C’est un peu comme si, soudainement, tout le monde, dans le camp du progrès, comprenait pourquoi de si nombreux militants, de toutes origines géographiques, sociales, culturelles, soutenaient aussi ardemment Ségolène Royal. Comme si nous nous retrouvions dans une normalité que nous n’aurions jamais du quitter : une gauche soudée derrière ses leaders, une gauche incarnée qui critique, qui propose, qui offre de nouvelles perspectives.
Ce soir-là, Arlette Chabot proposait son antenne au premier ministre, à l’opposition et aux syndicats pour que chacun –enfin !- explique sa position sur la réforme des retraites.
Et ce soir-là, devant nos écrans (de télévision et d’ordinateur) nous étions tous, ensemble, avec Ségolène Royal. Accrochés à ses paroles (« Solennellement, je vous dis oui »). Heureux de ses réparties («Parce que taxer les pauvres, c’est le miracle ? »). Attentifs à ses arguments (« C’est cela la pénibilité »). Satisfaits de sa capacité à ne rien lâcher. Certains d’être défendus par sa force et son assurance.
Comme toujours, elle était notre avocate, porte-parole de la France populaire et des classes moyennes. Comme toujours, elle défendait le peuple face aux élites (politiques et journalistiques) de droite. Mais ce soir-là, ce sont tous les progressistes qui étaient avec elle, de Gérard Filoche (militant de l’aile gauche du PS) qui sur Facebook se déclarait Ségoléniste, jusqu’à certains Gaullistes qui sur Twitter disaient se reconnaitre dans les arguments et le discours de Ségolène Royal. Tous ceux qui accordent de l’importance au rôle de l’Etat et lui confèrent ce rôle de bouclier social était unis derrière Ségolène Royal.
Et pour cause. Au-delà de la dénonciation de l’injustice de la réforme, elle a, pour la première fois, replacé ce combat dans sa dimension historique. Car une fois de plus, avec Sarkozy et Fillon, c’est bel et bien l’héritage d’un siècle de luttes sociales qui vole en éclat.
Ce soir-là, restera comme une soirée à part. C’est à ce moment-là qu’est née pour beaucoup, l’envie de sentir un nouvel élan de mobilisation pour construire les conditions d’un vrai changement, pour construire le projet d’une autre France, plus juste, dans laquelle les plus faibles sont protégés et respectés. Ce soir-là, beaucoup ont compris le besoin si profond de vivre dans un pays où la devise Liberté, Egalité, Fraternité reprendrait son sens ; la nécessité de rendre à nouveau la France fière et digne de ses valeurs de laïcité, de solidarité et de justice. C’est cette France que défend sans relâche Ségolène Royal, la France d’après-Sarkozy.
Rémi