Les Primaires organisées par le Parti socialiste pour désigner le candidat de la gauche démocratiquement semblaient devoir tourner à la bataille des Premiers ministres entre les deux anciens secrétaires du PS donnés en tête dans les médias : Martine Aubry et François Hollande.
Depuis l’éviction de Dominique Strauss-Kahn, on pouvait même s’interroger sur la volonté de Martine Aubry de reprendre le flambeau. Alors qu’elle perdait une partie des soutiens, qui auraient dû lui revenir dans le cadre du pacte de Marrakech, les commentateurs s’interrogeaient sur l’envie réelle de l’ancienne Première secrétaire de mener campagne, une campagne déjà largement interrompue par un départ en vacances prolongées.
Mais la crise financière de l’été relance le débat politique.
A droite, Nicolas Sarkozy tente de profiter de la crise pour se donner une stature présidentielle qu’il n’a jusqu’ici pas réussi à vraiment incarner. Il veut apparaître comme l’homme de la situation…
Mais la recette a perdu beaucoup de goût depuis 2007. Il faut dire qu’on connaît déjà largement les ingrédients employés : une cuillère de cadeaux fiscaux pour les plus riches, un bon kilo de remise en cause des acquis sociaux et une bonne dose de réduction du rôle de l’Etat avec fermeture d‘hôpitaux et de classes dans les écoles. Tout cela rehaussé de formules chocs pour faire passer le message libéral, merci on a donné ! D’autant que malgré tout cela le déficit n’a pas cessé de se creuser.
Mais la politique de Sarkozy plaît aux agences de notation. La jeunesse est dans la galère et ne trouve pas de travail, les salaires sont chaque jour un peu plus rognés par la hausse des prix, le surendettement des ménages se propage comme un nouveau fléau, la délinquance augmente, mais avec Nicolas Sarkozy la France mériterait, selon les agences de notation, un quatrième A. Il faudrait créer la classe palace réservée aux meilleures politiques pour la finance internationale !
A gauche … mais existe-il encore une volonté d’alternative à gauche ?
On avait fini par se faire à l’idée que le Parti socialiste n’avait plus pour ambition que d’apparaître comme un Parti de « bonne gestion», le Parti Surintendant ! D’ailleurs depuis leur entrée en campagne, François Hollande et Martine Aubry rivalisent sur l’image du « bon gestionnaire » à souliers vernis, un vrai « concours de beauté » pour premier ministrable !
Seulement la candidate à la présidentielle, Ségolène Royal, qui n’a pas souhaité prendre des congés, change la donne et offre une autre alternative.
La candidate socialiste lance ses propositions pour un ordre international juste et refuse la résignation dans un système qu’on voudrait nous faire croire irremplaçable ! Elle relève la tête, elle refuse l‘abandon, la politique du laisser-faire et ose proposer d’autres solutions : une taxation financière, un contrôle des banques, une réaffirmation du rôle de l'Etat, une politique de relance.
La gauche est de retour avec Ségolène Royal, une gauche qui n’a pas peur de faire appel aux gaullistes du 18 juin 1940 dans cette guerre mondiale contre les Etats démocratiques. La candidate socialiste pourrait d’ailleurs très bien reprendre :
« Certes, nous avons été, nous sommes submergés… Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! … Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ».
Ségolène Royal ouvre une nouvelle voie dans cette guerre financière, aucune force réellement à gauche ne doit manquer dans cette bataille. Laissons à leur combat à fleuret moucheté la gauche de salon car nous avons un autre combat à mener !
Philippe Allard