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16 août 2010 1 16 /08 /août /2010 18:21

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17 personnalités Françaises et étrangères, dont Ségolène Royal, publient aujourd’hui dans la revue La Règle du Jeu de Bernard-Henri Lévy, une tribune de soutien pour Sakineh Mohammadi-Ashtiani, une Iranienne initialement accusée, en 2006, « d’adultère » avec deux hommes après le décès de son mari – « crime » avoué sous la torture – puis punie par 99 coups de fouet administrés sous les yeux de son fils, et à qui on a imputé plus tard, pour justifier une lapidation aux yeux de la communauté internationale, le fait « qu'un homme avec qui elle était intime avait tué son mari en sa présence », rapporte LeMonde.fr aujourd’hui. « Ils mentent » confiait Sakineh au Guardian, via son avocat il y a quelques temps.

Le président Lula sert d’intermédiaire avec la Turquie entre le monde occidental et Téhéran ces derniers mois, et a tissé des liens de confiance avec l’Iran, privilégiant l’option diplomatique sur le dossier nucléaire – lors du dernier vote de la quatrième série de sanctions contre l’Iran au Conseil de sécurité, le Brésil et la Turquie ont voté contre. Aussi l’appel à la clémence du président Lula le 31 juillet en plein meeting électoral en faveur et en présence de sa dauphine Dilma Roussef, que Ségolène Royal doit aller soutenir dans sa course à la présidence prochainement, a-t-il surpris. C’était la première fois que le chef de l’Etat brésilien intercédait en la faveur d’un citoyen iranien en s’appuyant sur les liens de confiance liés avec le régime de Téhéran.

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Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, et le président brésilien Lula, le 17 mai 2010 à Téhéran (Reuters/Morteza Nikoubazl)

Le président Lula a déclaré :

« Je voudrais appeler mon ami Ahmadinejad, le Guide suprême [Ali Khamenei] et le gouvernement de l'Iran à permettre au Brésil d'accorder l'asile politique à cette femme. ». J’ai du « respect pour les lois d'un pays » ami.

« Si mon amitié et ma considération pour le président et le peuple iraniens valent quelque chose, et si cette femme cause de l'embarras, nous pourrions l'accueillir volontiers au Brésil. J'imagine ce qui se passerait si un jour il y avait un pays où on lapiderait un homme parce qu'il aurait menti. Rien ne permet à un Etat d'ôter la vie à quelqu'un. Seul Dieu donne la vie et lui seul peut la retirer. »

Parallèlement, une pétition « Aidez-nous à libérer Sakineh » est en ligne, et elle a recueilli à ce jour environ 180 000 signatures, dont 62 000 anonymes. Des personnalités du monde entier ont signé cette pétition, dont l’ancien président du Brésil Fernando Enrique Cardoso (1995-2003), Michael Bloomberg, le maire de New-York, Richard Branson, Chico Buarque, Michael Douglas, Peter Gabriel, Hugh Jackman, Annie Lennox, Yoko Ono, Gwyneth Paltrow, Salman Rushdie, Sting, et Catherine Zeta-Jones.

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Pour signer la pétition (en français), cliquez ici.

Pour accéder à la page d’accueil du site de la pétition (en français), cliquez ici.

Pour lire l’article d’Armin Arefi du 9 août traitant du droit des femmes en Iran et reprenant une interview de Sakineh au Guardian via son avocat avant que ce dernier ne doive fuir l’Iran, sa femme devenant otage du régime iranien, cliquez ici.

Pour lire l’article du Guardian, cliquez ici.

Vous trouverez ci-dessous le texte de la tribune de soutien.

F.M.

-oOo-

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16 août 2010

Il faut empêcher la lapidation de Sakineh

Sakineh Mohammadi Ashtiani attendait dans la prison de Tabriz, à l’ouest de l’Iran, où elle croupit depuis cinq ans, la réponse à une demande de réexamen de son cas – prévue, initialement, pour le 15 août.

Son “crime” (qu’elle n’a avoué, rappelons-le, que sous la torture et qui consisterait, selon ses accusateurs, à avoir eu deux relations amoureuses hors mariage) avait déjà été puni par 99 coups de fouet administrés en présence de l’un de ses deux enfants.

Mais voilà qu’une nouvelle et nébuleuse accusation a débouché, il y a quelques mois, sur une condamnation à mort – et pas n’importe quelle mort puisqu’il devrait s’agir d’une mort par lapidation!

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Photo AP/Markus Schreiber

L’opinion internationale, touchée par l’horreur de cette menace qui pèse sur Sakineh, attendait avec elle la révision d’un verdict aussi inique que barbare – quand,  le 11 août dernier au soir, se produisit l’un de ces coups de théâtre dont l’Iran commence à être coutumière : le régime diffusait à la télévision, dans une émission de grande écoute, les prétendus « aveux » de la jeune femme qui, couverte par un tchador noir qui ne laissait voir que son nez et l’un de ses yeux, tenant une feuille de papier entre les doigts comme si elle récitait une leçon mal apprise, une voix off en farsi couvrant sa propre voix qui s’exprimait dans sa langue maternelle, l’azéri, confessait sa supposée “complicité” dans le meurtre de son mari.

Son actuel avocat, Hutan Kian, a affirmé que cette déclaration, contraire à toute vraisemblance, a été arrachée, à nouveau, sous la torture et rapporte que les enfants de Sakineh sont, quant à eux, « complètement traumatisés » par l’émission.

Outre le fait que l’on peut avoir des doutes sur l’identité de la femme qui est apparue ce soir-là, sur les écrans, dissimulée sous un tchador étonnamment couvrant, ces propos vont, par ailleurs, clairement à l’encontre de ceux rapportés par le Guardian, la semaine dernière, et où Sakineh expliquait que les autorités iraniennes l’avaient déjà, en 2006, lavée de cette accusation infâme; qu’elles mentaient donc sciemment en revenant ainsi sur une charge abandonnée depuis longtemps et ce dans le seul but de semer la confusion dans les médias et de les préparer à une exécution à la sauvette; et que la “justice” ne s’obstinait sur son cas que « parce qu’elle est une femme » et qu’elle vit « dans un pays où les femmes sont privées de leurs droits les plus élémentaires. »

Que Sakineh soit privée de ses droits les plus élémentaires, cela ressort du fait qu’elle n’a même pas eu droit, dans cette affaire, à un jugement limpide, dans une langue qu’elle puisse comprendre (« quand le juge a prononcé la sentence, a-t-elle déclaré au Guardian, je n’ai même pas réalisé que j’allais être lapidée à mort car j’ignorais ce que signifiait le mot “rajam”; ils m’ont demandé de signer la sentence, ce que j’ai fait, et quand je suis retournée en prison et que mes codétenues m’ont avertie que j’allais être lapidée, je me suis immédiatement évanouie»); cela est confirmé par les mésaventures de son ancien avocat, Mohammad Mostafaei, celui-là même qui a attiré l’attention internationale sur son cas et qui s’est vu, pour cela, menacé d’emprisonnement (il n’a dû son salut qu’à la fuite en Turquie où il attend un visa pour la Norvège – mais non sans que son épouse, Fereshteh Halimi, ait été retenue en otage et emprisonnée); et cela est attesté, enfin, par le fait que, nonobstant l’horreur de la chose même, et quitte à entrer dans les détails les plus scabreux, une mise à mort par lapidation n’est possible en “droit” iranien que lorsque la famille de  la victime en fait la demande (ce qui, dans le cas de Sakineh et de sa famille, n’est, évidemment, pas le cas!).

Mais par delà ces considérations dans lesquelles nous n’avons ni le goût ni peut-être, désormais, vraiment le temps d’entrer, il est urgent d’intervenir pour empêcher une mise à mort dont les observateurs de la scène iranienne ont tout lieu de redouter l’imminence.

Il est urgent de répondre à l’appel des enfants de Sakineh, Fasride et Sajjad Mohammadi Ashtiani, nous adjurant de ne pas fermer les yeux sur une mise en scène aussi grossière et de ne pas laisser leur « cauchemar devenir réalité ».

Il est urgent d’exiger des autorités, pour Sakineh, le renoncement à toute  forme d’exécution, une remise en liberté sans délai et la reconnaissance de son innocence.

Des dizaines de femmes sont, chaque année, en Iran, condamnées au fouet, à la lapidation ou à d’autres peines dont la barbarie glace, tout autant, les sangs: il est urgent, au-delà même du cas de Sakineh, que l’ONU rappelle au régime des Mollahs les promesses faites, en 2002 et en 2008, quant à l’abolition de ce type de châtiments.

La vie d’une femme est jeu.

La liberté et la dignité de milliers d’autres se jouent également là.

Et il s’agit enfin de l’honneur d’un grand pays, doté d’une culture aussi magnifique qu’immémoriale, et qui ne peut se voir résumer, sous les yeux du monde, au visage ensanglanté, réduit en bouillie, d’une femme lapidée.

Pitié pour Sakineh.

Pitié pour l’Iran.

Signataires : Elisabeth Badinter, Juliette Binoche, Rachida Dati, Sussan Deyhim, Mia Farrow, Bob Geldof, Ayaan Hirsi Ali, Milan Kundera, Bernard-Henri Lévy, Patrick Modiano, Taslima Nasrin, Yann Richard, Ségolene Royal, Marjane Satrapi, Jorge Semprun, Wole Soyinka, Simone Veil, Jody Williams (prix Nobel de la paix 1997) 

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