Samedi soir, sur France 2, Martine Aubry était l’invitée de l’émission « On n’est pas couché » de Laurent Ruquier.
Tout semblait bien commencer, Martine Aubry apparaissait à l'aise espérant marquer des points dans cette émission de divertissement, alors qu’elle est en chute dans les enquêtes d’opinion.
Mais les journalistes Audrey Pulvar et Natacha Polony n’avaient pas l’intention d’accepter une émission « pépère». Il fallait voir ce que la candidate a dans les tripes. L’attaque allait venir à la fin de l’entretien sur les affaires en cours qui pèsent sur la campagne de Martine Aubry.: l’affaire Guérini et l’affaire DSK.
Si vous êtes désignée, n’est-ce pas en fait Guérini qui vous aura « faite reine » lance Natacha Polony en rappelant que lors du dernier congrès de Reims, Martine Aubry l’a emporté après une tractation douteuse avec celui qui tient les voix de la fédération des Bouches-du-Rhône. La suspicion reste entière sur cet arrangement qui aurait fait de Martine la première secrétaire sous couvert de laisser Jean-Noël Guérini à ses affaires dans son département. Les questions sur DSK suivent et l’atmosphère devient alors de plus en plus pesante. Martine Aubry tente de sauver une dernière fois DSK, qu’elle considère « blanchi » par la justice. Mais elle évoque toutefois son comportement vis-à-vis des femmes. On ne comprend pas bien. Puisqu‘elle le déclare « blanchi » qu’est-ce qu’elle lui reproche ? Martine Aubry devient de plus en plus confuse, se perd dans sa volonté de le soutenir tout en prenant ses distances. Mais vous étiez liée par le pacte de Marrakech ? Martine Aubry n’en est plus très sûre « qu’est-ce que vous en savez ? ». Avait-elle donc l’intention de trahir le pacte avant cette affaire ?
Martine Aubry se perd dans ces/ses affaires... Son agacement se fait de plus en plus sentir. D’autant que Natacha Polony n’hésite pas à la braver. Elle remet totalement en doute les discours qu‘elle vient de tenir sur sa volonté de changement. « Je ne vois pas bien comment elle peut changer avec ce que vous proposez … j’entends une musique que j’entends depuis trente ans ». Martine Aubry découvre ce que c’est réellement qu’une campagne présidentielle. Il faut une réelle force pour tenir.
Ségolène Royal s’invite alors dans l’entretien. Martine Aubry avait en effet été de celles et ceux qui n’avaient pas ménagé la candidate en 2007. Si « elle n‘a pas été aidée » dans son propre parti, elle a tout de même obtenu 27 % au premier tour de 2007 précise Natacha Polony. Avec un président aussi affaibli aujourd’hui il faudra faire plus, sous entendant que cela semble difficile, « si non ce sera tout de même un gros échec ». Enfin sur son déplacement à Marseille sur le thème de la sécurité, la journaliste lance « Martine a fait du Ségolène Royal ».
L‘agacement de Martine Aubry pèse de plus en plus. Les mots se bousculent, les gestes sont plus nerveux. Audrey Pulvar fait même un mouvement de recul face à Martine Aubry plus incisive. Martine perd le contrôle de son langage. Elle parle de « coup de gueule » dans son déplacement à Marseille. Précise qu’il s’agissait de l’opération « caramel 22 » comme « 22 v’là les flics ». La salle rit, Martine croît faire rire, mais c’est à ses dépens. Elle en prend conscience. Tout cela manque de plus en plus de sérieux. Elle va descendre encore plus bas, d’un coup, d’un mot. Elle ne semble plus rien contrôler et lance l‘expression de trop en affirmant ne pas vouloir accepter que la politique soit ramenée à « des affaires de cul ». C‘est dit. Il y a des mots qui peuvent briser une carrière politique. « Cette affaire de cul » est l’expression de trop. Elle éloigne Martine Aubry de la Présidence de la République. Dans la bataille politique, quelques soient les coups que l’on reçoit, il faut toujours rester digne. Martine Aubry vient de perdre la bataille. « Cette affaire de cul » emporte tout espoir. « Cette affaire de cul » vient de mettre Martine Aubry hors-jeu.
Philippe Allard