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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 10:39

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Michèle Delaunay nous livre son analyse de ce que devrait être le non-cumul des mandats : réflexion sur les notions de mandat et de fonction (exécutive) et sur la notion primordiale de surface électorale. Le Monde s'était livré à une analyse de 'surface électorale' des députés en octobre 2009 et avait conclu qu'environ 85% des députés français cumulaient, obtenant une 'surface électorale' trop élevée.

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Graphique Le Monde repris le 12 août 2010 par Etoile 66 sur le site de Médiapart

Mais elle nous fait également réfléchir sur les cumuls de fonctions exécutives, sur les cumuls de mandats et de métiers, sur le cumul dans le temps, et, pire que tout, sur le cumul des mandats et des fonctions dans la durée.

20 000 habitants, c'est la ville d'Arcueil, ou un peu moins que celle d'Annecy-le-Vieux, dont Bernard Accoyerprésident de l'Assemblée Nationale, est maire.

Depuis 2007, Michèle Delaunay soutient Ségolène Royal ; elle a largement contribué à l’écriture de la partie « santé » du programme de l’ex-candidate à la présidence de la République. Cancérologue, élue députée de la 2ème circonscription de Gironde le 17 juin 2007 face à Alain Juppé avec 50,93% en emportant une circonscription détenue depuis plus de 60 ans par la droite, elle est Conseillère générale du canton Grand Parc – Jardin Public (Bordeaux) depuis 2004, « à droite depuis 60 ans » (Michèle Delaunay). Ce canton a « 26 543 habitants ».

Lors du second tour des élections régionales de mars 2010, Michèle Delaunay relevait sur son blog que le canton Grand Parc – Jardin Public avait voté à 54% pour la liste menée par Alain Rousset, président PS de la Région Aquitaine.

Hugues Martin a été maire UMP de Bordeaux de décembre 2004 à octobre 2006, et député UMP de 2004 à 2007. Un ex-député-maire UMP en somme.

F.M .

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Ce que pourrait/devrait être le non-cumul des mandats

lundi 27 septembre 2010

Je me suis exprimée à plusieurs reprises dans ce blog - et ailleurs - sur ce que pourrait être le non cumul des mandats. Je le fais une fois encore, de manière plus détaillée, avant d'expliquer les raisons de ma candidature aux élections cantonales.

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Michèle Delaunay

La première base légitimant ce non-cumul est un principe simple : quand on ne fait pas un job, il ne faut en avoir ni le titre, ni le salaire. Inversement, il faut que ce soit la personne qui l'assume qui ait ce titre et ce salaire.

Autrement, il faut condamner fermement le cumul quand, à l'évidence, on ne peut assumer pleinement l'un et l'autre mandat. Je renvoie à un précédent billet (député-maire, sénateur-maire). Nul ne peut être maire à plein temps d'une grande ville et assumer convenablement son mandat de parlementaire. Cela vaut pour les autres grandes fonctions exécutives (président du Conseil Général ou régional) et c'est pour cela que le Parti Socialiste s'est engagé dans le non-cumul d'un mandat de parlementaire et d'une fonction exécutive. Tout cela n'est pas simple pour l'opinion publique qui ne connaît pas obligatoirement la différence entre mandat et fonction. Un conseiller régional, ou général, qui n'est ni Président, ni vice-Président, n'a pas de fonction exécutive. Être Maire d'une ville, quelle qu'en soit la taille correspond à une fonction.

Les autres arguments sont les suivants. Il ne faut pas emboliser la vie politique en laissant plusieurs fonctions entre les mains d'un seul. Cela vaut d'ailleurs à mon avis pour le cumul dans le temps. On ne peut renouveler le personnel politique si l'on permet qu'un même mandat ou une même fonction puissent être assumés par la même personne trente ou quarante ans durant et jusqu'à un âge canonique. On sait d'autre part que la créativité, par exemple à la tête d'une Mairie, s'épuise au fil du temps, que des réseaux se créent et paralysent la dynamique de la ville. Ceci vaut d'ailleurs quand une ville est détenue 50, 60 ans ou davantage par une même majorité. On ne cherchera pas bien loin des exemples

De plus, le cumul, surtout s'il associe surface électorale et durée dans le temps concentre dans les mains d'un seul des pouvoirs que l'on peut qualifier d'excessifs. Il en fait une personne incontournable dans toutes les décisions, il affaiblit opposition et possibilité de critique, ainsi que les chances d'alternance.

Pour ma part, je n'aurais pas choisi le non-cumul proposé par le Parti Socialiste, qui est l'interdiction d'un mandat de parlementaire et d'une fonction exécutive. Au contraire, le cumul de deux fonctions exécutives (ex : Maire d'une grande ville et Président du Conseil général) reste possible. J'aurais plus volontiers pris pour critère la surface électorale des deux mandats.

Ainsi, une circonscription couvre une surface de 80 à 120 000 habitants. Pourquoi interdire qu'un parlementaire soit Maire d'une petite ville ou élu d'un "petit" canton ? J'avais fixé la limite du "petit" à 20 000 habitants, sachant que "mon" canton la dépassait. On devine que je reviendrai sur le sujet

La difficulté est : quelle est la surface électorale d'un Président de région ou d'un président de Conseil général ? Eh bien, soyons généreux; accordons lui (ce qui est faible) la même surface que celle d'un parlementaire. Celui-ci ne pourra donc pas être Maire d'une commune de plus de 20 000 habitants.

C'est plus lisible que la formule du PS, même si ce n'est pas non plus parfait. Le parfait en la matière n'existe pas.

À côté du cumul des mandats, il y a un sujet que personne n'aborde : le cumul d'un mandat, tel que parlementaire, et d'un métier. Non, on ne peut pas être parlementaire et médecin hospitalo-universitaire. C'est malhonnête en vertu du principe fondamental posé en tête de ce billet. Non, on ne peut pas être avocat d'affaires et parlementaire : s'ajoute à la raison précédente, le motif du conflit d'intérêt. Non, on ne peut être en même temps directeur d'école, artisan, médecin praticien... ET parlementaire. Et c'est pour cela qu'il faut absolument définir un statut de l'élu, qui lui assure la possibilité de retrouver son emploi ou un emploi correspondant, tout en sachant que beaucoup de métiers, aucune solution parfaite ne pourra être obtenue.

Voici ces quelques idées. Je n'ai pas changé d'avis, mes écrits en témoignent et c'est en connaissance de tout cela que je vais tout à l'heure présenter ma candidature pour les élections cantonales 2011, dans le canton Grand Parc-Jardin public dont je suis l'élue sortante.

Blog de Michèle Delaunay

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Député-maire, sénateur-maire

vendredi 24 septembre 2010

Ce soir, dans une manifestation (et pas la moindre : la rentrée du barreau de Bordeaux), un éminent orateur s'est adressé à Alain Juppé en l'appelant "M. le député-maire".

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Alain Juppé, 'député-maire' de Bordeaux

Le problème n'est pas Juppé, mais cette espèce d'habitude lourdement ancrée dans nos traditions politiques (et un peu plus à Bordeaux qu'ailleurs) de cumuler les fonctions, en paraissant les additionner alors qu'on ne fait qu'en effacer l'une ou l'autre.

Un député ou un sénateur-maire est-il plus puissant qu'un député ou un sénateur tout court, ou bien qu'un maire tout court ? La réponse est simple : cela dépend de la taille de la ville. S'il s'agit d'une sympathique petite bourgade de nos campagnes, le député l'emporte haut la main et, pour ses quelques centaines d'administrés, il est celui qui a l'oreille de Paris et en effet, son audience est alors plus grande. S'il s'agit d'une de nos grandes métropoles, le maire est celui qu'on désigne au Parlement par sa ville. Rebsamen n'est pas connu parce qu'il est sénateur, mais parce qu'il est maire de DijonCollomb, parce qu'il est maire de Lyon. Leur "pouvoir", sur le terrain comme au national, ne tient pas à leur mandat de parlementaire, mais à ce que représente leur ville. Seul Jean-Marc Ayrault est également connu pour chacune de ses fonctions, parce qu'il est président du groupe SRC à l'Assemblée, groupe plutôt dynamique et audible nationalement, et qu'il est Maire de Nantes, ville également dynamique.

Ces fonctions, parlementaire et maire, fondamentalement, ne sont pas cumulables. Maire d'une grande ville est un emploi non seulement à plein temps mais à plein engagement du cerveau, à pleine présence sur le terrain. Député ou sénateur, ou on le fait bien, ou quelqu'un d'autre le fait. Sinon, on dévalorise l'importance du Parlement.

On devine que je vais introduire la question du cumul des mandats. J'y viendrai dans un prochain billet que je veux réfléchi, posé, parfaitement honnête, comme l'est d'ailleurs cette introduction et, j'espère, tout ce que j'écris.

À celui-ci, je n'apporterai qu'une conclusion souriante. Jean Louis Debré, Président du Conseil constitutionnel, était à deux chaises de moi quand cette belle apostrophe de "député-maire de Bordeaux" a été utilisée. Aimablement, il s'est tourné vers moi d'un air de dire "Vous avez encore du travail !"

Ma réponse l'a fait sourire plus encore : - Eh oui, il me faudra bien trois mandats pour effacer ces mauvaises habitudes bordelaises !"

Hugues Martin, qui était entre nous, a paru ne pas entendre.

Blog de Michèle Delaunay

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 16:29

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Ségolène Royal était l'invitée de « L'interview de 7h40 » de Marc-Olivier Fogiel ce matin sur Europe 1. Elle s'est exprimée sur les week-ends d'intégration et de bizutage, sur le bras de fer entre Jean-Louis Nadal et Philippe Courroye sur le dossier Woerth-Bettencourt, sur les déclarations de Claude Bartolone, qui a parlé d' « entente entre Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn pour la candidature 2012 », ainsi que sur le projet de loi d’Eric Besson sur l’immigration.


Marc-Olivier Fogiel : bonjour Ségolène Royal.

Ségolène Royal : bonjour.

Marc-Olivier Fogiel : vous êtes présidente de la Région Poitou-Charentes et ancien ministre délégué à l’Enseignement scolaire. Alors vous l’avez entendu, on l’a appris hier, un week-end d’intégration très alcoolisé a mal tourné à Grasse, une jeune fille aurait été violée. Alors la première question est simple : faut-il interdire les week-ends d’intégration ? On a posé la question aux auditeurs d’Europe 1 sur Internet : 46% disent oui, 40% disent non.

Ségolène Royal : il faut bien savoir ce que ça veut dire « week-ends d’intégration ». Ça dissimule en fait une reprise des pratiques de bizutage, qui sont absolument intolérables, parce que je crois que la violence n’a pas sa place dans l’enseignement, ni dans l’enseignement secondaire, ni dans l’enseignement supérieur.

Marc-Olivier Fogiel : et donc vous voulez les interdire, Ségolène Royal ?

Ségolène Royal : la loi les interdit, c’est la loi que j’avais fait voter, non sans difficulté d’ailleurs, il y a eu beaucoup de résistance des grandes écoles en particulier qui considéraient que ça faisait partie du folklore. Moi j’avais rencontré des parents dont les enfants étaient soit handicapés à vie, soit avaient perdu la vie même dans des comas éthyliques par exemple, des filles qui avaient subi des violences sexuelles, et je crois que c’est intolérable, c’est inadmissible.

Marc-Olivier Fogiel : mais la loi n’interdit pas les week-ends d’intégration, elle interdit le bizutage. Et ce que les étudiants vous répondent, pour certains week-ends d’intégration qui dégénèrent, la majorité se passe dans une ambiance bon enfant.

Ségolène Royal : vous savez quand il y a réservation d’alcool, ou dans un lieu dans lequel les adultes sont interdits, en général on sait que ce sont des lieux où sont organisés des bizutages. Et ce que je voudrais rappeler c’est que ce dérapage intolérable aurait pu être évité. Comment aurait-il pu être évité ? Il aurait pu être évité si le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de l’Education nationale [« Valérie Pécresse », constate Marc-Olivier Fogiel] avait comme c’était le cas avant, fait des circulaires en début de rentrée en rappelant aux directeurs d’établissement qu’ils étaient co-responsables des faits de bizutage, c’est-à-dire qu’il seraient poursuivis également si des victimes subissaient des violences d’autres élèves.

Marc-Olivier Fogiel : alors justement, la responsabilité, pour vous, c’est qui ? C’est le bureau des étudiants ou c’est, donc, les responsables des écoles ? Les deux à vous entendre ?

Ségolène Royal : oui, la loi est très claire là-dessus, c’est-à-dire que les directions des établissements qui auront permis ou couvert des faits de bizutage seront sanctionnés, sévèrement sanctionnés, et bien sûr les auteurs des faits également. Personne ne pourra croire que le bureau des élèves, lorsqu’il obtient la liste des élèves, lorsqu’il convoque les élèves dans des week-ends d’intégration sans préciser ce qui va se passer, il y a donc une complicité évidente des directions d’établissement qui doivent normalement vérifier, lorsqu’ils passent la liste des élèves au bureau des élèves, pour quoi et à quoi elle va servir, et qu’est-ce qui va se passer dans ces week-ends d’intégration, et en tout cas l’obligation d’accompagner des élèves par des adultes encadrant les établissements concernés pour vérifier qu’il n’y a pas de dérapage.

Marc-Olivier Fogiel : sauf que là, Ségolène Royal, Ségolène Royal, on parle quand même d’étudiants qui sont majeurs. Est-ce que finalement, ce n’est pas juste la bêtise humaine, enfin vous êtes mère de famille, des élèves majeurs, étudiants, on ne peut leur mettre à côté, comme ça, des adultes, ça paraît un peu en décalage, non ?

Ségolène Royal : c’est ça qui est lamentable, vous avez raison, il s’agit d’élèves majeurs qui en plus ont la chance de faire des études supérieures, en général payées par la collectivité, et c’est ça qui est absolument lamentable. Et précisément lorsque l’on sait que ces pratiques-là perdurent, la responsabilité des responsables des établissements, c’est de les interdire, et c’est de ne pas laisser livrés les élèves aux mains de ce qu’il faut bien appeler des tortionnaires. Parce que quand le bizutage ou les pseudo-week-ends d’intégration se terminent dans le coma éthylique, parce qu’on force les élèves à boire, ou dans des atteintes sexuelles, ou dans des épreuves sportives stupides qui parfois provoquent du handicap, franchement, ce sont vraiment des pratiques d’un autre âge qui doivent être totalement éradiquées. De ce point de vue, le ministère a une responsabilité, parce que depuis plusieurs années il y a une reprise des pratiques d’intégration, des pratiques de bizutage. Pourquoi ? Parce que les instructions ne sont plus clairement données ni aux recteurs ni aux responsables des établissements.

Marc-Olivier Fogiel : deux mots d’actualité si vous le voulez bien. Le dossier Woerth-Bettencourt marqué par un bras de fer pour savoir qui dirigera l’enquête : d’un côté, la désignation d’un juge d’instruction demandée par Jean-Louis Nadal, de l’autre Philippe Courroye qui veut ne pas abandonner son enquête. Pour vous ?

Ségolène Royal : il est évident qu’il faut maintenant nommer un juge d’instruction pour qu’il y ait une véritable enquête, et cette résistance du pouvoir en place, à empêcher la liberté et l’indépendance de la justice, est très choquante

Marc-Olivier Fogiel : Claude Bartolone a provoqué des remous au PS en disant qu’il y aurait une entente entre Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn pour la candidature 2012. Il a ajouté que la primaire prévue à l’automne 2011 servirait alors à confirmer le candidat retenu parmi ces deux personnalités. Vous veillerez au grain ?

Ségolène Royal : oui, parce que l’union, vous savez, c’est un bien précieux. La gauche ne peut gagner que si elle est unie. Nous avons absolument besoin que la France connaisse une alternance pour mettre fin aux dégâts sociaux et aux dégâts économiques que nous connaissons aujourd’hui, et je ne laisserai pas porter atteinte à cette union que nous avons reconstruite et qui est vraiment indispensable pour pouvoir présenter un projet alternatif crédible.

Marc-Olivier Fogiel : et pour terminer, tout à l’heure, examen du projet de loi d’Eric Besson sur l’immigration, un texte durci donc, notamment sur la déchéance de nationalité, et des mesures pour expulser les étrangers coupables de menaces à l’ordre public. Ça vous inspire quoi Ségolène Royal, ce tournevis sécuritaire ?

Ségolène Royal : oh, il n’est pas sécuritaire du tout. [« Ah bon ? », demande Marc-Olivier Fogiel] Si une loi pouvait permettre de renforcer la sécurité des Français, je crois qu’elle serait bienvenue. Malheureusement, on a là une agitation frénétique législative, je ne sais plus, d’ailleurs on ne les compte plus, le nombre de lois qui sont intervenues, sans d’ailleurs que la sécurité des Français ne soit renforcée, puisque jamais les atteintes aux personnes et les atteintes aux biens n’ont été aussi importantes dans notre pays. Et donc je crois qu’une loi de plus, une loi inutile de plus, vraiment, là aussi il y a un problème de crédibilité, un problème d’efficacité, et je crois que les Français sont fatigués de cette agitation législative qui ne débouche pas sur grand chose.

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 16:18

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« Le visage amaigri des services de l’Etat après trois ans d’économies », tel est le titre d’un article du journal Le Monde daté du 28 septembre 2010. Et pour cause : le gouvernement applique un programme de diminution des dépenses publiques qui se poursuivra dans le projet de loi de finance qui sera présenté mercredi prochain en Conseil des ministres.

Pourquoi ? Pour réduire un déficit abyssal et tenter de ne plus accroître l’endettement public de la France : Nicolas Sarkozy et le gouvernement Filon ont mangé leur pain blanc dès le début du septennat, notamment avec le « paquet fiscal » d’août 2007, au coût estimé entre 12 et 15 milliards d’euros (en cas de conjoncture favorable) lors de sa création.

Sa mesure la plus emblématique, le « bouclier fiscal », est le symbole même de l’injustice : 679 M€ ont été versés à 18 764 contribuables fortunés en 2009, soit une hausse de 21% à la fois par rapport aux 563 M€ et aux 15 500 contribuables bénéficiaires de 2008. Les contribuables extrêmement riches se partagent la plus grosse part du gâteau, 423 M€ (62% du total) pour 1 169 contribuables (6% des bénéficiaires). Parmi eux, Liliane Bettencourt et ses 30 millions touchés au titre de 2008, 100 millions au cours des 4 dernières années selon Le Monde daté du 20 juillet 2010 : avec 280 M€ de dividendes encaissés en 2009, et 25 M€ d’impôt sur le revenu payé, le taux d’imposition de l’héritière de L’Oréal s’établit à 9% : « la femme la plus riche de France est imposée au même taux qu'un cadre moyen », calcule le Canard Enchaîné.

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Liliane Bettencourt, et son mari André avant sa mort en 2007 (AFP/Joël Saget)

À l’opposé, au budget national, on observe « une réduction drastique des emplois publics » (Le Monde daté du 28 septembre 2010). Depuis que Nicolas Sarkozy a décrété en 2007 qu’un fonctionnaire partant à la retraite sur deux ne serait pas remplacé, 100 000 postes sur un effectif total de 2 millions et demi de salariés ont été supprimés.

L’Education Nationale, qui représente environ la moitié des effectifs de fonctionnaires de l’Etat, a payé le plus lourd tribut, avec 56 300 postes supprimés depuis 2007. Mais le gouvernement Fillon s’est méthodiquement attaqué à tous les ministères : restructuration des bases militaires, de la carte judiciaire, des services de l’Etat dans les collectivités territoriales.

Résultat ? Le Médiateur de la RépubliqueJean-Paul Delevoye, publie un éditorial explicite dans l’édition d’août-septembre 2010 de Médiateur Actualités« Administrations : quand modernisation rime avec déshumanisation »  :

« Pas un jour, ou presque, sans que le Médiateur de la République ne reçoive de réclamation concernant l’utilisation de sites internet ou de serveurs vocaux mis en place par des administrations. Sans méconnaître les avantages de ces outils, un constat revient souvent : tout va bien quand… tout va bien!! (…)

N’avoir que les touches proposées par un serveur vocal lorsque l’on est dans une situation complexe est vécu comme un abandon de la part de l’administration. (…)

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« Tapez 1, tapez 2, tapez 3… »  les serveurs vocaux sont souvent la règle dans la relation entre l’usager et l’administration. Gain de temps, orientation plus facile, possibilité grâce à internet de réaliser certaines démarches en  ligne, la modernisation technologique a permis certaines avancées. Mais elle conduit à une simplification des situations qui ne tient pas compte des cas particuliers, et entraîne parfois des aberrations. Dans certains cas, la machine ne peut remplacer l’être humain! »

Frédérick Moulin

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lemonde pet

28 septembre 2010

"L'Etat est soumis à une forme de privatisation indirecte "

Directeur de recherches au CNRS (Cevipof) et spécialiste de l'Etat et de la fonction publique, Luc Rouban considère que les effets cumulés de la révision générale des politiques publiques (RGPP), de la réduction des effectifs et des moyens modifient les missions et le fonctionnement de l'Etat.

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Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS (Cevipof) et spécialiste de l'Etat et de la fonction publique

Quel bilan tirez-vous de la réforme de l'Etat engagée par le gouvernement depuis trois ans ?

Cette réforme marque un tournant historique. Même si l'augmentation des effectifs de l'Etat était faible depuis le début des années 1990, 100 000 postes ont été supprimés en trois ans. Relativement, c'est peu : cela représente 5 % de l'ensemble de l'administration. Mais cette diminution a un effet déstabilisateur aggravé par la restructuration des directions ministérielles. La logique comptable du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite bénéficie de l'effet d'aubaine de 70 000 départs par an, jusqu'en 2012. La vague va diminuer. Cette politique qui se voulait sans douleur sera plus difficile à mener.

Ces suppressions affectent-elles le fonctionnement de l'administration ?

Les effets varient selon les secteurs et leur capacité interne d'absorber le choc. Le ministère de la défense avait anticipé dans son plan de modernisation la suppression de 50 000 postes de 2008 à 2015. Ailleurs, les suppressions de postes ont donné lieu à des redéploiements, tandis qu'une nouvelle logique de gestion des promotions et des carrières a été mise en oeuvre, moins collective et plus individuelle.

La restructuration du ministère des finances est-elle un bon exemple ?

Aux finances, la réduction a dépassé les quotas avec deux emplois non remplacés sur trois, soit 6 000 à 7 000 postes d'ici à 2012. Moyennant quoi, des difficultés ont surgi dans la reconversion des personnels. La pauvreté des moyens d'accueil des particuliers a également provoqué des tensions fortes sur le terrain.

Cette transformation a-t-elle provoqué des bouleversements pour le service public comme pour ses agents ?

La réduction des effectifs s'insérant dans la révision générale des politiques publiques (RGPP) impliquait que soient redéfinies et hiérarchisées les missions de l'Etat. Or des missions prioritaires, comme la sécurité, sont celles qui ont le plus souffert. Cette réforme a introduit une nouvelle répartition : l'Etat concentre les tâches intellectuelles de pilotage et a délégué l'exécution aux collectivités locales ainsi qu'au secteur privé. Cela suscite des difficultés dans les redéploiements mais aussi une recentralisation.

Cette réforme ne répond-elle qu'à des objectifs comptables ?

Non. Elle s'inscrit dans un projet politique. C'était une des priorités du mandat de Nicolas Sarkozy qui, le 19 septembre 2007 à Nantes, a évoqué la " refondation " de la fonction publique qui va bien au-delà des mesures techniques. Le président de la République veut changer le modèle social français qui repose trop sur le secteur public pour le redéployer vers le privé. On assiste de plus à une forte concentration des décisions et du pilotage de la réforme au sein du pouvoir exécutif et d'états-majors politisés qui dirigent des cadres de la fonction publique, passant du rang de hauts fonctionnaires assimilés à celui de managers. C'est le cas des préfets qui se retrouvent dans un rôle d'exécutants supérieurs.

Le rôle de l'Etat et de l'administration risque-t-il d'être profondément modifié ?

On quitte la vision " solidariste " du service public née sous la IIIe République pour celle d'un Etat " prestataire de services " soumis à une forme de privatisation indirecte. Dans ce modèle, le fonctionnaire ressemble de plus en plus à un salarié du privé, soumis à l'individualisation de sa carrière et de sa rémunération. Le travail se définit moins par rapport au service public qu'à une prestation que l'on peut évaluer en lui attribuant un degré de performance contestable et très contesté.

La société française est-elle prête à assumer ces changements ?

Je ne crois pas. Les Français restent attachés au service public qui reste un régulateur et un filet de protection face à la crise, aux fragilités et aux menaces qui pèsent sur la communauté française.

Propos recueillis par M. De.

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27 septembre 2010 1 27 /09 /septembre /2010 13:28

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(FM pour MEAGSR)

Marianne a organisé, lundi 13 septembre à 20h30, au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, à Paris, une réunion publique sur le thème : "Face à Nicolas Sarkozy, quel front républicain?". Nicolas Domenach et Maurice Szafran, journalistes à Marianne, animaient la réunion. Cécile Duflot (Les Verts), Nicolas Dupont-Aignan (ex-UMP), Jean-François KahnCorinne LepagePierre Moscovici (PS), Edwy Plenel (Médiapart), et Benjamin Stora (historien). Manuel Valls (PS) s'était décommandé dans l'après-midi, Ségolène Royal (DA, PS) avait annoncé avoir été retenue, et avait transmis le texte de l'allocution qu'elle avait prévu, mais qui n'a pas été lu par Marianne, et Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche) n'est pas venu sans qu'aucune précision soit donnée par Marianne.

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Maurice Szafran (Marianne)

Nous avons demandé à Edwy d’intervenir ce soir parce que finalement il a été le premier avec nous à partager l’analyse sur la nature du sarkozysme (…) et pour lui demander avec un petit clin d’oeil s’il n’est pas passé d’un combat personnel contre François Mitterrand, l’affaire des écoutes ce soir nous ramène cette affaire sur le devant de la scène, à un combat personnel contre Nicolas Sarkozy ? Il a la parole.

Edwy Plenel

Merci, merci de votre accueil. Avec votre permission, je ne vais pas répondre à la question personnelle, mais je veux bien en discuter. Je voudrais en écho à ce qu’on dit les responsables politiques et à destination de ceux qui ne sont pas venus, essayer de répondre à la question de ce soir en partant justement de cette rencontre entre Marianne et Médiapart. Les histoires sont différentes, il y a eu des polémiques, il y a eu des virulences, et pourtant nous nous sommes retrouvés. Nous ne nous sommes pas retrouvés en nous disant : quel programme ? quel gouvernement ? En l’occurrence pour nous ça voudrait dire : quel journal ? Quelle organisation ? quelle rubrique ? Nous sommes retrouvés dans ce simple réflexe qui est le premier pas pour refuser une servitude volontaire, qui est de simplement dire non. Dire non à ce qui dans nos itinéraires différents nous paraissait une évidente déchéance, d’évidentes infamies, une réelle transgression par rapport à ce que nous avons en commun. Je voudrais prendre ce point de départ parce que, je crois que c’est la réponse à la question.

Une convergence c’est un carrefour, une convergence c’est un mouvement, une convergence c’est une dynamique qui va vous transformer, qui va vous faire bouger. Ce n’est pas une fixité au départ. Alors, il y a déjà un carrefour ici.

Nous sommes là parce qu’une histoire fondamentale est ébranlée, bousculée, chaque jour

Nous savons tous pourquoi nous sommes là. Comme cela a été rappelé, chaque jour nous donne une nouvelle illustration. Nous sommes là parce qu’une histoire fondamentale est ébranlée, bousculée, chaque jour, chaque jour, à tel point que la chronique en est incessante. Je rappelle juste la Déclaration de 1789, article 12 : « La garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l’avantage de tous et pour l’utilité particulière de ceux à qui elle est confiée. ». (Voir le texte en cliquant ici).

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 (FM pour MEAGSR)

L’usage discrétionnaire, privatif, partisan, d’une direction du renseignement pour chasser les sources du journaliste ou les rumeurs sur le couple présidentiel est une violation de cet article 12. On pourrait en trouver mille exemples, évidemment sur l’information, évidemment sur la justice, évidemment sur les questions sociales, sur la retraite, évidemment sur l’insécurité car la politique de ce pouvoir n’est pas une politique de sécurité mais d’insécurité, de violence, etc. Nous savons donc pourquoi nous sommes là.

Sarkozy, c’est un peu le ‘Portrait de Dorian Gray’

Alors quel est notre problème et pourquoi on tourne ici ? Pourquoi on se pose toujours cette question, et pourquoi d’une certaine manière, Marianne et Médiapart ont en commun de sonner le tocsin, en ayant le sentiment de lancer une alerte qui n’est pas forcément entendue à temps par vous, les responsables politiques ? Ce pouvoir est fort de nos faiblesses. Il est fort de nos retards. Il est fort de nos divisions. Nos faiblesses, nos retards, nos divisions sont sa force. (Applaudissements) C’est aussi là qu’il survit. C’est comme ça qu’il avance parmi nous. J’ai dit dans un des articles de Médiapart, pour prendre une image littéraire, que Sarkozy, c’est un peu le ‘Portrait de Dorian Gray’, de notre république. Vous savez, cette nouvelle d’Oscar Wilde, un très bon film en a été tiré aussi, où au fond un gentleman victorien, britannique, propre sur lui, qui a l’air tout à fait respectable, se fait faire son portrait, et son portrait, et son portrait au fond, montre toute sa corruption, montre tout ce qui le mine, tout ce qui est moisi, tout ce qui est déplorable, tout ce qui est lamentable en lui. C’est donc une sorte de visage monstrueux qu’il lui montre.

Qu’est-ce que nous révèle la présidence de Nicolas Sarkozy, ce à quoi nous n’avons pas assez prêté attention, que nous ayons été au pouvoir pour la gauche, que nous ayons été aux affaires pour la droite, tout pareil, tout pareil ? Cette rencontre entre un présidentialisme totalement déséquilibré, sans frein, sans contrainte, sans équilibre, sans contrepouvoir, et un capitalisme rapace, totalement libéré, et hélas, aussi bien sous la gauche que sous la droite.

Ce capitalisme rapace, la libéralisation des jeux en ligne est l’exemple même

Ce capitalisme rapace, et Cécile Duflot a eu totalement raison de rappeler ça, parce que ce n’est pas l’Europe hein, le Portugal, et l’Allemagne l’ont refusée, la libéralisation des jeux en ligne est l’exemple même de ce qui se passe dans ce pays. Pourquoi notre pays se désindustrialise ? Parce qu’il a un capitalisme qui, au fond va investir, car ce sont les grandes familles que l’on retrouve, les Bernard Arnault, les grands milliardaires, qui se sont enrichis grâce à l’Etat dans les années 1980, qui se sont précipités dans cette libéralisation, cette privatisation de l’activité, la moins honorable, c’est pour ça qu’on laissait l’Etat la contrôler, celle en général où la Mafia se nourrit avec la prostitution et la drogue(Applaudissements) On a le droit de parier, mais il n’y a pas activité, et il m’arrive même, comme à vous sans doute, ça vaut moins cher qu’une séance de psychanalyse d’acheter, parfois, un billet de loterie – de loto – mais c’est l’activité la moins productive qui soit. C’est l’activité qui ne produit pas de richesse autre que l’enrichissement de ceux qui s’en occupent.

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(FM pour MEAGSR)


Le sarkozysme , sa seule logique c’est l’intérêt et la logique du bouc émissaire

Donc on est dans ce moment-là de la rencontre entre, au fond si on essaye de trouver une cohérence au sarkozysme, qui a cette capacité comme ils disent, la ‘triangulation’ dans les communiquants, d’être sur plusieurs terrains à la fois, en permanence, de déstabiliser ses adversaires. Sa seule logique c’est l’intérêt, intérêt de pouvoir, intérêt d’argent. C’est en effet le fondé de pouvoir d’une logique oligarchique, de confiscation de la République par une oligarchie politique, enrichie du cumul des mandats, enrichie de tout ce qui nécrose notre vie publique depuis des années, et d’une oligarchie économique, qui est une petite minorité qui, au fond, privatise la richesse publique. Et tout ça va avec la logique du bouc émissaire. Car une fois que l’on a nourri, et nous n’arrêtons pas de le montrer, ce diagnostic, ce sont même maintenant des sociologues tout ce qu’il y a de plus modérés, les Pinçon, les Pinçon-Charlot, qui avec Le président des riches, nous font une démonstration au scalpel de ce qu’est cette présidence. Donc nous n’arrêtons pas de le montrer, donc c’est intenable, et si c’est intenable, eh bien il faut une diversion. Et pour que les riches puissent s’enrichir tranquillement, il faut que les pauvres se fassent la guerre, et c’est ce qui s’est passé cet été, c’est ça la logique du bouc émissaire.(Applaudissements)

Attendre avec une logique de propriétaire ne suffit pas pour l’alternance, il faut créer l’altérité

Alors, quel est à mon sens le mauvais calcul ? Que fait une partie de l’opposition et j’ai cru un peu l’entendre dans la bouche de Pierre Moscovici ? C’est penser qu’il suffit d’attendre. Attendre 2012, en s’occupant des alliances, en s’occupant des colloques, du Parti socialiste, en s’occupant du candidat, et laisser faire les journalistes courageux, les magistrats audacieux, les syndicalistes déterminés.(Applaudissements) Attendre. Attendre. Et attendre en pensant qu’ainsi en 2012, dans le discrédit total de ce pouvoir que l’on voit, eh bien la présidence leur arrivera. Eh bien c’est une erreur fondamentale.(Applaudissements) Et c’est ainsi que loin de créer non seulement l’alternative, mais pour créer l’alternative, il faut déjà créer l’altérité, il faut que le public, il faut que les citoyens aient le sentiment de la différence. Où il est le sentiment de la différence, où le jour où il y a un tel sursaut dans le pays, où la séance des questions orales à l’Assemblée, à l’initiative du Parti socialiste, est consacré, très sérieusement, uniquement, aux retraites : nous sommes un parti de gouvernement, nous parlons des retraites, agenda imposé par le pouvoir, désolé. Mais la meilleure réponse sur les retraites, c’est l’emploi d’aujourd’hui. Les pensions de demain, c’est l’emploi d’aujourd’hui. (Applaudissements) C’est créer des emplois pour les jeunes. C’est s’occuper des étudiants. Et comment louper cette séance des questions orales ? En laissant tomber tout ce qui s’est joué : les Roms, les personnes d’origine étrangère, dont vous avez très bien parlé. Je n’ai pas compris. Je n’ai pas compris cette attitude entre le 4 et le 7, qui était l’attitude, pour moi, de propriétaires, qui attendent tranquillement que le balancier leur revienne. (Applaudissements) Eh bien, il ne reviendra pas, si c’est ça, l’alternance. Parce qu’il y a une conviction derrière cette attitude et qui est respectable. C’est au fond de se dire : ce pouvoir, au fond ce n’est que la droite, et comme ce n’est que la droite, nous nous sommes la gauche, et donc nous sommes, par héritage, l’altérité, y aurait-il une éternité de la droite.

C’est au contraire la démonstration inverse que nous assène le sarkozysme, et qui nous rappelle des souvenirs que nous devons assumer, dans la diversité de nos itinéraires et de nos convictions et chacun connaît ici le mien. Que fut l’épreuve de la Seconde Guerre Mondiale, celle qui a été l’effondrement de cette extrêmisation de la droite par une certaine extrême droite, et où on a vu des élites politiques, intellectuelles, économiques, être dans l’abaissement national de la collaboration et de Vichy ? Que fut le sursaut du CNR de mars 1944, du Conseil National de la Résistance, de son programme Les Jours Heureux, des gaullistes aux communistes ? [« Jean Moulin ! » dans la salle] Oui, bien sûr, Jean Moulin, il était mort entre temps, mais, en mars 1944, bien sûr, Jean Moulin. Et quel était le sens de ce sursaut ? C’était dans cette épreuve, avec des gens qui venaient d’autres horizons, de refonder l’espérance républicaine.

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(FM pour MEAGSR)

Il y a une citation qu’il faut que tout le monde ait en tête. Parfois, l’information c’est comme la lettre volée d’Edgar Poe, c’est là, et on ne le voit pas. Il y a 3 ans de cela, en octobre 2007, un des responsables du MEDEF et du patronat faisait cette déclaration dans le magazine Challenges, c’est Denis Kessler : « À y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux » – celui que mettait en pratique cette présidence – « la liste des réformes, c’est simple. Prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952 sans exception. » Elle est là : « Il s’agit aujourd’hui », ce n’est pas moi qui parle, c’est une citation, « de sortir de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance. ».

Le sarkozysme s’attaque au socle de notre République, qui est commun depuis 1945

à la droite et à la gauche parlementaires

C’est quoi le programme du CNR ? C’est celui qui a transformé et la gauche et la droite autour de deux mots qui sont à ce moment-là rentrés, après un siècle de luttes et de combats, dans notre Constitution ; une République démocratique et sociale. C’est là que s’est passée cette idée qu’il y a avait le droit à avoir des droits, qu’au fond la philosophie des Lumières du droit naturel est vraiment rentrée, contre une idéologie conservatrice de l’inégalité, dans notre Constitution, le droit d’avoir des droits. Charles Maurras, qui était un très grand intellectuel, très brillant, et qui a inspiré non pas l’extrême droite, mais intellectuellement toute la droite de l’entre-deux-guerres, son véritable ennemi, c’était l’égalité, c’est bien pour ça que le Vatican a fini par l’exclure, pourquoi ? Parce que Maurras trouvait que même l’Evangile était un texte révolutionnaire, (Rires) puisqu’au fond, tout le monde peut devenir chrétien. Et donc il y a là un socle commun, un socle commun. Et ce n’est pas affaire idéologique, c’est affaire d’intérêt. De Gaulle le disait très très bien sur ses oligarchies économiques qui ont continué à faire des affaires sous Vichy. Ils ont continué dans leur logique d’intérêt. Ils ont préféré l’intérêt privé, personnel, immédiat, à l’intérêt supérieur, à l’intérêt commun, et ce qui est à la limite humain. Donc, comment nous créons une autre dynamique où nous nous élevons ? Et donc la vraie question aujourd’hui, c’est que le sarkozysme s’attaque logiquement au socle de notre République, et à un socle qui est commun depuis 1945 à la droite et à la gauche parlementaires.

La surprise de cet été : Mgr Vingt-Trois : « À qui faisons-nous payer nos sécurités ? »

Et donc il y a des questions, autrement on ne comprend pas l’itinéraire de l’orateur précédent, Monsieur Dupont-Aignan, on ne comprend pas au-delà de l’histoire Clearstream ce qui se passe avec Dominique de Villepin, on ne comprend pas ce qui se passe dans son électorat, qui est en profondeur choqué, on ne comprend pas ce qui se passe dans le monde chrétien. Car la surprise de cet été, ce n’est pas le NPA qui a créé l’événement, autant que je le sache, ce sont les évêques, avant le Pape, qui n’en est que la conséquence. Entendre Monseigneur Vingt-Trois, en chaire, en chaire, dire, après avoir été témoin de ce qui s’est passé pour les Roms, et qui n’est que l’application de ces circulaires que l’on découvre aujourd’hui, qui sont dignes, oui Pierre Moscovici, du crime de bureau. C’est comme ça que des fonctionnaires ont gouverné (Applaudissements) comme ils avaient vécu, et ont accepté, et ont écrit : « Juif ». Pourquoi ? Pourquoi, qu’est-ce qui s’est passé avec Papon, qu’est-ce qui s’est passé avec Bousquet ? C’étaient des républicains ces hommes-là, ils se voyaient comme des républicains, et pourtant ils ont commis, comme ce préfet directeur du cabinet de Monsieur Hortefeux, ce « crime de bureau ». Eh bien ces évêques, on entend tout d’un coup Monseigneur Vingt-Trois qui dit en chaire : « De quel prix faisons-nous payer nos sécurités ? ». Ou plutôt ajoute-t-il : « À qui faisons-nous payer nos sécurités ? »Ce sursaut chrétien, qui renvoie au christianisme social, mais qui traverse toute la société, on ne peut pas le balayer. Voilà, avant de conclure, ce que je voulais dire.

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(FM pour MEAGSR)

La République, ce n’est pas un héritage dont on serait propriétaire. La République, c’est un mouvement, c’est une dynamique, c’est une construction. C’est cela la responsabilité d’un républicain. Et si l’on pense que c’est une fixité, on se trompe même sur l’histoire de la République.

Les symboles républicains, Vichy les a gardés

Je vais prendre quelques exemples. Si l’on dit que ce sont les symboles, et Marianne est là, son drapeau tricolore, tous les historiens le savent et Benjamin Stora encore mieux que d’autres, les symboles Vichy les a gardés, je suis désolé. Ils ont gardé le drapeau tricolore, ils ont gardé la Marseillaise, ils ont gardé le 14 juillet. Si l’on pense que pour être républicain il suffit de ne pas insulter le drapeau et de savoir chanter les paroles de la Marseillaise, eh bien non. (Applaudissements)

La première dénonciation violente de comment le capitalisme peut détruire les hommes : Lamennais, un prêtre

La laïcité qui nous est chère, et je viens de l’évoquer, bien sûr que la laïcité, et qui crée des débats entre nous, parfois sur quelle vision de la laïcité, mais la laïcité ça a été aussi une machine justement àlaïcisation des croyancesQuel est l’homme qui exhume, bien avant le Manifeste communiste de Marx, le traité [Discours] de la servitude volontaire de [La Boétie], et qui dit : c’est le texte d’aujourd’hui face à ce monde moderne ? Et qui va écrire un livre qui s’appelle : De l’esclavage moderne, première dénonciation violente de comment le capitalisme peut détruire les hommes.Lamennais, un prêtre. Et donc il y a toute une histoire qui est aussi la nôtre.

La Nation n’est pas une identité fermée : la France Libre, 18% de Français de souche

La Nation, de la même manière, ce n’est pas une identité fermée. Je vais prendre un petit exemple que j’ai travaillé pour ce soir : la France Libre. Statistiques du 31 juillet 1943 sur le nombre, d’hommes pour l’essentiel, quelques femmes, engagés dans la France Libre : 54 100 à la date du 31 juillet 1943. Écoutez bien : 66% de soldats coloniaux, 16% de légionnaires, donc des étrangers, 18% – c’est écrit comme cela dans le Dictionnaire de Gaulle – de Français de souche(Applaudissements) C’est ça la France Libre. Allez sur le site de l’Ordre de la Libération, où vous trouverez le fameux texte de l’évêque Saliège, lu par l’évêque de Toulouse, qui est le seul évêque compagnon de la Libération, qui a fait événement en 1942 en ayant son message sur le sort des juifs. L’Ordre de la Libération, qui est créé tout de suite, en novembre 1940. Il distingue les personnes et les collectivités qui se seront signalées dans l’œuvre de la libération de la France et de son Empire, c’était l’époque, aucun critère d’âge, aucun critère de sexe, de grade, aucun critère d’origine, et même de na-tio-na-li-té.

La droite, ce n’est pas une fixité, ça bouge dans l’épreuve,

comme la gauche doit bouger, aussi, dans l’épreuve

En novembre 1940. De Gaulle, qui 6 ans avant, écrivait pour Pétain. Donc la droite, ce n’est pas une fixité, ça bouge, ça bouge dans l’épreuve, comme la gauche doit bouger, aussi, dans l’épreuve. Voilà ce que je voulais dire ce soir, je pourrais donner d’autres exemples. C’est une lutte, c’est un mouvement, ce sont des combats, la République. 1789-1793, sur les colonies, sur le sort des noirs, sur les femmes, sur les plus pauvres, la République bataille avec elle-même. Sur la colonisation, l’affrontement de Clémenceau et Thiers, un moment historique de l’art oratoire de la République, ils s’affrontent. Sur le droit des femmes, et les mouvements de suffragettes, ces droits des femmes que nous n’avons accordés qu’en 1948. Sur cette démocratie sociale, démocratique et sociale, un siècle pour imposer ces deux mots qui étaient dans les programmes électoraux des républicains de gauche de 1848, Jean-François Kahn connaît par cœur cette période.

Les solutions, la question de qu’est-ce qu’on fait ensemble,

elles s’inventeront dans cette confrontation

Les solutions, la question de comment on gouverne, de qu’est-ce qu’on fait ensemble, elles s’inventeront dans cette confrontation, elles s’inventeront dans ce débat, je préfère cela à cette soit-disante ouverture qui tient du débauchage ou Madame Amara, Monsieur Kouchner, changent de famille politique comme on change de trottoir, (Applaudissements, « Bravo ! ») sans aucune confrontation politique. Je vous dit cela parce que nous en serons juges. Nous en serons juges. C’est à la société de bouger. Et c’est à la société avec laquelle vous devez bouger. Si au fond il y a un point commun du tocsin aujourd’hui, cette opinion est beaucoup plus majoritaire, notamment dans la presse, et dieu sait si nous avons été moqués et vilipendés, du tocsin commun de Marianne et de Médiapart, c’est bien celui-là.

« On s’engage et puis on voit. »

Je conclus en disant, j’ai un ami que Marianne aimait bien et qui a souvent été invité par Marianne, qui est décédé cette année, Daniel Bensaïd, qui disait à propos de l’engagement, et c’est une sorte de pari pascalien : « On s’engage et puis on voit. ». C’est-à-dire qu’on vit d’abord son engagement. Et je voudrais dire que c’est comme ça qu’on transmet l’engagement. Ça a été dit tout à l’heure, le peuple souffre. Une moitié des électeurs ne se sont pas déplacés aux dernières élections.

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(FM pour MEAGSR)

Il parie sur cette désaffection, ce pouvoir-là, il parie sur ces divisions. Et pour qu’il y ait une pédagogie, elle ne passe pas dans les appareils ni même dans les simples déclarations à la télé, c’est une pédagogie active, humaine, sensible qui permettra de mobiliser les gens. Il faut donner du courage aux gens. Et si ceux qui sont élus ne sont pas les premiers à se dresser, à appeler un chat un chat, à dire l’ignominie, et à ne pas avoir de précaution sous prétexte que l’on gouvernera dans deux ans ou dans trois ans, eh bien, comment auraient-ils du courage ?

L’homme a des droits : la notion de résistance

Notre Constitution – ce sera mon dernier mot – depuis 1789, article 2 [de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 annexée, NdlR, voir le texte en cliquant ici] , prévoit quelque chose qui est souvent mal compris : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. ». Oui, l’homme a des droits, et les oligarches voudraient que nous ne les ayons pas, naturellement« Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et », et vous connaissez l’art oratoire, en général [ce qu’] on met en dernier, « et la résistance à l’oppression. ».Alors vous me direz : « Résistance, quel mot terrible, entre temps il y a eu la Résistance avec un grand ‘R’, ah ces comparaisons historiques, 1789, 1940, la résistance. ». Désolé, Condorcet qui n’était pas le plus radical, mais le plus déterminé peut-être, des républicains de 1789, a définit dans un texte de 1793, cette notion de résistance :

« Il y a oppression lorsqu’une loi viole les droits naturels, civils et politiques qu’elle doit garantir. Il y a oppression lorsque la loi est violée par les fonctionnaires publics dans son application à des faits individuels. Il y a oppression lorsque des actes arbitraires violent les droits des citoyens contre l’expression de la loi. ». (Voir texte entier ici, article 32 de le Déclaration)

Ce sont des mots d’il y a deux siècles, mais ce sont les mots de notre situation. C’est ce que vous dites quand vous parlez du projet des retraites, c’est ce que l’on dit quand on parle des Roms, etc.

Le député Baudin, qui meurt pour des idées, pour un idéal, pas pour des intérêts

Médiapart est installée pas très loin d’ici, derrière la Bastille, pas très loin de l’ancien siège de Marianne, non loin du carrefour de la rue Crozatier et de la rue du Faubourg Saint-Antoine. À cet endroit, hélas, il n’y a plus de statue, on a demandé à la Mairie de Paris de bien vouloir considérer l’idée de remettre cette statue, il y avait une statue jusqu’en 1942, Vichy et les nazis l’ont fondue, qui témoignait de ce qui s’est passé là le 3 décembre 1851.

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Alphonse Baudin sur la barricade, Mort du représentant Baudin de Pichio

Le 3 décembre 1851, le témoignage en a été donné par Schoelcher, puis ensuite repris par Victor Hugo, un homme était sur une barricade. C’était déjà perdu, c’était ce coup d’état césariste, bonapartiste, les oligarchies, les intérêts, etc. Cet homme était un député, un député parmi d’autres, un peu anonyme, le député Alphonse Baudin. Il avait 40 ans, il siégeait à gauche de l’Assemblée. Les ouvriers avaient perdu confiance dans leurs élus, ils étaient là, les bras croisés, ils n’allaient pas mourir pour eux, et ils moquaient ces élus qui avaient – et c’était beaucoup à l’époque – 25 francs d’indemnités par jour. Alors, ils le moquaient, Baudin . Baudin, il est monté sur la barricade, et il a dit : «  Vous allez voir comment on meurt pour 25 francs par jour. ». Cette seule phrase et sa mort immédiate l’ont rendu célèbre. Et ce que je voudrais vous dire, c’est que, comment s’est fait le réveil républicain sous le Second Empire ? Par un journal, Le Réveil, lancé par Charles Delescluze, qui va mourir sur les barricades de la Commune, et qui a eu comme première initiative le genre d’appel que font Marianneou Médiapartun appel pour le monument à Baudin, le souvenir de cet homme qui n’avait pas de programme, qui n’avait pas de gouvernement, mais qui a fait ce simple « Non ! », ce sacrifice, et qui meurt pour des idées, pour un idéal, pas pour des intérêts. Et le monument à Baudin, la pétition pour le monument à Baudin, a été le premier moment où le fil républicain est revenu.

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Statue d'Alphonse Baudin avant qu'elle soit fondue en 1942

Alors nous ne voulons pas mourir, du moins pas maintenant, mais si nous voulons vivre dignement, honnêtement, pas dans cet abaissement d’une présidence qui nous tire vers le bas, alors que le pays a une vitalité profonde, alors que le pays a un dynamisme profond, alors que le pays a une ouverture profonde, une générosité profonde, si nous ne voulons pas être tirés vers le bas dans la dépression par cette présidence, alors il faut faire vivre tous ensemble cet idéal au-delà de nos étiquettes et de nos sectarismes. Merci. (30 secondes d’applaudissements, « Ouaaaais ! »)

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26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 15:34

Duhamel et Elkabbach, c’est un peu les Statler et Waldorf de cette rentrée politique. Vous savez, les deux petits vieux installés au balcon du Grand Théâtre du Muppet Show qui flinguent à tout va. Sauf qu’au Muppet Show, ils sont volontairement drôles !

Depuis quelques temps, Duhamel, c’est ma star à moi. Il est sans conteste le chroniqueur « le plus LOL » du moment. Le type qui, en moins d’une semaine, dit tout puis son contraire avec le même aplomb. Celui qui flingue Ségolène Royal un soir sur France 2 pour dire finalement qu’elle a réussi « la meilleure émission d’un représentant de la gauche depuis trois ans lors d’un A vous de juger inattendu ». Avec Duhamel, c’est pratique, on n’est jamais encombré par la cohérence ou l’honnêteté. 

 

Tout petit déjà, ce type me fascinait. J’adorais le voir et l’entendre analyser, décrypter et dérouler une critique du monde politique, sans jamais avoir la moindre note sous les yeux. Peu à peu, il s’est mis à faire parti des meubles, comme un vieil objet qu’on ne regarde plus vraiment. Et puis soudain, il a resurgi, en majesté, sur le plateau d’Arlette Chabot.  Ce soir-là, Alain Duhamel est devenu à jamais un mythe. 

Avec une de ses consœurs-analystes-de-droite, il ricanait des propositions de Ségolène Royal qui proposait, avec le Parti Socialiste, une autre voie pour réformer les retraites. Il était comme à la maison, le Alain, quand on est obligé de recevoir des gens qu’on n’aime pas beaucoup et qu’on s’empresse de les dézinguer dès qu’ils sont repartis. D’abord, c’est drôle (on peut balancer grave !)et puis aussi, c’est pratique. Comme ils ne sont plus là, ils ne peuvent plus apporter la moindre contradiction.

 

La consternation fut à peu près générale (vu le déchainement sur différents blogs et forums y compris sur celui de France 2). Mais là où il surclasse tout le monde, mon Alain, c’est qu’il a été capable, cette semaine, d’user de tout son talent pour dire exactement l’inverse. C’était dans les colonnes de Libération, (rappelez-vous, ce quotidien de gauche que vous n’achetez plus parce qu’il s’est donné pour mission de dire du mal de façon permanente de Ségolène Royal même dans ses publicités) : Ségolène Royal « s’est relégitimée » et elle fait entendre « sa différence sans dissonance : bien joué ». Si j’en crois mon Alain International, il parait aussi qu’elle « allie toujours un charisme baroque et un manichéisme audacieux. »

 Sacré compliment de la part de celui qui, en plus de tout le reste, est devenu la nouvelle arme secrète N°1 (Ouh la la !) du club-DSK. Dès qu’il est question du Président du FMI, Duhamel quitte illico le champ du journalisme pour celui du militantisme. Il ne décrypte plus, il déroule des arguments de campagne. Il n’analyse pas, il récite. Alors, quand on lit Alain Duhamel, on n’est plus dans une chronique politique. On est dans une litanie politicienne.

Comment ils disaient, Statler et Waldorf depuis leur balcon du Muppet Show ? « Non, mais franchement, tu regarderais ça toi ? »

 

Quant à Elkabbach, distancé dans la compet’, il vient tout de même de marquer des points. Et pas plus tard que ce dimanche matin. En faisant, oh, trois fois rien. Il recevait Christine Lagarde à la radio. Au moment de conclure, ses auditeurs ont pu entendre : « Merci d'avoir participé à cette émission (...) Le temps passe vite avec vous, vous reviendrez (...) Prochain invité du Grand rendez-vous, Arnaud Montebourg la semaine prochaine ». Normalement, le générique démarre, sauf que son micro est encore ouvert. Elkabbach lance alors : « Ce sera moins intéressant ». 

 Statler : « On dit que les meilleures choses ont une fin.»

Waldorf : « Oui, mais ici, la fin c’est la meilleure chose ! » (rires)

 

Rémi

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25 septembre 2010 6 25 /09 /septembre /2010 17:41

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Viviane Reding à Strasbourg le 21 septembre 2010 (AP/Christian Lutz)

Nicolas Sarkozy, loin de se faire discret, a ajouté, de façon assez grossière, une fausse note à la partition déjà cacophonique que jouent la droite sarkozyste au pouvoir et la Commission européenne. Une fausse note de taille : elle pourrait faciliter l’ouverture d’une procédure pour double infraction de la France.

Viviane RedingVice-présidente de la Commission européenneCommissaire à la Justice, auxDroits fondamentaux et à la citoyenneté était en visite officielle à Paris jeudi 23 et vendredi 24 septembre 2010.

À l’origine, elle devait rencontrer la garde des sceaux, Michèle Alliot-Marie, mais les autorités françaises lui ont fait savoir que cette rencontre ne pourrait pas avoir lieu, début septembre. Madame Reding devait finalement déjeuner jeudi midi avec le secrétaire d’Etat au commerce et aux PME, Hervé Novelli, qui n’a pas confirmé le rendez-vous. Le déjeuner n’apparaissait pas, jeudi 23 septembre, sur l’agenda de la Commissaire, sur le site de la Commission européenne. De fait, selon le journal Le Monde, on on aurait suggéré à la Vice-présidente de la Commission, en France, de renoncer à toute conférence de presse : « Mme Reding n’est pas la bienvenue ».

Finalement, Viviane Reding a participé au dîner-débat du Cercle Perspective, sur le thème « Le rôle de la justice pour la relance économique en Europe » jeudi soir, avant de rencontrer, vendredi 24 septembre, Philippe de Brauer, Vice-président de la Confédération Générale de Petites et Moyennes Entreprises (CGPME) et une délégation du Bureau exécutif  du MEDEF.

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Personnification de la Justice, balance équilibrée, glaive à la main droite, et yeux bandés symbolisant l'impartialité    

Il s’agit certainement d’une opportunité de plaider sa cause manquée par la France de Nicolas Sarkozy, qui fait plus penser à un enfant colérique qui préfère casser son jouet favori et qui va pleurer après qu’autre chose. Pourquoi ? Parce que Madame Reding devait rencontrer la garde des sceaux française. La Vice-présidente de la Commission, Commissaire européenne à la Justice, rencontrant la « ministre de la Justice » française, quoi de plus naturel ? Surtout quand on sait que la justice tient une part importante dans les procédures d’infraction évoquées, surtout la seconde : « défaut de transposition par la France des garanties procédurales et matérielles prévues par la Directive sur la libre circulation ». De quoi s’agit-il ? De faire en sorte que les procédures d’expulsion soient individualisées (analyses au cas par cas), écrites, fassent l’objet d’un préavis d’un mois, et que la possibilité de faire appel de la décision d’expulsion soit données aux personnes concernées (procédure de recours).

En bref, Michèle Alliot-Marie et Viviane Reding auraient eu beaucoup à se dire, et pas seulement sur les Roms. Une occasion manquée, vraiment.

Car il faut être clair : ce n’est pas Viviane Reding qui a décidé d’annoncer la probable ouverture d’une double procédure d’infraction, c’est le collège des 27 Commissaires européens, sous la houlette de José Manuel Barroso, président de la Commission. Viviane Reding précisait en effet dans son allocution du 14 septembre :

« Le 1er septembre dernier, j'ai, présenté avec le commissaire Andor et la commissaire Malmström, une analyse juridique préliminaire des mesures françaises, au Président Barroso et au Collège des commissaires. (…)

Le Collège des commissaires a tenu un débat approfondi sur cette question la semaine dernière à Strasbourg. »

De fait, le cas de la France est actuellement examiné par la Commission, et cet examen n’a en rien été modifié par les joutes verbales de Nicolas Sarkozy lors du récent Conseil européen à Bruxelles. L’avis de la Commission sur l’ouverture d’une procédure pour double infraction sera rendu public probablement jeudi 30 septembre 2010, avec un « paquet » d’avis sur infractions sur divers thèmes et pays.

C’est la raison de l’incroyable échange entre José Manuel Barroso et Nicolas Sarkozy à Bruxelles le 16 septembre 2010 : « un échange très violent » selon le Premier ministre bulgare, Boyko Borissov, un échange « mâle et viril » selon le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker. « Les éclats de voix étaient si forts qu’on entendait tout à l’autre bout du couloir », ajoute un diplomate européen. Sardonique, Angela Merkel dira : « Le déjeuner s’est bien passé, pour ce qui est de la qualité des plats. ».

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Photo de famille du Conseil européen du 16 septembre 2010 à Bruxelles : Nicolas Sarkozy, avec à sa droite José Manuel Barroso, à sa gauche la présidente lituanienne Dalia Grybauskaitė qui vient de refuser de changer de place avec le président français, et derrière Angela Merkel, qui vient symboliquement de séparer les deux hommes avec son bras tendu (AP/Michel Euler)

Et lors de la photo de famille du Conseil européen, un ballet inouï aura lieu : Nicolas Sarkozy, qui devait figurer à la gauche de José Manuel Barroso, essaiera de convaincre la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaitė, sa voisine de gauche, de prendre sa place pour s’éloigner du président de la Commission, mais la présidente refusera. Puis Angela Merkel, derrière MM. Barroso et Sarkozy, passera un bras tendu entre les deux hommes, comme pour les séparer dans un combat. Inimaginable en d’autres temps, mais pourtant filmé (voir le JT de 20h de France 2 du 16 septembre 2010 sur le site des archives de France 2 ici)

Viviane Reding, elle, a fait comprendre qu’elle ne souhaitait pas reculer : « Lorsqu'un homme tape du poing sur la table, c'est jugé viril, il se défend. Si une femme tape du poing sur table, elle est hystérique ». Des propos qui nous rappellent qu’en 2007, Nicolas Sarkozy attaquait déjà une femme, laissant entendre qu’elle était « hystérique » : Ségolène Royal.

Ségolène Royal rappelait lors de son discours du 18 septembre 2010 à la Fête de la Fraternité :

« L’actuel président de la république a déclaré hier à Bruxelles qu’il était là pour défendre la France. Il a dit ceci en dénonçant les déclarations de la Commissaire européenne, il a dit : « La France a été injuriée, blessée, outragée, humiliée, et je veux la défendre. ». Alors moi je veux mettre les choses à leur juste place, pour vous dire que c’est bien leur politique à eux qui injurie, qui blesse, qui outrage et qui humilie la France et les Français tous les jours. »

Prochain épisode le 30 septembre 2010, avec l’avis définitif de la Commission européenne sur la procédure de double infraction envisagée contre la France de Sarkozy…

Frédérick Moulin

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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 17:18

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Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon et Michelle Bachelet à Santiago, le 5 mars 2010 (AFP/Ignacio Iribarren)

Finalement, c’est elle, Michelle Bachelet, qui a été nommée le 14 septembre dernier à la tête de la nouvelle agence de l'ONU créée le 2 juillet 2010, ONU Femmes. Fin juillet encore, Madame Bachelet ne figurait pas sur la liste des noms qui circulaient, mais était déjà la favorite (voir l’article L’agence ONU Femmes créée début juillet 2010 est dotée de moyens insuffisants pour une mission de terrain très lourde).

Ce sont 26 candidates qui se sont déclarées, dont Michelle Bachelet, qui a été désignée au terme du processus à l’unanimité du panel des responsables consultés par le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-Moon. Michelle Bachelet, Chilienne, socialiste, médecin, dont les ancêtres était vigneron à Chassagne-Montrachet en Côte-d’Or, a été présidente du Chili de mars 2006 à mars 2010.

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 Michelle Bachelet et Ségolène Royal en Janvier 2006 (photo : Patrick Bruchet)

En janvier 2006, Ségolène Royal était venue la soutenir lors du second tour de l’élection présidentielle. Le 15 janvier 2006, Madame Bachelet était élue présidente de la République chilienne, et devenait la première femme à être élue au suffrage universel à un poste de cette importance en Amérique du Sud. Dès le 30 janvier 2006, Michelle Bachelet appliquait une des promesses électorales faites au cours de la campagne et instaurait la parité au sein de son gouvernement en nommant ministres 10 femmes et 10 hommes.

Elle ne s’est pas représentée pour un second mandat aux dernières élections, et est restée très populaire dans son pays (« 70% d’opinions favorables » constate-t-elle). Elle sera, comme toutes les futures dirigeantes d’ONU Femmes, Secrétaire Générale adjointe de l’ONU, sous l’autorité directe Ban Ki-Moon, le Secrétaire Général, pour donner plus de poids politique à la fonction au sein de l’ONU. Ban Ki-Moon, dans son discours de nomination Michelle Bachelet, a salué son « habilité peu commune à créer le consensus et à attirer l’attention des autres agences de l’ONU et de nombreux partenaires à la fois dans le secteur public et dans le secteur privé ».

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C’est là où le bât blesse : ONU Femmes est doté d’un budget annuel de 500 millions de dollars, ce qui est à la fois beaucoup, car cela représente une très forte augmentation des moyens attribués par l’ONU à la cause des femmes ces dernières années, et très peu tant la tâche est immense et les effectifs réduits : 284 personnes contre 7 200 pour l’UNICEF, 3 334 pour le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), et 900 pour Onusida. Dans l’Etat actuel de son budget, ONU Femmes ne pourra pas intervenir sur le terrain, à moins de s’appuyer sur les effectifs de l’UNICEF ou du PNUD, or la tâche est immense.

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Ban Ki-Moon est actuellement tout entier concentré sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Pour les femmes, les efforts de Ban Ki-Moon portent actuellement surtout sur les objectifs n°4 (réduire la mortalité infantile) et 5 (améliorer la santé maternelle).  C’est le sens de la campagne actuelle de l’ONU « Une femme, un enfant », pour laquelle un engagement de 40 milliards de dollars (30 milliards d’euros) vient d’être  annoncé. En cette période de disette budgétaire des grands pays industrialisés, c’est là aussi que l’aide philanthropique, pour dire les choses d’une façon politiquement correcte, la charité des riches envers les pauvres, les faibles et les démunis, pour dire vrai, entre en jeu. Déjà, les fondations des plus grandes fortunes de la planète ont promis 3 milliards de dollars, dont la moitié provenant de la Fondation Bill & Melinda Gates.

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Melinda Gates , le 21 septembre 2010, à New York (AFP/Mario Tama)

« Bill et moi pensons qu'en cette période de récession où il est difficile pour les gouvernements de soutenir leurs efforts budgétaires, il est important de montrer que l'aide au développement peut être efficace. » plaide Melinda Gates.

« Le dynamisme des fondations crée une saine compétition avec les autres bailleurs. Leur façon de travailler oblige ces derniers à mettre à jour leurs méthodes et leurs approches. » se réjouit effrontément Robert Orr, Secrétaire Général adjoint des Nations Unies.

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C’est un peu vite oublier que la lutte contre les inégalités dont sont victimes les femmes ne se cantonne pas à la mortalité maternelle ou infantile, qui sont des problèmes graves, mais pas les seuls. L’objectif n°3, « promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes », est par trop négligé dans cette affaire. Et c’est justement sur cet objectif que Michelle Bachelet veut, elle, faire porter ses efforts : « agir sur les conséquences de la crise » (emploi des femmes, chômage des femmes) et« lutter contre les violences faites aux femmes ». Rappelons que l’objectif n° 3 a un rôle central, un rôle d’intérêt général par rapport aux deux autres, il précise : « L’égalité des sexes, qui est inscrite dans les droits de l’homme, est au cœur de la réalisation des OMD. Sans elle, on ne pourra vaincre ni la faim, ni la pauvreté, ni la maladie. »

Bizarrement, Melinda Gates est beaucoup moins présente sur ce front, qui attire peu. Notons tout de même l’engagement de femmes comme Nicole Kidman, par exemple, nommée ambassadrice de l’Unifem en 2006, et qui apporte son soutien à la lutte contre la violence des femmes.

Et c’est là où tout ce qui a été dit dans les Ateliers de la Fête de la Fraternité 2010 à Arcueil prend toute son importance. Comme le disait Salim Abdelmadjid :

« L’Etat est le seul acteur suffisamment puissant qui tienne compte de l’intérêt général, à la différence des entreprises, des différents types de compagnies, des associations privées, qui tiennent compte, par définition, d’intérêts privés. »

Nous y reviendrons prochainement à l’occasion d’autres articles.

Frédérick Moulin

-oOo-

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24 septembre 2010

Michelle Bachelet (ONU Femmes) veut combattre les violences domestiques

Nommée le 14 septembre à la tête de l'ONU Femmes, Michelle Bachelet, ancienne présidente du Chili, va mettre la nouvelle institution en ordre de bataille d'ici à janvier 2011, date à partir de laquelle l'agence commencera à être opérationnelle. Dans le monde des ONG qui militaient depuis des années pour la création d'une agence " dédiée " aux femmes, rarement nomination aura été entourée d'une telle unanimité.

Dans l'entretien qu'elle a accordé au Monde, Madame Bachelet indique que ses priorités seront de combattre les violences domestiques et sexuelles, ainsi que de lutter contre les conséquences de la crise qui frappe sévèrement les femmes.

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Ban Ki-Moon, Secrétaire Général de l'ONU, lors de l'annonce de la nomination de Michelle Bachelet le 14 septembre 2010 ; à ses côtés Asha-Rose Migiro, Secrétaire générale adjointe (ONU/Paulo Filgueiras)

Ce faisant, elle manifeste sa volonté de ne pas se laisser enfermer dans les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) notamment ceux concernant la réduction de la mortalité infantile et la baisse de la mortalité maternelle qui viennent de bénéficier d'un programme de 40 milliards de dollars (29,9 milliards d'euros). À 59 ans, Michelle Bachelet, qui a mûrement réfléchi cet engagement sur la scène internationale, entend utiliser toute la notoriété que lui vaut sa position d'ancien chef d'Etat et de nouvelle secrétaire générale adjointe de l'ONU, qui la place haut dans la hiérarchie des Nations unies.

Quelles vont être vos priorités dans les prochains mois ?

Dans les trois mois à venir, nous allons travailler à rassembler et mettre en synergie les quatre entités - Le fonds de développement des Nations unies pour les femmes, l'Unifem, étant le plus important, NDLR - qui composent l'ONU femmes. Avec deux priorités en tête. La première sera de lutter contre les violences faites aux femmes, un champ qui n'est pas couvert par les OMD. Ce problème traverse toutes les sociétés sans exception : 70 % des femmes dans le monde subissent des violences domestiques. Nous allons oeuvrer en particulier à réduire l'immense fossé qui existe entre les législations qui protègent les femmes - il en existe beaucoup - et leur application qui reste très faible. Je souhaite également que l'ONU femmes s'implique dans la lutte contre les mutilations génitales : trois millions de femmes en sont victimes sur le continent africain chaque année. Cette guerre à la violence faite aux femmes inclut bien sûr aussi le combat contre les trafics de femmes, contre le viol, qui sévit à grande échelle dans les pays en conflit, comme la République Démocratique du Congo par exemple.

Notre deuxième priorité sera d'agir sur les conséquences de la crise. Actuellement, le partage de l'emploi est très inégalitaire entre hommes et femmes sur la planète. Hors agriculture, l'accès des femmes à l'emploi est limité : seulement 31 % des femmes travaillent dans un autre secteur. C'est un pourcentage qui recouvre de surcroît de très grandes disparités régionales (20 % seulement en Asie du Sud et en Afrique). Sans compter qu'il s'agit souvent d'emplois à bas salaires et à temps partiel. La crise a aggravé le problème.

Selon l'Organisation internationale du travail, le chômage des femmes a augmenté plus vite que celui des hommes. Plusieurs millions de femmes se retrouvent privées d'emploi avec des conséquences en cascade. Quand les femmes perdent leur emploi, on voit augmenter le nombre d'abandons scolaires par exemple. De manière générale, qu'il s'agisse de la crise financière, de la crise alimentaire, de celle de l'énergie ou du changement climatique, toutes les crises affectent durement les femmes.

Votre budget de 500 millions dollars est-il suffisant ?

C'est un budget de départ et il faut le considérer comme tel. C'est un minimum et nous avons besoin de bien plus mais nous allons demander aux Etats membres d'augmenter leur participation, de faire un investissement " dans " les femmes.

Les ONG souhaitent que l'agence dispose de ses propres forces sur le terrain. Qu'en pensez-vous ?

D'ores et déjà, l'Unifem est présente dans 80 paysCe n'est pas suffisant et je souhaite élargir cette présence. Dans ce sens, je suis d'accord avec les ONG. Mais je souhaite que l'argent aille aux communautés de femmes qui agissent sur le terrain.

Vous avez semblé hésiter à prendre la tête de l'ONU Femmes...

Ce n'est pas une question d'hésitation, mais il fallait que je fasse un choix. Ce n'est pas facile quand vous bénéficiez de plus de 70 % d'opinions favorables dans votre pays ! Les gens craignaient que je les abandonne et je ne veux pas les abandonner. Je serai à New York, ce n'est pas si loin. Et je vais travailler à la cause des femmes, une cause qui concerne aussi les femmes du Chili. C'est un job merveilleux et passionnant.

Propos recueillis par Brigitte Perucca

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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 12:20

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Ségolène Royal a répondu aux questions des journalistes de la presse radio-télévisuelle hier jeudi 23 septembre alors qu'elle prenait part à la manifestation contre "une mauvaise réforme, injuste",  des retraites imposée par Nicolas Sarkozy.

 

(par robinwood-lelouch)

 

Ségolène Royal : (il faut empêcher que pour) les ouvriers, les employés qui travaillent depuis 40 ans, la liberté de prendre leur retraite à 60 ans et de prendre leur retraite à 65 ans soit détruite. Donc il faut une très forte mobilisation pour que le gouvernement recule.

Un journaliste : est-ce que c’est encore possible que le gouvernement recule ? Que peut-on faire aujourd’hui ? Parce qu’on a le sentiment que c’est un peu, entre guillemets, « plié », est-ce que c’est 'foutu' définitivement ?

Ségolène Royal : il faut une forte mobilisation, il faut que le gouvernement recule, parce que ce à quoi on assiste, c’est à une destruction de la valeur du travail, c’est à un écrasement des petits, c’est à un enrichissement des banques et des assurances privées parce que cette réforme n’est faite que pour cela, que pour enrichir les banques, les assurances privées qui s’apprêtent à privatiser les retraites et à empocher les cotisations des Français sans leur donner de garantie sur leur niveau de retraite futur. Donc il n’y a aucune raison que ce soient les ouvriers, les employés, les femmes, les petits, ceux qui travaillent, qui payent pour les banques et les assurances privées, et pour la retraite privée. Ce qui se passe est extrêmement grave.

Alors il y a une manipulation des esprits, il y a des sondages qui sont manipulés qui sortent, et qui nous font croire que les Français ne sont pas attachés à la retraite à 60 ans et la retraite à 65 ans. Ces sondages sont manipulés, parce que personne ne peut accepter que seuls les salariés, et les employés, et les femmes, et les petits travailleurs, et ceux qui travaillent depuis très longtemps payent la réforme des retraites pendant que les banques et les assurances privées, et que le pouvoir financier s’enrichit. Parce que cette réforme de la droite, c’est celle du MEDEF, elle n’a qu’un seul objectif, c’est d’enrichir les institutions financières qui s’apprêtent à faire main basse sur le pactole des retraites privées.

Une journaliste : Ségolène Royal, est-ce qu’il y a encore un combat politique à mener, en plus du combat de la rue ?

Ségolène Royal : bien sûr il y a un combat politique à mener, d’abord au niveau du Sénat, à nouveau à l’Assemblée Nationale, mais aussi je pense que tous les Français peuvent écrire aujourd’hui à l’Elysée, tous les Français doivent écrire, il n’y a pas besoin de mettre de timbre d’ailleurs sur l’enveloppe. Ils doivent écrire au président de la République pour leur dire que la retraite appartient à ceux qui travaillent, et qu’aujourd’hui ceux qui sont frappés, ce sont ceux qui travaillent le plus dur et depuis très longtemps.

Et moi je n’accepte pas que la valeur travail, en France, soit piétinée comme elle l’est aujourd’hui, que seuls les salariés payent, et plus les salariés ont travaillé longtemps, plus ils vont être pénalisés. Qui peut prétendre qu’il est injuste, pour un ouvrier qui travaille depuis plus de 40 ans, de partir à 60 ans ? Qui peut prétendre qu’il est injuste pour un salarié, un ouvrier, un employé qui travaille depuis longtemps, qui est fatigué à 60 ans, de pouvoir partir avec une retraite de base inférieure, parce que c’est de ça dont il s’agit ? Qui peut accepter que ceux qui travaillent depuis 40 ans ne puissent pas partir à 65 ans ? Est-ce que vous voyez encore une infirmière pouvoir soulever des malades à 60 ou 65 ans ? Est-ce que vous voyez un ouvrier de 67 ans manier encore un marteau-piqueur ? Mais le monde marche sur la tête, ça n’est pas acceptable.

Et aujourd’hui cette réforme, cette mauvaise réforme, elle n’est faite que pour enrichir le pouvoir financier qui attend la privatisation des retraites. C’est une réforme de la privatisation des retraites, et l’argent, il y en a. La preuve, c’est que les banques et les assurances s’apprêtent à vendre des produits financiers pour financer des retraites privées. Qui pourra y avoir accès ? Et quelle garantie auront les Français de retrouver leurs cotisations dans 40 ans ? Il n’y en a aucune. Il n’y en a aucune ! Donc c’est à la fois injuste et incohérent. Et je le redis ici solennellement, contrairement à ce que disent les sondages manipulés, les socialistes tiendront leur parole et rétabliront et la retraite à 60 ans pour ceux qui ont cotisé 40 ans, et la retraite à 65 ans à taux plein, comme c’est un droit aujourd’hui fondamental, c’est un acquis social essentiel, et d’ailleurs la suppression rapporte très peu.

Une journaliste : Nicolas Sarkozy a dit qu’il ne cèderait pas, même sous la pression de la rue, qu’est-ce qu’il faudrait pour qu’il y ait un recul ?

Ségolène Royal : il faut qu’on soit très nombreux, et que la mobilisation ne cesse pas, et sinon le rendez-vous aura lieu en 2012. Moi je voudrais dire aux Français qui doutent, qui s’inquiètent de leur avenir, que nous leur redonnerons ce droit de partir à 60 ans parce que ça n’est que justice, et contrairement aux déformations qui sont données de cette réforme, aujourd’hui ceux qui sont frappés ce sont ceux qui ont cotisé, je le répète, depuis 40 ans, et qui ont le droit de partir à 60 ans parce qu’ils sont fatigués, qui ont le droit de partir à 65 ans parce qu’ils sont fatigués. À quoi ça rime en plus d’allonger la durée de cotisation alors que les gens sont au chômage ? Il y a 3 salariés sur 4 qui sont au chômage après 60 ans, donc ça va renforcer en plus le chômage des jeunes. On a là une mauvaise réforme, injuste, qui pénalise la valeur travail, qui va renforcer le chômage des jeunes, donc cette réforme doit être retirée.

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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 08:41

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 Monsieur le Président,

  

Lors de la campagne présidentielle, vous nous aviez déclaré que vous ne modifierez pas la retraite à 60 ans. C’était votre engagement devant les Français. Aujourd’hui vous décidez le contraire. Or, en prenant une position un jour et en faisant l’inverse le lendemain vous risquez de porter gravement atteinte à la crédibilité de la parole présidentielle. Cette charge qui vous a été confiée par la majorité des Français, impose une exemplarité dans le respect de la parole donnée car vous représentez la nation. Si maintenant, vous souhaitez revenir sur votre parole, la constitution vous permet, pour le bon fonctionnement démocratique de notre pays, de demander aux Français par référendum leur accord.

 

Dans le cadre de ce référendum, je me prononcerai contre votre projet que je considère comme injuste. Comme vous êtes intervenu sur ce sujet à l’ONU, notre monde a vu la croissance d’un capitalisme financier indécent et prédateur. On ne peut pas, monsieur le Président, demander aux Français les plus modestes de payer la facture de ce dérèglement du monde et laisser impunément prospérer la finance mondiale. Notre France est riche, plus riche que lors de l’adoption de la retraite à 60 ans. Ces progrès réalisés, on les doit au travail de tous les Français. Il faut donc une autre réforme des retraites, plus juste, faisant davantage contribuer les revenus du capital.

 

La fonction de Président de la République n’est certes pas facile mais, comme l’ont montré tous vos prédécesseurs, au fil du temps, cette charge impose l’abandon d’un engagement idéologique pour mieux représenter l’ensemble de la nation. C’est cette attente qu’ont aujourd’hui les Français. Vous ne devez pas écouter ou représenter un camp mais trouver, pour honorer votre fonction, un juste équilibre. Comme le déclarait François Mitterrand dans son discours d’investiture en 1981 : " j'avancerai sans jamais me lasser sur le chemin du pluralisme, confrontation des différences dans le respect d'autrui. Président de tous les Français, je veux les rassembler pour les grandes causes qui nous attendent et créer en toutes circonstances les conditions d'une véritable communauté nationale."

 

Avec mes salutations

Philippe Allard 

 

 

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22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 20:37

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(FM pour MEAGSR)

Discours de Ségolène Royal à la 3ème Fête de la Fraternité à Arcueil le 18 septembre 2010 :

 

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