Visite des médias de la "soupente" de 70 m2 de Christian Estrosi, ministre de l'Industrie, rue de Lille (AFP / Bertrand Langlois)
Et pendant ce temps-là le gouvernement Fillon expulse les personnes déclarées prioritaires au relogement dans le cadre de la loi DALO par l’Etat dès qu’elles font un pied d’immeuble, comme récemment, du 9 mai au 14 mai 2010 au 180 rue de la Croix Nivert, dans le 15ème arrondissement (avec le soutien du Comité local de Désirs d'avenir), non loin de la « soupente » de Christian Estrosi, ministre de l'Industrie, rue de Lille, dans le 7ème arrondissement….
Où est l’ordre juste ?
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10 juin 2010
Visite de la "soupente" de Christian Estrosi, dans une aile de l'hôtel de Seignelay, rue de Lille, le 19 mai 2010 (M.P / 20MINUTES.FR)
On croit rêver en entendant Christian Estrosi parler de " soupente " à propos d'un appartement de 70 m2 dont il dispose gracieusement dans un hôtel particulier à Paris. Un réduit, donc, pour le ministre de l'industrie.
Une partie du "bureau" de 55 m2 de M. Estrosi à Bercy, accordé du fait des "contraintes de ses fonctions" ( AFP / Bertrand Langlois)
On croit rêver en lisant l'enquête " ministres logés sur mesure " dans le Journal du dimanche du 5 juin. Petites histoires choisies :
Patrick Devedjian, ministre de la relance, habite à quelques kilomètres de Paris. Il a demandé un logement de fonction parce qu'il " en avait assez des allers-retours à Antony et des bouchons matin et soir ", selon son entourage. Comme on le comprend...
L'entourage d'Eric Woerth précise que le ministre du travail " paie ses repas personnels lorsqu'il invite, dans son logement de fonction, des proches à dîner ". Bravo !
Nadine Morano se plaindrait presque d'habiter, avec ses trois enfants, un 110 mètres carrés loué par l'Etat près de l'Assemblée. " Si les préfets et les sous-préfets venaient chez moi, ils pleureraient ", s'agace la secrétaire d'Etat chargée de la famille. Il y a de quoi.
On croit rêver en écoutant Dominique Paillé, porte-parole adjoint de l'UMP, justifier l'octroi de ces logements par " l'endettement " de certains ministres qui ont acheté un logement en province et qui" n'auraient pas les moyens de continuer à faire face à leurs charges ". Rappel : les ministres gagnent entre 13 000 et 14 000 euros par mois.
On croit rêver encore en découvrant que certains conseillers de Paris battent des records de la chaise vide lors des séances mensuelles des conseils. Parmi eux, des ministres (Christine Lagarde), des secrétaires d'Etat (Pierre Lellouche), des parlementaires socialistes (comme Daniel Vaillant), etc. Rémunération mensuelle d'un conseiller de Paris, quelle que soit son assiduité : 3 200 euros.
Enfin, on croit rêver en apprenant que le fils de Roselyne Bachelot vient d'être nommé chargé de mission à l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes), établissement placé sous la tutelle du ministère de sa mère. " Il n'y avait pas ce profil en interne ", justifie-t-elle. Il est vrai que l'Inpes ne doit pas compter beaucoup de diplômés de l'Institut supérieur des arts de Paris, formation suivie par Pierre Bachelot.
J'entends ceux qui rétorqueront que cette liste est démagogique. Mais cet argument finit par avoir bon dos. Faut-il trouver normal que Patrick Devedjian bénéficie d'un logement de fonction parce que 13 kilomètres le séparent de son domicile et trouver démagogique que Martin Hirsch, président de l'Agence du service civique, et Marie-Anne Montchamp, députée UMP, réclament que des ministres paient leur loyer ?
Sandrine Blanchard