On a besoin de vous tous pour battre Bussereau!» Le cri rassembleur de Guy Eyermann a fait chavirer les 800 personnes venues dimanche applaudir Ségolène Royal à la salle des fêtes de La Couronne. Pour le lancement de la campagne de la présidente de la Région en Charente, c'est un syndicaliste CGT, porte-parole de la colère des New Fabris de Châtellerault - cet équipementier automobile emporté par la crise au cœur de l'été - qui a marqué la soirée.
Ce bonhomme brut de décoffrage a séduit par sa spontanéité. Celle d'un homme aspiré par le tourbillon médiatique pendant le combat de ses ex-compagnons et qui a dit son «émotion» d'avoir été appelé il y a une dizaine de jours par Ségolène Royal alors qu'il avait retrouvé l'anonymat silencieux. «Je suis très fier et évidemment j'ai dit oui. Je suis d'autant plus touché que si je suis socialiste, c'est en général au deuxième tour.»
«Raffarin a peur de perdre»
Symbole de l'ouverture voulue par la présidente du Poitou-Charentes, Guy Eyermann a joué de la corde sensible : «Votre soutien pendant notre combat est gravé dans mon cœur et celui des 366 collègues.» Le syndicaliste a aussi été le plus offensif de la soirée. «Raffarin n'a pas osé se présenter devant Ségolène Royal parce qu'il a peur de perdre. Bussereau veut nous piquer notre région, on va le battre.» Standing ovation des militants et larges sourires du côté des membres du staff de la présidente, visiblement satisfaits et... rassurés par l'effet Eyermann.
Les combats de Ségolène Royal avec le monde ouvrier sont multiples.
Ici avec ceux de l'entreprise Heuliez.
Le lancement de la campagne de Ségolène Royal n'a pas souffert de fausses notes et même la proposition au MoDem n'a pas tranché dans la bonne humeur générale. La grande famille socialiste charentaise était rassemblée et entendait le faire savoir. Même Pouria Amirshahi, le premier fédéral, écarté des listes par le vote des militants jeudi, veut désormais jouer collectif. Après avoir dit fermement son opposition au rapprochement avec les centristes, il appelait hier soir à «l'unité de la gauche». «Car c'est ça qui déterminera la politique menée pour les gens.»
«Identité régionale»
Le meeting en lui-même a été très rythmé, sans longueurs. L'intervention de Ségolène Royal a duré 25 minutes autour de ce qui sera sûrement son credo tout au long de la campagne pour ces élections régionales du mois de mars: l'identité régionale. Un concept introduit en contrepoint au débat actuel sur l'identité nationale. «Je préfère l'idée d'une identité républicaine. Et nous avons ici une identité forte, une identité régionale dont nous devons être fiers et que nous devons défendre. En le faisant, c'est l'identité républicaine que nous défendons.»
La présidente a défendu un bilan «très positif» qui fait selon elle du Poitou-Charentes une «référence» dans les domaines du social, de l'aide aux entreprises, de l'excellente environnementale... Elle avait demandé aux élus de porter leur écharpe pour «rappeler le symbole de [leur] mission d'élus». «Aujourd'hui l'Etat nous fragilise. Mais en abîmant les collectivités, c'est la France qu'il abîme, en appauvrissant les collectivités, ce sont les plus modestes qu'il appauvrit encore d'avantage.» Elle appuie: «Nous devons résister pour ne pas voir nos libertés et notre pouvoir de décision diminuer.»
Les cadres du PS se sont succédé à la tribune. Michel Boutant, le patron du Département et sénateur, pour s'inquiéter de «l'invasion du sarkozysme». Philippe Lavaud, le maire d'Angoulême, pour mesurer «le chemin parcouru» depuis six ans. «Oui l'espoir est né en Poitou-Charentes. Grâce à toi, Ségolène, la région a une énergie d'avance.» Jean-Claude Viollet, député, a rendu hommage à la «poigne» de Ségolène Royal: «Tu as tenu ton équipe.» Dans un contexte économique «très sombre», il a dit «croire» aux idées de la présidente.
Michel Gourinchas, le maire de Cognac et tête de la liste charentaise, a lui délivré un message d'union. «Il faut rassembler notre camp.» Une façon de dire qu'il faut oublier le vote houleux de jeudi dernier entre les deux listes PS charentaises. «Maintenant, on ne doit penser qu'à une seule chose: au boulot.»
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