, éditorialiste anglais, que j’ai entendu sur France Info après la dernière interview élyséenne du président de la République, je vous la cite, car il est toujours instructif de se voir dans le regard des autres – d’ailleurs notre ami d’Italie, nous donnera aussi le regard des autres – alors il disait ceci le lendemain de l’intervention du président de la République : « C’est du jamais vu en Angleterre. Une heure et demie avec trois chaînes mobilisées, c’est comme du temps de l’ORTF avant 1975, c’est comme si on allait voir Louis XIV qui nous reçoit, nous les journalistes, les représentants du peuple, dans son palais, et on le titille avec des questions programmées à l’avance. La seule fois, en Angleterre, où l’on mobilise deux chaînes », rappelle-t-il, « c’est pour le Discours de la Reine annuel, et il dure 10 minutes maximum. ». (Rires et applaudissements)

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Photo : MEAGSR/F.M.

Bon, encore que cela, ce n’est qu’un des aspects de cette mise sous tutelle, puisqu’en plus il s’est arrogé le pouvoir exorbitant de nommer les patrons de l’audiovisuel public, s’autorise les irruptions dans la programmation, s’est efforcé de réserver aux chaînes privées le monopole des recettes publicitaires, bref, au point que des journalistes mesurés comme Alain et Patrice Duhamel en font dans leur livre récemment paru une description glaçante. La France vient de dégringoler à la 44ème place dans le dernier bilan annuel de Reporters Sans Frontières sur la liberté de la presse, juste devant l’Italie berlusconienne et loin, très loin, de tous les autres pays européens. Or la liberté de la presse est un droit qui appartient à tous les citoyens, c’est notre bien commun. C’est pourquoi nous attendons du débat de ce soir des propositions sur les bonnes barrières à ériger contre les risques des pressions des pouvoirs quels qu’ils soient.

Deuxième combat : le combat contre le pouvoir de l’argent

Le deuxième combat, c’est le combat contre le pouvoir de l’argent. L’autre pouvoir menaçant pour les libertés journalistiques et civiques est celui de l’argent. Il y a d’abord des années de concentration. C’est un sujet dont Nicolas Sarkozy a dit, lors des états généraux de la presse, qu’il n’en était pas un, car le seul problème à ses yeux est que les journaux ne sont pas assez rentables, a-t-il dit, pour attirer davantage d’investisseurs. Il en a d’ailleurs profité pour préconiser la suppression du seuil maximum de 20% fixé aux prises de participation non communautaires dans une entreprise de presse française. Quant aux journalistes, le président de la République leur signifia clairement son opposition à la reconnaissance juridique des sociétés de rédacteur. Le temps n’est plus comme dans les années 60 où un Lazareff pouvait affirmer : « France Soir, c’est moi. ».

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Photo : MEAGSR/F.M.

Jacques Rigaud, l’ancien président de RTL, date la grande transformation du milieu des années 90, et de l’arrivée de ceux qu’il appelle « les visages pâles ». Leur ligne d’horizon, dit-il, c’était le cours de la bourse, la rentabilité à outrance, la prééminence des stratégies financières [article "syndrome du casino" ici]. Tout cela s’est enchaîné très vite, avec l’arrivée des fonds d’investissement, seulement intéressés par le court terme [article accélération du temps ici]. On a vu aussi cette exception française, pas franchement culturelle, de grands groupes venus du BTP et des marchés de l’armement, vivant de la commande publique, s’emparer des quotidiens, des magazines et des chaînes. Et ce qui devait arriver arriva : ici un article retiré ou affadi car susceptible de nuire au business d’origine, là une information trappée car susceptible de déplaire au pouvoir dispensateur de contrats et de faveurs, des conflits d’intérêts arbitrés au détriment du devoir d’informer.

Alors que faire ? C’est l’objet du débat de ce soir. Retourner au modèle économique d’antan n’est plus possible. Le monde d’hier n’est plus, il faut s’inscrire dans celui d’aujourd’hui, mais trouver les bonnes régulations et les bons contrepoids, car si l’on pense que l’information n’est pas une marchandise comme les autres, comment garantir efficacement l’indépendance et la pluralité de la presse ? Faut-il, comme je le crois, plafonner la part des groupes dépendant de la commande publique, qui ne devraient pas être actionnaires de référence ? Quels pourraient être, dans le contexte qui est le nôtre, les contours d’un modèle mixte économiquement viable dont le capital privé ne serait pas banni, mais où son pouvoir serait encadré et équilibré ? Le projet de loi défendu par Patrick Bloche – je le remercie de sa présence – inscrit l’indépendance des rédactions dans le droit, et le renforcement de leur pouvoir  face aux dirigeants et aux actionnaires, mais comment garantir cette information ?

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Photo : MEAGSR/F.M.

Comment épauler aussi ceux qui dans la presse internautique ont fait le choix d’un autre modèle, où la garantie de l’indépendance rédactionnelle résulte de la propriété du capital par les journalistes et les lecteurs ? Voilà les questions qui seront débattues, je l’espère, ce soir.

Troisième combat : maîtriser la révolution technologique

Le troisième combat, et j’irai vite, c’est maîtriser la révolution technologique. Nous avons en effet à faire cette réflexion en tenant compte de la prodigieuse révolution technologique. Internet bien sûr, et ses applications démultipliées, amis aussi les téléphones portables et tous ces objets nomades qui font de plus en plus partie de notre quotidien. Comment refonder sur des bases solides les droits et les devoirs des journalistes au service du droit fondamental des citoyens à l’information dans ce contexte ?

Nous avons aussi l’irruption des journaux gratuits, l’information en continu, l’invention de journaux internautiques, la croissance exponentielle des blogs, l’accumulation des sondages, dont parfois les réponses sont dans les questions de ceux qui les financent, et qui sont relayés comme des informations scientifiques. Nous avons la contamination de la peoplisation et de la vulgarité de certaines émissions pseudo-comiques qui dégradent en même temps la parole journalistique sérieuse et la responsabilité politique sérieuse. (Applaudissements)

Bref, les mutations récentes ont transformé les manières de dire, bousculé les critères de légitimité, déstabilisé tous les métiers de presse, renforcé à bien des égards cette dictature du temps court qui empêche de vérifier et de mettre en perspective [article accélération du temps ici]. Quels sont, donc, dans ce vaste champ de mutations, les chances nouvelles, mais aussi les dangers inédits, auxquels l’action publique doit répondre ? Nous plaiderons donc pour une nouvelle donne concernant la presse et les médias.

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Photo : MEAGSR/F.M.

Certaines dérives, les journalistes le savent bien, ont nourri la suspicion. Les Français expriment à la fois une soif, un intérêt souvent passionné – notamment les Français politisés dévorent l’information – mais aussi, et cela se reflète souvent, une défiance, un scepticisme, dont les journalistes sont les premiers conscients.

Les politiques d’ailleurs ne sont pas mieux traités, et il est intéressant de constater que le discrédit des uns retentit sur le discrédit des autres. Et tout ce que l’on peut reprocher parfois à la presse, on peut aussi se le reprocher souvent, aux responsables politiques, par rapport aussi à leur manque d’éthique, et à la façon dont ils laissent ou pas correctement traiter l’information.

Et c’est d’autant plus vrai, que se pose cette question de la responsabilité médiatique, que les citoyens ont appris à décrypter les récits et les images, les stratégies publicitaires, les roueries du marketing politique, et comme le dit Denis Muzet ici présent, dans cette jolie formule : « Les émetteurs de stratégie encodent, mais les récepteurs décodent. Ces lecteurs, auditeurs, téléspectateurs plus avertis, avides de participation », et ici on en sait quelque chose, à Désirs d’avenir, « sont une raison de plus de redéfinir les responsabilités individuelles et collectives de ceux qui font la presse, tous supports confondus, et qui ont en partage le devoir d’informer. ».

Malaise des journalistes et dégradation de l’exercice de leur métier

Pour terminer, je voudrais quand même évoquer le malaise des journalistes, qui n’est pas moins vif, devant ce que beaucoup ressentent comme une dégradation de l’exercice de leur métier. Je suis, par exemple, particulièrement choquée de la façon dont Audrey Pulvar a été débarquée. (Applaudissements) Elle m’a expliqué au téléphone, j’espère que je ne vais pas lui nuire, qu’elle avait pourtant informé la direction de sa chaîne trois semaines auparavant la déclaration de candidature de qui l’on sait. Elle a appris son débarquement 10 minutes après la fin du 20 heures de TF1.

Bref, c’est dire aussi, par rapport à cette question de la dégradation des conditions d’exercice de leur métier, rappeler une enquête pour les assises du journalisme en 2007, je n’en ai pas trouvé de plus récente, mais je crois que celle-ci est toujours vraie : 47% des journalistes interrogés disaient ne pas avoir les moyens d’effectuer un travail qui serait à leurs yeux de qualité, 40% disaient ne jamais disposer du temps nécessaire, 38% confiaient qu’ils souffrent davantage de la pression économique et financière que des contraintes inhérentes au traitement de l’actualité.

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C’est dire la réalité d’une forme de souffrance professionnelle qui n’a pas dû s’atténuer depuis trois ans. La course permanente à l’audience, la précarisation de la profession, la polyvalence imposée, les écarts de salaires entre une petite élite et la masse des journalistes, la pression constante sur les effectifs, c’est aussi cela le quotidien de la grande majorité des journalistes.

Ethique et déontologie professionnelle

Alors il reste la question de l’éthique, de la déontologie professionnelle, qui sera débattue tout à l’heure. Depuis la fin des années 70, il y a eu des chartes, des codes, propres aux entreprises de presse, qui ont été élaborés. Dans la foulée des états généraux de la presse, il y a eu un projet de code de déontologie journalistique, mais qui est loin de faire l’unanimité, peut-être nos intervenants nous éclaireront sur ce point, qu’est-ce que ce serait qu’une charte d’éthique et de déontologie ? Faut-il pour veiller à son application une instance nationale, de déontologie, qui soit l’émanation de la profession ? Et comment y associer aussi les citoyens qui sont les récepteurs de cette information ?

Bref, je ne suis pas sure qu’il soit juste de qualifier la presse de 4ème pouvoir, mais ce qui est certain, c’est que nous avons absolument besoin de ce contrepouvoir, parce que c’est le moteur d’une démocratie qui doit des comptes à ses citoyens.

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Photo : MEAGSR/F.M.

Et c’est une bien noble tâche que de donner à comprendre, quelque sujet qu’on traite, le temps présent et l’histoire. C’est un beau métier, proche ou lointain, que de donner des perspectives ou de donner à comprendre, de donner aux citoyens les clés de la compréhension du monde.

La démocratie a besoin d’une presse rigoureuse, lucide,

 et attentive aux plus faibles

La démocratie a besoin de journalistes qui nous rapportent les échos du vaste monde, qui nous informent de notre environnement proche, et qui nous aident, en ce faisant, à nous y situer et à nous faire notre opinion. La démocratie a besoin d’une presse d’investigation qui lève les coins du voile, débusque les scandales d’état, révèle les mensonges des pouvoirs quels qu’ils soient. La démocratie a besoin de journalistes qui nous aient à décentrer notre regard, à nous défaire des idées toutes faites, qui nous donne à voir l’infinie variété des situations sociales et politiques. La démocratie a besoin de journaux, de radios, de télévisions, qui soient aussi, comme le disait Benjamin Constant, un recours ouvert à l’opprimé pour faire entendre sa réclamation et l’assurer que, interdite ou étouffée par les voies ordinaires, elle ne restera pas inaudible.

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Photo : MEAGSR/F.M.

Oui, la démocratie a besoin d’une presse rigoureuse et lucide, d’une presse, aussi, attentive aux plus faibles, qui sont trop souvent les blessés de l’information, à la dignité desquels on n’est pas toujours attentif, et d’une presse capable, quand l’intérêt général est en jeu, de défier les puissants. Sous bien des latitudes, les journalistes s’obstinent à faire leur travail au péril de leur vie ; je pense, parmi bien d’autres, à Anna Politkovskaïa, aux journalistes mexicains abattus par les narcotrafiquants, à Christian Poveda assassiné au moment où sortait son beau travail d’enquête sur les maras, ces gangs de jeunes Salvadoriens, et bien sûr à Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, otages en Afghanistan depuis un an. (Applaudissements)

Chacun d’eux aurait pu se reconnaître dans cette définition d’Albert Londres : « Un journaliste n’est pas un enfant de cœur, et son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, pas non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. ». (Applaudissements)

Alors à vous maintenant que je remercie encore une fois d’avoir accepté l’invitation de toutes celles et ceux, tous les citoyens ici présents, et au-delà tous ceux qui viendront écouter votre débat sur le site de Désirs d’avenir. Merci d’aider à mieux comprendre les grandeurs et les servitudes du beau métier de journaliste, mais aussi de la liberté d’informer, afin que le moment venu nous soyons en mesure d’exiger que ça change, d’agir juste, pour un renouveau de la démocratie dont la France a bien besoin ! (Applaudissements)

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