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10 décembre 2009 4 10 /12 /décembre /2009 13:32
Les Echos - ACTUALITE / SEGOLÈNE ROYAL PRESIDENTE DE LA REGION POITOU-CHARENTES

« Nicolas Sarkozy veut détruire le seul contre-pouvoir qui subsiste en France »

Avec la réforme territoriale, ne pensez-vous pas que la région va en fait prendre le pas sur les départements ?

Tout le monde -Etat, région, département -en sortira affaibli. La bonne réforme est celle qui clarifie les compétences. Or, c'est le contraire. Déjà, elle ne va pas permettre de baisser les coûts. En Poitou-Charentes, nous compterons, d'après nos calculs, plus de 80 conseillers territoriaux au lieu des 55  conseillers régionaux actuels. Où allons-nous les mettre ? L'hémicycle de la région ne pourra pas tous les accueillir. Je ne vois pas non plus comment ces élus à double casquette trouveront le temps de siéger à toutes les réunions en lien avec le département et la région. A moins qu'on ne les professionnalise et que l'on renonce à garder des élus ancrés dans les territoires. Et puis, la région doit rester un espace de projet. Gérer l'action sociale à son niveau n'a aucun sens.

Un récent sondage met en évidence le manque de notoriété des présidents de région. Les conseillers territoriaux ne peuvent-ils pas y remédier ?

Il y a quelques exceptions dans ce sondage, dont la région Poitou-Charentes ! Ce n'est pas un hasard, mais le fruit du non-cumul des mandats. Renoncer à mon mandat parlementaire m'a permis de me consacrer à plein temps à ma région. Mon prédécesseur avait pris l'habitude de déléguer l'action régionale à des intermédiaires, jusqu'à faire oublier que nous sommes élus au suffrage universel direct. J'y ai mis fin en prenant des initiatives pour rapprocher la région de la population comme le financement du permis de conduire des jeunes en apprentissage.

Nous n'en restons pas moins pris, nous présidents de région, dans un système infernal de cofinancements qui nous pose un problème de lisibilité.

La réforme, qui doit encadrer ces fameux cofinancements, pourrait donc avoir du bon ?

Le gouvernement UMP fait le contraire de ce qu'il affirme. Il n'y a aucune clarification. Il prétend spécialiser les collectivités territoriales dans leurs compétences et multiplie les pressions pour que l'on vienne en aide à l'Etat impécunieux. Le préfet de la région Poitou-Charentes exerce un chantage infernal pour obtenir notre cofinancement au TGV.

La création de conseillers territoriaux ne va-t-elle pas dans le sens de la proximité que vous prônez ?

Je ne crois pas. C'est une réforme purement politicienne. Nicolas Sarkozy veut émietter la gauche et empêcher l'émergence de présidents de région forts. Il cherche avant tout à détruire le seul contre-pouvoir qui subsiste en France, celui des collectivités territoriales. Une réforme vraiment moderne serait d'élire les conseillers sur des listes régionales. Or le gouvernement préconise tout le contraire : il invente une nouvelle circonscription électorale, une nouvelle strate qui s'ajoutera et entrera en conflit avec les communes et les intercommunalités.

La suppression de la taxe professionnelle enlève du pouvoir fiscal aux régions. En avez-vous évalué les effets ?

En Poitou-Charentes, cette réforme va nous faire passer de 103 millions d'euros de recettes fiscales à 63 millions. On nous annonce des contreparties et des compensations, mais on n'en a pas la garantie. Ce qui est pervers dans cette réforme, c'est qu'on supprime une taxe sur toutes les entreprises, y compris celles qui ne sont pas délocalisables. La vraie modernité économique, c'est d'aider davantage les entreprises qui sont confrontées à la compétition internationale, les PME qui doivent croître, celles qui innovent. Nous avons affaire à une réforme aveugle qui supprime la taxe professionnelle des entreprises n'ayant aucune difficulté. Même les hypermarchés n'en paieront plus. C'est une absurdité. Et puis la perte de pouvoir fiscal des régions représente une perte de responsabilité des élus. Les collectivités ne doivent pas devenir les simples gestionnaires d'une dotation fixée au sommet par l'Etat. Mais la fiscalité n'est pas le seul levier d'action sur le développement économique. Les banques doivent être placées devant leurs responsabilités. Je suis scandalisée de voir qu'elles n'interviennent toujours pas en faveur des entreprises qui investissent et innovent dans la croissance verte.

La droite tire à boulets rouges sur les hausses d'impôt. Vous qui n'y avez pas touché, reprendrez-vous cet argument à votre compte dans votre campagne ?

J'observe que dans la région que je préside nous n'avons pas augmenté les impôts. Nous avons supprimé les dépenses inutiles pour financer toutes les actions nouvelles, en faveur de la croissance verte notamment. Contrairement à ce qu'elle dit, la droite a énormément augmenté les impôts. Pas moins de vingt taxes supplémentaires ont été créées au niveau national, dont la taxe carbone que les Français rejettent très majoritairement. Il y a donc quand même une singulière arnaque à s'en prendre aux collectivités territoriales et une certaine maladresse aussi. Mon adversaire Dominique Bussereau a augmenté de 26 % les impôts de son département, le plus riche de la région. S'il avait mieux géré, il n'aurait pas eu à le faire.

Les régions sont invitées à Copenhague. Pourront-elles y faire autre chose que de la figuration ?

Mais elles n'y feront pas de la figuration ! Rien ne se fait sans les collectivités locales. C'est le fameux principe, énoncé lors du premier sommet de la Terre à Stockholm en 1972 : « penser global, agir local ». Les Etats s'engagent sur des objectifs, certes, mais sur le terrain, ce sont les particuliers, les entreprises, les communes et, bien sûr, les régions qui agissent : la voiture électrique, c'est un projet de ma région, la maison écologique à moins de 80.000 euros aussi. Les collectivités interviennent aussi par la commande publique. Elles peuvent donc être très efficaces, mais c'est souvent l'Etat qui freine. Une chose est certaine, toutes les initiatives que nous avons lancées, sur les éco-industries, le plan photovoltaïque, le lycée Kyoto, toutes prouvent qu'un autre modèle de développement économique, social et humain est possible.

Malgré toutes ces actions, vous n'avez pu rallier les Verts à votre liste pour les prochaines régionales…

Certains ont quand même décidé de nous rejoindre dès le premier tour. Et ma porte reste ouverte. Sur le terrain, leur électorat ne comprend pas la position prise par les Verts. Je suis allée au-delà de leur programme de 2004. Les élus Verts sortants étaient d'ailleurs pour l'union. C'est une question de cohérence pour eux. Ils ne peuvent pas avoir autant participé à une majorité régionale reconnue comme exemplaire -Poitou-Charentes a été invitée à Copenhague -et faire cavalier seul. C'est une erreur de la part des appareils politiques.

En mars, quels sont vos critères pour parler d'un succès de la gauche ?

Conserver les régions serait déjà un succès. Le principal risque, c'est l'abstention, car les électeurs se sentent très loin de leurs représentants. Je constate une forte contestation de la démocratie représentative. D'où l'importance de la démocratie participative et des jurys citoyens, que nous avons créés en Poitou-Charentes.

Vous ne serez ni à Marseille pour le congrès des présidents de région, ni à Tours samedi pour la réunion du PS sur les listes régionales.  Pourquoi ?

Ma campagne pour les régionales est lancée. Ma place est sur le terrain, c'est là que je suis le plus utile.  La réunion de samedi est destinée à valider des listes qu'on connaît déjà. Ma présence n'est pas indispensable. Et puis la liste que je conduirai est déjà dans une phase d'élargissement. Je suis toute entière à ma tâche de présidente de région, là où je dois être.

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