A Lire l'article nous aurions :
- Le congrès en janvier-février 2011
- Les Primaires au printemps 2011
- Une "grande fiesta" type Convention démocrate lors de l'Université d'été.
Puzzle Socialiste Des journalistes du Monde et du Monde.fr décryptent le Parti socialiste.
09 janvier 2010
Au PS, on ne pense pas qu’aux élections des 14 et 21 mars. Pas question de perdre de vue l’après-régionales. Et l’après-régionales, ce sont les primaires et leur préparation. Peu à peu, les socialistes commencent à toucher du doigt à quel point ce mode de désignation de leur candidat pour 2012 promet de bousculer les habitudes et perturber certaines stratégies. Jusqu’à présent, les discrètes discussions autour de la définition des règles du jeu de ces primaires ne se sont pas trop mal engagées. Un consensus semble se dessiner autour d’un processus qui aboutirait à la fin du printemps 2011, les vacances permettant de panser les plaies et de se retrouver pour une grande fiesta de retrouvailles, du genre Convention démocrate (les pom-poms girls en moins ?) lors de l’université d’été. Toutefois, on croise aussi le fer, à fleuret moucheté, sur d’autres éléments de calendrier. Ces derniers temps, le point-dur de la discussion s’est déplacé sur un sujet connexe, mais crucial : quand aura lieu le prochain congrès ?
Petit rappel. En 2008, François Hollande a fait adopter en même temps que sa nouvelle déclaration de principes une réforme de ses statuts mettant fin au traditionnel rythme triennal de ses congrès. L’objectif est de se caler sur le moment-phare de la vie politique française qu’est l’élection présidentielle. Principe retenu : un congrès « au moins un an » avant la date du scrutin élyséen et un autre « dans l’année qui suit ». En conséquence, le prochain devra se tenir avant mai 2011, ce qui laisse une assez large marge de manœuvre mais impose de déterminer s’il convient d’organiser le congrès avant ou après les primaires ?
La plupart des dirigeants socialistes penchent pour la première hypothèse. Le congrès doit se tenir avant la désignation du candidat pour permettre de fixer des orientations dont celui-ci devra s’inspirer (si ce n’est les reprendre in-extenso) pour son programme. Il s’agira aussi et surtout de mettre en place une équipe de direction capable d’organiser dans les meilleures conditions de neutralité le déroulement des primaires. Au contraire, organiser le congrès après les primaires ferait courir le risque de voir le parti se diviser et exposerait le candidat, à peine adoubé par le bon peuple de gauche, à des marchandages de toutes sortes. Et comme dit un grand élu, « on ne va pas refaire le match des primaires dans un congrès ».
Va donc pour le congrès avant les primaires. Dans ce cas, le calendrier s’accélère. Sachant qu’il faudra au moins trois mois de campagne pour boucler les primaires et que le mois de mars 2011 sera celui des cantonales, cela nous amènerait à un congrès en janvier-février 2011. Dans un an, donc. La perspective fait tousser dans le camp de Martine Aubry. Pour une bonne raison: le statut de candidate aux primaires est incompatible avec celui de première secrétaire. Ce qui signifie que Martine Aubry devrait dévoiler ses intentions avant le congrès. Ou sera sera soumise à une très forte pression pour le faire. Quant à ses concurrents, ils pourront tranquillement choisir d’attendre encore un peu avant de se déclarer et en profiter pour tirer à boulets rouges sur la première secrétaire sortante. Nul ne sait encore si la maire de Lille aura, à cette époque, intérêt ou non à afficher ses ambitions et à partir en campagne la première, sabre au clair. Mais en politique, nul n’apprécie de devoir se lier les mains à l’avance. Aussi, la première secrétaire se garde-t-elle pour l’instant de se prononcer sur sa date préférée pour le prochain congrès. D’où les pronostics récurrents sur une Martine Aubry qui prendrait les devants et tirerait sa révérence à La Rochelle, l’été prochain… Histoire d’avoir le champ libre.
D’ici à la convention nationale, en juin, il va falloir trancher d’autres débats qui commencent à affleurer dans les discussions menées par le secrétariat à la rénovation d’Arnaud Montebourg mais aussi dans le cadre des – nombreux – tête-à-tête que sollicite Martine Aubry ces jours-ci. Ou placer la barre pour désigner les candidats autorisés à concourir aux primaires socialistes ? Faut-il s’en tenir à ceux dont la légitimité est établie (Aubry, Royal, Hollande, DSK, Fabius) ? Dans ce cas, bonjour la discrimination générationnelle… D’accord. Mais, alors, comment faire le tri parmi les outsiders (Valls, Moscovici et pourquoi pas Hamon, Montebourg ou Peillon) et éviter une mêlée générale qui ne ferait pas que friser le ridicule ? Autre dilemme ; au lendemain de présidentielles perdues (sait-on jamais…) quel sera le statut de l’ex-candidat socialiste. Sera-t-il de facto le porte-parole de l’opposition ou ce rôle doit-il revenir au premier secrétaire ? Et ce premier secrétaire, au fait, faut-il continuer de l’élire au suffrage universel des militants s’il n’est pas considéré comme le leader naturel du PS ? Sans oublier des considérations bassement matérielles mais hautement indispensables portant sur l’organisation pratique de ces primaires. Au lendemain des régionales, les socialistes auront quelques nœuds gordiens à trancher.
Jean-Michel Normand