Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, s’est immolé parce qu’on lui retirait son gagne-pain et depuis cette date un vent de révolte a soufflé en Tunisie et ensuite dans le monde arabe. Le mouvement populaire tunisien a abouti à la fuite du dictateur Ben Ali le 14 janvier 2011. A noter que cette révolution a été entreprise sans l’aide des islamistes Cette révolution s’apparenterait plus à un Mai 68 qu’à une révolution iranienne. : ce sont des jeunes qui en majorité ont participé à la chute du régime. Ces jeunes pour la plupart instruits étaient massivement au chômage !
L’histoire récente de la Tunisie a été une histoire d’abus et de transgressions. Les Tunisiens, tout au long de leur histoire, ont supporté la dictature et la confiscation de leurs libertés. Mais ils ont eu également à souffrir d’abus d’une gravité extrême. Leurs droits les plus élémentaires ont été bafoués, de manière systématique. Tortures, viols, emprisonnements abusifs, négation des droits de la défense et du droit à un procès équitable, aucune liberté de la presse (langage unique )… L’arbitraire était la loi commune, et la justice l’exception. Cet ordre des choses doit être renversé.
A l’heure actuelle 51 partis se sont présentés en vue de l’élection mais un sondage de notoriété effectué la semaine dernière prouve que les tunisiens connaissent très peu de partis mis à part celui qui a été au pouvoir pendant plus de 30 ans le RCD et le parti intégriste Ennhada.. mais ils n’ont aucune idée du parti pour lequel ils vont voter ! Un jeune homme interviewé à la télévision a déclaré « je veux pouvoir prier ou boire un verre si j’en ai envie !
Trois mois après, la Tunisie se bat pour sauvegarder sa révolution et réussir sa transition vers une nouvelle république démocratique (élection de l'Assemblée constituante prévue le 24 juillet 2011)
La mission qui incombe à la Constituante que les Tunisiens éliront le 24 juillet prochain est une mission de refondation. La République, proclamée le 25 juillet 1957, doit être totalement refaite.
Le chantier est plus vaste que l’on ne l’imagine. Il comporte en réalité deux aspects distincts :la Constituante devra rédiger une nouvelle Constitution d’une part et également choisir un type de régime : le régime semi-présidentiel, également appelé régime mixte qui est celui qui paraît le plus à même de concilier les exigences contradictoires de la démocratie et de l’efficacité.
Les droits et libertés de l’individu doivent être proclamés, garantis et sanctifiés par la Constituante, par l’intermédiaire d’une déclaration qui serait à la Révolution tunisienne ce que la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen a été pour la Révolution française de 1789.
Les femmes ,qui ont joué un grand rôle dans cette révolution, ont rédigé un Manifeste qui comporte notamment trois points : l’égalité des sexes, la dignité des femmes et la justice sociale.
Les derniers mois qui arrivent seront cruciaux pour la Tunisie : élire un parti laïc, démocratique qui respectera les libertés essentielles !
C’est cela aussi le paradoxe tunisien : écartelé entre ses racines musulmanes et ses aspirations occidentales : comme a dit le poète et écrivain tunisien Abdelwab Meddeb : pourquoi regarder vers la Turquie alors que nos racine sont également du côté de l’Espagne ou du Portugal ?
Ce qui est sûr c’est que l’exemple tunisien, quel qu’il soit, sera certainement imité dans tout le monde arabe , tout comme l’a été sa révolution !
Annie Novelli