Ségolène Royal et le président burkinabé Blaise Compaoré vendredi 25 novembre 2011
VIDEO EXCLUSIVE / DECLARATIONS / PHOTOS / REPORTAGE – Ségolène Royal, présidente de l’Association Internationale des Régions Francophones (AIRF), assistait à l’assemblée générale de l’association jeudi et vendredi au "Pays des Hommes Intègres", traduction du ‘Burkina Faso’, à Ouagadougou. Tout un symbole.
Le Burkina Faso est un pays d’Afrique de l’Ouest sans accès à la mer qui a pour langue officielle et administrative le français, face à une mosaïque de 60 langues nationales.
Ségolène Royal était arrivée mercredi dans la journée à Ouagadougou, d’où le perfide : « Bon voyage ! » lancé par Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1 à la fin de son interview le matin même.
L’assemblée générale était placée sous le patronage du président du Burkina Faso, Blaise Compaoré et réunissait 150 participants venus de 145 régions et de 26 pays des 5 continents. Les délégations des pays membres ont débattu des enjeux du développement socio-économique de la zone francophone et ont plaidé pour une répartition plus équitable des ressources mondiales.
« Nous avons besoin de tisser des liens de fraternité afin que nos populations accède à une alimentation saine, au droit à l’éducation et à la santé. », a résumé la présidente de l’AIRF. Ségolène Royal s’est faite l’avocate d’ « un mode de coopération plus juste et équitable afin que les ressources mondiales soient mieux reparties au grand bonheur des pays pauvres ».
Jeudi 24 novembre 2011 était marqué par la réunion de 6 groupes de travail, 3 le matin et 3 l’après-midi, suivie d’un dîner officiel offert par les autorités locales :
-innovation, développement économique et durable, emploi ;
-diversité culturelle et langue française ;
-formation, éducation et jeunesse ;
-service d’appui-conseil ;
-changement climatique, eau et énergies renouvelables ;
-décentralisation, gouvernance et renforcement des capacités locales.
Vendredi 25 novembre était consacré à l’assemblée générale proprement dite, puis au compte-rendu des 6 groupes de travail suivis d’un débat, et à la signature d’accords de coopération entre les régions membres au profit des populations. En séance solennelle d’ouverture, le président de l’Association des Régions du Burkina Faso, Patrice Nikiema, a prononcé un discours, suivi de Ségolène Royal, présidente de l’AIRF, et du représentant du président du Burkina Faso.
Interrogée par la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB) en marge de l’assemblée générale de l’AIRF jeudi 25 novembre, Ségolène Royal a déclaré :
« L’AIRF, elle se mobilise pour que les aides au développement soient plus justes et plus efficaces, parce qu’il n’est pas normal que d’un côté on ait un système bancaire qui gagne autant d’argent, on ait des spéculateurs qui gagnent autant d’argent à l’échelle planétaire, et de l’autre côté, des populations qui souffrent de malnutrition, ce n’est pas normal. Les richesses sont trop inégalement réparties.
Et donc l’AIRF demande et pèse pour que les modes de coopération soient plus justes, soient plus équitables, et en particulier, je l’ai dit tout à l’heure, que la décision du G20, les pays les plus industrialisés de la planète mettent enfin en application la décision de taxer les mouvements de capitaux, et que le produit de cette taxe aille aux pays qui sont les plus en difficulté et qui sont en plus touchés par le réchauffement planétaire. »
Ségolène Royal à l'assemblée générale de l'AIRF à Ouagadougou
Le Burkina Faso a vu ses efforts de lutte contre le chômage et l’analphabétisme salués. La présidente de l’AIRF a souhaité encourager le gouvernement burkinabé grâce à une « consolidation des échanges universitaires dans l’espace francophone », et a annoncé la création d’un prix AIRF pour encourager les jeunes artistes, dont certains exposaient justement quelques unes de leurs œuvres.
Ségolène Royal serre la main du Premier ministre burkinabé Luc-Adolphe Tiao jeudi 24 novembre 2011
En marge de l’assemblée générale de l’AIRF, Ségolène Royal a rencontré le Premier ministre burkinabé Beyon Luc-Adolphe Tiao jeudi 24 novembre. Lors de l’entretien accordé par M. Tiao, la présidente de l’AIRF a évoqué l’assemblée générale proprement dite de l’association à Ouagadougou le lendemain : « Nous présenterons demain à la réunion de l’AIRF le cartable francophone que nous allons mettre en place pour les écoles et qui seront fabriqués sur place », a annoncé Ségolène Royal.
Puis les « priorités communes » ont été abordées - « c’est le premier piler des priorités », a souligné Ségolène Royal : développement écologique, lutte contre la pollution, accès à l’eau potable, développement de l’énergie solaire. « Cette rencontre se passe au Burkina Faso qui est un pays francophone dans lequel il se passe énormément de choses dans le domaine culturel, éducatif et aussi du développement écologique », a souligné la présidente de la Région Poitou-Charentes.
Le second pilier a donc été l’éducation – « l’éducation, encore l’éducation, toujours l’éducation », rappelle souvent Ségolène Royal : « C’est une préoccupation majeure car il faut augmenter le taux d’éducation afin que la coopération décentralisée entre régions francophones puissent porter sur ce problème concret ».
« Nous avons également échangé sur les politiques de décentralisation car le Premier ministre burkinabè a engagé des politiques de décentralisation qui permettent d’être plus efficace en se rapprochant des gens », a également précisé Ségolène Royal.
La question agricole a aussi été abordée par la présidente de la Région Poitou-Charentes :
« Je suis moi-même présidente d’une région très agricole, j’ai vu que nous avions les mêmes points de vue sur la nécessité de maintenir nos villages vivants avec des populations qui puissent résister à l’exode rural. Des populations qui restent dans les villages, et qui vivent de leur travail et du développement agricole. »
Dernier point abordé avec le Premier ministre : la politique française et le résultat des primaires. Ségolène Royal a sobrement estimé qu’il fallait « maintenant aller de l’avant ».
L'ambassadeur de France à Ouagadougou, Emmanuel Beth, général de corps d'armée et ancien membre du cabinet du Premier ministre Lionel Jospin en 2000
Jeudi 24 novembre au soir, la présidente de la Région Poitou-Charentes a assisté à la réception offerte par l’ambassadeur de France au Burkina Faso à sa résidence. L’ambassadeur de France au Burkina Faso est le général de corps d’armée Emmanuel Beth, qui avait rejoint en 2000 le cabinet du Premier ministre Lionel Jospin. Il a été nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française au Burkina Faso le 25 août 2010. Le Burkina Faso a été choisi depuis pour accueillir le dispositif de recherche et de localisation des salariés des groupes Vinci et Areva enlevés au Niger le 16 septembre 2010. Une centaine d’hommes en poste à Ouagadougou sous le commandement du général Frédéric Beth, frère d’Emmanuel Beth.
Ségolène Royal et le président burkinabé Blaise Compaoré vendredi 25 novembre 2011
Vendredi, le président burkinabé Blaise Compaoré a reçu en audience l’ex-candidate socialiste à la présidentielle française de 2007. Fait intéressant, les premières dépêches de presse à ce sujet ont été émises par Xinhua, l’Agence Chine Nouvelle, la plus vieille et la plus importante des deux agences officielles d’information chinoises. La Chine est de plus en plus présente dans l’économie burkinabé en particulier et d’Afrique de l’Ouest en général, comme Ségolène Royal le rappellera plus tard dans un point presse.
Les discussions entre la présidente de la Région Poitou-Charentes et le président burkinabé ont porté sur le développement local, l’articulation entre les exigences du développement local et la coopération entre régions, et la coopération entre la France et le Burkina Faso :
« Nous avons partagé sur les questions d'éducation, de santé et sur les questions de relations entre l'Europe et l'Afrique, puisque nous sommes les uns et les autres victimes de la crise financière internationale et que nous avons besoin qu'il y ait des règles de jeu qui mettent le service financier au service du développement économique », a déclaré Ségolène Royal, en écho à ses déclarations à la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB) en marge de l’assemblée générale de l’AIRF le jour-même ; puis elle a repris son idée évoquée plus tôt de mettre enfin en application la décision du G20 de taxer les mouvements de capitaux financiers, « et que le produit de cette taxe aille aux pays qui sont les plus en difficulté et qui sont en plus touchés par le réchauffement planétaire ».
La sécurité alimentaire est un thème qui a également été abordé. « Sur la sécurité alimentaire, Madame Royal a échangé avec le chef de l’Etat burkinabè sur les voies et moyens pour les paysans de garder davantage le fruit de leur travail, qui va généralement dans les circuits de commercialisation. » - un thème qui est cher à la présidente du Poitou-Charentes - ont précisé les services de communication de la Présidence du Faso.
« Enfin, Madame Ségolène Royal a salué "la sagesse, l’expérience, la volonté toujours renouvelée, et les ambitions" du Président du Faso de toujours faire avancer son pays, la sous-région et l’Afrique. », a conclu la Présidence.
Après l’entretien de Blaise Compaoré avec Ségolène Royal, le président burkinabé a reçu le Letton Andris Piebalgs, Commissaire européen en charge du Développement, qui a échangé avec Blaise Compaoré sur la crise politico-économico-sociale en Europe, la coopération régionale – le Burkina Faso a un rôle central dans le maintien de la sécurité régionale – et le développement local
« Dans notre revue à mi-parcours, le Burkina a reçu la note la plus élevée de tous les pays et nous pourrons augmenter l'enveloppe de la coopération à 20%, soit un montant de 100 millions d'euros. », a conclu le Commissaire européen.
Enfin, publié seulement hier dimanche, un article est paru dans le journal burkinabé Fasozine reprenant les principaux passages d’un point presse que Ségolène Royal a tenu vendredi soir à la résidence de l’ambassadeur de France, général de corps d’armée et ancien membre du cabinet du Premier ministre Lionel Jospin en 2000.
Le débat avec les journalistes a porté sur de nombreux thèmes, repris ci-dessous en intégralité.
Concernant le Burkina Faso et l’Afrique, Ségolène Royal a fait plusieurs déclarations.
Point presse de Ségolène Royal à la Résidence de France à Ouagadougou vendredi 25 novembre au soir
Sur sa rencontre avec Blaise Compaoré, le président burkinabé, elle a déclaré :
« Avec le président Blaise Compaoré, nous avons parlé de l’autonomie alimentaire, de la décentralisation, de l’accès à l’eau potable et à l’éducation. Nous avons également parlé de son rôle très éminent dans la résolution des conflits dans la sous-région.
Au cours notre entretien, il a également été question de l’histoire du Burkina Faso. Le président Compaoré m’a donné les raisons de la vitalité culturelle au Burkina Faso, de la coexistence pacifique entre les différentes ethnies. Il m’a notamment dit que parce que le Burkina est situé loin des frontières maritimes, il avait été moins bouleversé par les prédateurs venus d’ailleurs. Le pays a donc su garder ses racines tout en se tournant vers la modernité. L’histoire du Burkina est absolument passionnante.
Le président nous a aussi exprimé ses condoléances pour le décès de Danielle Mitterrand. Il a rappelé que la Fondation France Libertés avait soutenu le Burkina Faso dans la lutte contre la subvention de certains cotonculteurs lors du sommet de Cancun. »
Sur la crise sociopolitique au Burkina Faso, Ségolène Royal a apporté son soutien au pays :
« Le Burkina peut compter sur moi dans sa volonté de redorer son image à l’étranger. Nous avons d’ailleurs été remerciés pour avoir maintenu la tenue de l’Assemblée générale de l’AIRF à Ouagadougou parce que les gens croyaient qu’on l’aurait annulée ou délocalisée à cause des troubles sociopolitiques que le Burkina a connus. J’ai absolument refusé d’annuler la rencontre sous prétexte qu’il y avait eu des problèmes qui, du reste, avaient été surmontés. Par cette réunion internationale, le Burkina a pu profiter de cette tribune très positive pour redorer son image. »
Sur la place de l’Afrique – un thème cher à Ségolène Royal – dans la politique et dans la politique du Parti socialiste en particulier, la dirigeante socialiste a souligné :
« L’Afrique occupe une place essentielle dans notre programme politique. J’ai toujours plaidé pour un nouveau dialogue entre l’Europe et l’Afrique. Nous devons être solidaires autour de la Méditerranée. L’Afrique et l’Europe font un tout. La présence française ainsi que les coopérations sont très importantes.
La Chine est présente en Afrique, pas forcément de façon positive. Même si on n’a pas de leçon à donner vu l’histoire coloniale, il faut reconnaître que nous assistons à un expansionnisme chinois en Afrique. Après les entreprises, la Chine amène la main-d’œuvre. Dans les rapports, il y a une forme de prédation de la Chine sur l’Afrique. Cela m’inquiète personnellement. Je parle librement. Je pense que l’Europe doit tenir toute sa place dans des coopérations respectueuses. C’est ce que la France fait en particulier avec l’Afrique. »
Et sur le PS et la "Françafrique", Ségolène Royal a remarqué :
« Je ne suis pas là pour critiquer la politique française. Cela ne se fait pas d’autant plus qu’on est à l’étranger. Mais je pense qu’il faut profondément changer les politiques de coopération avec les pays africains. Cette idée est partagée aussi bien à gauche qu’à droite. Il faut pouvoir mettre fin à la corruption et faire en sorte que l’argent donné dans le cadre de la coopération parvienne effectivement aux bénéficiaires initiaux. »
Enfin, sortant du thème de l’Afrique et du Burkina Faso, sur les élections législatives de 2012 en France, la candidate à la députation a souligné :
« Je serai peut-être la première femme présidente de l’Assemblée nationale. […] Je me présente à la Rochelle, qui est aussi ma région avec pour objectif d’être présidente de l’Assemblée. Il est normal que la Gauche organise le travail pour l’après-élection. »
Frédérick Moulin
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Françafrique, crise dans la zone Euro, Blaise Compaoré … : Ségolène Royal se lâche
DIMANCHE, 27 NOVEMBRE 2011 16:06 JACQUES THÉODORE BALIMA
Présente à Ouagadougou dans le cadre de l’Assemblée générale statutaire de l’Association internationale des régions francophones (AIRF), Ségolène Royal, présidente de la région française Poitou-Charentes, militante du Parti socialiste (PS) a animé dans la soirée du vendredi 25 novembre 2011 à la Résidence de France, un point de presse. Les débats à bâtons rompus avec les journalistes ont porté sur le séjour de Ségolène Royal au Burkina Faso, le printemps arabe, la crise financière dans la zone Euro, la politique française en Afrique, le sort de la Françafrique si le PS revient aux affaires en France, etc. Morceaux choisis.
Rencontre avec le chef de l’Etat burkinabè: "Avec le président Blaise Compaoré, nous avons parlé de l’autonomie alimentaire, de la décentralisation, de l’accès à l’eau potable et à l’éducation. Nous avons également parlé de son rôle très éminent dans la résolution des conflits dans la sous-région. Au cours notre entretien, il a également été question de l’histoire du Burkina Faso. Le président Compaoré m’a donné les raisons de la vitalité culturelle au Burkina Faso, de la coexistence pacifique entre les différentes ethnies. Il m’a notamment dit que parce que le Burkina est situé loin des frontières maritimes, il avait été moins bouleversé par les prédateurs venus d’ailleurs. Le pays a donc su garder ses racines tout en se tournant vers la modernité. L’histoire du Burkina est absolument passionnante. Le président nous a aussi exprimé ses condoléances pour le décès de Danielle Mitterrand (NDLR, épouse de l’ancien président français, François Mitterrand). Il a rappelé que la Fondation France Libertés avait soutenu le Burkina Faso dans la lutte contre la subvention de certains cotonculteurs lors du sommet de Cancun."
Crise sociopolitique au Burkina: "Le Burkina peut compter sur moi dans sa volonté de redorer son image à l’étranger. Nous avons d’ailleurs été remerciés pour avoir maintenu la tenue de l’Assemblée générale de l’AIRF à Ouagadougou parce que les gens croyaient qu’on l’aurait annulée ou délocalisée à cause des troubles sociopolitiques que le Burkina a connus. J’ai absolument refusé d’annuler la rencontre sous prétexte qu’il y avait eu des problèmes qui, du reste, avaient été surmontés. Par cette réunion internationale, le Burkina a pu profiter de cette tribune très positive pour redorer son image."
Printemps arabe: "Les peuples revendiquent plus de dignité. Il y a des mouvements d’émancipation plus durs et plus effroyables en Libye ou en Syrie. Ce sont vraiment des révolutions contre des dictatures. Dans le cas du printemps arabe, il s’agit de revendication d’accès à un certain niveau de vie. Avec la mondialisation, les peuples dans tous les pays veulent vivre dignement. L’important est que les dirigeants comprennent que les peuples veulent accéder à l’éducation, à la culture, qu’il faut lutter contre la corruption, les injustices."
Crise dans la zone Euro: "Il faut arrêter d’être assujetti à des agences de notation payées par la banque. Je suis pour la création d’une agence publique de notation européenne qui pourra établir des critères clairs. Lorsqu’on dit à la Grèce de supprimer les systèmes de retraite, de baisser les salaires, d’augmenter les impôts sans insister sur la lutte contre les fraudes fiscales ou poser le problème de répartition des richesses, il y a un vrai problème. J’en ai parlé à Georges Papandréou, l’ancien Premier ministre grec. Il m’a confié qu’il n’arrivait pas à lutter contre les fraudes fiscales et que si les agences du FMI lui donnaient des instructions dans ce sens, il pourrait agir. Mais rien n’est fait dans ce sens. Les mesures tombent toujours sur les ouvriers mais jamais sur le système bancaire ou les grandes fortunes. Il faut que les efforts soient équitablement fournis."
Elections législatives françaises: "Je ne suis pas hypocrite pour cacher mes ambitions politiques. J’ai envie de servir mon pays au plus haut niveau. Je suis la première femme à arriver au second tour d’une élection présidentielle en France. Je n’ai pas été désignée cette année par mon parti pour prendre part à la présidentielle de 2012. Cela ne m’a pas fait plaisir. Mais je joue collectif dans l’organisation politique à laquelle j’appartiens. Et si je ne suis pas la première femme présidente de la République, je serai peut-être la première femme présidente de l’Assemblée nationale. J’ai fait quatre mandats en tant que député. Même lorsque la Gauche était au plus bas en 1993, j’étais la seule députée en ce moment là à avoir augmenté mon score dans ma circonscription en Poitou-Charentes. Cette fois je me présente à la Rochelle, qui est aussi ma région avec pour objectif d’être présidente de l’Assemblée. Il est normal que la Gauche organise le travail pour l’après-élection."
Primaires françaises: "J’ai vécu la campagne de façon formidable. Car j’adore faire les campagnes électorales et en plus je déclenche une adhésion populaire. Il y avait du monde partout où j’étais: les réunions publiques, les dédicaces de livres, les visites dans les banlieues, etc. Le fait d’avoir été écarté a été un choc pour moi. Mais je le comprends, parce que comme les gens veulent le changement, ils ont voté pour celui qui apparaissait dans les sondages comme le mieux placé. En toute modestie, j’accepte ce résultat. En même temps je regrette que les quartiers populaires qui m’ont amenée au second tour à l’élection présidentielle en 2007, c’est-à-dire la France métissée, n’aient pas voté aux primaires."
Paradoxe d’être adoubée par le bas peuple et écartée au sein du parti: "C’est la règle des élections qui est ainsi faite. Il y a des primaires et il faut accepter les résultats. On ne savait pas qui viendrait voter. Je n’ai pas été désignée mais il faut soutenir, tous, le candidat qui l’a été. Je fais ce que j’aurais aimé que tout le monde fasse pour moi en 2007: que tout le monde me soutienne au PS mais ce ne fut pas le cas. Mais je le fais, moi, avec une loyauté totale."
Une femme à la tête de la France: "La France est prête pour avoir une femme comme présidente. Parce qu’en 2007, j’étais majoritaire dans l’électorat âgé c’est-à-dire jusqu’à 65 ans. Mais la tendance a changé chez ceux qui avaient plus de 65 ans. C’est peut-être plus difficile dans cette population là de se projeter avec une femme présidente. Mais ce n’est que partie remise."
La place de l’Afrique dans la politique du PS: "L’Afrique occupe une place essentielle dans notre programme politique. J’ai toujours plaidé pour un nouveau dialogue entre l’Europe et l’Afrique. Nous devons être solidaires autour de la Méditerranée. L’Afrique et l’Europe font un tout. La présence française ainsi que les coopérations sont très importantes. La Chine est présente en Afrique, pas forcément de façon positive. Même si on n’a pas de leçon à donner vu l’histoire coloniale, il faut reconnaître que nous assistons à un expansionnisme chinois en Afrique. Après les entreprises, la Chine amène la main-d’œuvre. Dans les rapports, il y a une forme de prédation de la Chine sur l’Afrique. Cela m’inquiète personnellement. Je parle librement. Je pense que l’Europe doit tenir toute sa place dans des coopérations respectueuses. C’est ce que la France fait en particulier avec l’Afrique."
Le PS et la Françafrique: "Je ne suis pas là pour critiquer la politique française. Cela ne se fait pas d’autant plus qu’on est à l’étranger. Mais je pense qu’il faut profondément changer les politiques de coopération avec les pays africains. Cette idée est partagée aussi bien à gauche qu’à droite. Il faut pouvoir mettre fin à la corruption et faire en sorte que l’argent donné dans le cadre de la coopération parvienne effectivement aux bénéficiaires initiaux."