Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres dans l’ancienne circonscription de Ségolène Royal, ancienne secrétaire nationale du PS chargée de la sécurité, dont les idées avaient été remarquées et intégrées dans « l’ordre juste » par l’ex-candidate à la présidence de la République en 2007, s’est exprimée à deux reprises sur son blog ces derniers jours sur les 22 propositions du PS en matière de sécurité présentées par Martine Aubry.
Proche de Ségolène Royal, elle a estimé que « trop de propositions ressemblent trop à ce que nous avons fait entre 1997 et 2002 ». Elle a appelé à privilégier les « idées nouvelles ». Elle a prévenu : « Proclamer le droit à la sécurité ne suffit pas. Nous devons être capables d’avoir des solutions opérationnelles face à une insécurité qui s’est endurcie. », « La lutte contre la montée de la violence (…) sera un élément essentiel dans la bataille présidentielle à venir. ».
Un court rappel de quelques idées nouvelles émises par Ségolène Royal sur le thème de la sécurité à l’université d'été du PS de La Rochelle le 27 août 2010 :
Frédérick Moulin
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« Proclamer le droit à la sécurité ne suffit pas »
Interview publiée dans le Parisien le jeudi 18 novembre 2010
Hier, Martine Aubry a dévoilé 22 propositions du PS en matière de sécurité et jugé que « la politique de sécurité conduite par Nicolas Sarkozy est un fiasco ». Ex-porte-parole de Ségolène Royal, Delphine Batho est députée des Deux-Sèvres et spécialiste de ces questions au sein du groupe PS à l’Assemblée.
Comment jugez-vous les propositions de Martine Aubry?
Je reste sur ma faim sur les arbitrages qui ont été effectués par la première secrétaire. Trop de propositions ressemblent trop à ce que nous avons fait entre 1997 et 2002. On s’en tient à des solutions anciennes d’avant le 21 avril !
"Attention : si on gagne en 2012, nous affronterons une situation extrêmement dure." (dessin de Louison)
À quoi faites-vous allusion ?
À la confirmation des délégués du procureur, par exemple. C’est une mesure qui ne fonctionne pas : dans 70% des cas, ils prononcent de simples rappels à la loi, ce qui n’est pas suffisamment ferme face à la violence de certains mineurs. Si la mise en place d’une police judiciaire de quartier est une bonne idée, le PS n’est pas encore au niveau en matière de sanctions. Attention : si on gagne en 2012, nous affronterons une situation extrêmement dure, d’autant que Nicolas Sarkozy a échoué sur la sécurité. Le PS doit être porteur d’une fermeté de gauche avec des solutions nouvelles et adaptées.
Pourquoi le PS est-il, selon vous, toujours en retard ?
Il aurait fallu écouter les élus locaux jusqu’au bout. Proclamer le droit à la sécurité ne suffit pas. L’affichage non plus. Nous devons être capables d’avoir des solutions opérationnelles face à une insécurité qui s’est endurcie. Il y a encore du travail pour y parvenir.
Blog de Delphine Batho, jeudi 18 novembre 2010
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PS : la sécurité en débat…
J’ai lu avec intérêt le Parisien de samedi qui dévoilait certaines des propositions que le PS présentera mercredi sur la sécurité.
PS : ne pas rester prisonnier des idées anciennes : "Nous devons désormais porter des idées nouvelles et ne pas nous contenter de reprendre celles du texte « Mieux prévenir, mieux punir » " (dessin de Louison)
On y trouve de très bonnes choses, comme la création d’une police de quartier qui était déjà dans notre programme en 2007. Mais nous devons désormais porter des idées nouvelles et ne pas nous contenter de reprendre celles du texte « Mieux prévenir, mieux punir » adopté avant le 21 avril 2002. Du temps a passé depuis et la violence s’est singulièrement endurcie.
Selon le Parisien, une des idées retenues consisterait à remettre en selle les « délégués du procureur ». Cela m’étonnerait car le bilan de ce dispositif créé en 1998 est très discutable. Certes, il a permis de faire monter le « taux de réponse pénale » à près de 90%. Mais comme le soulignait le rapport de la mission d’information parlementaire sur l’exécution des décisions de justice pénale à laquelle j’ai participé, en réalité 70% des « mesures alternatives » prononcées par les délégués du procureur sont de simples rappels à la loi ! Nous avions souligné combien cette mesure manque parfois de force et de fermeté pour avoir un impact sur le comportement d’un mineur.
J’espère que nous pourrons en débattre au Bureau national ce mardi car nous ne pouvons pas nous permettre de faire preuve d’amateurisme sur la sécurité, un sujet crucial pour les Français et déterminant politiquement face à Nicolas Sarkozy. La lutte contre la montée de la violence doit avoir une place centrale dans le projet de la gauche. Ce sera un élément essentiel dans la bataille présidentielle à venir.