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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 11:06

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Investisseur à la bourse de Shanghai en août 2007 (photo AFP Mark Ralston)

La crise, en plus de tout le reste, pervertit les âmes. Rend égoïstes. Les Français, par exemple, si prompts à se mobiliser pour le sort des plus démunis, ne se préoccupent plus que de l'âge de leur départ à la retraite. Et les riches Occidentaux sont tellement accaparés par leurs propres difficultés économiques qu'ils ne songent plus guère, pour ne pas dire plus du tout, aux conséquences de la crise pour les pauvres.  

Les "vrais" pauvres, serait-on tenté de dire si l'on n'avait pas peur de heurter, sans protection sociale, sans revenu minimum, sans assistance d'aucune sorte, sans rien, les pauvres extrêmes, absolus, ceux qui gagnent moins de 1,25 dollar par jour.

Beaucoup craignaient qu'en cassant la croissance (le PIB des pays émergents est revenu de 8,3 % en 2007 à 2,3 % en 2009), la crise stoppe aussi la baisse, fulgurante, sans précédent dans l'histoire de l'humanité, de la pauvreté que le monde a connue depuis vingt ans.

Qui se résume en quelques chiffres fournis il y a quelques semaines par la Banque mondiale (BM). Entre 1990 et 2005, le pourcentage de pauvres est passé de 42 % à 25 %. L'essentiel de ce recul est venu de la Chine communiste, grand vainqueur de la mondialisation libérale, où le taux de pauvreté a fondu de 60 % à 16 % (de 683 millions à 208 millions de personnes).

Une extinction du paupérisme, comme aurait dit l'autre, aux effets vertueux multiples, qu'il s'agisse de la hausse du taux de scolarisation ou de l'accès à l'eau salubre, de la baisse du nombre d'enfants travaillant ou de la mortalité maternelle.

La bonne nouvelle, c'est que, malgré la crise, cette augmentation du bien-être matériel, même infime, le passage du rien au presque rien, devrait se poursuivre.

La mauvaise nouvelle, c'est qu'à cause de la crise, la baisse de la pauvreté sera plus lente que prévu. Sans la géniale créativité des banquiers et le goût immodéré des Américains et des Européens pour la vie à crédit, le monde n'aurait plus compté que 865 millions de pauvres en 2015, selon la BM. On devrait finalement en dénombrer 918 millions. Toujours en 2015, sans la crise, 260 000 enfants de plus auraient eu le droit de vivre au-delà de 5 ans et plus de 350 000 élèves auraient pu achever le cycle d'études primaires. De quoi relativiser nos malheurs de riches. Qu'il est doux, en comparaison, de payer un peu plus d'impôts ou de travailler un peu plus longtemps.

Dieu merci - un grand merci, même -, la croissance est revenue dans les pays émergents, plus vite et plus fort qu'on ne l'espérait (6,3 % attendus dès cette année). Et la clé de tout, pour combattre la pauvreté, c'est la croissance. Cela relève de la brève de comptoir, mais pour combattre la pauvreté, mieux vaut créer de la richesse.

N'en déplaise à nos chers amis les décroissants, dont les conseils avisés d'Occidentaux confortablement logés et grassement nourris n'intéressent en vérité que très peu les dirigeants des pays émergents. Ces derniers, cela paraît incroyable et insensé, se soucient d'améliorer le sort misérable d'une partie de leurs populations, et ils veulent de la croissance, beaucoup de croissance. Le premier ministre indien s'est fixé un objectif de 10 %. Le Brésil vise plus de 6 %, ce qui permettrait d'ajouter quelques millions supplémentaires aux 31 millions de Brésiliens qui sont sortis, en sept ans, "d'une pauvreté abjecte" pour reprendre la formule du président Lula. Quant à la Chine, elle paraît bien partie (12 % au premier trimestre) pour dépasser les 10 %.

Mais voilà, si la croissance forte, c'est bien, la croissance trop forte, cela peut vite virer au cauchemar. Et aggraver le fléau de la pauvreté qu'on prétend justement combattre. Or, aussi sûrement que la déflation menace l'Europe, la surchauffe et l'inflation menacent aujourd'hui les BIC (Brésil, Inde et Chine).

En premier lieu la Chine. Au lieu de potasser des manuels pour spéculer en Bourse, les dirigeants du PC chinois auraient mieux fait de relire Marx. Ils auraient été moins surpris par ce qui vient de se produire dans les usines de Foxconn et Honda, dont les ouvriers ont obtenu des hausses de salaires de plus de 20 %.

"La tendance générale de la production capitaliste, déplorait donc ce cher vieux Karl, n'est pas d'élever le niveau moyen des salaires, mais de l'abaisser (...). Est-ce à dire que la classe ouvrière doive renoncer à sa résistance contre les atteintes du capital et abandonner ses efforts pour arracher dans les occasions qui se présentent tout ce qui peut apporter une amélioration temporaire à sa situation ? Si elle le faisait, elle se ravalerait à n'être plus qu'une masse informe, écrasée, d'êtres faméliques pour lesquels il n'y aurait plus de salut."

Le gouvernement chinois, trop occupé à scruter la Bourse de Shanghaï, avait donc oublié jusqu'aux principes même de la lutte des classes. Les salariés de Foxconn et de Honda, qui en avaient assez d'être " ravalés à une masse informe", viennent de les leur rappeler.

Les belles augmentations qu'ils viennent "d'arracher" devraient certes participer au rééquilibrage de la croissance chinoise vers la demande intérieure. Mais elles pourraient en revanche, paradoxalement, compromettre la lutte contre la pauvreté dans le pays.

Car l'inflation n'est pas seulement l'ennemie des rentiers, elle est d'abord l'ennemie des plus démunis, impôt inique qui frappe en premier lieu les plus faibles. Ce constat avait d'ailleurs conduit l'économiste américain Arthur Okun à créer, dans les années 1970, un misery index, très simple, addition du taux de chômage et du taux l'inflation.

En Chine, cet indice de la misère s'établit à 7 % (4,2 % de chômage et 2,8 % d'inflation) contre 2,8 % il y a un an (4,3 % de chômage et - 1,5 % d'inflation). Et il risque fort de grimper encore, au rythme où la flambée salariale attisera celle des prix de l'immobilier (+ 12,8 %).

Il est autrement plus facile de manipuler le cours du yuan ou de censurer Internet que de contenir l'appétit de consommation des ouvriers. Et que d'empêcher l'apparition des bulles spéculatives. Alors en plus de relire Marx, les responsables du PC chinois seraient bien avisés de se replonger aussi dans Lao-tseu. "Arrêtez le mal avant qu'il n'existe ; calmez le désordre avant qu'il n'éclate."

Pierre-Antoine Delhommais

 lemonde pet daté du 6 juin 2010

 

 

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22 mai 2010 6 22 /05 /mai /2010 20:27

 

Pendant que le président Sarkozy et le gouvernement Fillon ne réalisent pas la nécessaire refonte du système de régulation financière en France, aux Etats-Unis Barack Obama vient de faire voter au Sénat la plus grande réforme du système de régulation américain depuis les années 1930. Certes, le texte fait plus de 1 300 pages et contient de nombreuses divergences avec celui déjà voté par la Chambre des Représentants (notamment sur les prérogatives de la Fed - la banque centrale américaine), ce qui promet des débats houleux pour les surmonter.


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(AP/Charles Dharapak)

 

Mais les mesures prises sont parfois très nouvelles, souvent très audacieuses et devraient impacter durablement et profondément le système financier américain et donc mondial ; celle sur lesproduits dérivés est les swaps est presque révolutionnaire, car elle fait passer ces produits du régime du contrat entre deux personnes physiques ou morales (gré à gré) à des transactions sur des plate-formes transparentes, donc beaucoup plus surveillées ; les banques ne pourraient plus faire de swaps (aujourd'hui ce sont elles qui en font le plus) ; chaque jour ouvré 11 710 milliards de dollars de valeur nominale sont échangés sur le marché des produits dérivés, dont 8 000 milliards de dollars de produits sur les taux d'intérêts, principalement des swaps :

 

-un "Conseil de contrôle de la stabilité financière" regroupant tous les organismes de régulation est créé, pour anticiper les risques globaux et la formation de bulles spéculatives ; la Fed y voit ses prérogatives élargies et son contrôle sur les grandes banques et les fonds d'investissement accrus ;

 

-les "opérations pour compte propre des banques" (opérations faites avec leurs propres fonds) seront restreintes (établissements bancaires, hedge funds) ; les rémunérations de type prime et bonus des managers d'entreprises en grande difficultés seront encadrées et celles des cadres des sociétés financières seront avalisées par un cénacle indépendnat de la direction de la société ;

 

-l'Etat pourra imposer des limites aux actions considérées trop risquées des établissements dont la chute entraînerait une crise systèmique ; un fonds de compensation de 150 milliards de dollars alimenté par les banques sera créé ;

 

-un organisme d'auto-contrôle sous le patronage de la SEC qui nommera ses membres sera constitué pour éviter les conflits d'intérêts au sein des agences de notation ;

 

-une série de mesure visera à assurer la défense du consommateur de produits bancaires ou proposés par les banques et du petit actionnaire ;

 

-"une régulation plus stricte de l'immense marché des dérivés, qui ne seraient plus commercialisés que sur des plate-formes transparentes, et non de gré à gré [= contractuellement, NdlR]. Les banques n'auraient plus la possibilité de commercialiser de "swaps", qui consistent à échanger des actifs, ou plus couramment des taux d'intérêt ;

 

-une séparation plus grande des activités de banque de dépôt et de celles d'affaires sera réintroduite ; les banques de plus de 250 milliards de dollars d'actifs devront augmenter leur niveau de capitaux propres.

 

F.M.


-oOo-

 

 

vendredi 21 mai 2010


 

La réforme de Wall Street adoptée au Sénat américain

 

Le Sénat des Etats-Unis a approuvé, jeudi, la plus vaste refonte du système de régulation financière américain depuis les années 1930, priorité législative numéro un du président Barack Obama. Les sénateurs ont adopté ce texte par 59 voix contre 39, quelques heures à peine après un premier vote ayant mis fin aux débats sur le projet de loi à la Chambre haute. Si 4 républicains ont voté avec la majorité, le vote est resté marqué par une virulente critique de la part du reste de l'opposition. Le projet de loi, qui vise à éviter une nouvelle édition de la grave crise financière qui a culminé à l'automne 2008, prévoit notamment la création d'un organisme de protection du consommateur financier au sein de la banque centrale (Fed). Le texte empêche également le sauvetage de grandes institutions financières aux frais des contribuables. Il prévoit aussi une régulation plus stricte de l'immense marché des produits dérivés, qui ne seraient plus commercialisés que sur des plates-formes transparentes, et non de gré à gré. Et il interdirait aux banques d'en commercialiser certains, appelés "swaps", qui consistent à échanger soit des actifs, soit des flux financiers.

 

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-oOo-
lemonde pet

22 mai 2010


Le Sénat américain approuve la réforme de Wall Street
New York Correspondant
Le président Barack Obama s'est réjoui de la défaite des " hordes de lobbyistes " du secteur financier
Le Sénat américain a approuvé, jeudi 20 mai au soir, le projet de réforme financière le plus ambitieux depuis les mesures adoptées durant la Grande Dépression des années 1930, sous la présidence de Franklin Delano Roosevelt. Il doit désormais être discuté avec celui voté en décembre 2009 par la Chambre des représentants pour aboutir à un texte soumis communément au vote des deux chambres qui sera, par la suite, envoyé au président Barack Obama pour signature.

 

" Depuis un an, le secteur financier a régulièrement tenté d'empêcher la réforme avec des hordes de lobbyistes et des millions de dollars de dépenses en publicités. Ils ne sont pas parvenus à l'anéantir ni à la couler ", s'est réjoui en soirée M. Obama. Dans l'après-midi, il avait précisé : " Notre objectif ne consiste pas à punir les banques mais à protéger l'économie et le peuple américain du type de cataclysmes que l'on a connu ces dernières années. "

 

De leur côté, les républicains ont tenu à rappeler que les deux principaux acteurs du système du crédit aux Etats-Unis, les " refinanceurs " (organismes garants) Fannie Mae et Freddie Mac - ils sont devenus des organismes nationalisés de fait après un renflouement qui aura coûté 60 milliards de dollars (près de 48 milliards d'euros) au Trésor américain - sont exclus des mesures annoncées.

 

" Le plus décevant est que leurs pertes continuent et que le contribuable n'en voit pas la fin ",a dénoncé le leader de l'opposition sur les questions financières, le sénateur républicain de l'Alabama Richard Shelby. Il a jugé que cette loi allait affecter négativement " la vie des Américains pour des décennies ". Selon lui, les marchés ne vont pas apprécier cette réforme et" ils ne feront pas crédit - au législateur - pour ses bonnes intentions ".

 

Le président s'y attend, qui dans son allocution après le vote a dit sa conviction que " les lobbies financiers vont continuer " à tenter de vider la loi finalement adoptée de tout contenu qui lui déplairait.

 

Le texte voté par le Sénat ambitionne de mettre en place un dispositif assurant qu'une crise de la magnitude de celle qui a frappé les marchés financiers après l'explosion de la " bulle " des titres subprimes ne se reproduira pas. Son objectif prioritaire est d'installer des mécanismes de contrôle du " risque systémique ". Ses principales mesures sont les suivantes:

 

Le contrôle des acteurs. Un " Conseil de contrôle de la stabilité financière ", regroupant l'ensemble des organismes de régulation, sera créé. Il devra anticiper l'émergence de risques globaux et la formation de bulles spéculatives. La Réserve fédérale américaine (Fed) y détient des prérogatives élargies et un contrôle accru sur les grandes banques et les fonds d'investissement - le texte voté par la Chambre en prévoit moins.

 

La pratique dite des " opérations pour compte propre " qui permet aux établissements bancaires de miser leur propre argent à l'inverse des conseils qu'elles délivrent à leurs clients sera beaucoup plus restreinte, et cette mesure sera élargie aux hedge funds. Par ailleurs, les primes des managers d'entreprises en grande difficulté seront encadrées. Quant aux sociétés financières, elles verront les " compensations " (primes et bonus) de leurs cadres avalisées par un cénacle indépendant de leur direction incluant la présence (mais sans droit de vote) d'un représentant des actionnaires.

 

L'évitement du risque systémique. Un mécanisme permettra à l'Etat d'imposer des limites aux actions jugées trop risquées des grandes institutions et dont l'effondrement pourrait faire s'écrouler l'ensemble du système. Si une grande banque devait faire faillite, un fonds de compensation alimenté par les établissements bancaires serait instauré a posteriori pour gérer sa reprise ou sa liquidation sans frais pour le Trésor. La Chambre prévoit qu'un fonds de compensation de 150 milliards de dollars (près de 120 milliards d'euros) sera créé sans attendre.

 

Les agences de notation. Pour éviter les conflits d'intérêts sur les titres de crédit, un organisme d'autocontrôle est instauré, sous le patronage de la Securities and Exchange Commission (SEC), l'autorité américaine de régulation des marchés financiers, qui en désignera les membres.

 

La défense des consommateurs et des petits actionnaires. Une agence de protection des consommateurs est chargée de réguler les produits financiers risqués. Son autorité s'imposera aux banques détentrices de plus de 10 milliards de dollars d'actifs. Quant à l'accès au crédit, il sera mieux contrôlé pour éviter les emprunts " prédateurs ". L'Etat élargit son contrôle sur les produits financiers basés sur le crédit : prêts immobiliers, cartes de crédit, etc.

 

Les produits dérivés. Pour la première fois, les Etats-Unis instaureraient un mécanisme de vérification avant mise sur le marché de ces produits financiers à risque. La Chambre avait protégé la plupart des acteurs (hedge funds, en particulier) d'un contrôle de leurs activités sur les dérivés. Le Sénat instaure une obligation de " transparence " sur ces produits.

 

La " règle " Volcker. Elle stipule de rétablir une plus grande séparation des activités des banques de dépôt de celles des banques d'affaires. La Chambre l'avait rejetée. Le Sénat la remet dans le jeu, bien qu'il laisse une latitude importante à son application. Il limite aussi la " cure d'amaigrissement " qu'une lecture stricte de la doctrine Volcker induit pour éviter la constitution de banques too big to fail - " trop grosses pour être lâchées " par l'Etat en cas de difficultés. Mais les banques détenant plus de 250 milliards de dollars d'actifs devront augmenter leur niveau de capitaux propres.

 

Les deux textes dépassant les 1 300 pages l'un et l'autre, les débats pour surmonter leurs différences (en particulier sur les prérogatives de la Fed) promettent d'être ardus. Mais les mouvements erratiques qui affectent les marchés à l'occasion de la crise de la zone euro ont été invoqués par le représentant Barney Frank, principal acteur démocrate de la réforme à la Chambre, pour pousser ses collègues à ne pas lambiner.

 

Dans l'idéal, les démocrates voudraient obtenir un texte unique d'ici au 24 juin, avant les réunions successives du G8 puis du G20 au Canada - les Etats-Unis y arriveraient ainsi en étant les premiers à avoir engagé une réforme en profondeur de leur système financier. A défaut, ils se satisferont d'un compromis bouclé avant la fête nationale américaine, le 4 juillet.

-oOo-

 

UN PREMIER SUCCÈS BIPARTISAN POUR M. OBAMA

 

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Le Sénat des Etats-Unis a approuvé jeudi soir la plus vaste refonte

du système de régulation financière américain depuis les années 1930,

priorité législative numéro un du président Barack Obama (AFP/Mark Wilson)


Contrairement à la loi sur l'assurance-santé, adoptée sans aucun soutien du côté républicain, la réforme financière, qui constituait l'autre priorité du président Barack Obama pour son premier mandat, a aussi été votée par quatre sénateurs républicains (sur 41). Le texte a été adopté par 59 voix contre 39. Les deux indépendants ont voté avec le parti majoritaire. Deux démocrates n'ont pas pris part au vote. Deux autres démocrates ont voté avec les républicains. Dont l'élu de gauche Russ Feingold, pour qui cette loi ne prend pas de mesures suffisamment drastiques pour éviter que l'Etat soit amené, à l'avenir, à renflouer de nouveau de grands établissements financiers dont la faillite pourrait mettre en danger le système tout entier. 


Sylvain Cypel


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23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 19:42

 

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Alors qu'en France Nicolas Sarkozy et son gouvernement ne prennent aucune mesure contraignante spécifique pour réguler ou réglementer la finance pour la mettre au service de l'économie, aux Etats-Unis Barack Obama, épaulé d'une Chambre des représentants et d'un Sénat démocrates, ne ménage pas ses efforts :


-critique des bonus versés par les banques et les assurances (AIG notamment) et nomination d'un responsable du Trésor chargé d'arbitrer les rémunérations dans les entreprises renflouées par l'Etat, Kenneth Feinberg ; taxe sur les banques ;


-réforme de la régulation financière pour mieux encadrer les activités des institutions financières etéviter une nouvelle crise de même nature ;


-tentative d'empêcher les comportements à risque des banques : la banque d'affaire Goldman Sachs est actuellement accusée d'avoir trompé des investisseurs en leur vendants des produits financiers complexes adossés à des crédits hypothécaires (= des prêts immobiliers aux particuliers) présentés comme sans risque alors que la crise les a rendus à haut risque (insolvabilité des ménages américains face à leurs prêts immobiliers) ;


-le Sénat américain souhaite introduire dans la réforme une proposition visant à rendre "100% transparent" l'immense marché des produits dérivés, notamment dans le domaine agricole.


NB : les énormes montants de produits financiers "dérivés" évoqués (447 500 milliards d'€) sont des montants notionnels, c'est à dire qu'ils servent de base aux calculs des flux d'argents réellement échangés, ils ne sont pas, eux, payés ou reçus. Les flux échangés peuvent être des taux d'intérêts appliqués à ces montants notionnels, ou des variations de ces montants notionnels par exemple.

Les produits dérivés sont très présents dans l'agriculture américaine car ils servent, à la base, àcouvrir les agriculteurs contre les risques de variation des cours entre les semailles et la récolte, ou pendant la croissance des animaux à viande. Ils sont donc alors adossés à une récolte ou un stock de viande. Les institutions financières les ont parfois détournés de leur but de couverture des risques pour en faire des produits spéculatifs, non adossés.

 

F.M.

 

-oOo-


jeudi 22 avril 2010

 

Barack Obama défend sa réforme de la finance

 

Le président américain devait défendre jeudi à New York une réforme de la régulation financière pour éviter une crise similaire à celle de 2008, au moment où Wall Street est ébranlé par le scandale de la banque d'affaires Goldman Sachs. Il doit effectuer une visite éclair en fin de matinée à Manhattan, non loin du quartier de la Bourse et des banques, et devrait prendre à témoin ses compatriotes sur la nécessité de mieux encadrer les activités des institutions financières.

 

Il devrait plaider la nécessité d'empêcher les comportements à risques de ces sociétés de menacer l'économie tout entière, comme lors de la crise de 2008, dont les Etats-Unis commencent tout juste à sortir. Une telle réforme a déjà été votée à la Chambre des représentants et une autre, préparée par le démocrate Chris Dodd, en commission au Sénat. Mais cette dernière doit encore franchir l'étape d'une adoption en séance plénière et donc convaincre des républicains dotés d'une minorité de blocage. "Nous nous approchons d'un texte qui aurait un soutien venant des deux bords", a toutefois dit mardi M. Dodd, en pleine négociation entre deux camps prompts à vouloir exploiter la mauvaise opinion des Américains vis-à-vis de nouveaux sauvetages de banques par l'argent public.

 

À l'appui de sa démonstration en faveur d'un resserrement des contrôles autour des institutions financières, M. Obama, après les élus démocrates, pourrait aussi mentionner jeudi le scandale autour de Goldman Sachs, la banque accusée par le gendarme américain de la Bourse d'avoir trompé à dessein des investisseurs. Fabrice Tourre, l'employé français de Goldman Sachs au centre de la plainte de l'organisme fédéral américain de réglementation des marchés financiers (SEC) contre la banque d'affaires, va témoigner devant une commission sénatoriale aux Etats-Unis, au côté de son PDG, Lloyds Blankfein.

 

Le Sénat américain veut rendre transparent le marché des produits dérivés

 

Le Sénat s'est attaqué mercredi aux produits dérivés, un des éléments clés de la réforme. Hier, la commission de l'agriculture du Sénat - qui gère un secteur où les produits dérivés, ces instruments financiers complexes, sont très présents - a adopté un texte visant à renforcer le contrôle des produits dérivés. La proposition, qui vise à rendre "100 % transparent" l'immense marché des produits dérivés, dont la valeur nominale est estimée à environ 600 000 milliards de $ (447 500 milliards d'€), est controversée, mais l'idée reste populaire. Les démocrates de la commission ont même obtenu un vote républicain, celui du sénateur Chuck Grassley. Au final, cette mesure sera fusionnée avec le texte principal de la réforme.

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 16:24

4508939362_a2eaa8543e_o.jpgIl y avait longtemps que nous n’avions pas entendu un discours d’une telle force, de la part d’un représentant de la gauche française, pour porter l’idéal socialiste dans le monde. Dans son intervention à l'Université Candido Mendes de Rio de Janeiro, vendredi 8 Avril,  avant ses rencontres avec le président Lula et Dilma Rousseff, Ségolène Royal a rompu avec le discours social-démocrate qui s’était imposé au parti socialiste depuis Lionel Jospin, pour refonder un volontarisme politique à gauche.

 

Dans son intervention Ségolène Royal appelle la jeunesse, toute la jeunesse « d’où que vous veniez, quel que soit votre milieu social d’origine » à bâtir une « civilisation humaine, garante des droits humains ». 

Au début de son intervention, la socialiste est revenue sur deux événements récents l’investiture de Barack Obama et le Forum social mondial de Bélem, parce qu’ils ont soulevé une « immense mobilisation populaire et l’espérance », parce qu’ils prouvent qu’un autre monde est possible, parce que pour la socialiste : il faut changer le monde, « un autre monde possible, une alternative à gauche pour imposer le respect de l’être humain et de son environnement ».

 

Ségolène Royal dénonce un système capitaliste qui redresse la tête. Pourtant « la crise globale qui ébranle la planète disqualifie les donneurs de leçons, qui moquaient les mises en garde des altermondialistes et nous vantaient les charmes de l’Etat minimal, de l’abaissement des protections sociales, du productivisme prédateur et des prouesses des traders ». Elle dénonce un système qui conduit aux « émeutes de la faim, dans les rues de Bombay, de Dakar ou du Caire », un système dans lequel les salariés sont  « broyés par les mâchoires de fer du capitalisme financier ».

 

Pour mettre fin à ce système, Ségolène Royal ne se contente pas de dénoncer, elle propose  un projet alternatif à gauche, un projet socialiste autour de cinq grands axes :

            (1) Faire de  l’efficacité économique et de la justice sociale  un couple inséparable.

            (2) Réhabiliter le rôle de l’Etat, un « Etat anticipateur, porteur d’une vision à long terme de l’intérêt général »

            (3) Accélérer  la croissance verte, « c’est le gisement d’emplois et de qualité de vie de demain »

            (4) Définir et protéger les biens publics mondiaux car « la privatisation effrénée des services publics et la marchandisation croissante de tous les domaines de l’existence n’ont eu nulle part les effets vertueux que promettaient leurs partisans ».

            (5) La démocratie participative comme une condition de l’efficacité politique. Pour changer le monde, pour bousculer les gouvernants et imposer la valeur humaine, Ségolène Royal veut s’appuyer « sur la plus belle des forces : la force citoyenne. Qui émerge partout sur la planète, interpelle, questionne, revendique, propose ».

 

En portant haut et fort cet idéal socialiste, on retrouve avec Ségolène Royal la force de l’engagement d’un François Mitterrand. Après une très longue absence, les socialistes français reviennent enfin sur la scène internationale pour porter un message d’espoir en un autre monde, un idéal socialiste. Comme il y a eu en 1981 le discours de Cancun, on peut dire aujourd’hui que le discours de Rio fera date.

 

Philippe Allard, pour le blog militant.

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 09:34

Leçon inaugurale de Madame Ségolène Royal

Rio de Janeiro, le 8 Avril 2010 à l'Université Candido Mendes
 
 
L’alternative de gauche à la mondialisation : un autre monde est possible et c’est urgent
 
Mes chers amis, mes chers camarades, chers étudiants
 
C’est d’abord à vous, chers étudiants, que je veux m’adresser. Vous remercier d’être venus , ici, pour m’écouter.
Vous remercier pour cet esprit de recherche.
Vous êtes la jeunesse étudiante , vous êtes en partie l’avenir de ce pays.
Vous êtes cette génération de la crise, qui a grandi dans cette mondialisation dont je vais reparler, celle qui écrira les pages des 50 prochaines années.
Vous êtes la jeunesse qui se développe à cette croisée des chemins.
Quelle direction prendrons nous ensemble ?
Celle de la sagesse et de l’avènement d’une véritable civilisation humaine, garante des droits humains ?
Ou bien celle de la barbarie ?
C’est de nos choix de dirigeants mais aussi de votre apprentissage, de votre éthique, de votre morale que dépend en partie le monde qui vient.
 
Vous, la jeunesse étudiante brésilienne, mais plus largement la jeunesse du monde entier, vous êtes la chance des nations, d’où que vous veniez, quel que soit votre milieu social d’origine.
Chaque fois que je dialogue avec des jeunes, j’ai toujours envie de restituer ces très beaux encouragements donnés par Nelson Mandela à la jeunesse d’Afrique du sud, il y a quelques années, à l’université de Johannesbourg
« Soyez les auteurs de votre propre destinée et représentez vous comme les étoiles qui éclairent le chemin d’un avenir meilleur »
 
Je voudrais saluer tout particulièrement Candido Mendes, le recteur de cette université fondée par sa famille. Candido Mendès, je veux le dire ici, est un humaniste authentique. Et dans les mots et dans les actes.
 
J’ai lu avec beaucoup de passion le livre sur Lula et l’autre Brésil son ouvrage de dialogue intitulé «  le défi de la différence », Entretiens sur la Latinité » préfacé par Alain Touraine avec lequel j’ai écrit en 2008 un livre de dialogue « Si la gauche veut des idées » - cela nous fait un point commun.
 
Vous y décrivez le Brésil, et c’est très convaincant, comme le laboratoire d’un avenir possible à l’antidote à un monde globalisé au bénéfice des nantis. Vous montrez de façon très originale le Brésil de Lula l’éveil « d’un long sommeil austral », d’une puissance – continent bienveillante dressée contre l’hégémonie d’un seul monde, d’un seul modèle.
Je veux saluer, cher Candido Mendes votre indéfectible espoir qui porte votre action pour établir une véritable alliance des civilisations basée sur une nouvelle démocratie planétaire. Ce défi de la différence, cette dynamique entre la diversité et l’unité, vécu comme un enrichissement mutuel….
Candido Mendès vous êtes aussi un grand amoureux et connaisseur de la France.
Je veux vous remercier de jeter inlassablement, depuis des années, des ponts entre nos deux pays, vous vous qui êtes à la fois philosophe, juriste, sociologue, chercheur en science politique. J’ai eu la joie de vous recevoir à Poitiers, la capitale de la région que je préside, avec notre ami commun, le grand sociologue Edgar Morin, qui a créé à Poitiers son laboratoire des politiques de civilisation.
 
La dernière fois que je suis venue au Brésil c’est au Forum Social de Bélem en janvier 2009. Les hasards du calendrier ont fait se succéder en janvier deux évènements majeurs que j’ai voulu vivre sur place et dont, sur fond de crise globale, les leçons convergentes me frappent : l’investiture de Barack Obama et le Forum social mondial de Bélem, à l’occasion duquel j’ai également rencontré le Président Lula que je me réjouis de revoir demain.
 
J’ai vu, dans la capitale américaine, l’immense mobilisation populaire et l’espérance qui unissaient fraternellement des Américains de toutes origines, de toutes conditions, de tous âges ; leur fierté d’avoir contribué à élargir l’univers des possibles. J’ai vu, à Belém, l’exceptionnelle participation à ce Forum social : 130 000 citoyens engagés de 142 nations, 3 000 Indiens de tous les pays qui ont l’Amazonie en partage, la forte présence des délégations françaises. J’ai vu ces jeunes si nombreux, rétifs aux injustices et conscients d’habiter un monde commun, assoiffés de politique en phase avec son temps. J’ai vu la richesse des témoignages et des expériences éclairant trois grands thèmes transversaux : justice sociale, développement durable et démocratie participative. J’ai vu discuter ensemble toutes les gauches que l’on appelle là-bas « utopistes, révolutionnaires et réformistes » car, ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous sépare.
J’ai retiré de tout cela, un texte d’une soixantaine de pages « Obama, Lula, Forum social dix leçons convergentes (publié par la Fondation Jean Jaurès et que vous pouvez lire sur le site Désirs d’Avenir) et la première d’entre elle, c’est une phrase du Président Lula, l’une des premières remarques qu’il m’a faite lors de notre entretien à Belém : « Belém, c’est beaucoup plus sérieux que Davos !
On est là au cœur de notre sujet. La crise globale qui ébranle la planète disqualifie les donneurs de leçons, qui moquaient les mises en garde des altermondialistes et nous vantaient les charmes de l’Etat minimal, de l’abaissement des protections sociales, du productivisme prédateur et des prouesses des traders.
 
Oui, il est vrai qu’à Davos, on se contentait de constater les dégâts d’une crise générée avant tout par l’avidité du capitalisme financier sauvage, en évitant le moindre mea culpa, la moindre remise en cause du système, la moindre réforme de comportement, alors qu’à Bélem, on traçait des pistes pour des solutions.
 
Un an après, les traders touchent à nouveau leur bonus, les banques ont utilisé la puissance publique pour reconstituer leur capacité de nuisance, et recommencent, de plus belle, les mêmes montages financiers douteux, le même esprit d’enrichissement frénétique…. Rien ne semble avoir servi de leçon.
Oubliées, les images des émeutes de la faim, dans les rues de Bombay ou de Dakar ou du Caire
Oubliés, l’effondrement des empires financiers, à l’image de Lehman Brothers, les visages paniqués, les larmes des salariés licenciés.
Oubliées les entreprises qui ferment, les emplois qui disparaissent par milliers, en Amérique, en Europe, en Asie.
Les salariés broyés par les mâchoires de fer du capitalisme financier.
Comme si de rien n’était …
La voilà, la loi de fer de l’oubli, la déconnexion du réel, le retour du virtuel et de l’abstraction. 
Cela me fait penser à cette observation de Gandhi toujours d’actualité «  Il y a bien assez dans le monde pour satisfaire les besoins de tous mais pas assez pour satisfaire l'avidité de tous »
Je crois vraiment un autre monde possible, une alternative à gauche pour imposer le respect de l’être humain et de son environnement dans toutes les décisions politiques. Je vous propose cinq propositions à relever qui se traduisent par cinq lois du nouvel ordre mondial.
Première proposition : Faire de l’efficacité économique et de la justice sociale un couple inséparable
 Si je commence par cette première loi c’est parce qu’ici, dans le Brésil de Lula, nous avons le laboratoire de la fusion entre l’efficacité économique et justice sociale.
La preuve en est le très ambitieux « programme d’accélération de la croissance » que viennent de lancer le Président Lula et Dilma Roussef - dont j’admire l’itinéraire, le courage et l’efficacité – et qui met sur l’énergie et le social notamment les services publics de base : eau, électricité, tout à l’égout, éclairage, poste de santé, crèches, postes de police, soit 160 milliards d’euros dans les quartiers qui en sont démunis.
Le programme des maisons populaires « ma maison, ma vie » double et passe à 2 millions de logements d’ici 2014. « Le plan ce n’est pas un chiffre, un chantier ou une liste, c’est la transformation de l’argent public et privé en qualité de vie et développement » comme l’a très bien résumé Dilma Roussef.
Deuxième proposition : Réhabiliter le rôle de l’Etat
Qui eût cru que l’on discuterait aujourd’hui aux Etats-Unis de la nationalisation temporaire des banques ? Qui aurait pu imaginer que l’Etat américain plafonnerait d’autorité les rémunérations des plus hauts dirigeants des entreprises aidées par la puissance publique ? A l’aube de la révolution conservatrice, Ronald Reagan désignait le coupable : l’Etat. A l’aube d’un possible « post-libéralisme » qui ne se contente pas de panser les plaies et d’atténuer les chocs (ce qui, vu de France, serait toutefois appréciable !), c’est à la volonté politique de reprendre la main. Ce n’est pas d’Etat brancardier mais d’Etat anticipateur, porteur d’une vision à long terme de l’intérêt général, que les pays malmenés par la crise ont impérieusement besoin pour s’en sortir et surtout ne pas y retomber.
C’est une des significations majeures de la victoire d’Obama et de son plan de relance énergétique, auquel les Etats-Unis vont consacrer 5,6% de leur PIB – alors que la France et l’Europe peinent à mobiliser 1,5% de leur richesse produite. Ce qui frappe, dans les propos et les actes du président américain, c’est le rôle désormais stratégique de la puissance publique. L’important, a-t-il souvent dit, n’est pas de savoir si l’Etat est trop gros ou trop maigre, mais s’il remplit correctement ses missions. C’est pourquoi, ajoute-t-il, nous arrêterons ce qui ne marche pas et développerons ce qui marche, y compris en recrutant les fonctionnaires qualifiés dont nous avons besoin pour accompagner et contrôler les investissements et les programmes publics que nous lancerons. Affaiblis en France, les services publics renaissent au pays où la droite prétendit s’en passer au nom de la lutte contre « la bureaucratie fédérale » et de l’abandon du bien commun aux intérêts particuliers.
Ici, le Brésil a admirablement surmonté deux crises comme l’explique Alain Rouquié, ancien ambassadeur au Brésil et actuel président de la Maison de l’Amérique latine, dans son livre intitulé « le Brésil au 21ème siècle, naissance d’une nouveau grand » :
-   La crise de 2002, orchestrée par une droite prédisant le chaos si Lula était élu, qui vit l’affolement des marchés financiers et conduisit le pays au bord de la banqeroute. Lula compris que la priorité était à la restauration de la confiance et son Ministre des Finances, réussit un redressement spectaculaire.
Trois ans plus tard, le Brésil remboursait par anticipation sa dette au FMI et annonçait se passer désormais de ses coûteux services avant, plus récemment, de renflouer le FMI.
Il s’enorgueillit aujourd’hui que les prêts bonifiés de sa Banque Nationale du développement économique et social (BNDES) dépassent ceux de la Banque Mondiale ;
-  la crise de 2008 a laquelle le pays a particulièrement résisté et dont il est rapidement sorti, renouant après une brève récession avec une croissance de l’ordre de 5 %.
Les raisons de cet amortissement du choc : un système bancaire sain, non contaminé par les subprimes du fait de sa faible internationalisation et de règles prudentielles protectrices + des politiques contra-cycliques efficaces couplant un soutien à la consommation populaire (relèvement du salaire minimal et des retraites, élargissement des Bolsas Familia, desserrement du crédit et aides à l’équipement ménager des plus pauvres) et un programme soutenu d’investissements publics.
 
On voit bien par ces exemples que l’Etat n’est pas le problème mais au contraire une partie de la solution.
 
Troisième proposition : Accélérer la croissance verte
 
C’est le gisement d’emplois et de qualité de vie de demain. Ma conviction sur ce sujet ne date pas d’aujourd’hui. En 1992, j’étais à Rio, il y a 18 ans, ministre de l’Environnement qu sommet de la Terre ! Je suis une écologiste convaincue et active avec la priorité de l’excellence environnementale. En six ans, j’ai d’ailleurs fait de la région que je préside, la première région d’Europe pour le plan sur l’énergie solaire, soutenu la production de la voiture électrique de l’entreprise Heuliez, en faisant entrer la Région – cas unique en France – au capital de l’entreprise, développé fortement l’agriculture biologique, construit le premier lycée 100 % énergie propre, expérimenté le biocarburant dans les trains etc.
 
Tout cela pour vous dire qu’à Copenhague, où j’étais invitée en tant que présidente d’une région exemplaire (70 % des actions concrètes contre le réchauffement planétaire se font au niveau local), je peux vous dire, que Lula est apparu comme un grand leader…
 
Lula est apparu, alors que le Brésil est le 4ème plus gros émetteur de gaz à effet de serre, comme un grand leader du 21ème siècle appelant le monde à assumer sa responsabilité et donnant l'exemple avec les engagements pris dans la foulée par son pays.
Rompant avec le traditionnel discours de défausse sur les pays riches tout en soulignant leur responsabilité particulière, le Brésil a été, en décembre 2009, le premier pays émergent (ou récemment émergé) à s'engager aussi résolument dans la lutte contre le changement climatique puis à passer à l'acte en s'imposant unilatéralement à lui-même des objectifs ambitieux en dépit de l'issue décevante du Sommet.
 
Brillant, volontariste, sans notes, le discours de Lula à Copenhague a été plusieurs
fois interrompu par des applaudissements. Il a vivement dénoncé le G2 américanochinois, l'accusant de s'entendre sur le dos des 190 autres pays participants et de « ne prendre pour base que les réalités économiques de leurs seuls pays, sans tenir compte des responsabilités que nous devons assumer avec l'ensemble de l'humanité ».
 
Avec des propositions :
– réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50% d'ici 2050 (par rapport à
1990) ;
– création d'une Organisation mondiale de l'Environnement ;
– création d'un fonds apportant un soutien « nouveau et substantiel » aux pays
pauvres (Afrique en tête) et les plus vulnérables aux effets du changement
climatique (petits Etats insulaires notamment) car « c'est aux riches de financer les efforts de ceux qui ne le sont pas ».
 
Il a estimé aussi que, si chaque pays doit se mobiliser, il faut néanmoins faire la différence entre « les pays qui ont une politique industrielle depuis 150 ans » et ceux qui en sont encore à l'aube de leur développement. Il a annoncé que le Brésil était prêt à contribuer au financement de ce nouveau fonds d'aide à la participation des pays les moins riches à la lutte contre le changement climatique.
 
Joignant le geste à la parole, le Brésil a adopté en décembre 2009 une loi par laquelle il s'oblige à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 36% voire 39% à l'horizon 2020. Beaucoup d’autres sujets concernant l’environnement pourraient être abordés…
 
  
Quatrième proposition : définir et protéger biens publics mondiaux
La privatisation effrénée des services publics et la marchandisation croissante de tous les domaines de l’existence n’ont eu nulle part les effets vertueux que promettaient leurs partisans. Il y a plusieurs années, Ricardo Petrella, l’un des penseurs stimulants de l’altermondialisme, a théorisé la notion de « biens publics mondiaux », applicable par exemple à l’eau potable, à la santé, à l’éducation, à l’environnement, tous domaines justiciables d’autres logiques que celles de l’appropriation privée.
 
La droite nous dit, qui mieux que le marché peut valoriser ces domaines et en faire profiter le plus grand nombre ? On a vu !
 
Alors que des biens fondamentaux devraient être le patrimoine commun de l’humanité, on a vu, leur renchérissement, les ententes tarifaires et l’exclusion de ceux qui n’ont pas les moyens d’acquitter les nouveaux péages. On a vu les agriculteurs ligotés par les semenciers et les grandes entreprises promptes à breveter tout le vivant. Un exemple parmi bien d’autres : les prix pratiqués sur les médicaments par les trusts pharmaceutiques ont bafoué le droit à la santé et condamné les malades du sida dans les pays du Sud ; c’est la raison du bras de fer homérique qui a opposé le Brésil aux grands laboratoires, et de son engagement dans la fabrication de génériques qui en fait aujourd’hui, avec le renfort d’audacieuses politiques de prévention, un pays exemplaire en matière de lutte contre cette pandémie.
 
Le Forum social a abondamment débattu de l’accès à ces biens communs dont certains pourraient faire l’objet de financements issus d’une fiscalité mondiale encore balbutiante qui doit être imaginée et créée.
 
Comme le disent de longues dates les altermondialistes, « nos vies valent plus que leurs profits », ce qui, pour moi, ne signifie évidemment pas que tout profit soit illégitime, mais que ce n’est pas à l’aune de la rentabilité marchande que doivent s’apprécier les droits fondamentaux à garantir.
 
En 2010, du nord au sud, l’idée de biens communs de l’humanité, objets d’une responsabilité collective (le sens originel de « solidarité »…), a le vent en poupe, et c’est, pour le monde, une bonne nouvelle.

Cinquième proposition : la démocratie participative comme une condition de l’efficacité politique
 
Je suis partisane d’une proposition faite au Forum social : la possibilité, pour les clients comme pour les salariés des établissements bancaires, d’exercer eux aussi un droit de contrôle sur la manière dont les banques assument leur fonction d’intermédiation. Il en résulterait une dynamisation appréciable du crédit aux PME et une saine moralisation de la tarification bancaire ! D'une manière générale, les errements à l’origine de la crise renforcent l’exigence d’une association plus directe des citoyens aux décisions et au contrôle de leur application. C’est la condition d’un leadership légitime et d’une action publique efficace.
 
Nous sommes à la croisée des chemins, je le disais en préambule , à vous , la jeunesse de ce pays, et celle de tous les pays.
 
Nous avons les clés, nous avons la capacité d’opérer une véritable métamorphose selon le mot d’Edgar Morin, si nous avançons avec courage, si nous faisons inlassablement tomber la barrière des idées reçues, bien plus dure à briser que les barrières de pierres.
Pour cela, nous nous appuyons sur la plus belle des forces : la force citoyenne. Qui émerge partout sur la planète. Interpelle, questionne, revendique, propose.Et à laquelle, ici, au Brésil, vous avez offert et ouvert une démocratie participative authentique que j'ai également instaurée dans ma Région, à chaque échelon de la décision politique, qu'il s'agisse des budgets participatifs, des jurys citoyens, des forums. J'ai également fait toute ma campagne, présidentielle et régionale sur la base de cette démocratie participative.
Ce modèle que le Brésil a offert au monde.
Parce que nous croyons à la politique, Parce que nous croyons au pouvoir de la politique,
Parce que nous faisons de la politique.
Parce que nous sommes engagés dans des associations, des syndicats, des partis, des cercles de réflexions, parce que nous créons des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité là où nous sommes.
Voilà la réalité, cachée derrière ces images qui nous découragent parfois.
La réalité, c’est que le 21ème siècle est le siècle des citoyens, de la parole citoyenne, de la force citoyenne.
Je crois à l’écoute des citoyens, à l’intelligence des citoyens, à la lucidité et au désir d’avenir des citoyens.
Je crois à cette force qui propulse, bouscule les gouvernants et impose la valeur humaine au cœur de toutes les décisions à venir.
Bien sur nous tâtonnons, nous cherchons, dans la confusion de l’époque mais je crois à la métamorphose, à la mutation positive.
 
Si nous sommes de plus en plus nombreux à agir.
 
L’accès au bien être, aux droits humains fondamentaux, se nourrir, habiter, s’éduquer, élever ses enfants suppose la sécurité chez soi et à l’international.
Le Brésil qui a inscrit dans sa constitution, l'interdiction d'utiliser l'énergie nucléaire à des fins militaires est exemplaire.
Je m'inscris totalement dans ce mouvement de dénucléarisation de la planète, auquel le Président Barack Obama a donné un élan supplémentaire, lors de son discours de Prague, il y a un an, en Avril 2009, à oeuvrer pour un monde sans arme nucléaire.
C'est une déclaration majeure qui fait déjà écho dans le monde et nous invite à repenser le rôle de chaque Etat dans sa diplomatie pour passer du siècle des destructions et des pires horreurs, ce 20ième siècle qui a coûté la vie à près de 100 millions d'êtres humains au siècle de la vie, dont nous voulons promouvoir l'avènement.
Rien n'est plus précieux que la paix civile, la paix économique, la paix sociale. Et on le sait, il n’y a pas de paix sans justice.
 
Voilà l’utopie réalisable à laquelle la gauche doit nous conduire, à travers le monde.
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5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 22:54

sego-et-lula-copie-2.jpgSégolène Royal rencontrera vendredi 9 avril le président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva. Un voyage qui s’ajoute à d’autres rencontres dans les pays du Sud  notamment au Sénégal, au Maroc et à de nombreux contacts. Autant de rencontres qui peuvent lui permettre d’esquisser progressivement ce qui pourrait devenir une politique internationale pour la France.

 

Face au Parti socialiste absent sur les questions internationales, le travail réalisé par la présidente socialiste de région sera particulièrement utile dans la préparation des élections présidentielles pour donner à ce Parti sa crédibilité sur cette question fondamentale.

Face aux échecs de Nicolas Sarkozy qui a davantage utilisé la scène internationale comme mise en valeur de sa propre personne, sans réussir à définir réellement une politique internationale de la France, la définition de cette politique apparaît essentielle pour permettre  à la France de recouvrer une voix dans le monde.

 

Pour définir cette politique, il s’agit d’abord de porter un autre regard sur le monde en  intégrant tous les peuples. Si Nicolas Sarkozy aimait à se placer aux côtés des puissants pour mieux se grandir, Ségolène Royal esquisse une autre vision du monde en prenant davantage en compte tous les peuples du Sud. Nul doute que son apprentissage aux côtés de François Mitterrand serve la socialiste pour observer le monde avec ce regard humaniste.

Un monde en plein bouleversement impose un regard différent, un monde ou les puissants  sont beaucoup plus fragiles avec : des Etats-Unis qui ne peuvent plus prétendre à mener une politique unilatérale, l’Europe incapable encore de parler d’une même voix, la place grandissante des Etats continents dénommés la BRIC : le Brésil, la Russie, la Chine et l’Inde, la volonté des Etats du Sud d’être davantage intégrés dans le concert des nations.

 

Dans ce monde en mutation, la France du fait de son histoire peut jouer un rôle en tournant le dos à l’arrogance d’un Sarkozy. Ce n’est pas cette France qu’on attend. La France est attendue des peuples du Sud : pour défendre leurs droits, pour une meilleure répartition des richesses, pour favoriser le développement dans le respect des cultures. C’est toute une autre politique internationale qu’il faut proposer : une France plus proche des peuples, la France qu'on aime, la France universelle des droits de l’homme. C’est tout un nouveau défi auquel semble se préparer la socialiste dans ce nouveau monde, devenu village.

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5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 11:33

A lire sur le site Désirs d'avenir : Ségolène Royal se rend au Brésil à l'invitation de Candido Mendes, Recteur de l’Université Candido Mendes de Rio de Janeiro, membre de l’Académie brésilienne, et fondateur de l’Académie de la latinité.

 

Elle prononcera le jeudi 8 avril une allocution publique à l'université Candido Mendes de Rio de Janeiro sur le thème de la « mondialisation et son alternative de gauche » devant un parterre d’étudiants et de professeurs.

 

Elle se rendra le vendredi 9 avril à Brasilia à l’invitation du Président de la République du Brésil, Luiz Iniacio Lula Da Silva, et de Dilma Rousseff, actuelle chef de cabinet et candidate du Parti des Travailleurs (PT) aux élections présidentielles d'octobre 2010.

Ségolène Royal et Dilma Rousseff se sont rencontrées lors du Forum Social Mondial de Belem en janvier 2009 au cours d'un débat sur les droits des femmes auxquelles elles avaient toutes deux participé, puis lors de l'entretien que Ségolène Royal avait eu avec le Président Lula le 30 janvier 2009. Le Président Lula avait alors expliqué à Ségolène Royal les raisons pour lesquelles il estimait que Dilma Roussef avait toutes les qualités requises pour concourir à l'élection présidentielle brésilienne et approfondir le beau travail engagé durant ses deux mandatures. Il avait ajouté en riant, « à moi d'en convaincre le peuple brésilien ». Ségolène Royal avait alors évoqué la force qui émanait de Dilma Rousseff lors du meeting sur le droit des femmes et le plaisir qu'elle aurait à lui apporter, le moment venu, ses encouragements les plus chaleureux.

 

Jeudi 8 avril 10h00: Conférence magistrale au Théâtre de l'université Candido Mendes portant sur « la mondialisation et son alternative de gauche »

Vendredi 9 avril 11h00: Entretien suivi d'un déjeuner avec le Président de la République Luiz Inacio Lula da Silva et la chef de cabinet Dilma Roussef, candidate à l'élection présidentielle du Brésil

 

 

Ségolène Royal avec le président brésilien, Luiz Ignacio Lula da Silva et Dilma Rousseff, le 30 janvier 2009 à Belém.

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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 15:32

A lire sur le Post par segolene-royal-videos

 

Ségolène Royal était présente à Essaouira au Maroc le dimanche 28 mars 2010 à l'occasion de la deuxième édition de Women's tribune.

(Source: 2M)

 

La mise en place au Maroc du Code de la famille est "une avancée énorme", a affirmé, dimanche à Essaouira, Ségolène Royal.

"Il s'agit incontestablement d'une avancée énorme" dans l'histoire du Maroc, a déclaré Mme Royal qui s'exprimait à l'occasion de la deuxième édition de Women's tribune, organisé du 27 au 29 mars dans la cité des Alizés, sous le thème "Femmes et pouvoirs: du discours à l'action".

"Je pense que beaucoup de pays vont s'aligner sur la loi marocaine", a ajouté Mme Royal, présidente depuis 2004 de la région Poitou-Charentes.

Interrogée sur les moyens à même de renforcer davantage le rôle de la femme dans la gestion de la chose publique, Mme Royal s'est prononcée pour l'instauration d'un quota politique. "C'est la seule façon de garantir les droits de la femmes", a-t-elle estimé.

Pour l'intérêt général, cette disposition doit être inscrite dans les lois et les règlements en vigueur, a-t-elle ajouté, soulignant que seules la parité et la mixité favoriseront le processus de prise de décision au profit des femmes. "Plus on donne les moyens à la femme pour agir, plus l'action serait efficace", a-t-elle dit.

 

Mme Royal a, par ailleurs, indiqué que les femmes restent les premières victimes de la crise économique mondiale.

Plusieurs intervenants représentant 15 pays africains, européens et du Golfe prennent part à cette édition et feront part de leurs recherches et de leurs réflexions sur les rapports entre femmes et pouvoir(s).

Chacun s'efforcera d'adopter un regard original sur la question et privilégiera la perspective féministe dans sa conception universelle. L'objectif est de proposer des pistes, de nouvelles mesures et d'éliminer les freins et ce, pour permettre aux femmes de jouer leur rôle en tant que citoyennes à part entière.

 

(source: MAP)

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22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 11:41
Obama explique sa réforme du système de santé à Washngton le 20 août 2009 (Kevin Lamarque/Reuters). La réforme du système de santé américain expliquée aux nuls

Barack Obama a gagné son pari : par 219 voix contre 212, la Chambre des représentants a enfin approuvé la réforme de la santé aux Etats-Unis, sur laquelle le Président avait investi toute son énergie. Obama s'est félicité de sa ténacité : il n'a pas abandonné ce chantier malgré la crise et l'opposition de puissants lobbies. La plupart des Américains seront couverts, d'ici à quatre ans, contre la maladie. Par les clivages qu'il a créés, le débat, très difficile, marquera pour longtemps la vie politique américaine.

(De nos archives) En moyenne, les Américains dépensent énormément d'argent pour leur santé (18% du PIB contre 11,5% en France). Mais ces dépenses sont inégalement réparties. Pour ceux qui ne sont pas couverts par une assurance (plus de 46 millions d'Amércains, 16% de la population), le risque d'être mal soigné, ou d'être ruiné par un problème de santé, est grand.

Barack Obama s'est engagé à réformer ce système injuste, mais son projet, plutôt minimaliste comparé aux systèmes européens, est qualifié de « socialiste » par les Républicains, qui ont faili le faire dérailler.

Comment sont actuellement couverts les Américains ?

En France, chacun cotise à l'assurance maladie, organisme géré par le patronat, les syndicats et l'Etat. Cet organisme rembourse les dépenses des assurés sociaux.

Rien de tel aux Etats-Unis. La population se divise en plusieurs groupes. Le total fait plus de 100% parce que certains Américains sont couverts de plusieurs façon (ex : medicare et assurance).

  • Ceux qui sont couverts par la puissance publique (25% de la population) :

Deux programmes, qui coutent plus de 4% de point de PIB, sont en place :

1) Medicare pour les plus de 65 ans et les invalides, sans condition de ressource. Son coût est de plus de 200 milliards de dollars.

2) Medicaid pour les pauvres. Medicaid coiffe une cinquantaine de systèmes, un par Etat. L'Etat fédéral le cofinance.

  • Ceux qui sont couverts par une assurance fournie par l'employeur (60%) :

C'est le cas de l'essentiel des Américains. Le système ressemble à nos mutuelles complémentaires, sauf qu'elles ne sont pas complémentaires. Lorsque l'assurance est fournie par l'employeur, elle fait partie de la rémunération du salarié : ce dernier ne paye qu'une partie (exemple : 30%) des cotisations. Le partenaire-assureur peut être un « HMO », assureur s'appuyant sur un réseau de prestataires de soins (l'assuré ne peut consulter que les praticiens du réseau).

Ce système est devenu extrêmement coûteux pour les entreprises.

  • Ceux qui s'assurent directement (10%) :

S'ils ne bénéficient pas d'assurance d'entreprise, les Américains peuvent s'assurer individuellement auprès d'organismes. Mais c'est hors de prix.

  • Ceux qui ne sont pas du tout couverts (plus de 16%) :

Parce qu'ils ne sont pas assez pauvres pour être couverts pour Medicaid (ou mal informés) et parce qu'ils ne pas assez riches pour s'offrir une assurance individuelle. En cas de pépin de santé, ils doivent payer les frais directement (ils se présentent comme « self payer »), ce qui peut être extrêmement coûteux. En cas de gros problème, dans certaines villes, ils peuvent être admis dans des hôpitaux publics.

Que propose le plan Obama ?

Il ne bouleverse pas le système. Il maintient l'assurance privée mais propose de mettre en place un régime alternatif (c'est-à-dire concurrent des assureurs) qui permettrait de peser sur les coûts, et ainsi d'améliorer la couverture des Américains tout en facilitant la maîtrise des dépenses.

  • Les employeurs auraient le choix entre contracter une assurance privée comme aujourd'hui, ou alors payer une cotisation à un nouveau système.

Qui pilotera le nouveau système ?

C'est une des questions au cœur de la polémique. L'idée de départ, reprise par les commissions de la Chambre des représentants, était de confier la gestion à un organisme public. Les opposants au projet, ont accusé les démocrates de vouloir subrepticement imposer un « payeur unique » public comme dans certains pays d'Europe ou au Canada.

Pour calmer ces critiques, des sénateurs ont proposé de mettre en place une organisation coopérative à but non lucratif, chargée d'une mission d'intérêt général : une sorte de grosse mutuelle. L'administration Obama n'y est pas hostile.

Qui s'oppose à la réforme, qui la soutient ?

La ligne de front n'est pas tout à fait la même qu'en 1994, lors de la première grande tentative (avortée) de réforme.

  • Le front des opposants :

-Les idéologues conservateurs : ils considèrent généralement que la redistribution est contraire à l'idéal américain de « responsabilité » : l'argent que l'on gagne par son travail ne doit pas être dépensé pour d'autres.

               -Une partie des assureurs privés, qui craignent la concurrence d'un organisme public.

-Une partie des médecins et autres professionnels de la santé (qui avaient déjà contribué à torpiller la réforme Clinton, il y a quinze ans).

-Evidemment les Républicains, qui ont trouvé dans l'affaire un bon angle de tir contre Obama : cela peut-être « son Waterloo », se disent-ils. Leur message martellé aux Américains : la réforme, coûteuse (1000 milliards sur dix ans), va entraîner une hausse massive des impôts et un rationnement des soins.

La lutte contre cette réforme « socialiste » permet de ressouder la droite, divisée après la défaite de John McCain. L'ex-candidate à la vice-présidence Sarah Palin, dénonce le « mal absolu » et met en garde contre la mise en place de « commissions de la mort » (« death panels ») peuplées de bureaucrates choisissant qui pourrait être soigné et qui devrait être sacrifié…

  • Ceux qui soutiennent :

-La grande majorité des démocrates, même si ceux-si sont divisés entre la gauche du parti, qui est pour une réforme musclée, et son aile conservatrice, (les « blue dogs ») qui rêve d'édulcore le projet à coup d'amendements.

-Les grands groupes industriels (automobile, aviation…) qui espèrent que cela les déchargera le poids de la couverture maladie.

-L'American Medical Association (association de médecins) et certains groupes hospitaliers

-Une partie de l'industrie pharmaceutique. C'est le cas du Pharmaceutical industry trade group and Families USA et du Pharmaceutical Research and Manufacturers of America. 

 

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11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 17:08
arton2998.jpgComment meurent les empires ? Quelle est la nature de ces bouleversements à l’échelle historique ? Est-ce l’aboutissement d’un long processus de gestation ou bien le résultat d’un incident mineur imprévisible, mais cependant doué d’un potentiel déstabilisateur catastrophique, s’interroge l’historien Niall Ferguson. Comparant les institutions humaines à des systèmes physiques complexes, en perpétuelle recombinaison et dont la stabilité n’est qu’apparente, il souligne combien l’éventualité d’une subite « transition de phase » - à l’image du passage soudain de l’état solide à l’état liquide - leur est consubstantielle. Et d’avertir les dirigeants américains : le risque réel, aujourd’hui, n’est pas celui d’un lent déclin, mais bien d’un évènement d’apparence anodin, et pour autant capable de déclencher une réaction en chaîne incontrôlable dans un système déjà fragilisé.

Par Niall Ferguson

Depuis des siècles, les historiens, politologues, anthropologues, tout comme l’opinion publique, ont pensé les processus politiques en termes de saisons et de cycles. De Polybe à Paul Kennedy, de la Rome antique à l’Empire britannique, nous discernons un rythme propre à l’histoire. Les grandes puissances, comme les grands hommes, naissent, s’élèvent, règnent, puis disparaissent peu à peu. Que le déclin des civilisations soit culturel, économique ou écologique, il s’agit d’un processus prolongé dans le temps.

De la même manière, les défis auxquels sont confrontés les États-Unis sont souvent décrits comme évoluant lentement. C’est la transformation de la démographie - augmentant le ratio des retraités par rapport aux actifs - et non pas une politique inadaptée qui condamne les finances publiques des États-Unis à s’enfoncer dans les déficits. C’est la croissance inexorable de l’économie chinoise, pas la stagnation américaine, qui rendra le produit intérieur brut de la Chine supérieur à celui des États-Unis en 2027.

Concernant le changement climatique, l’heure de vérité pourrait être distante d’un siècle. Ces menaces semblent très éloignées par rapport au calendrier du déploiement des soldats américains en Afghanistan, dans lequel l’unité de compte est le mois, non l’année, et encore moins la décennie.

Et si l’histoire ne se déroulait pas de façon cyclique et lente, mais de manière arythmique - tantôt presque stationnaire, mais était également capable d’accélérations brusques, à l’image d’une voiture de sport ? Que faire si la chute ne se déroule pas durant plusieurs siècles, mais surgit tout à coup, tel un cambrioleur nocturne ?

Les grandes puissances sont des systèmes complexes, formés d’un nombre très important de composants en interaction, organisés de manière asymétrique. Ce qui signifie que leur assemblage s’apparente plus à une termitière qu’à une pyramide égyptienne. Ces composants opèrent quelque part entre l’ordre et le désordre. De tels systèmes peuvent paraître fonctionner de manière relativement stable pendant un certain temps, semblant être en équilibre, alors qu’en fait ils s’adaptent constamment. Mais vient un moment où les systèmes complexes atteignent un état « critique ». Un évènement déclencheur mineur peut provoquer une « transition de phase » faisant passer d’un équilibre d’apparence inoffensive à une crise - un seul grain de sable peut provoquer l’effondrement d’un tas entier.

Peu de temps après que se soient produites de telles crises, les historiens arrivent sur les lieux. Ces chercheurs se spécialisent dans l’étude des évènements atypiques - ceux dont la fréquence d’apparition est faible. Il s’agit de moments de grande portée historique qui sont par définition hors norme, et sont donc situés dans les « queues » des distributions de probabilité - comme les guerres, les révolutions, les krachs financiers et la chute des empires. Mais les historiens peinent fréquemment à saisir la complexité lorsqu’ils tentent de décoder ces événements. Ils ont été formés à analyser les calamités en termes de causes à long terme, souvent à l’œuvre depuis des décennies. C’est ce que Nassim Taleb dénonce à juste titre comme une « illusion narrative » dans son ouvrage « The Black Swan. »

En réalité, la plupart des phénomènes statistiquement atypiques étudiés par les historiens ne sont pas des moments de paroxysme survenant dans des séquences déterministes d’histoire longue ; au contraire, ce sont le résultat de perturbations, et parfois de ruptures des systèmes complexes.

Pour comprendre la complexité, il convient d’examiner comment les scientifiques utilisent ce concept. Pensez à l’organisation spontanée des termites, qui leur permet de construire des monticules et des nids, ou à la géométrie fractale des molécules d’eau lorsqu’elles forment des flocons de neige aux motifs compliqués. L’intelligence humaine elle-même est un système complexe, un produit de l’interaction de milliards de neurones dans le système nerveux central.

Tous ces systèmes complexes partagent certaines caractéristiques. Dans de tels système, de faibles stimuli peuvent produire d’énormes changements, souvent imprévus - ce que les scientifiques appellent « l’effet amplificateur. » Les relations de causalité sont souvent non linéaires, ce qui signifie que les méthodes traditionnelles de généralisation à partir de quelques observations sont de peu d’utilité. Ainsi, lorsque les choses tournent mal dans un système complexe, l’ampleur de la perturbation est quasiment impossible à anticiper.

Il n’existe par exemple rien de tel qu’un incendie de forêt typique ou moyen. Pour utiliser le jargon de la physique moderne, une forêt avant le départ d’un feu est dans un état de « criticité auto-organisée » : elle est en équilibre au bord de la catastrophe, mais la dimension de celle-ci reste une inconnue. Verra-t-on se déclencher un incendie limité ou énorme ? C’est presque impossible à prédire. Le point clé, pour de tels systèmes, c’est qu’un choc relativement mineur peut entraîner une perturbation disproportionnée.

Toute construction politique de grande envergure est un système complexe. La plupart des grands empires ont une autorité centrale instituée - soit un empereur héréditaire ou un président élu - mais, en pratique, le pouvoir souverain de tout individu est une fonction résultant du réseau de relations économiques, sociales et politiques auxquelles il ou elle préside. En tant que tel, les empires présentent de nombreuses caractéristiques d’autres systèmes adaptatifs complexes - y compris la tendance à passer de la stabilité à l’instabilité très soudainement.

L’exemple connu le plus récent de déclin précipité est fourni par l’effondrement de l’Union soviétique. Avec le recul, les historiens ont décelé au sein du système soviétique les traces de tous les types de dégénérescence jusqu’à l’époque de Brejnev et en amont. Peut-être, comme l’affirme l’historien et politologue Stephen Kotkin, est-ce le cours élevé du pétrole dans les années 1970 qui a permis d’éviter la chute. Pourtant, tel ne semblait pas être le cas à l’époque. L’arsenal nucléaire soviétique était supérieur à celui des Etats-Unis. Et les gouvernements dans ce qu’on appelait alors le Tiers Monde, du Vietnam au Nicaragua, avaient basculé en faveur des Soviétiques durant les 20 années précédentes.

Pourtant, moins de cinq ans après que Mikhail Gorbachev ait pris le pouvoir, l’empire soviétique en Europe centrale et de l’Est avait implosé, suivi par l’Union soviétique elle-même en 1991. Si jamais un empire s’est effondré en un instant, au lieu de décliner doucement, c’est bien celui qui fut fondé par Lénine.

Si les empires sont des systèmes complexes qui, tôt ou tard succombent à de soudains et catastrophiques dysfonctionnements, quelles sont aujourd’hui les implications pour les États-Unis ? Tout d’abord, discuter des étapes du déclin pourrait n’être qu’une perte de temps. C’est l’hypothèse d’une chute brutale et inattendue qui devrait d’abord préoccuper les dirigeants politiques et les citoyens. Deuxièmement, la plupart des chutes d’empires sont associés à des crises financières. Les sonnettes d’alarme devraient donc retentir très fortement lorsque les États-Unis prévoient un déficit de plus de 1 500 milliards de dollars en 2010 - soit environ 11% du PIB, déficit le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale.

Ces chiffres sont mauvais, mais au royaume du politique, le rôle de la perception est tout aussi crucial. En cas de crise impériale, ce ne sont pas les fondements matériels du pouvoir qui sont vraiment importants, mais les prévisions sur le pouvoir futur. Les chiffres du budget ne peuvent en eux-mêmes amoindrir la force des Etats-Unis, mais ils peuvent concourir à affaiblir une confiance installée dans la capacité des États-Unis à surmonter n’importe quelle crise.

Un jour, l’annonce inattendue de mauvaises nouvelles - cela pourrait être un avis négatif émis par une agence de notation - fera la une des journaux durant une période de calme. Et soudainement ce ne seront plus seulement quelques passionnés de ces questions qui s’inquièteront de la viabilité de la politique budgétaire américaine, mais le grand public, sans parler des investisseurs à l’étranger. C’est ce changement qui est essentiel : un système adaptatif complexe est en grande difficulté lorsque ses composants perdent foi en sa viabilité.

Durant ces trois dernières années, le système complexe de l’économie mondiale à basculé de l’euphorie à la récession - tout cela parce que quelques américains ont commencé à ne plus rembourser leurs prêts hypothécaires à risque, provoquant ainsi d’énormes trous dans les modèles économiques de milliers d’établissements ayant fait jouer un fort effet de levier d’endettement. La prochaine phase de la crise actuelle pourrait débuter lorsque l’opinion publique commencera à réévaluer la crédibilité des mesures monétaire et fiscales radicales qui ont été décidées en réponse.

Ni les taux d’intérêt à zéro, ni les relances budgétaires ne peuvent parvenir à un redressement durable si les populations, aux Etats-Unis et à l’étranger, décident collectivement, du jour au lendemain, que ces mesures se solderont par des taux d’inflation beaucoup plus élevés ou par un défaut de paiement pur et simple. Les taux des emprunts publics peuvent s’envoler si les prévisions sur la solvabilité future des Etats se modifient, aggravant la crise des finances publiques déjà mal en point en augmentant le coût du service de la dette nouvellement émise. Demandez donc ce qu’il en est à la Grèce.

Demandez-le également à la Russie. Une défaite militaire dans les montagnes de l’Hindu Kush représente depuis longtemps un signe avant-coureur de la chute d’un Empire. Ce qui est advenu il y a 20 ans rappelle qu’en fait la naissance, l’essor, le règne, le déclin et la disparition des empires ne se déroulent pas selon des cycles récurrents et prévisibles. Ce sont les historiens qui présentent rétrospectivement ces processus de dissolution impériale comme agissant lentement. Au lieu de quoi, les empires se comportent comme tous les systèmes adaptatifs complexes. Ils fonctionnent en équilibre apparent pendant une certaine période, d’une durée imprévisible. Puis, assez brusquement, ils s’effondrent.

Washington, vous voilà averti.

 

 

Niall Ferguson est historien, enseignant à Harvard, spécialiste de l’économie et de la finance. Il a publié récemment « The Ascent of Money : A Financial History of the World. »

 

Source : contreinfo.info

              Los Angeles Times

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