S’il n’est pas du tout question d’accepter la violence lors des manifestations, s’il faut encore appeler avec force la jeunesse à manifester pacifiquement comme l’a fait la socialiste Ségolène Royal, on ne peut pas non plus rester sans voix sur la situation de ces jeunes arrêtés, jugés en comparution immédiate et condamnés.On ne peut pas accepter que s’installent en France deux justices : une justice dure et expéditive pour les jeunes des banlieues et une justice tolérante pour les puissants.
Alors que le ministre de l’intérieur a été condamné pour injure raciale, alors que la mairie de Paris vient de passer un accord avec l’UMP pour retirer sa plainte contre un ancien président de la République, alors que des chèques et des médailles de la légion d’honneur circulent au plus haut niveau de l’Etat, alors que les affaires se multiplient contre le pouvoir, la justice se montrerait aujourd’hui implacable pour les jeunes des banlieues pris dans un mouvement de protestation alors qu’ils ne sont pas connus des forces de police et qu’ils n’ont pas d’antécédents judiciaires.
Encore une fois, nous devons refuser la violence, toutes les formes de violences. Mais, pour les jeunes lycéens qui n’ont jamais été appréhendés, une justice expéditive pour l’exemple n’est pas acceptable. La justice doit rester sereine et ne doit pas être au service d’une répression politique. Il faut laisser le temps nécessaire à la justice de se prononcer, afin que la défense puisse s’exercer pleinement dans cette période de tension sociale qui secoue l’ensemble de la société, des jeunes aux adultes.
Quel avenir offre-t-on à ces jeunes lorsqu’ils démarrent dans la vie avec un casier judiciaire ?
Nous nous souvenons de la situation offerte au fils Sarkozy, incapable de réussir ses études mais à qui on offre un fauteuil sur le seul gage de son nom. On connaît aussi le taux de chômage, l’abandon des jeunes, l’absence d’espoir dans les banlieues. Qu’a fait le pouvoir en place pour ces jeunes ? Quel est le résultat de sa politique ?
Rien ne justifie la violence, mais tous condamnons l’injustice dans notre République.
Philippe Allard