Avec Martine à la tribune ou une demi-phrase de Strauss-Kahn, Libération en aurait fait trois pages. Mais c’était Ségolène Royal. Alors, rien. 24 heures après la convention sur « la nouvelle donne internationale et européenne » du PS, le quotidien était le seul média à n’avoir pas pipé mot de l’événement.
L’anti-Ségolénisme primaire du journal aurait-il encore frappé ? Pas exactement. La rédaction de Libé a déjà fait un énÔrme effort durant le week-end. Le journal a publié un petit article, tout ce qu’il y a de plus formel, pour reprendre deux/trois choses d’une interview en pleine page réalisée par le Figaro.
2228 caractères (ce billet en fait 3532), essentiellement des citations. Une platitude absolue. Pas un mot (même malveillant), rien qui dépasse. Une dépêche d’agence de presse décrivant l’ouverture de la pêche à la ligne dans un joli village de Corrèze aurait été écrite avec plus de passion.
Pourquoi un tel silence de Libération ? On comprend tout à la lecture de la presse.
« Royal vedette de la convention du PS » titrent le Parisien et l’Express pour qui la convention du PS fixant « les grandes lignes de son projet de politique étrangère pour 2012 » a été « éclipsée par Ségolène Royal ».
« Particulièrement attendue » pour le Nouvel Obs, l’intervention de Ségolène Royal a été « très applaudie par les militants » pour le JDD : logique, comme le dit Le Point, puisque « le discours de Royal, (a été) sans fausse note.
Les socialistes donnent le sentiment de ne pas souhaiter réitérer les erreurs du passé. Ainsi qu'on ne dise pas à Ségolène Royal qu'elle joue le rôle de "première secrétaire de substitution", comme ironisent certains. »
L’esprit d'équipe qui prévaut depuis l’université d’été est donc bien plus solide que beaucoup ne le croyaient. Car il tient essentiellement au sens de la responsabilité de Ségolène Royal et à cette certitude réaffirmée dans le Figaro : "Si jamais les socialistes se divisent à nouveau ou rentrent dans des guerres d'appareil, ils perdront. (...) Ce sera la fin de ce mouvement politique. (...) C'est pour ça que nous mettons, avec Martine, autant d'énergie dans l'union." Alors oui, « Martine est irremplaçable » et soyons unitaire, même pour ceux qui le sont moins que nous !
Pour autant, que Libé se rassure. Dans la presse, on trouve encore, à l’encontre de Ségolène Royal, quelques traces de vieilles habitudes désagréables. Comme cette manie de parler de ses fringues. Ben oui. C’est une femme politique. Le Nouvel Obs nous dit que Ségolène Royal « acclamée à son arrivée » était « vêtue d’un tailleur foncé et d’un corsage rouge vif ». Information confirmée par L’Express : « tailleur pantalon et corsage rouge ». Mais bizarrement, à aucun moment, on ne nous donne la couleur du costume d’Harlem Désir, de la chemise de Jean-Christophe Cambadélis ou de la cravate de Laurent Fabius. Mais c’est vrai qu’avec eux c’est du sérieux. Y a de la carrure. Avec les mecs, voyons, on ne parle pas fripes. Juste de l’essentiel. Des idées.
Il y a aussi les vieux réflexes pénibles de ces « ténors socialistes » dont le Nouvel Obs nous dit qu’ils ont applaudi « poliment ». C’est vrai, il est poli Camba, il a même participé à la standing ovation. 8 secondes et demi. Mais c’est déjà ça !
« Ségolène est restée dans la musique de l’union en faisant entendre son petit coup de triangle » souligne Cambadélis. Quant à Fabius, il a été chargé de la raccompagner à la sortie. Etait-ce pour lui le meilleur moment de la journée ? Tiens, voilà une question qu’aurait pu se poser Libé.
Rémi