De Sarkozy à Nicolas Ier ...
C'est tout un système mis en place insidieusement que Ségolène Royal a dénoncé au journal de 20 heures de TF1 mardi 29 juin. En utilisant les quelques minutes de son intervention, précipitant les mots, jaillissant les phrases, elle s'est adressée aux Françaises et aux Français pour les prendre à témoin du changement en cours. Une intervention préparée en forme de déclaration des droits contre le système Sarkozy qui replonge la France dans l'ancien régime :
- Par le type de pouvoir « corrompu » dans le sens de Montesquieu, philosophe des Lumières :
"C'est un pouvoir qui mélange les biens privés et les biens publics", "c'est un pouvoir qui perd tout sens du bien commun" et "c'est un pouvoir qui profite d'une totale impunité"
La République a permis en effet de faire réellement de l'Etat la chose publique, le bien de tous. Pour la présidente de région, c'est tout un ordre moral républicain qu'il convient de rappeler face à la conduite du président et des siens. Un homme n'est ni propriétaire, ni héréditaire de l'Etat. Ceux qui ont été élus par le peuple pour gérer l'Etat se doivent de dissocier leur intérêt privé, et ceux de leurs amis, de l'intérêt collectif qu'ils ont en charge pour le bien de tous.
- Par le type de société, une société d'ordres et de privilèges :
La République a permis d'instaurer un Etat de droit. La loi est la même pour tous et il ne peut y avoir de privilèges. Or avec le pouvoir actuel, il s'avère que ce principe fondamental est remis en cause. Avec le bouclier fiscal, avec les liens d'un petit nombre, une nouvelle aristocratie au-dessus du peuple se constitue. C'est le retour à une sorte de noblesse mais la noblesse du fric.
Ce qui apparaît d'autant plus condamnable c'est qu'alors que le pouvoir veut remettre en cause un droit social avec la retraite à 60 ans, le petit cercle dispose de privilèges dûs à la proximité du pouvoir.
La charge est donc forte contre le système Sarkozy. On comprend les réactions vives de sa cour suite aux propos de Ségolène Royal qu'il s'agit à nouveau de dévaloriser. D'autant que pour la socialiste face à cette grave dérive, il ne faut pas se résigner, il ne faut pas laisser faire. Elle en appelle à la capacité de résistance du peuple et lance une pétition pour un référendum d’initiative populaire sur la retraite à 60 ans.
Forte de sa candidature à l'élection présidentielle et des millions de voix recueillies, la socialiste a su prendre la hauteur nécessaire dans cette déclaration pour rappeler chacun à la raison et redonner le sens de l'Etat républicain.
Philippe Allard