Dans cette seconde partie du premier débat des primaires citoyennes d’une dizaine de minutes sur France 2, Ségolène Royal a été interrogée par Françoise Fressoz, du quotidien Le Monde, et par Fabien Namias, de France 2, sous la houlette de David Pujadas, qui a posé lui asussi quelques questions. Les questions économiques, tel était le thème choisi pour l’interview, et le thème choisi par Ségolène Royal, sa « carte blanche », a porté sur les institutions de la République.
Constamment poussée dans ses retranchements par les trois journalistes, Ségolène Royal a choisi de ne pas rentrer dans leur petite musique imposée, pro-Sarkozy, libérale, et étroitement comptable – « Ça veut dire quoi être riche ? », « Alors pourquoi ne pas faire [la règle d’or] maintenant, puisque la majorité actuelle et le président de la République le proposent ? », « Où faites-vous des économies dans les dépenses de l’Etat ? Est-ce que vous avez des postes qui sont, un peu … identifiés ? » (Sur l’encadrement éducatif et militaire des jeunes délinquants) « Ségolène Royal-Nicolas Sarkozy, même combat ? » « Vous prenez à votre compte la proposition de Nicolas Sarkozy, puisqu’il a repris une des vôtres, celle de garantir une République irréprochable, quoi ».
Souvent interrompue, Ségolène Royal a patiemment repris son raisonnement, expliqué, démontré, illustré d’exemples concrets. Les journalistes ont été déçus, comme Françoise Fressoz qui a été désappointée de ne pas avoir une réponse enflammée à sa première question sur « les résignés et les indignés » : elle constate dans Le Monde daté du samedi 17 septembre :
« Je trouve que Ségolène Royal a "sous-joué" par rapport à d'autres interventions télévisées. Elle était jusqu'à présent dans un registre "réponse aux résignés et indignés", c'est-à-dire à tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans le système politique actuel et elle a fait une prestation très classique. »
Dessins de Plantu pour Le Monde Magazine, samedi 17 septembre 2011
Mais Ségolène Royal ne s’adressait pas aux journalistes : elle s’adressait aux Français, et là, l’objectif a été pleinement atteint : la candidate a cherché à redonner une espérance aux Français, l’espoir d’un avenir meilleur dès 2012, et là, les solutions étaient aux rendez-vous, sur les questions économiques et les institutions de la République, thèmes de l’interview :
« Faire non seulement de la France un pays d’entrepreneurs, […] faire de la France la première puissance écologique d’Europe. Voilà comment je redonnerai de l’énergie au pays, de l’emploi, et de l’espérance dans son avenir. », a notamment déclaré Ségolène Royal, qui a souhaité que les règles du jeu soient sécurisées pour les entrepreneurs : « Dès que je serai élue, je ferai un Grenelle des PME pour stabiliser les règles sociales et les règles fiscales sur la durée du quinquennat. ».
Mais elle ne s’est pas arrêtée là, et elle a déroulé ses propositions calmement :
« Résoudre la crise, puisque la quasi-totalité des Français souffre de la crise. […] Comment résoudre cette crise ? D’abord il faut résoudre le problème du déficit et de la dette, parce que je n’accepte pas que ce déficit soit transmis sur le dos des générations qui viennent. Comment résoudre ce déficit et cette dette ? C’est d’abord en relançant l’activité économique. Et pour relancer l’activité économique, ma première priorité, mon premier projet de loi sera la réforme des banques. » pour « financer l’économie réelle », et pas « aller spéculer sur la dette des Etats ».
« Et donc la deuxième décision que je prendrai, c’est la création d’une banque publique, à dimension régionale, d’aide aux petites et moyennes entreprises, pour qu’elles puissent innover, pour qu’elles puissent créer des emplois et distribuer des salaires. »
« Vous pensez vraiment que les Français sont en situation d’accepter de nouveaux prélèvements ? [...] Je ne ferai pas de hausse d’impôt. […] En revanche, nous ferons la réforme fiscale, […] c’est-à-dire un impôt plus simple, donc plus compréhensible, et un impôt plus juste, c’est-à-dire mieux réparti, un impôt plus équitable entre le capital et le travail, […] des prélèvements plus équitables pour financer la protection sociale. […] Oui, la justice fiscale, je vous le confirme, c’est de faire payer les plus riches, c’est de faire rembourser le bouclier fiscal, c’est de lutter contre la fraude fiscale, 40 milliards d’euros, en provenance essentiellement des hauts revenus et des gros patrimoines. »
« La règle d’or que je mets dans la Constitution prévoira également la contribution égale du capital et du travail, ça sera inscrit dans la Constitution ; la justice fiscale, et la garantie des ressources de la Sécurité sociale. Voilà les 3 principes qui doivent accompagner la règle de bonne gestion que j’inscrirai dans la Constitution. Ce qui forcera l’Etat à faire des efforts, en effet, à faire des économies, en effet, à améliorer son organisation. »
« Je veux mettre fin à l’hyper concentration du pouvoir à la présidence de la République. […] D’abord, je ferai la République du Respect, je ferai l’ordre social juste, avec la participation active des citoyens, et chaque institution sera à sa place : un Parlement qui contrôle et qui ne fait pas le cumul des mandats, une justice indépendante qui ne subit plus l’intrusion de l’exécutif, un dialogue social de qualité, et une démocratie participative vivante, avec la consultation des citoyens. [...] On réforme le Conseil supérieur de la magistrature, et on cesse de donner des instructions au parquet, on laisse la liberté aux investigations, et on cesse d’étouffer les affaires. »
Et comment mener à bien la réforme des institutions et faire la République du Respect ?
« D’abord, c’est une volonté politique, et je crée dans ce Contrat pour la Nation, un Comité de Surveillance des Engagements, parce que c’est vrai, vous avez raison, les Français sont fatigués de l’écart entre les discours et les actes, et ce Comité de Surveillance des Engagements est constitué [à] 50% de la majorité, 50% de l’opposition, et je vais vous dire une chose : je serai la garante de l’ordre public moral, de la morale publique. […] Moi je serai la garante de la morale publique avec une réforme très simple et très claire : tout élu qui sera condamné pour des faits qui relèvent de sanctions privatives de liberté sera immédiatement inéligible à vie, et sera immédiatement déchu de son mandat. Voilà ce que je ferai. »
Extrait des dessins de Plantu pour Le Monde Magazine, samedi 17 septembre 2011
En 10 minutes, Ségolène Royal a clairement synthétisé pour les Français son projet pour la France sur les questions économiques et sur les institutions, un projet cohérent, fruit du travail effectué depuis 2007 et de solutions éprouvées dans sa Région-laboratoire.
Surtout, elle s’est adressée aux Français, la seule à être accompagnée sur le plateau de son livre-programme pour la France, qu’elle a écrit, et du Contrat avec la Nation – et ses 10 engagements – qu’elle a signé, démontrant qu’il était possible de redonner « de l’énergie au pays, de l’emploi, et de l’espérance dans son avenir » après 5 ans de présidence de Nicolas Sarkozy et du sarkozysme.
Frédérick Moulin
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Ségolène Royal - interview primaire socialiste... par CyberPeople
Transcription par Militants de l’Espoir À Gauche avec Ségolène Royal / F.M.
David Pujadas : bienvenue Ségolène Royal, troisième candidate à s’exprimer ce soir. Alors signe particulier, vous avez déjà été candidate à la présidence de la République, vous avez donc déjà remporté une primaire du Parti socialiste et de ses alliés, c’était en 2006, elle était moins large qu’aujourd’hui.
Et ma question préliminaire portera un peu là-dessus, en quoi avez-vous changé, pour ceux qui nous écoutent, depuis 2006, non pas sur un plan personnel, mais sur un plan politique ? Est-ce que vous diriez que vous êtes plus à droite, plus à gauche, plus libérale, plus dirigiste ?
"Est-ce que vous diriez que vous êtes plus à droite, plus à gauche, plus libérale, plus dirigiste ?" "Plus en avant ! (Rire)"
Ségolène Royal, immédiatement : plus en avant ! (Rire)
David Pujadas : ça c’est une façon de botter en touche.
Ségolène Royal : bien sûr, oui, mais bien sûr j’ai changé, bien sûr.
David Pujadas : mais en quoi ?
Ségolène Royal : j’ai changé en densité, en détermination.
J’ai changé parce que j’ai beaucoup travaillé, d’abord. J’ai travaillé dur parce que je sais que j’aurais à demander aux Français de travailler dur, et je veux m’appliquer à moi-même ce que je veux leur demander …
David Pujadas : mais politiquement ?
Ségolène Royal, sans s’arrêter : … j’ai aussi appliqué dans ma Région les idées que je défendais en 2007, par exemple la mutation écologique ou l’aide aux petites et moyennes entreprises. Voilà.
J’ai beaucoup voyagé aussi dans le monde entier puisque la campagne présidentielle de 2007 m’a donné une notoriété et un respect sur la scène internationale, que je mettrai d’ailleurs au service de la France.
David Pujadas : Françoise.
Françoise Fressoz : alors, Madame Royal, dans cette campagne, vous dites beaucoup : « Je veux être la voix des sans-voix. », « Je veux m’adresser aux résignés et aux indignés. ». Si vous êtes élue présidente, quelles sont les une ou deux mesures qui symboliseraient le fait que vous avez entendu les indignés ou les résignés ?
Ségolène Royal : bien c’est résoudre la crise, puisque la quasi-totalité des Français souffre de la crise, sauf 10% d’entre eux qui se sont enrichis pendant que tous les autres s’appauvrissaient.
David Pujadas : mais encore ?
Ségolène Royal : mais encore ? Donc comment résoudre cette crise ? D’abord il faut résoudre le problème du déficit et de la dette, parce que je n’accepte pas que ce déficit soit transmis sur le dos des générations qui viennent.
"Et pour relancer l’activité économique, ma première priorité, mon premier projet de loi sera la réforme des banques"
Comment résoudre ce déficit et cette dette ? C’est d’abord en relançant l’activité économique. Et pour relancer l’activité économique, ma première priorité, mon premier projet de loi sera la réforme des banques …
Françoise Fressoz, lui coupant la parole : vous aussi ? Comme Arnaud Montebourg ?
Ségolène Royal, poursuivant : … pour que les banques, pour que les banques … eh bien écoutez, la spéculation bancaire est là.
"Qu’est-ce que c’est que le métier des banques ? C’est de financer l’économie réelle, ça n’est pas d’aller spéculer sur la dette des Etats"
Dans quelle direction ? Pour que les banques obéissent au lieu de commander. Et il y a 3 choses, [David Pujadas : « Obéissent en quoi ? »] il y a 3 choses à faire. Obéissent, obéissent d’abord à leur métier. Qu’est-ce que c’est qu’un métier pour une banque, qu’est-ce que c’est que le métier des banques ? C’est de financer l’économie réelle, ça n’est pas d’aller spéculer sur la dette des Etats.
Donc il y aura une réforme du système bancaire, comme celle qui a été faite aux Etats-Unis d’Amérique, qui est en train d’être faite à Londres …
David Pujadas, lui coupant la parole : on sépare les banques d’affaire …
Fabien Namias : concrètement, l’Etat entrerait au capital des banques ? Concrètement, l’Etat entrerait au capital des banques, pour pouvoir contrôler ?
Ségolène Royal : l’Etat rentrera au capital des banques s’il vient renflouer les banques, ce qu’il aurait dû faire ne 2008, je l’avais dit, d’ailleurs, à cette époque. Si l’Etat français, qui avait renfloué les banques en notre nom à tous, était rentré au capital, il aurait pu contrôler au sein des banques ce qui se passe, et que les banques cessent de mélanger leurs activités de dépôt, qu’elles protègent l’épargne des gens, des activités spéculatives et de prêt, des activités d’investissement financier. Donc il va falloir séparer ces deux activités dans les banques pour qu’elles se mettent vraiment au service du développement économique, qui ne connaît d’ailleurs …
David Pujadas, lui coupant la parole : vous pensez que c’est le problème numéro un aujourd’hui pour résoudre le déficit, c’est de relancer finalement le crédit qui serait en panne ?
Ségolène Royal : c’est de relancer l’activité économique, donc, donc les aides financières aux PME, vous le savez, on le voit partout, des PME qui ont de grandes difficultés parce qu’elles n’ont pas la confiance du système bancaire.
"Et donc la deuxième décision que je prendrai, c’est la création d’une banque publique, à dimension régionale, d’aide aux petites et moyennes entreprises, pour qu’elles puissent innover, pour qu’elles puissent créer des emplois et distribuer des salaires"
Et donc la deuxième décision que je prendrai, c’est la création d’une banque publique, à dimension régionale, d’aide aux petites et moyennes entreprises, pour qu’elles puissent innover, pour qu’elles puissent créer des emplois et distribuer des salaires, c’est ça …
Fabien Namias : ce qui est aussi dans le projet socialiste, une banque publique d’investissement.
Ségolène Royal, poursuivant : … voilà, c’est ça l’objectif d’une nation, c’est de créer des richesses avant d’augmenter les impôts.
Françoise Fressoz : on a l’impression qu’on est très sur le territoire français, on n’est plus dans la mondialisation, on est maintenant, on se recentre sur des banques d’investissement en France, on fait un système bancaire à nous. Qu’est-ce qui se passe exactement ?
Ségolène Royal : mais cela va de pair avec la réforme du système bancaire européen et international. Car quand je dis cela, je dis aussi que lorsque, par exemple, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se sont réunis, on savait déjà les décisions qu’il fallait prendre.
Quelles décisions ? Celles que l’on a déjà attendues pendant la crise de 2008, c’est l’interdiction des banques – et ça, ça doit être une décision européenne et même internationale – l’interdiction des banques de spéculer sur la dette des Etats, c’est-à-dire sur la misère [Fabien Namias : « Ségolène Royal … »] des peuples, l’obligation aussi … oui ?
Fabien Namias : voilà, vous dites… vous nous dites qu’une de vos priorités, c’est de réduire les déficits …
Ségolène Royal : oui.
Fabien Namias, sans s’arrêter : … et la dette, ça c’est quelque chose que vous partagez avec la totalité des candidats du Parti socialiste …
Ségolène Royal : heureusement !
Fabien Namias : … de tous les candidats en général …
Ségolène Royal : heureusement. Oui ?
Fabien Namias : … ça, c’est … Il y a une spécificité chez vous, c’est que vous dites : « Moi, je n’aurai pas recours aux hausses d’impôts. C’est une facilité, même, les hausses d’impôts. », vous dites. Je suis pas sûr que ce soit très facile de hausser les impôts quand on est au pouvoir, mais comment on fait pour renflouer les caisses de l’Etat, pour éponger les dettes, si on ne trouve pas de nouvelles recettes ?
"Vous pensez vraiment que les Français sont en situation d’accepter de nouveaux prélèvements ? [...] Moi c’est ma conviction. Et je ne ferai pas de hausse d’impôt"
Ségolène Royal : vous pensez vraiment que les Français sont en situation d’accepter de nouveaux prélèvements ? Vous ne pensez pas que de nouveaux prélèvements vont aggraver la situation économique ?
Fabien Namias : mais je sais pas comment dans ce cas-là, on rembourse la dette.
Ségolène Royal, sans s’arrêter : … et plonger la France dans la récession ? Moi c’est ma conviction. Et je ne ferai pas de hausse d’impôt.
En revanche, je ferai la réforme fiscale …
Françoise Fressoz, lui coupant la parole : même sur les très hauts revenus, vous faites pas de hausse d’impôt ?
"Nous ferons la réforme fiscale, c’est-à-dire un impôt plus simple, donc plus compréhensible, et un impôt plus juste, c’est-à-dire mieux réparti, un impôt plus équitable entre le capital et le travail, un impôt plus équitable entre les entreprises du CAC40, qui ne payent que 9% d’impôt, et les PME artisans-commerçants qui en payent plus de 30%, des prélèvements plus équitables pour financer la protection sociale, qui pèsent aujourd’hui essentiellement sur les revenus du travail"
Ségolène Royal : alors, vous faites bien de me poser la question. (Reprenant là où elle avait été interrompue) En revanche, nous ferons la réforme fiscale, qui est prévue d’ailleurs dans le projet des socialistes, c’est-à-dire un impôt plus simple, donc plus compréhensible, et un impôt plus juste, c’est-à-dire mieux réparti, un impôt plus équitable entre le capital et le travail, un impôt plus équitable entre les entreprises du CAC40, qui ne payent que 9% d’impôt, et les PME artisans-commerçants qui en payent plus de 30%, des prélèvements plus équitables pour financer la protection sociale, qui pèsent aujourd’hui essentiellement sur les revenus du travail, donc …
David Pujadas, lui coupant la parole : une nouvelle tranche d’impôt sur le revenu ?
Ségolène Royal : alors la nouvelle tranche d’impôt sur le revenu, qui est proposée d’ailleurs dans le projet de l’expert Thomas Piketty, fera partie de la réforme globale, mais comment voulez-vous ne pas faire payer davantage les riches, si l’on veut alléger l’impôt sur les moyens et sur les petits ?
Fabien Namias, parlant en même temps qu’elle : donc il y en a quand même pour qui les impôts augmenteront, quand même, pour être clair, c’est pas de hausse d’impôt pour tout le monde ce que vous dites, voilà.
"Mais écoutez, la justice fiscale, oui, la justice fiscale, je vous le confirme, c’est de faire payer les plus riches, c’est de faire rembourser le bouclier fiscal, c’est de lutter contre la fraude fiscale, 40 milliards d’euros, en provenance essentiellement des hauts revenus et des gros patrimoines"
Ségolène Royal : mais écoutez, la justice fiscale, oui, la justice fiscale, je vous le confirme, c’est de faire payer les plus riches, c’est de faire rembourser le bouclier fiscal, c’est de lutter contre la fraude fiscale, 40 milliards d’euros, en provenance essentiellement des hauts revenus et des gros patrimoines. Donc faisons déjà en sorte que les riches obéissent à la loi comme tous les autres, et nous récupérerons déjà 40 milliards.
Fabien Namias, immédiatement, après avoir essayé en vain de l’interrompre : vous dites « les riches », est-ce que vous quantifiez le seuil ? Ça veut dire quoi être riche ?
Ségolène Royal : bien, le seuil n’est pas quantifiable, comme ça, dans l’absolu, puisque si vous…
Fabien Namias, lui coupant la parole : il faut bien le fixer à un moment.
Ségolène Royal : oui mais si vous avez un revenu équivalent à quelqu’un d’autre mais que vous êtes propriétaire de votre logement par exemple, vous n’êtes pas dans la même situation. Donc c’est la globalité de l’impôt sur les revenus du capital et les revenus du travail qui permettront en effet de faire payer davantage les riches.
David Pujadas : question sur la règle d’or, peut-être.
Françoise Fressoz : oui, vous vous êtes prononcée pour la règle d’or. Alors si vous êtes élue, qu’est-ce que vous mettez dans cette règle d’or ?
Ségolène Royal : alors dans cette règle d’or, que je n’ai pas appelée, d’ailleurs, règle d’or, mais la règle de bonne gestion …
David Pujadas, l’interrompant : je précise pour ceux qui nous écoutent, la règle d’or, ça concerne la discipline budgétaire, et l’idée de ne pas faire de déficit budgétaire hors le service de la dette.
Ségolène Royal : voilà. Donc je pense qu’il faut vraiment être rigoureux dans les dépenses publiques. D’ailleurs, dans la Région que je préside, [David Pujadas : « Ça veut dire quoi ? Les baisser ? Les stabiliser ? »] je n’ai pas augmenté les impôts depuis 2005, et chaque Euro dépensé est un euro utile, et toute dépense nouvelle est financée par des économies. Voilà la bonne gestion des fonds publics que je mettrai en place.
"C’est pour ça que ça ne me gêne absolument pas d’inscrire [le] principe [de la règle d'or] dans la Constitution. [...] La règle d’or que je mets dans la Constitution prévoira également la contribution égale du capital et du travail, ça sera inscrit dans la Constitution ; la justice fiscale, et la garantie des ressources de la Sécurité sociale"
C’est pour ça que ça ne me gêne absolument pas d’inscrire ce principe dans la Constitution, parce que c’est la seule façon …
Fabien Namias, lui coupant la parole : alors pourquoi ne pas le faire maintenant, puisque la majorité actuelle et le président de la République le proposent ? Qu’est-ce qui vous, qu’est-ce qui vous heurte ?
Ségolène Royal : parce que ça n’est pas la même règle que la sienne. Moi j’in …
Fabien Namias, l’interrompant : c’est-à-dire
Ségolène Royal : c’est-à-dire que la règle d’or que je mets dans la Constitution prévoira également la contribution égale du capital et du travail, ça sera inscrit …
Françoise Fressoz : dans la Constitution ?
Ségolène Royal : dans la Constitution ; la justice fiscale, et la garantie des ressources de la Sécurité sociale.
Voilà les 3 principes qui doivent accompagner la règle de bonne gestion que j’inscrirai dans la Constitution. Ce qui forcera l’Etat à faire des efforts, en effet, à faire des économies, en effet, à améliorer son organisation, en effet, où chaque …
Françoise Fressoz, tentant d’interrompre puis coupant Ségolène Royal : où f… où faites-vous des économies dans les dépenses de l’Etat ? Est-ce que vous avez des postes qui sont, un peu … identifiés ?
Ségolène Royal : je pense que l’on peut faire des économies sur l’organisation des pouvoirs publics.
David Pujadas : un exemple.
Ségolène Royal : un exemple. Je crois que l’Etat est trop hyperconcentré. Je crois qu’il faut une nouvelle étape de la décentralisation …
David Pujadas, lui coupant la parole : ah, on dit pourtant qu’il y a trop de collectivités locales, entre le département, la région …
"Je crois que l’Etat est trop hyperconcentré. Je crois qu’il faut une nouvelle étape de la décentralisation, qu’il faut mieux répartir les compétences entre les différentes collectivités territoriales, parce qu’effectivement il y a des compétences qui se superposent, donc il y a un certain nombre de gaspillages, c’est vrai"
Ségolène Royal, poursuivant sur son idée : je pense qu’il faut … exactement, j’allais y venir, qu’il faut mieux répartir les compétences entre les différentes collectivités territoriales, parce qu’effectivement il y a des compétences qui se superposent, donc il y a un certain nombre de gaspillages, c’est vrai …
Fabien Namias, lui coupant la parole : et en supprimer, par exemple, euh …
Ségolène Royal : et peut être en supprimer.
Fabien Namias : … un échelon…
Ségolène Royal : mais bien sûr.
Fabien Namias : le département ….
Ségolène Royal : il faut en débattre. [Fabien Namias : « Vous n’êtes pas hostile en tout cas. »] En tout cas, si les départements … c’est-à-dire, si ça doit créer plus de remous que d’avantages, moi je suis pour des réformes consensuelles et rapides, et la réforme consensuelle et rapide, c’est celle qui donne à chaque échelon territorial son pôle de responsabilité.
David Pujadas : on a pris un peu de retard.
Ségolène Royal : juste le dernier volet, quand même, qui est très important pour la relance économique, c’est la croissance verte. Moi je veux faire non seulement de la France un pays d’entrepreneurs, je le mets dans mon livre-programme, un pays d’entrepreneurs qui ont les moyens de se développer, de créer des activités, et dès que je serai élue, je ferai un Grenelle des PME pour stabiliser les règles sociales et les règles fiscales sur la durée du quinquennat, et c’est bien sûr la croissance verte, pour faire de la France la première puissance écologique d’Europe.
Voilà comment je redonnerai de l’énergie au pays, de l’emploi, et de l’espérance dans son avenir.
David Pujadas : il reste que 2 minutes pour votre carte blanche, Ségolène Royal, vous avez souhaité parler des institutions.
Ségolène Royal : oui.
David Pujadas : alors c’est un peu large, moi j’ai une question, sur une institution qui est l’armée, et sur laquelle vous comptez pour encadre par exemple les délinquants, Nicolas Sarkozy a repris cette mesure, est-ce que vous, vous la maintenez dans votre programme ?
Ségolène Royal : oui, bien sûr, elle est maintenue, puisque le droit à la sécurité, c’est un droit fondamental, et j’estime que cette solution est une bonne solution pour lutter contre l’impunité des jeunes délinquants.
Fabien Namias : Ségolène Royal-Nicolas Sarkozy, même combat ?
Ségolène Royal : écoutez, s’il se rallie à mes bonnes idées, ça prouve que nous avons perdu 5 ans, et que ça aurait pu être fait plus tôt.
"Mais sur les institutions, je voudrais juste dire un mot, parce que j’ai écrit un Contrat avec La Nation, avec 10 engagements, qui est donné aujourd’hui aux électeurs. Pourquoi ? Parce que je veux mettre fin à l’hyperconcentration du pouvoir à la présidence de la République"
Mais sur les institutions, je voudrais juste dire un mot, parce que j’ai écrit un Contrat avec La Nation, avec 10 engagements, qui est donné aujourd’hui aux électeurs. Pourquoi ? Parce que je veux mettre fin à l’hyperconcentration du pouvoir à la présidence de la République.
Fabien Namias : ça veut dire que si vous êtes élue, vous ne serez pas l’hyper-présidente, puisqu’on dit que Nicolas Sarkozy est un hyper-président ? Vous, ce sera terminé, vous, il y a des pratiques auxquelles vous n’aurez plus recours, vous interviendrez moins dans les affaires quotidiennes ?
"D’abord, je ferai la République du Respect, je ferai l’ordre social juste, avec la participation active des citoyens, et chaque institution sera à sa place : un Parlement qui contrôle et qui ne fait pas le cumul des mandats, une justice indépendante qui ne subit plus l’intrusion de l’exécutif, un dialogue social de qualité, et une démocratie participative vivante, avec la consultation des citoyens"
Ségolène Royal : exactement. Je remettrai … d’abord, je ferai la République du Respect, je ferai l’ordre social juste, avec la participation active des citoyens, et chaque institution sera à sa place : un Parlement qui contrôle et qui ne fait pas le cumul des mandats, une justice indépendante qui ne subit plus l’intrusion de l’exécutif, un dialogue social de qualité, et une démocratie participative vivante, avec la consultation des citoyens.
Fabien Namias, parlant en même temps que Ségolène Royal : comment faire pour qu’elle soit vraiment indépendante, la justice ? (David Pujadas seul) La justice indépendante, on est tous pour, mais comment faire pour qu’elle le soit vraiment ? C’est quoi la mesure, quoi ?
Ségolène Royal : on est tous pour. Mais, on réforme le Conseil supérieur de la magistrature, et on cesse de donner des instructions au parquet, on laisse la liberté aux investigations, et on cesse d’étouffer les affaires.
Fabien Namias : ça, ça veut dire qu’on doit vous croire sur parole, on va cesser de … on ne va plus donner d’instruction, mais concrètement, quel serait le mécanisme qui empêcherait l’exécutif de le faire ?
Ségolène Royal : je viens de vous le dire. D’abord, c’est une volonté politique, et je crée dans ce Contrat pour la Nation, un Comité de Surveillance des Engagements, parce que c’est vrai, vous avez raison, les Français sont fatigués de l’écart entre les discours et les actes, et ce Comité de Surveillance des Engagements est constitué [à] 50% de la majorité, 50% de l’opposition, et je vais vous dire une chose : je serai la garante de l’ordre public moral, de la morale publique.
Fabien Namias : vous prenez à votre compte la proposition de Nicolas Sarkozy, puisqu’il a repris une des vôtres, celle de garantir une République irréprochable, quoi.
Ségolène Royal : eh bien écoutez, la République irréprochable qu’il avait promise en 2007, vous avez vu ce qu’elle est devenue ? Les Français sont très choqués de l’accumulation des affaires, nous sommes dans un régime à bout de souffle, un régime corrompu, et moi je serai la garante de la morale publique avec une réforme très simple et très claire : tout élu qui sera condamné pour des faits qui relèvent de sanctions privatives de liberté sera immédiatement inéligible à vie, et sera immédiatement déchu de son mandat. Voilà ce que je ferai.
David Pujadas : vous avez entendu la cloche, c’est terminé pour ces 10 minutes …
Ségolène Royal : merci.
David Pujadas : … euh, on vous laisse regagner votre loge, Ségolène Royal, et on vous retrouve, vous aussi, bien sûr, tout à l’heure, on va accueillir François Hollande.