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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 04:13

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Focus sur Ségolène Royal ; au premier plan, Jutta Urpilainen, la présidente du SDP ; le 7 février 2011 à Helsinki (Jussi Nukari/Lapin Kansa)

La presse finlandaise a rapporté lundi les propos de Ségolène Royal lors de la conférence de presse qu’elle a donné le matin avec Jutta Urpilainen, la présidente du Parti social-démocrate de Finlande, le SDP. Au moins trois médias ont retranscrit ses propos : le site du SDP, de façon très résumée, Uutispäivä Demari (‘Les Nouvelles quotidiennes sociales-démocrates’), un journal électronique lié au SDP, et YLE, la radio-télévision publique nationale de Finlande. Ces trois articles sont traduits ci-dessous. Par ailleurs, un autre journal, Iltalehti, un tabloïd, a publié un article, reprenant les informations déjà exposées dans les autres titres de journaux. Lapin Kansa ('Nations de Laponie') a également publié un court article.

La traduction est expérimentale. En cas de doute, seul le texte original en finnois fait foi. Un accès est proposé à chaque article.

Frédérick Moulin

 

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Ségolène Royal invitée par le SDP

News, 7.2.2011 11:58

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Jutta Urpilainen et Ségolène Royal pendant la conférence de presse (SDP)

Ségolène Royal, la candidate qui a affronté Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle, est actuellement en Finlande, à l’invitation du SDP. Lundi matin tôt, la présidente Jutta Urpilainen a rencontré Ségolène Royal. Les discussions entre les deux dirigeantes ont porté sur la réussite exemplaire de l’école à la finlandaise, sur le monde du travail finnois et sur les ressorts de l’innovation des entreprises en Finlande.

Texte original en finnois ici.


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News | 07.02.2011

La Française Ségolène Royal apporte sa contribution à la dynamique électorale du SDP

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Jutta Urpilainen et Ségolène Royal pendant la conférence de presse (Uutispäivä Demari)

La candidate du Parti socialiste français de 2007, Ségolène Royal, effectue une visite de quelques jours à l’invitation du SDP. Elle étudie notamment le système éducatif finlandais et la façon dont nous gérons l’Etat providence.

« Nous, socialistes français et sociaux-démocrates finlandais, partageons les mêmes préoccupations sur l’avenir de l’Etat providence, le chômage et la croissance. Je soutiens pleinement le SDP dans sa campagne électorale. », a déclaré Ségolène Royal dans une conférence de presse conjointe avec la présidente du SDP, Jutta Urpilainen.

Madame Royal participera à deux séminaires traitant de l’Etat providence.

La France se prépare pour les élections présidentielles de l’année prochaine. Madame Royal a déclaré que pour la droite, le maintien et le renforcement de l’Etat providence coûtent trop cher. Elle voit les choses différemment.

« Il est très dangereux, par exemple, de délaisser la solidarité nationale et les services publics. Au contraire, l’équité et la justice sociale stimulent la croissance économique. »

Les populistes abattent leurs cartes partout en Europe. Madame Royal estime qu’ils tirent profit de la paupérisation et des partis politiques traditionnels qui on trahi leurs promesses électorales.

« Ils ont promis la régulation du système bancaire, des règles pour les bonus, et la fin des paradis fiscaux et rien de tout cela n’a été fait. »

Les populistes trouvent dans leurs idées simplistes deux boucs émissaires, l’Union Européenne et les immigrés.

« Les socialistes et les sociaux-démocrates ont la grande responsabilité non seulement de faire des propositions mais aussi de garantir qu’ils feront ce qu’ils ont dit. »

Madame Royal a déclaré que certains en France, redoutent une vague d’immigration de grande ampleur venue d’Afrique du Nord, au vu de l’embrasement de la situation dans ces pays.

« Les gens ont clairement envie de rester dans leur pays d’origine, où ils espèrent trouver une vie meilleure. Notre mission est de soutenir la transition de ces pays vers la démocratie aussi pacifiquement que possible. », a-t-elle souligné.

Marja Luumi

Uutispäivä Demari/Les Nouvelles quotidiennes sociales-démocrates

Texte original en finnois ici.

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Les News

Finance et Politique

Ségolène Royal : la Finlande n’a pas besoin de plus qu’un programme de partenariat avec l’OTAN

Publié hier à 11:58, mis à jour hier à 12:45

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Jutta Urpilainen et Ségolène Royal pendant la conférence de presse (YLE)

L’opposante française de renom Ségolène Royal recommande à la Finlande d’opter pour un programme de partenariat avec l’OTAN, plutôt que de devenir un membre à part entière. Membre du Parti socialiste, Madame Royal est en déplacement en Finlande à l’invitation de la présidente du SDP, Jutta Urpilainen.

Le président français Nicolas Sarkozy a réintégré le commandement intégré de l’OTAN. À la question de savoir si cela lui faisait plaisir que la France soit dans le commandement intégré de l’OTAN, Madame Royal répond, à Helsinki, en Finlande :

« Je ne saute pas de joie. Je crois qu’entretenir une relation de bon partenaire avec l’OTAN comme vous l’avez choisi représente une meilleure solution que d’être intégré dans le commandement de l’OTAN. J’aurais préféré que ce soit aussi le cas en France. », Ségolène Royal a-t-elle dit.

En Finlande, cela fait un an que le Parti social-démocrate a déclaré que la Finlande n’avait aucune raison de devenir membre à part entière de l'OTAN au cours de la prochaine législature.

Populistes en hausse

Lors de la conférence de presse, la question des raisons de la montée des mouvements populistes a également été abordée par Madame Royal :

« Ces mouvements tirent leurs forces de la détresse des gens et de la paupérisation. Partout dans le monde, les promesses n’ont pas été tenues. Promesse nous a été faite de réguler le système bancaire, de mettre fin aux bonus, aux paradis fiscaux, de mettre en place une surveillance financière et monétaire, mais en réalité rien n’a été fait. »

« La misère, la pauvreté et le chômage vont augmenter et les populistes vont trouver des boucs émissaires : les immigrés et l’Union Européenne. », a estimé Madame Royal.

En Finlande, Ségolène Royal compte visiter un établissement scolaire, et étudier la qualité de la vie professionnelle et le systèle d’innovation finlandais.

YLE Nouvelles

Texte original en finnois ici.

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 00:28

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Ségolène Royal et Jutta Urpilainen, la présidente du SDP, à une conférence de presse lundi matin (Uutispäivä Demari)

Chers amis,

À l'invitation des socialistes finlandais, une série de rencontres vont me permettre d'approfondir les raisons du succès du modèle finlandais qui peut être utile aux Français.

Dès mon arrivée, je rencontre la Présidente de la République de Finlande, Tarja Halonen, élue en 2000, puis réélue brillamment en 2006. C'est une femme qui s'est distinguée par son engagement courageux pour un modèle de société qui intègre toutes les différences.

La journée de lundi sera consacrée à l'éducation avec plusieurs réunions de travail, et la visite d'une école élémentaire d'Helsinki. J'aurai ainsi l'occasion de mieux comprendre ce modèle finlandais d'une école réussie, égale pour tous et attentive à chacun, et aujourd'hui reconnue comme l'un des meilleures au monde.

La seconde journée sera consacrée à l'étude de l'efficacité économique de la Finlande. Comme vous le savez, la Finlande est en effet l'un des pays au monde où le taux de chômage est le plus bas, notamment celui des seniors. Je m'entretiendrai ensuite avec Mikko Mäenpää, le président de la confédération syndicale STTK (confédération des employés). Nous échangerons sur l’emploi et le dialogue social entre les syndicats, le patronat et le gouvernement. La Finlande est avec le Danemark et la Suède, l'un des pays au plus fort taux d'emploi et reste la championne de l'emploi des seniors et des femmes. Ces résultats ont été obtenus grâce aux efforts d'anticipation, aux moyens mobilisés en faveur de l'innovation, et à une planification pragmatique et négociée avec les partenaires sociaux. Un triptyque aux effets vertueux, qui lie solidement volontarisme industriel, compétitivité et démocratie sociale, aux antipodes des
 méthodes brutales et à courte vue du gouvernement français. Des visites d'entreprises permettront de compléter les entretiens sur ce sujet.

J'échangerai également à l’Institut Finlandais de la Santé au Travail avec des responsables finlandais et des chercheurs sur les éléments qui permettent de favoriser l’emploi des seniors et garantir le système de retraites finlandais.

Je suis conviée par le Parti Social Démocrate Finlandais et sa Présidente, Jutta Urpilainen, à participer au lancement de la campagne des législatives notamment autour des thèmes de l'éducation, de la justice sociale, de l'Etat providence. Enfin mes amis sociaux démocrates m'ont demandé de livrer ma vision de la crise de l'Europe, ce que je ferai mardi en m'inspirant de mon intervention lors de l'Université Populaire Participative sur l'Euro, organisée par Désirs d'avenir avec Susan George, Jacques Attali et Philippe Aghion le 24 janvier dernier. Comme vous le savez, j'ai toujours pensé que la politique devait s'appuyer sur des exemples qui ont fait leur preuve.

J'ai tiré de l'expérience des mes voyages d'études en Suède et au Danemark, la compréhension des raisons de leur efficacité économique, que ce soit sur la qualité du dialogue social en Suède ou de la sécurité professionnelle au Danemark.

Ce voyage d'études en Finlande complète la vision globale du modèle éducatif, économique et social d'Europe du Nord qui peut être utile dans le projet pour les Français.

Amicalement

Ségolène Royal


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Dimanche 6 février 2011 au soir

Invitée par le Parti social-démocrate pour soutenir ses candidats aux législatives, je suis arrivée aujourd’hui en Finlande.

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La présidente Tarja Halonen lance une campagne contre la solitude urbaine le 6 février 2011 (MTV3)

Au cours d’un dîner, Tarja Halonen, Présidente de la République, m’a expliqué que le débat de la campagne pour les prochaines élections porte essentiellement sur la question de l’Etat providence : le Parti social-démocrate défend le modèle qui permet à l’Etat finlandais d’avoir un service public de l’Education parmi les plus performants du monde. Parce que l’Etat providence demeure très populaire, la droite ne peut l’attaquer frontalement. Elle propose donc, sous couvert de le rendre plus efficace, d’introduire la notion de services publics à but lucratif…

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Le deuxième sujet de clivage entre la gauche et la droite concerne le problème des écarts de revenus grandissants qui se pose aussi à la Finlande. Tarja Halonen développe une argumentation très simple et juste qui vaut également pour la France : plus il y a d’écarts de revenus, plus il y a d’injustices dans l’accès à la santé et l’Education.


Lundi 7 février 2011 dans l’après-midi

Après un dîner hier soir avec la Présidente de République, Tarja Halonen, dans un climat très studieux et fraternel, j’ai rencontré ce matin la Présidente du Parti social-démocrate, Jutta Urpilainen, et nous avons ensemble répondu aux interrogations de la presse finlandaise, concernant notamment la montée des populismes en Europe. J’ai rappelé à cette occasion que le seul moyen d’enrayer le populisme est de tenir les promesses faites lors des campagnes électorales.

Nos amis sociaux-démocrates finlandais axeront leur campagne sur le maintien et le renforcement de l’Etat providence, en le modernisant, alors que les conservateurs actuellement au pouvoir sont en train de l’affaiblir et de détricoter peu à peu ce qui fait la réussite du modèle finlandais depuis tant d’années : un pragmatisme au service de la solidarité et de la justice sociale, au travers de services publics forts, et particulièrement l’Education.

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Tuula Haatainen devant le musée Guggenheim de Bilbao fin janvier 2011 : la ville d'Helsinki, dont elle est l'adjointe au maire chargée de l'Education et de la Culture, projette de se doter d'un musée Guggenheim (MTV3)

Je me suis d’ailleurs ensuite rendue dans une école primaire d’un quartier populaire d’Helsinki, en compagnie de Tuula Haatainen, ancienne ministre de l’Education et actuelle adjointe au maire d’Helsinki [chargée de l’Education et de la Culture, NdlR]. Au cours d’une réunion de travail, les professeurs et la direction de l’école nous ont présenté les caractéristiques du système scolaire finlandais qui en font l’un des meilleurs du monde.

Je dirais que tout tient dans cette définition donnée par les éducateurs eux-mêmes « l’enseignement dans un environnement positif et sécurisé où chaque élève est considéré et respecté ».

En Finlande, pas de notes jusqu’à l’âge de 15 ans. Les élèves qui entrent dans la vie scolaire à l’âge de 7 ans (après les années de maternelles) sont évalués régulièrement par leurs professeurs, d’abord oralement, ensuite par écrit, mais sans que cela donne lieu à classement. C’est en réalité la classe et les professeurs qui s’adaptent à chaque élève et non l’inverse. Les programmes sont définis nationalement mais leur mise en œuvre et l’organisation sont soumises à libre appréciation et à la responsabilité des équipes.

Les classes comptent en moyenne 18 élèves et pour les enfants issus de l’immigration, des classes spéciales leur permettent pendant un an d’apprendre le finlandais avant de rejoindre le cursus normal.

Le taux de réussite scolaire est très important. 75% des élèves accèdent à l’enseignement supérieur. Et une année transitoire est offerte à ceux qui ne sont pas encore au niveau.

C’est l’une des raisons principale de la compétitivité de l’économie finlandaise.

L’autre raison touche la démocratie sociale.

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Mikko Mäenpää, responsable du STTK (confédération des employés), au téléphone le jour de la présentation par la Première ministre du Parti du Centre allié à la droite d'un accord gouvernemental visant à assurer "la compétitivité des entreprises et le pouvoir d'achat", le 25 janvier 2011 (Uutispäivä Demari)

Au cours d’un déjeuner de travail avec le responsable de l’un des principaux syndicats, le STTK (plus de 600 000 adhérents), Mikko Mäenpää, nous avons évoqué le syndicalisme de masse en Finlande (plus de 75% des salariés sont syndiqués contre 8% en France) ce qui permet de créer un rapport de force dans un esprit de responsabilité et de parvenir à ce que les Finlandais appellent « la société de consensus » et une gestion tripartite entre les salariés, au travers des centrales syndicales, les employeurs et l’Etat.

Tous les accords signés (conventions collectives) sont applicables obligatoirement à tous les salariés du pays.

J’ajoute également qu’ici, il y a une totale transparence sur les salaires des dirigeants des entreprises.

Mais le système est amené à évoluer du fait de la mondialisation. Comme le dit M. Mäenpää, « nous devons trouver un nouveau chemin ».

De ce point vue là, les élections législatives constituent un enjeu crucial : le risque est l’effondrement du système tripartite si les sociaux-démocrates ne remportent pas les élections.

Demain, je poursuivrai avec des visites d’entreprises et j’aurai l’occasion de reparler de l’emploi des seniors.

Amicalement,

Ségolène Royal

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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 22:53

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(MEAGSR/F.M.)

L’UPP « Quel avenir pour l’éducation ? » s’est tenue le 15 janvier 2011 à La Cartoucherie de Vincennes, dans les locaux du Théâtre du Soleil, fondé par Ariane Mnouchkine. Une douzaine de participants étaient présents, dont Paul Robert, agrégé de lettres classiques, auteur de « La Finlande, un modèle éducatif pour la France ? ».

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 Une intervention qui prend toute son importance avec la visite de Ségolène Royal ce matin dans une école primaire finlandaise dans un quartier populaire d’Helsinki, en compagnie de Tuula Haatainen, ancienne ministre de l’Education et actuelle adjointe au maire d’Helsinki, chargée de l’Education et de la Culture.

Frédérick Moulin

 


envoyé par segolene-royal


Transcription des interventions réalisée par MEAGSR/F.M.

On m’avait invité dans cette Université Populaire consacrée à l’éducation pour vous parler du système éducatif finlandais et de son apport possible à la réflexion sur la transformation de l’école en France qui vous occupe tous ici aujourd’hui. L’intérêt de la Finlande, dans le système éducatif, est bien sûr alimenté par les excellents résultats de ce pays dans les évaluations internationales, et notamment dans la plus célèbre d’entre elle, dont on nous a parlé, PISA.

Cette excellence est confirmée à chaque nouvelle session et elle conduit naturellement à chercher les recettes d’un succès aussi constant, particulièrement quand son propre pays, malgré le budget considérable consacré à l’éducation, ne parvient pas à décoller d’une médiocrité qui vient tout aussi régulièrement contredire l’idée très flatteuse qu’il se faisait de lui-même dans ce domaine.

Mais avant de nous engager plus avant dans la recherche des causes de la réussite finlandaise, je vous invite à vous attarder avec moi un instant sur quelques aspects très intéressants de cette réussite qui ont été mis en évidence par PISA. Car la Finlande ne se contente pas de rafler des podiums avec une grande régularité ; PISA montre aussi, je dirais même surtout, que ce pays semble avoir trouvé des solutions à des questions éducatives épineuses, auxquelles bien des pays développés, notamment la France, ont jusqu’ici échoué à apporter des réponses satisfaisantes, et on en a longuement parlé jusqu’à présent cet après-midi.

Alors parmi ces questions, j’en cite quelques unes : comment réduire l’échec scolaire ? Comment lutter contre les déterminismes économiques en éducation ? Comment, dans le même temps, assurer la constitution d’une élite scolaire forte et nombreuse ? Comment réussir tout cela sans faire exploser le budget de l’Education nationale ? Ces questions qui traversent en permanence le débat sur l’éducation en France semblent, d’après les indicateurs très précis livrés tous les 3 ans par PISA, avoir trouvé en Finlande des réponses à la fois solides et stables.

Quelles sont donc les clés de cette réussite étonnante ? À mon sens, c’est en premier lieu une philosophie de l’éducation qui s’intéresse à l’enfant, et non pas seulement à l’élève, dans sa globalité, et qui le place au centre du système. En Finlande, l’idée qu’il puisse y avoir antagonisme entre l’épanouissement de l’enfant et l’acquisition des savoirs paraît très incongrue.

Comment en effet ne pas comprendre qu’un enfant heureux, épanoui, qui a plaisir à aller à l’école parce qu’il s’y trouve dans un environnement sécurisant, familier, confortable et harmonieux, où il sait que les professeurs sont là pour l’aider à progresser quelles que soient ses difficultés, comment ne pas comprendre que cet enfant a toutes chances d’acquérir plus aisément les savoirs qui lui sont proposés ? Tout est donc fait pour que l’enfant se sente chez lui à l’école, et tout est fait aussi pour qu’il ait le sentiment de pouvoir progresser à son rythme.

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(MEAGSR/F.M.)

Ecoutons à ce sujet une mère finlandaise qui s’est exprimée sur le forum du site internet Ecoles.alternative-démocratique.org auquel je participe ; je la cite : « C’est au système éducatif à s’adapter au rythme de l’enfant, non le contraire. ». Si l’enfant n’est pas prêt biologiquement pour apprendre la géométrie ou la grammaire, ce n’est pas grave. On attendra qu’il soit prêt.

Pour cela, l’entrée dans les apprentissages fondamentaux est très progressive : là je suis désolé, je vais contredire un petit peu certaines choses qui ont été dites, mais je dois quand même ici dire que l’école n’est obligatoire qu’à partir de 7 ans, ce qui ne veut pas dire que les enfants ne sont pas scolarisés avant, mais l’obligation scolaire n’est qu’à partir de sept ans. Et donc cet apprentissage des fondamentaux est très progressif et il laisse toute sa place au jeu. Cela fait partie de l’expertise professionnelle des enseignants, de savoir guider en douceur les enfants vers les apprentissages par le jeu.

 

Cette phase pré-scolaire – il y a donc un enseignement pré-scolaire – est aussi celle où l’on observe l’enfant et où l’on détecte d’éventuelles difficultés cognitives auxquelles ont va apporte des remédiations le plus précocement possible. Par la suite, et jusqu’à la fin de l’école fondamentale, cette attention bienveillante portée à chaque élève ne faiblit pas.

Il n’y a pas de mystère : si la Finlande a réussi à réduire fortement l’échec scolaire, c’est parce qu’elle a mis en place dans toutes les écoles des dispositifs d’aide et de remédiation efficaces ; en Finlande, chaque école a son RASED à demeure. C’est à dire, typiquement, pour une école de 200 à 300 élèves, 2 enseignants spécialisés, entièrement déchargés de classe qui reçoivent, à la demande de leurs collègues, les élèves qui ont besoin d’une aide spécifique dans telle ou telle matière, et ce pendant le temps des cours. Il n’y a donc pas de surcharge pour les élèves en difficulté comme c’est le cas avec les dispositifs qui existent en France.

Si la Finlande parvient à limiter les effets du déterminisme socioéconomique scolaire, c’est aussi parce que les réformateurs du système éducatif, au tournant des années 1970, ont été animés d’une volonté forte de réaliser les conditions d’une véritable équité, ce qui était une gageure dans un pays à l’habitat très dispersé, encore fortement rural, où les inégalités de développement entre les provinces étaient très importantes, et où, qui plus est, il n’y avait pas d’homogénéité linguistique.

Le principe d’un égal accès à une éducation de qualité pour tous, quelle que soit la situation géographique, les différences de langue, de milieu social ou de sexe une fois posé par les réformateurs, on n’y a plus jamais dérogé, quel que soient les alternances politiques. C’est un gouvernement de centre gauche, de gauche disons, qui a posé les bases de cette réforme, et ensuite il y a eu des alternances politiques comme dans tout pays démocratique, mais on n’a plus touché au principe de la réforme, qui a continué sa progression.

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(MEAGSR/F.M.)

Cela s’est traduit par la constitution d’une école fondamentale obligatoire identique pour tous de 7 ans à 16 ans et entièrement gratuite. Ce ne fut pas simple, car je tiens à rappeler qu’alors le système finlandais était largement aussi inégalitaire, élitiste et sélectif que les systèmes français ou allemands.

Je vous propose d’entrer un tout petit peu dans le concret de ce que suppose ce principe d’équité. Dans un pays qui compte deux langues officielle, cela veut dire pouvoir permettre à tout élève d’accomplir toute sa scolarité dans sa langue maternelle. Dans un pays où l’habitat est très dispersé, cela veut dire offrir une école de qualité jusque dans les régions les plus reculées du fin fond de la Laponie. Et quant à la gratuité, entendons-nous : chez nous, l’accès à l’école est gratuit, certes, mais les familles n’en contribuent pas moins pour 10% à la dépense globale d’éducation. En Finlande, la gratuité est totale : les familles ne paient ni pour la restauration, ni pour les transports, ni pour les livres, ni pour les fournitures scolaires. (Applaudissements)

Cette façon d’aller dans le détail très concret des principes généreux qui les animent est très caractéristique de ce que j’appellerais ‘l’humanisme pragmatique des Finlandais’, pour lequel j’ai une très grande admiration.

Enfin, troisième élément fondamental de la réussite du système éducatif finlandais, on en a beaucoup parlé ce soir pour ce qui est de la France, les enseignants. Il est apparu évident aux réformateurs finlandais qu’ils ne pourraient parvenir à rien sans les enseignants. Ils les ont donc associés à l’élaboration même de la réforme dès lors que furent posés les principes fondamentaux.

Rappelons que cette phase d ‘élaboration dura quatre ans, de 1968 à 1972, et qu’elle ne fut ensuite mise en œuvre que très progressivement à partir des provinces les plus reculées. L’élévation du niveau de formation des enseignants apparut rapidement comme une priorité essentielle à la réussite de la réforme, car regrouper tous les élèves dans un même cursus fondamental posait la redoutable question de l’hétérogénéité.

Comment enseigner et quoi enseigner à des élèves qui auparavant étaient précocement triés ? La réponse était certes de nature programmatique, mais elle était aussi de nature pédagogique. La formation des enseignants a donc été entièrement repensée pour répondre à ce nouveau défi.

Dans les Masters d’enseignement qui sont exigés depuis 1979 pour tous les professeurs, une part importante fut désormais réservée à la connaissance de la psychologie et du développement cognitif de l’enfant, aux théories de l’apprentissage et à la pédagogie. Ces acquisitions s’appuient sur des mises en pratique progressives et encadrées par des professeurs chevronnés dans le cadre d’écoles d’application présentes sur tous les campus des facultés de pédagogie.

Dotés de ce solide bagage théorique et pratique, les enseignants sont ensuite considérés comme des experts auxquels on peut faire confiance. Il n’est donc, c’est logique, plus besoin de les inspecter, ce qui est une source d’économies non négligeables. (Rires, applaudissements, « Bravo ! »).

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(MEAGSR/F.M.)

Ce qui est frappant, lorsqu’on se penche, et je dis ça parce que l’inspection a été réellement supprimée en Finlande il y a 20 ans, ce n’était pas juste un trait d’humour, ce qui est frappant, lorsqu’on se penche vraiment sur le système éducatif finlandais, c’est la solidité de ses bases conceptuelles, sa très grande cohérence, et l’adhésion de tous ses acteurs et de l’ensemble de la population, aux principes qui l’animent.

C’est aussi la façon très progressive dont il a été construit en recherchant toujours le consensus autour de valeurs fortes. Les Finlandais, pour changer leur école, se sont hâtés lentement. La plus précieuse leçon que la Finlande peut nous donner dans le domaine éducatif, c’est son art consommé de la réforme. C’est ce qui lui a permis de montrer, comme le dit très justement le manifeste du collectif qu’a cité Madame Bertinotti, Ecole, changer de cap ! qui vient de sortir cette brochure, cette lettre ouverte, « Donner toute sa chance à l'école : dix transformations possibles... », donc, dans ce manifeste, il est dit que la Finlande nous montre que des transformations profondes de l’école constituent une utopie réalisable.

Faute d’une ambition claire et partagée, beaucoup d’occasions ont été perdues en France et l’on en est encore, 35 ans après la loi Haby, à discuter de l’avenir du collège unique, c’est-à-dire pour le remettre en question. Les tentatives de réforme sont aujourd’hui parcellaires, brouillonnes, contradictoires, et hâtives. Dans ce contexte, toute velléité de copier tel ou tel aspect du système finlandais pourrait s’avérer désastreuse, on l’a bien vu avec l’échec de la réforme du lycée par un précédent ministre.

Il me semble que la première condition pour parvenir enfin à faire changer l’école serait de bâtir un consensus autour d’objectifs clairs, ambitieux et à long terme, d’impliquer dès la phase initiale de chaque réforme toutes les parties intéressées, et enfin d’adopter un rythme de transformation qui soit déconnecté du temps politique court. (Applaudissements)

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6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 21:12

164170_1807063617687_1272831915_2084897_1754752_n-1-.jpg   La politique étrangère ne s’improvise pas, elle réclame une vision du monde.

 Au pouvoir depuis 2007 et après le fiasco du suivi des événements en Afrique du Nord, on peut s’interroger :

 Quelle est la vision du monde de l’actuel chef d’Etat Nicolas Sarkozy ?

 C’est un peu malheureusement comme en politique intérieure : beaucoup d’éclat, de grandes phrases, des mouvements de manche, de belles photos, mais au final pas grand-chose si ce n’est une politique faite au profit de la gloire d’un homme et d’une petite minorité, les gens du président.

 « La politique étrangère doit être appuyée sur une vision stratégique : ceux qui ont oublié la France, ceux qui ont pensé ici à la tête de l'État à leur éphémère éclat politique avant de penser au bien commun, ceux- là ont dilapidé le crédit dont jouissait notre diplomatie. »  Ségolène Royal, 9 octobre 2010, Convention du PS sur l’International.

 

 Pour sa principale adversaire, Ségolène Royal :  "il faudra reconstruire complètement la diplomatie de la France et redonner à la France une voix qui porte dans le monde, une voix qui est respectée, et une voix qui porte nos valeurs universelles."    

 

Quelle peut être cette autre politique étrangère possible ?  

 

" La politique étrangère de la France est inséparable de ce que nous sommes, de notre identité et de nos valeurs." Ségolène Royal

 

Au fil de ses visites et de ses déclarations, après avoir pris le temps de consulter, de s’informer, et d’observer, la candidate socialiste propose une autre politique internationale pour la France.  

 

Dans un monde dominé par le marché, qui n’a plus de règles si ce n’est l’intérêt des places financières, la socialiste propose un retour en force des Etats, avec les représentants des grandes nations, pour réguler le système international. Pour cela, contrairement à la politique de Nicolas Sarkozy, il ne s’agit pas de vouloir s’imposer sur la scène mondiale, de montrer une France arrogante. Il s’agit au contraire d’ouvrir les échanges avec les autres Etats également persuadés de cette nécessité de reconstruire un nouvel ordre mondial plus juste, plus respectueux de l’environnement, plus favorable au développement.

Ses contacts, ses échanges de part le monde en Amérique du Sud, en Afrique, en Europe, lui permettent de tisser des liens pour pouvoir construire avec nos partenaires cet autre monde. La tâche est immense mais combien essentielle car il ne s’agit pas de transformer à la marge mais bien de construire un nouvel autre mondial.

 

" La France, c’est ce pays qui n’est jamais aussi grand que lorsqu’il l’est pour tous, la France, ce sont des valeurs exigeantes et belles, des valeurs universelles, qui rayonnent et que nous devons porter haut pour ne pas décevoir ceux qui ont foi en nous, et qui attendent tant de nous." Ségolène Royal

Tout sépare la vision de la politique étrangère française de Ségolène Royal de celle de Nicolas Sarkozy. La candidate socialiste connaît l’importance d’une histoire. Ses années de travail aux côtés de François Mitterrand ont renforcé cette conviction. La France c’est une voix dans le monde pour défendre des valeurs universelles la liberté, l’égalité et la fraternité.

C’est cette France que l’on aurait aimé davantage entendre tournée vers les peuples en lutte pour la liberté.

 

Philippe Allard

 

 

 

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6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 20:00

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Ségolène Royal, en vert clair, et les participants du 13ème Symposium de Symi en juillet 2010 (The A. G. Papandreou Foundation)

« Des militants du parti socialiste « devinaient » que Royal ne pouvait s’imaginer sur la scène internationale en train de négocier des traités gaziers avec Poutine ; car de bons conseillers ne suffiraient pas à compenser son manque d’expérience. », expliquait Dominique Strauss-Kahn à l’ambassadeur américain Craig Stapleton en mai 2006, selon un câble ‘confidentiel’ envoyé par ce dernier au Secrétariat d’Etat à Washington.

Incontestablement, Ségolène Royal a changé depuis 2006. Elle a mûri son projet, notamment  dans sa Région Poitou-Charentes et avec Désirs d’avenir, et a comblé ses 'handicaps' supposés : les relations internationales et l’économie.

Sa présence sur la scène internationale, notamment, est fréquente, et de haut niveau : Michelle Bachelet au Chili, Cristina Kirchner en Argentine ; Lula et Dilma Rousseff au Brésil ; le symposium de Symi, orchestré par George Papandreou ; et la vice-présidence de l’Internationale Socialiste pour ne citer que quelques exemples.

Comme Ségolène Royal le tapait elle-même sur son clavier le 15 décembre 2010 dans un ‘chat’ avec les français sur LeMonde.fr :

« J'ai beaucoup travaillé, je me suis beaucoup déplacée pour écouter les Français, j'ai échangé au niveau international pour comprendre le monde, j'ai bâti une région laboratoire pour la croissance verte et les valeurs démocratiques, j'ai rassemblé des équipes, inventé les universités populaires avec Désirs d'avenir, etc. En un mot, je fais mon travail et j'avance. »

C’est donc sans surprise, bénéficiant du travail accompli ces dernières années, qu’elle a annoncé un déplacement en Finlande du 6 au 8 février 2011, à l’invitation de Jutta Urpilainen, présidente du Parti social-démocrate de Finlande (SDP, Suomen Sosialidemokraattinen Puolue), pour le lancement des élections législatives du 17 avril 2011.

Ségolène Royal a en effet déjà eu l‘occasion de rencontrer Jutta Urpilainen lors du 13ème Symposium de Symi, qui s’est déroulé dans l’île de Poros du 12 au 15 juillet 2010. Le Symposium de Symi, créé en 1998 et dirigé depuis par George Papandréou, Premier ministre grec et président de l’Internationale Socialiste, rassemble chaque été des intellectuels de premier plan, des personnalités politiques, des prix Nobel, des chefs d’entreprise, des diplomates, des scientifiques et des militants (altermondialistes, …) pour discuter des problèmes les plus importants de notre temps.

Sur le 13ème Symposium de Symi, voir  notamment l’article publié en juillet 2010 ici.

Jutta Urpilainen exposait son point de vue lors du 13ème Symposium de Symi :

 


Jutta Urpilainen – traduction française pour Militants de l'Espoir à Gauche avec Ségolène Royal par F.M & F.M.

« Je m’appelle Jutta Urpilainen et je suis la dirigeante du Parti social-démocrate de Finlande. C’est la première fois que je participe au Symposium de Symi en Grèce, et franchement, c’est un grand privilège que de participer à ce symposium. C’est un concept formidable, parce qu’ici nous pouvons discuter avec les dirigeants et spécialistes du monde entier de problèmes comme la crise financière, qui est une question très, très importante et difficile dans le monde entier en ce moment.

Mais bien sûr, c’est aussi une opportunité pour nous tous de discuter, de nous amuser, et de nous constituer un réseau de nouveaux amis parmi les dirigeants expérimentés, car bien sûr je fais partie des jeunes dirigeants. Je trouve que M. Papandréou a réalisé un remarquable travail d’organisation pour ce symposium pour les dirigeants et je lui apporte tous mes vœux de réussite dans sa très importante et très difficile fonction de premier ministre de la Grèce actuellement. »

Transcription originale en anglais par Militants de l'Espoir à Gauche avec Ségolène Royal

Diplômée en 2002 en sciences de l’éducation de l’université de Jyväskylä, qui est issue du premier Institut de formation des Maîtres de langue finnoise créé en 1863, elle exerce en tant qu’enseignante jusqu’à son élection à l’Eduskunta, le parlement monocaméral finlandais, le 16 mars 2003. Elle est depuis députée SDP de la circonscription de Vaasa, qui borde le golfe de Botnie, à l’ouest de la Finlande et à 420 kilomètres d’Helsinki, une circonscription officiellement billingue finnois (71,5% de la population)-suédois (24,9% des habitants). Vaasa s’appelait Nikolainkaupunki, la ville de Nicolas, en l’honneur de Nicolas Ier, tsar de toutes les Russies, jusqu’en 1917 où le renversement de Nicolas II amena l’indépendance de la Finlande de la Russie, le 6 décembre 1917. Vaasa, un exemple de l’influence continue au cours des siècles des deux grands voisins de la Finlande, la Suède et la Russie.

Jutta Urpilainen a débuté précocement en politique, et son ascension a été rapide. Fille du député finlandais Kari Urpilainen, elle s’engage dans le mouvement de jeunesse du SDP, et représente la Finlande au comité de direction de l’ECOSY (European Community Organisation of Socialist Youth, Jeunes Socialistes Européens). En 2001, elle est présidente de JEF-Finlande (Eurooppanuoret) une association pour les jeunes Finlandais intéressés pour échanger leurs idées et bonnes pratiques afin d’influencer les affaires européennes, afin de rapprocher l’Union européenne de la jeunesse finlandaise.

La même année, à 26 ans, elle est élue au Conseil municipal de Kokkola, où elle vit toujours, à 120 Kilomètre au nord de la ville de Vasaa, sur la côte du golfe de Botnie. À 28 ans, en 2003, elle devient députée, succédant à son père ; en 2007, elle est réélue dans une circonscription difficile pour le SDP où ce parti ne remporte que deux sièges sur 17, soit 11,7%, bien loin de la moyenne nationale qui est de 21,4% des voix et 22,5% des sièges, et dans une élection qui fera perdre au SDP sa place au gouvernement.

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L’Eduskunta, le parlement monocaméral de la Finlande (Jarkko Kostiainen)

À l’Eduskunta, Jutta Urpilainen est vice-présidente du Conseil consultatif de l’Institut des affaires internationales de Finlande, et membre de la Commission des Affaires étrangères et du Conseil des délégués parlementaires à la Banque de Finlande. Au cours de ses deux mandats, elle a participé à de nombreuse commissions, dont la Commission de la Culture, celle de l’Avenir, celle des Lois, et celle des Finances.

En 2008, elle se présente au poste de présidente du SDP, et est élue au second tour par 218 voix contre 132 pour Erkki Tuomioja, ancien ministre des Affaires étrangères (2000-2007). Jutta Urpilainen est alors la première femme à accéder à la présidence du SDP ; on la disait déjà avant son élection « joyeuse », « charismatique », « courageuse », « douée »,« cultivée » ;  réputée appartenir à l’aile gauche du parti, elle martèle : « Nous allons réaliser les rêves des gens ».

Elle succède à Eero Heinäluoma, ministre des Finances de Matti Vanhanen (Parti du Centre) de septembre 2005 jusqu’en avril 2007 et jusqu’à la sortie du gouvernement du SDP du fait de ses résultats aux élections législatives de mars 2007 : M. Heinäluoma, qui portait le poids de la défaite du SDP aux élections de 2007 – les plus mauvais résultats depuis 1962 – ne s’était pas représenté. Eero Heinäluoma n’a pas disparu de la scène politique finlandaise : redevenu député, il est depuis 2010 chef du groupe SDP et de la principale force d’opposition à l’Eduskunta.

Un mot sur les élections législatives finlandaises. En Finlande, l’Eduskunta, le parlement monocaméral, est élu pour 4 ans. Les Finlandais votent en même temps pour une liste, ce qui permet de répartir le nombre de sièges, et pour un candidat, ce qui permet de fixer l’ordre de préférence au sein de chaque parti. Par ailleurs il est possible de voter en avance, pendant une semaine, avant le premier tour. Lors des dernières élections de 2007, 29% des électeurs ont choisi cette solution. Un exemple à méditer.

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Venue pour le lancement de la campagne des législatives en Finlande, Ségolène Royal aura comme un air de déjà vu. Le SDP a réalisé en 2007 un score historiquement bas, est donc sorti du gouvernement, et est devenu le challenger. Une différence tout de même : en 2008, le SDP a enregistré une seconde défaite historique, aux municipales, avec 21,2% des voix, le plus mauvais score du parti depuis 1960. Mais la crise économique a très durement touché la Finlande, fortement exportatrice, avec de grands groupes puissants comme Koné (ascenseurs), UPM-Kymene et Stora Enso (industrie papetière), ou Nokia, et la récession a été particulièrement sévère en 2009 (contraction du PIB de 8%), avec une reprise en 2010, mais sans retrouver le niveau de 2008 : des déficits budgétaires sont apparus là où des excédents existaient. Un retour de balancier pourrait donc se produire en faveur du SDP.

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Eero Heinäluoma au XXIIIème Congrès de l'Internationale Socialiste à Athènes le 30 juin 2008 (Valentina Ustambasidi)

En dehors du Symposium de Symi, Jutta Urpilainen et Ségolène Royal ont un autre point commun : leurs partis respectifs appartiennent tous deux à l’Internationale Socialiste. De fait, si Ségolène Royal est vice-présidente de l’Internationale Socialiste, Eero Heinäluoma l’est aussi. Il est ainsi notamment intervenu lors du XXIIIème Congrès à Athènes le 30 juin 2008, lors de l’atelier Agir maintenant sur le Changement Climatique.

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Ségolène Royal à la tribune du Conseil de l’Internationale Socialiste aux Nations Unies, à New York, en juin 2010 .... (Latifa Perry)

Jutta Urpilainen, elle, était notamment présente au Conseil de l’Internationale Socialiste aux Nations Unies, à New York, les 21 et 22 juin 2010. Elle est intervenue à la même tribune que Ségolène Royal et sur le même thème, le premier : l’économie mondiale, un thème qui lui tient à cœur, comme elle le soulignait quelques jours plus tard au Symposium de Symi (retrouvez l’intervention de Ségolène Royal ici).

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.... et Jutta Urpilainen à la même tribune, à New York, en juin 2010 (Latifa Perry)

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La délégation finlandaise au Conseil de l’Internationale Socialiste aux Nations Unies, à New York, en juin 2010 (Latifa Perry)

Il faut bien comprendre que le système politique finlandais n’a rien à voir avec celui, par exemple, de la France. Le mode de scrutin de liste à un tour abouti à une élection à la proportionnelle, qui fait qu’aucun parti n’a jamais la majorité absolue à l’Eduskunta : il favorise la formation de coalitions.

Le SDP, par exemple, réalise des scores relativement stables aux élections législatives depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, à près d’un quart des votes : entre 23% et 28%, sauf en 1962 (19,5%), en 1991 (22,1%) et en 2007 (21,4%). Si l’on observe les scores réalisés aux élections législatives, on obtient le même résultat.

De fait, le pouvoir est partagé entre 3 partis à l’Eduskunta : le SDP, membre du PSE à Strasbourg, qui réalisait avant la Seconde Guerre Mondiale des scores dépassant les 40%, et qui est notamment soutenu par la classe ouvrière urbaine, les employés et les petits agriculteurs ; le Parti du Centre, membre de l’ADLE à Strasbourg, qui représente traditionnellement les intérêts ruraux et les villes rurales – un seul siège à Helsinki de ce fait en 2007 ; et le Parti de la Coalition nationale, parti conservateur, membre du PPE à Strasbourg, soutenu par la communauté des affaires et par les professions libérales urbaines.

De 1995 à 2007, le SDP a participé au gouvernement, d’abord en tant que force dominante avec le Premier ministre social-démocrate Paavo Lipponen (1995-2003), puis en s’alliant au premier ministre du Parti du Centre, Matti Vanhanen (2003-2007), le but étant toujours de former une coalition représentant la majorité des 200 membres de l’Eduskunta.

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Matti Vanhanen à Bruxelles le 17 juin 2010, la veille de la remise de sa démission à la présidente Tarja Halonen (AFP/Georges Gobet)

Matti Vanhanen a été remplacé en 2010 par Mari Kiviniemi, suite à des scandales financiers de corruption et de trafic d’influence liés au financement de son parti, comme la Première ministre qui l’avait brièvement précédé, Anneli Jäätteenmäki (17 avril 2003-24 juin 2003), elle aussi du Parti du Centre, avait dû être remplacée suite à un scandale politique (utilisation illégale au cours des législatives d’un document secret du ministère des Affaires étrangères prouvant la prise de position de son adversaire SDP, le Premier ministre sortant Paavo Lipponen, pour Washington dans la guerre contre l’Irak dans un pays très attaché à la neutralité).

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Anneli Jäätteenmäki en janvier 2009 (FIIA)

Il semble qu’il existe des pays où, contrairement à la France sarkozyste, les ministres et Premiers ministres démissionnent quand ils sont mêlés de près ou de loin à des scandales politico-financiers…

Le SDP a donné à la Finlande tous ses présidents depuis 29 ans : Mauno Koivisto de 1982 à 1994, Martti Ahtisaari de 1994 à 2000, puis Tarja Halonen depuis 2000. Cette dernière achève actuellement son deuxième et dernier mandat à la tête de la Finlande.

Tarja Halonen a été membre du SDP de 1971 à son élection à la présidence en 2000 – on notera qu’en Finlande la présidente ou le président n’appartient plus à un parti mais au peuple finlandais, contrairement à ce qui se passe en Sarkozye. Née à Helsinki, elle s’engage tôt pour la justice sociale, fait des études de droit social à l’université d’Helsinki, devient avocate et juriste syndicale à la SAK, l’Organisation Centrale des Syndicats Finlandais, le plus grand des syndicats finlandais : elle est la première femme juriste à travailler à la SAK.

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Tarja Halonen dans les locaux de la SAK, en train de répondre à des questions de syndicalistes le 13 mars 1973 (cliquez ICI pour accéder à la vidéo en finnois)

En 1974-1975, elle occupe le poste d’assistante parlementaire du premier ministre Kalevi Sorsa, qui donnera son nom à la fondation du même nom, think tank du SDP ouvert sur l’extérieur fondé en 2005 où Ségolène Royal participera à un séminaire organisé avec le SDP sur le thème « L’Europe après la crise : comment restaurer la confiance ? » mardi 8 février en début d’après-midi avant de regagner la France.

La carrière politique de Tarja Halonen commence réellement en 1977 avec son élection au Conseil municipal d’Helsinki, la capitale, qu’elle ne quittera qu’en 1996. Deux ans plus tard, elle entre au parlement monocaméral finlandais, l’Eduskunta, où elle cessera de siéger avec sa nomination à la présidence de la République en 2000. Elle n’abandonne pas pour autant le militantisme social : en 1980-1981, elle dirige la principale organisation finlandaise représentant les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT), la SETA (Seksuaalinen tasavertaisuus, Egalité Sexuelle). Pendant sa présidence, elle a beaucoup œuvré pour les droits des femmes.

Sous le mandat du premier ministre Harri Holkeri du Parti de la Coalition nationale (1987-1991), au sein d’un Rassemblement national gauche/droite, Tarja Halonen occupe successivement deux portefeuilles ministériels dans la droite ligne de sa formation et de ses convictions : elle devient ministre des Services sociaux, de l’Alcoolisme et de l’Egalité des sexes de 1987 à 1990, puis ministre de la Justice en 1990-1991. Après une parenthèse à droite, elle revient au gouvernement sous le mandat du Premier ministre SDP Paavo Lipponen, et devient ministre des Affaires étrangères de 1995 à 2000, date de son accession à la présidence de la République.

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Beau joueur, Sauli Niinistö, du Parti ce la Coalition nationale, reconnait sa défaite face à sa rivale Tarja Halonen lors de la présidentielle de 2006 en lui baisant la main : malgré une campagne à l'américaine avec de gros moyens et une présidente sortante dite en 'perte de vitesse', Tarja Halonen l'a emporté (AFP)

En 2000, Tarja Halonen est élue présidente de la République au second tour contre Esko Aho, ancien Premier ministre du Parti du Centre de 1991 à 1995, par 51,6% des voix contre 48,4% - elle a recueilli au premier tour 40% des voix contre 34,4% pour Esko Aho. Elle est la première femme à accéder à ce poste en Finlande. En 2006, Tarja Halonen est réélue au second tour par 51,8% des voix contre 48,2% à Sauli Niinistö, ancien ministre des finances du Parti de la Coalition nationale du Premier ministre SDP Paavo Lipponen (1995-2003), et donc un temps collègue de Tarja Halonen – Sauli Niinistö était arrivé second au premier tour, avec 24,1% des voix contre 46,3% à Tarja Halonen, qui améliorait donc sensiblement son score de 2000.

Le poste de président a vu sa définition modifiée au cours des années. Après la chute de l’empire russe, l’indépendance de la Finlande et la courte guerre civile finlandaise qui a suivi, la Finlande a hésité entre une monarchie constitutionnelle et une République. Finalement, la République est née, avec un président qui disposait de nombreux pouvoirs. Le poste de président a été créé en 1919.

Entre 1919 et 1987, le président était élu par un collège électoral, lui même élu au suffrage universel. En 1987, un scrutin hybride a été choisi : un seul tour, deux votes, l’un direct, l’autre indirect (élection d’un collège électoral), et utilisation du collège électoral si ce scrutin à un seul tour ne permettait pas de dégager une majorité pour un candidat ou une candidate. Depuis, la présidente ou le président de la République est élu(e) au suffrage universel à deux tours.

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Depuis 1991, les présidentes et présidents finlandais doivent être nés en Finlande. Enfin, en 2000 la constitution finlandaise a été modifiée : les pouvoirs du chef de l’Etat ont été restreint au profit de l’Eduskunta et du gouvernement. La nouvelle constitution stipule de façon explicite comment les principes du parlementarisme doivent être appliqués, bien que les présidents aient suivi cette règle tacite depuis 1937.

Aujourd’hui, la présidente de la République dispose pouvoirs plus restreints qu’avant la réforme de 2000. Elle nomme le Premier ministre, qui doit ensuite être élu par l’Eduskunta à la majorité des suffrages exprimés. Puis elle nomme les ministres sur proposition du Premier ministre. Avant de nommer et d’élire le Premier ministre, les groupes parlementaires négocient le programme gouvernemental et la composition du gouvernement. La présidente de la République, sur les bases de ces négociations, après avoir entendu le président du Parlement, communique au Parlement le nom du candidat qu’elle a retenu pour le poste de Premier ministre.

Par ailleurs, la présidente de la République décide seule de la démission du gouvernement ou de l’un de ses membres, de l’organisation d’élections législatives anticipées, du droit de grâce, et des questions prévues par la loi sur l’autonomie d’Åland n’ayant pas trait aux finances de la province. La région autonome finlandaise d’Åland est constituée d’un archipel de 6 500 îles dans le golfe de Botnie, entre la Suède et la Finlande.

Enfin, deux extraits à méditer de la constitution finlandaise de 2000 :

« Article 60 – Gouvernement – […] Les ministres doivent être des citoyens finlandais connus pour leur probité et leurs capacités. »

« Article 63 – Autres engagements des ministres - Un membre du gouvernement ne peut pas au cours de l'exercice de ses fonctions ministérielles exercer une fonction publique ou toute autre fonction qui pourrait entraver l'exercice de ses fonctions ministérielles ou mettre en danger la confiance relative à ses activités en tant que membre du gouvernement.

Après sa nomination, tout ministre fournit sans délai au Parlement un compte rendu sur ses activités professionnelles, sur ses parts au sein d'entreprises et sur sa fortune en général, ainsi que sur ses fonctions et autres engagements indépendants de ses fonctions ministérielles qui peuvent avoir de l'importance dans l'appréciation de ses activités en tant que membre du gouvernement. »

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La présidente Tarja Halonen et son mari Pentti Arajärvi en mai 2003 à Saint-Pétersbourg (www.kremlin.ru)

L’arrivée à la présidence de la République de Tarja Halonen en 2000 a été une surprise pour certains, même en Finlande, car la nouvelle présidente n’est pas conformiste, loin s’en faut. Pourtant, au fil des ans, sa popularité ne fera que s’accroître. En 1978, elle a une fille, Anna, d’une relation avec Kari Pekkonen. Puis elle vit en concubinage avec son compagnon, Pentti Arajärvi, pendant une quinzaine d’année avant de l’épouser le 26 août 2000, alors qu’elle avait été élue à la présidence le 6 février de la même année et était entrée en fonction le 1er mars. Les témoins du mariage seront la fille de Tarja Halonen, Anna, et le fils de Pentti Arajärvi, Esko.

Dans les années 1960, elle a quitté l’Eglise Evangélique Luthérienne de Finlande, à laquelle la plupart des Finlandais appartiennent, pour protester contre la politique de taxation des membres de l’Eglise et contre la position de l’Eglise interdisant les femmes prêtres. Depuis, l’Eglise s’est mise à accepter les femmes prêtres, et la présidente a indiqué qu’elle n’avait aucune raison de ne pas renouer avec l’Eglise, mais qu’elle s’obligeait à n’en rien faire de peur que ses actes soient mal interprétés. Dans les années 1990, Tarja Halonen a présidé une organisation chrétienne de travail social, Suomen setlementtiliitto.

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Tony Halme, le député du parti populiste des Vrais Finnois, habillé pour le ring...

Suite à son engagement à la SETA en 1980-1981, Tony Halme, ancien boxeur et lutteur professionnel, député finlandais du parti populiste des Vrais Finnois, se référant à sa jeunesse où il a grandi « dans la rue », déclara en 2003 : « Nous avons une lesbienne comme présidente et moi comme parlementaire. Tout semble possible. ». Bien que Halme ait déclaré qu’il voulait parler de mobilité sociale, l’immense majorité des médias ont interprété ces propos comme une insulte. La présidente de la République finlandaise n’a pas commenté l’événement. Plus tard, Halme a présenté ses excuses et a dit qu’il avait été mal compris.

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Tony Halme, le député du parti populiste des Vrais Finnois, côté ville

Selon la biographie de Tarja Halonen, publiée en 2005, Tarja Halonen est critique vis-à-vis de certains membres de la fonction publique qu’elle ne nomme pas, accusant ces gays ou ces lesbiennes de ne pas faire leur « coming out » et de ne pas militer pour l’égalité sexuelle. Elle accuse ces homosexuels vivant dans l’ombre de profiter des bénéfices acquis par le travail d’autres qui militent, eux, pour l’égalité de sexuelle, sans y contribuer eux-mêmes.

Tarja Halonen est mondialement connue pour son intérêts pour les sujets touchant aux droits de l’homme (et de la femme). En 2006, elle a été pressentie pour la candidature au poste de Secrétaire générale de l’ONU, mais elle a déclaré plus tard vouloir finir son deuxième et dernier mandat de présidente avant de penser à d’autres options. Elle est membre du Conseil des dirigeantes mondiales, un réseau international de présidentes et de Premières ministres actuelles ou passées, dont le but est de mobiliser les dirigeantes du plus haut niveau pour une action collective sur des problèmes d’une importance primordiale pour les femmes et leur développement équitable.

Depuis de nombreuses années, Tarja Halonen est classée par le magazine américain Forbes parmi les 100 femmes les plus influentes du monde. En 2010, elle a été classée 62ème, la première étant Michelle Obama.

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Panel sur le développement durable à Davos le 28 janvier 2011 ; à gauche du Secrétaire général, la présidente Halonen (ONU 2011)

Le 9 août 2010, Tarja Halonen a été nommée co-présidente du Panel de haut-niveau sur le développement durable mis en place par le Secrétaire général de l’ONU, avec Jacob Zuma, le président sud-africain. La dernière réunion du Panel a eu lieu au Forum Economique Mondial de Davos, vendredi 28 janvier 2011, sur le thème suivant : « Redefining Sustainable Development : How can sustainable development become a driver of inclusive growth ? ». Tout un programme.

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Session de travail du Panel à Davos ; à droite de Ban Ki-moon, la présidente Halonen et sur l'écran, le président Zuma (ONU 2011)

Décidément, la visite de Ségolène Royal en Finlande à l’invitation de Jutta Urpilainen promet d’être intéressante, tout comme le dîner qu’elle aura ce soir avec la présidente de la République de Finlande, Tarja Halonen.

Frédérick Moulin

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6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 04:07

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Ségolène Royal en déplacement en Seine-Saint-Denis, accompagnée de Claude Bartolone ; derrière eux, avec des lunettes : Jean-François Baillon et Amal Benazzouz (MARMARA/Le Figaro)

Ségolène Royal était en déplacement en Seine-Saint-Denis jeudi après-midi, à l’invitation de Claude Bartolone, président du Conseil général du département.

À Sevran, la candidate aux primaires organisées par le Parti socialiste a visité la médiathèque Espace François Mauriac et des jardins familiaux partagés, dans le quartier de Rougemont, accompagnée par Claude Bartolone, par le maire de Sevran, Stéphane Gatignon, d’Europe Ecologie-Les Verts depuis novembre 2009, ancien communiste, et par des représentants associatifs locaux. Elle a appelé à une « humanisation des villes ».

Le quartier de Rougemont est l’un des trois quartiers les plus peuplés de Sevran avec les Beaudottes et Montceleux/Pont-Blanc, trois quartiers qui sont ceux qui ont été classé en secteur « Grand Projet de Ville », devenu aujourd’hui « Opération de Renouvellement Urbain ». C’est aussi un quartier où 2 000 logements ont été construits entre 1960 et 1974. Le Figaro rappelle que la Seine-Saint-Denis est « le département le plus pauvre et le plus jeune de France », et que par endroits le taux de chômage des moins de 25 ans atteint les 50%.

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De gauche à droite : Jean-François Baillon, Ségolène Royal et Claude Bartolone ; derrière Claude Bartolone, souriante : Amal Benazzouz (photo du blog d'Amal Benazzouz)

Ségolène Royal était venue apporter son soutien à Jean-François Baillon, candidat Europe-Ecologie-Les Verts soutenu par le Parti socialiste aux prochaines élections cantonales. Dans la ville voisine de Villepinte, c’est la candidate socialiste Amal Benazzouz qui est soutenue par Europe Ecologie-Les Verts : le président du Conseil général a entériné cet accord local mercredi dernier avec Cécile Duflot, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts. Claude Bartolone a annoncé que François Hollande viendrait bientôt en Seine-Saint-Denis, dans le cadre de la campagne des élections cantonales de mars ; Arnaud Montebourg et Martine Aubry ont également accepté l’invitation du président du Conseil général.

Ségolène Royal a beaucoup travaillé sur les politiques de civilisation, notamment en lien avec la réflexion d’Edgar Morin sur le sujet, et avec les travaux de Désirs d’avenir. À Clichy-sous-Bois, elle a visité une école en cours de construction en compagnie du président du Conseil général, du maire socialiste de Clichy, Claude Dilain, et d’une vingtaine de représentants d’amicales de locataires, de conseils de syndics, d’association de jeunes du Plateau, de créateurs d’entreprises et de responsables éducatifs.

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Ségolène Royal, Claude Dilain (chemise violette), Amal Benazzouz et Claude Bartolone lors de la visite d'une école en construction à Clichy-sous-Bois (photo du blog d'Amal Benazzouz)

Le quartier du Plateau, à cheval entre Clichy-sous-Bois et Montfermeil, fait l’objet d’un Projet de Rénovation Urbaine (PRU) de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) signé fin 2004 et portant sur 3 700 logements, pour un budget initial de 500 millions d’euros, l’un des plus importants de la région parisienne.

Lors d’une table ronde sur le thème de la politique de la Ville, Ségolène Royal, s’exprimant sur les quartiers ‘difficiles’, a souligné : « Cela fait partie d'un grand défi de civilisation qui consiste à humaniser les villes. Essayons de centraliser les discussions sur ce thème de l'humanisation des villes. ». Les thèmes de la réinsertion des jeunes en difficulté et de l’intégration des immigrés ont été abordés par les participants.

Rappelons que Claude Dilain est, depuis avril 2008, président de l’association Villes et banlieues de France, qui rassemble des élus de banlieues de toutes tendances, et que lors des violences urbaines de 2005, il s’était distingué par son rôle modérateur.

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Près de 400 personnes s'étaient rassemblées le 27 octobre 2007 à Clichy-sous-Bois, à la mémoire de Zyed Benna et de Bouna Traoré (AFP)

Le 10 septembre 2010, considérant que les charges étaient insuffisantes, le parquet de Bobigny avait requis un non-lieu pour les deux policiers mis en cause dans la mort de Zyed Benna et de Bouna Traoré le 27 octobre 2005. Les deux jeunes de Clichy étaient morts électrocutés dans un transformateur électrique EDF, ce qui avait déclenché 3 semaines d’émeutes dans les banlieues françaises. Les deux avocats des deux jeunes, Jean-Pierre Mignard et Emmanuel Tordjman, avaient parlé de « véritable sauf-conduit qui vise à couvrir de l’impunité une action contraire à la loi et à la déontologie policière ». Claude Dilain, pour sa part, avait appelé au calme. Déplorant « la lenteur de l'instruction pour arriver à un non-lieu », il avait estimé « extrêmement maladroit que l'annonce de cette décision de justice intervienne le jour de la fête de l'Aïd el-Fitr », qui marque la fin du ramadan.

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De gauche à droite : Ségolène Royal, Claude Dilain, Amal Benazzouz, et Claude Bartolone (blog d'Amal Benazzouz)

En marge de son déplacement en Seine-Saint-Denis, Ségolène Royal a été interrogée par la presse sur la candidature à la présidentielle de Nicolas Hulot. Elle a souligné qu’être président, « ce n'est pas comme porter une émission de télé » - on pense bien sûr à Ushuaïa Nature sur TF1.

« Les gens croient qu'être président, c'est toujours plus facile que ça y parait. C'est un long travail, […] il faut un projet, ça ne s'improvise pas », a rappelé l’ex-candidate à la présidentielle de 2007, qui parlait de quelque chose qu’elle a personnellement vécu et qu’elle met à nouveau en œuvre depuis sa déclaration de candidature fin novembre 2010.

« Les candidatures médiatiques n'ont jamais réussi. Maintenant, on verra. Il est connu grâce à ses émissions sur TF1 essentiellement. [...] Porter un pays, c'est pas comme porter une émission de télé. », a ajouté la présidente de la Région Poitou-Charentes. « Il est très sympathique au demeurant. », a-t-elle conclu.

Mais c’est une autre déclaration sur Nicolas Sarkozy et le gouvernement « pas à la hauteur des enjeux de la diplomatie française », faite en marge de son déplacement en Seine-Saint-Denis à une journaliste du Parisien, qui retiendra l’attention :

 


envoyé par DAGrandLyon

 


La journaliste du Parisien : un certain nombre de personnalités au sein du Parti socialiste mais pas toutes souhaitent que Michèle Alliot-Marie démissionne. Qu’en est-il de votre cas ?

Ségolène Royal : vous savez, je pense que le problème est beaucoup plus profond que celui d’une personne seule.

C’est l’ensemble du gouvernement et même du président de la République aujourd’hui qui ne sont pas et qui n’ont pas été à la hauteur des enjeux de la diplomatie française, sans doute d’ailleurs parce qu’il y a une grande pagaille dans l’organisation. On ne sait plus qui est le chef de la diplomatie, si c’est l’Elysée, si c’est Matignon, si c’est le quai d’Orsay ; on a une ministre des Affaires étrangères qui a parlé comme un ministre de l’Intérieur.

Donc il y a un grand désordre gouvernemental, il n’y a plus de ligne diplomatique claire, et cela c’est très problématique pour la France.

Je crois qu’aujourd’hui, à cause de ces fautes diplomatiques et morales majeures, il y a en effet un regard sur la France qui est négatif. Or la France a la responsabilité de continuer à porter, partout et toujours, les valeurs universelles de paix, de fraternité, de liberté, de justice, et sa voix manque, aujourd’hui, dans le monde. Elle n’est plus crédible.

Il faudra reconstruire complètement la diplomatie de la France et redonner à la France une voix qui porte dans le monde, une voix qui est respectée, et une voix qui porte nos valeurs universelles.

Frédérick Moulin

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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 22:58

20070824.FIG000000166 27582 1[1]  Le mensonge d’Etat

 

L’affaire de Michèle Alliot-Marie prend une tournure de plus en plus inquiétante pour le pouvoir en place.

La ministre aurait menti aux Français par omission, si l’on en croit les dernières révélations de la presse. Le Nouvel Obs révèle en effet que contrairement aux propos tenus par la ministre devant les Françaises et les Français au 20 heures de France 2, Michèle Alliot-Marie ne se serait pas contentée d’utiliser « par erreur » un jet privé prêté par un homme d‘affaire pour se rendre dans l’hôtel de luxe de ce généreux « ami ». Elle aurait également bénéficié d’un second avion, appartenant à une compagnie de la famille de Ben Ali, pour une excursion dans le sud tunisien alors que les événements en Tunisie s’intensifiaient. La ministre ne pourra pas cette fois invoquer une simple erreur de jugement.

Le mensonge de la ministre des affaires étrangères par omission ferait de cette affaire : une affaire d’Etat. Comme l’a indiqué Ségolène Royal, « le problème est beaucoup plus profond que celui d’une personne seule ». Le chef du gouvernement, François Fillon, et le Président de la République, Nicolas Sarkozy, ayant couvert la ministre, seraient en effet également impliqués dans ce mensonge d‘Etat. Jamais dans aucune autre démocratie une impunité à ce niveau ne serait tolérée.

 

La fronde de la justice

Dans le même temps les propos inconsidérés de Nicolas Sarkozy suite au meurtre atroce de la jeune Laetitia provoquent la fronde des magistrats. « Ceux qui ont couvert ou laissé faire cette faute seront sanctionnés » a-t-il annoncé.

En accusant la justice et la police, jeudi à Orléans, de graves erreurs, et en réclamant des sanctions, le Président de la République est d’une part sorti de son rôle pour les magistrats, et d’autre part il n‘assume pas la responsabilité de l‘Etat compte tenu de la dégradation des conditions de fonctionnement de la justice en France.

La contestation a pris la forme d’un mouvement de grève des audiences qui s’étend dans tout le pays. Les Syndicats déclarent « nous n’accepterons pas que des agents soient sanctionnés, alors qu’ils sont les premiers à devoir subir les conséquences d’une inflation législative conjuguée à une indigence budgétaire ».

 Les magistrats dénoncent par ailleurs la méconnaissance volontaire du dossier par le Président de la République. Le suspect avait purgé durant onze ans toutes ses peines, sans réduction, et il n’était en théorie astreint, dans le cadre d’une dernière condamnation pour outrage à magistrat, qu’à une «mise à l’épreuve». Pour les magistrats, Nicolas Sarkozy utilise cette affaire atroce à des fins politiciennes. L’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) parle de «populisme de bas étage».

Les syndicats majoritaires chez les officiers de police et les gardiens de la paix, à savoir le SNOP et Unité SGP-FO, ont eux aussi dénoncé les propos de Nicolas Sarkozy.

 

Les dysfonctionnements graves des pouvoirs régaliens

Affaires étrangères, justice et police, les fonctions régaliennes de l’Etat souffrent d’un dysfonctionnement particulièrement grave. On peut s’interroger dans ce contexte sur les chances de survie du pouvoir en France face à une opinion publique de plus en plus hostile. Particulièrement affaibli, Nicolas Sarkozy peut-il encore tenir ?

 

Philippe Allard

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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 00:22

nicolas-sarkozy-ben-ali.1270127311-1-.png  Interrogée lors d’un déplacement en Seine-Saint-Denis, Ségolène Royal n’a pas souhaité s’associer aux appels à la démission lancés par plusieurs élus de gauche contre Michèle Alliot-Marie. Pour la candidate socialiste « le problème est beaucoup plus profond que celui d’une personne seule ».

 

 La socialiste considère que l’ensemble du gouvernement et le Président de la République sont responsables de la situation. Ils ne sont pas « à la hauteur des enjeux ».

  

Ségolène Royal dénonce les carences du fonctionnement des affaires étrangères, « la grande pagaille » dans l’organisation et de s’interroger : qui est le chef aujourd’hui de la diplomatie française ?

 En effet, aucune personnalité, au gouvernement et à sa tête, ne se sent responsable de la gestion catastrophique des événements de l’autre rive de la Méditerranée. Pas un ne semble en capacité de donner à la France une voix forte pour s’adresser à ces peuples avec qui nous sommes pourtant liés pas l’histoire et par de très nombreux échanges.

 

La candidate socialiste regrette qu’il n’y ait plus «  de ligne diplomatique claire ». Une situation surprenante quand on sait que depuis les débuts de la Vème République les affaires étrangères sont considérées comme « le domaine réservé » du chef de l’Etat. Tous les présidents qui ont compté depuis 1958 ont souhaité jouer un rôle en ce domaine. De Gaulle défendant le principe de l’indépendance nationale, François Mitterrand bâtissant une Europe plus politique, les Présidents de la République ont fixé les grandes priorités de la diplomatie. Mais que restera-t-il de la présidence de Nicolas Sarkozy si ce n’est cette incapacité à gérer le printemps des peuples d’Afrique du Nord ?

 

Il faudra donc, pour la socialiste, « reconstruire complètement la diplomatie de la France et redonner à la France une voix qui porte dans le monde ». Connaissant son attachement à ouvrir le dialogue entre les peuples, comme elle a déjà su le faire avec l’Afrique et l’Amérique latine, cette voix de la France serait en effet bien différente si elle devenait notre prochain chef de l'Etat. Une France qui ne serait plus au service, des intérêts d’un grand capital, moins présente dans les dîners mondains, mais davantage au contact des peuples pour porter nos valeurs universelles « de fraternité, de liberté et de justice ».

Une France qui serait à nouveau la France que l’on aime, tournée vers les peuples.

 

Philippe Allard

 

 

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 00:42

h-3-1278462-1222948863-1-.jpg  On n’avait pas encore vu un ministre venir ainsi se saborder sur un plateau de télévision. C’est pourtant ce qu’a réalisé Michèle Alliot-Marie au journal de 20 heures de France 2 ! David Pujadas n’a rien pu faire, plus elle causait plus Michèle Alliot-Marie, sans bien comprendre ce qui lui arrivait, se sabordait.

La ministre de Nicolas Sarkozy ne semble pas tout à fait comprendre ce qu’on lui reproche ! Oui elle a utilisé le jet privé d’un homme d’affaire mais bon elle était en vacances … et c’était plus pratique que de faire le trajet en voiture. C’est quelqu’un qu’elle connaît bien à qui elle offre des excusions à St Jean de Luz …

Puis elle nous raconte les difficultés de l’homme d’affaire avec l’ancien régime. Elle finit par en faire une victime, alors que celui-ci a signé un appel à soutenir Ben Ali lui rappelle le journaliste… Parler de victime alors que la répression a fait des morts en Tunisie comment peut-elle oser ?

Elle finira tout de même par reconnaître qu’un ministre de la République, pour éviter toute compromission, ne doit pas en principe accepter ce genre de cadeau. Mais là « j’ai pas pensé à mal » déclare-t-elle. Et elle lance pour sa défense, je suis monté dans l’avion « comme s’il m’avait dit : montez dans ma voiture ». Là on se demande si la ministre n’est pas en train de perdre la raison …

La ministre ne semble pas bien se souvenir des événements ! Lorsque Pujadas l’interroge sur le fait d’aller passer des vacances en Tunisie alors que les évènements se bousculaient, la ministre perd la mémoire. « Il n’y avait rien » … le suicide qui a précipité les événements c’était après « il me semble … du moins j’en ai le sentiment ». La ministre ne semble pas en être vraiment certaine. Au final elle finit pas lâcher « je pense que je les avais un peu méritées » ces vacances et « si on doit aller dans un pays où il ne se passe rien, je vous signale qu’il n’y en a pas beaucoup où vous pouvez aller … ». Là vraiment on se demande : qui parle ? Est-ce bien un ministre de la République ? Comment peut-elle tenir des propos aussi cynique ? Comment un ministre de la République peut-il ouvertement considérer qu’on peut passer ses vacances tranquillement partout sans ce soucier des événements du pays ? Passez vos vacances, reposez-vous et surtout laissez ces gens mourir un peu plus loin tout cela n’est pas grave … Ne vous en souciez pas ... Vive le tourisme dans les dictatures !

C’est vraiment la phrase de trop ! Non Madame le ministre on ne peut pas utiliser l’avion gratuitement d’un homme d’affaire quand on est ministre ! Parce qu’on est le représentant du peuple français ! Non Madame le ministre on ne peut pas aller passer ses vacances dans n’importe quel pays du monde sans se soucier de la situation du peuple ! Parce que les valeurs de la République sont universelles !

 

Philippe Allard

 

Pour voir la vidéo :
http://info.francetelevisions.fr/?id-video=MAM_3500000000015224_201102022054_F2

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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 12:33

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     Martine Aubry et la direction du Parti socialiste ne sont-ils pas en train de faire fausse route ? Qu’est-ce qu’un projet pour la France ? Un projet politique peut-il se construire en quelques semaines ?

 

 Le projet politique des socialistes pour 2012 devrait voir le jour en mai selon le calendrier imposé par la première secrétaire du P.S. On connaît le processus. Le projet sera rédigé par quelques experts du parti. Il sera ensuite envoyé dans les sections, et débattu avec les prises de position habituelles par motion. Les socialistes pourront défendre des amendements. Il y en aura énormément, comme d’habitude, des tonnes de textes, rédigés et défendus dans toutes les sections et les fédérations. Suivront les votes, la disparition des amendements et l’adoption du texte par quelques milliers de militants. Cela deviendra alors le projet des socialistes. Celui que devra porter le candidat ou la candidate. Martine Aubry a prévenu : « lorsqu’on est candidat aux élections présidentielles du parti socialiste, et bien on défend le projet qu’ont préparé les socialistes et cela d’autant plus qu’on l’a préparé ensemble… ». Bien sûr personne n’est dupe. Le projet n’est pas vraiment celui des socialistes, c’est plutôt le résultat d’un processus qui rappelle encore ce qu’on appelait autrefois le centralisme démocratique.

 

 C’était d’ailleurs tout l’enjeu du dernier congrès des socialistes à Reims. S’appuyant sur des socialistes venant d’horizons divers, Ségolène Royal avait tenté de porter la rénovation du Parti proposant d‘ouvrir les portes et les fenêtres, pour construire un nouveau grand parti socialiste davantage ouvert sur la société, plus combatif, plus engagé pour mettre en avant ses propositions : « Combattre et Proposer ». On connaît la suite : l’alliance des éléphants et éléphanteaux du parti et l’échec obscur de Ségolène Royal. Martine Aubry, devenue première secrétaire du Parti, devra toutefois faire quelques concessions : elle acceptera les primaires mais refusera toute évolution interne.

 

 Un échec qui apparaît d’autant plus grave aujourd’hui qu’il maintient encore à la tête du parti une conception très archaïque de la politique. Comment peut-on croire en effet qu’un projet politique puisse se concevoir en quelques semaines de débats feutrés entre socialistes ? Comment peut-on espérer que quelques mots alignés sur le papier, aussi bien écrits soient-ils, puissent engager tout un peuple ?

 Croire qu’un projet politique serait une sorte de déclaration de propositions d’experts qu’on pourrait par miracle faire adopter par le peuple, c‘est faire fausse route. Croire qu’il y a d’un côté ceux qui ont la capacité de proposer et de l’autre ceux qui n’ont pour rôle que d’acquiescer, est une conception déformée de la démocratie.

 Un projet politique, soutenu par le peuple, c’est bien autre chose. C’est le fruit d’un long cheminement. C’est le fruit d’un engagement partagé. C’est le fruit de combats, de prises de position, de réflexions, de propositions, d’une vie politique. Ce n’est qu’après ce long engagement que vient la reconnaissance populaire.

La victoire de 1981 n’aurait pas été possible sans les longues luttes précédentes du Parti socialiste avec François Mitterrand et ses échecs aussi.

 

C’est peut-être aujourd’hui un des atouts majeurs, dans cette campagne, de la candidate socialiste, celle qu’on a voulu enterrer un peu trop vite : Ségolène Royal. Avoir compris que le XXIè.s serait celui du printemps des peuples. Qu’on ne peut pas concevoir la politique dans des alcôves ou cercles privilégiés. Que les beaux discours ne suffisent pas. Qu’il faut sortir d’une démocratie d’élite car le peuple a grandi. Qu’il faut aller vers le peuple, qu’il faut savoir s’engager avec conviction contre la casse des retraites, contre la casse des emplois, contre le discours de l’impossible, qu’il faut accepter d’échouer sans renoncer pour gagner demain

 

Philippe Allard

 

 

 

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