Pourquoi Ségolène Royal a-t-elle choisi de rédiger une contribution à la Convention du Parti socialiste sur le nouveau modèle de développement économique, social et écologique, et pourquoi cette contribution n’a-t-elle pas été intégrée au texte validé par la Convention ?
La lecture de la contribution de la présidente de la Région Poitou-Charentes, après celle du texte validé par la Convention, apporte quelques éléments de réponse :
-la contradiction est nette entre la vision incitative et innovante de Ségolène (le "bonus vert" et non la "taxe carbone" sans moyen alternatif de transport) et la vision fiscaliste illustrée par la taxe carbone du PS, rebaptisée « contribution climat-énergie » :
II Comment produire ? Valoriser le travail et préserver l’environnement
C) La société de la création plutôt que la tyrannie de la finance
"Les socialistes croient dans les vertus de la fiscalité pour accélérer les indispensables changements de comportement environnementaux."
-la croyance de Ségolène en la croissance verte dans toutes ses composantes - elle cite, « faute de pouvoir être exhaustive », 10 filières vertes d’excellence - où le PS n'aborde le sujet que par petites touches à peine effleurées : une réflexion sur les énergies renouvelables, une sur l’agriculture « durable » ou « écologique », les termes « biologique » ou « raisonnée » n’étant pas employés, et une sur la construction de logements sociaux « aux normes environnementales les plus élevées » ;
-l'aspect visionnaire de Ségolène qui se donne les moyens de réduire les Gaz à Effet de Serre (GES) de 30% à l'horizon 2020, ce qui correspond à la déclaration d'intention de l'Union Européenne à la fin du sommet de Copenhague dans la nuit du 18 au 19 décembre 2009, que Merkel ne veut plus appliquer pour "cause de crise" et de la perte de compétitivité que cela entraînerait pour son économie : le PS vise modestement -20% de CO2, l'un des 7 types de GES, soit l'ancien objectif de l'Union, repris dans la loi Grenelle I votée en 2009 ;
-la vision très décentralisée (régions, villes) de la croissance verte de Ségolène dans un texte dontPierre Moscovici lui-même disait que les collectivités territoriales n'étaient pas assez intégrées à la réflexion du texte ; Ségolène met en avant de nombreux exemples expérimentés en Poitou-Charentes ;
-la mise en avant par la présidente de la Région Poitou-Charentes des véhicules décarbonés sur près d’une page, là où le Parti socialiste ne cite que deux modes de transport alternatifs (« transports collectifs, fret ferroviaire » : 4 mots) ;
-la réaffirmation de la démocratie participative par Ségolène, alors que le PS ne la mentionne pas du tout ;
-la croyance en l'agriculture raisonnée et l'agriculture biologique, termes qui ne sont pas repris dans le nouveau modèle de développement du PS ;
-enfin, d'un point de vue formel, Ségolène a choisi la contribution, distincte du texte, qui lui permet de s'exprimer librement, au lieu de l'amendement, limité en taille, et à raccrocher à un endroit spécifique du texte sans entrer en contradiction avec lui.
Cependant, la présentation sur le site du Parti socialiste, sur la même page « Nouveau modèle de développement : revivez le direct », du texte issu de la Convention nationale du 29 mai 2010 et juste en-dessous de « La contribution de Ségolène Royal » témoigne d’une réelle évolution.
Frédérick Moulin