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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 21:40

6c25ef7d72bf1f6e508a84d2be5ea230[2]La parole aux militants

 

Deux millions de manifestants au Caire, près de quatre millions dans le pays. L'Egypte, ce coeur du monde et de la civilisation arabe, est debout. Comme l'écrit une amie de Désirs d'Avenir "on doit les entendre jusqu'aux étoiles" .

Nous, si prompts à nous éblouir au moindre murmure en Europe de l'Est, nous voici bien circonspects face à ce qui soulève aujourd'hui le monde arabe. Notre parti est bien mesuré dans son enthousiasme...sinon dans son intéret.

Quelles sont les craintes exprimées ? le poids des frères musulmans, le rôle de l'armée, les divisions religieuses, sociales. Oui ! toutes ces craintes ont des fondements légitimes. Il ne suffit pas que les peuples se soulèvent pour que toutes les questions soient résolues, pour que la démocratie soit au bout du chemin. Ne sous-estimons pas les obstacles, les forces hostiles au sein même de ces foules. Ne rêvons pas.

Mais n'est-ce pas le cas dans toute lutte ? dans toute action politique ? Pourquoi donc cette méfiance spécifique à l'égard des peuples arabes ? J'allais écrire "cette discrimination". 

Les leçons à tirer des révoltes arabes sont claires :

Enfin, ces peuples se libèrent de leur peur, prennent leurs distances avec l'obscurantisme.

Enfin, les Etats unis d'Obama prennent quelque distance et parlent haut et clair aux dictateurs. Tout n'est plus permis . Nous espérons qu'Obama ait, enfin, les moyens de parler aussi haut et clair aux gouvernements israeliens et pousse véritablement à la paix.

La leçon, également, c'est une leçon de modestie :

Pour l'heure, nous avons des leçons à prendre. Demain, peut-être, les contradictions s'aiguiseront-elles. Peut-être !  Mais, aidons ces peuples, faisons confiance à ces jeunes en révolte. Qu'ils sentent que les progressistes que nous sommes les admirent.

Portons "jusqu'aux étoiles" les clameurs du Caire, de Tunis.

 

Jocelyne Berdu

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 03:39

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Dessin de Plantu

L’Occident hurle son indifférence dans un silence assourdissant. L’Occident, le pays des morts et du soleil couchant dans l’Egypte antique. L’Orient, le pays du renouveau et de la jeunesse. Cette jeunesse si nombreuse en Egypte : un tiers de la population, 28 millions d’Egyptiens sur 85, ont moins de 14 ans ; l’âge moyen d’un Egyptien est de 24 ans. C’est un fait qu’il ne faut pas oublier parce qu’il revêt une importance capitale.

Un silence assourdissant donc. Aux Etats-Unis, les fournisseurs d’accès à internet ne donnent pas accès à Al Jazeera, le média le plus présent dans les événements du Caire en général, et de la place Tahrir, point de ralliement des manifestants, en particulier, par peur de perdre plus de clients si cela se savait que d’en gagner en le faisant. Dans les journaux télévisés français, des reportages formatés, consacrant une large part à la situation des Français en Egypte, qu’ils soient touristes ou expatriés, et peu d’informations utiles. Et encore : des reportages relégués après les gros titres. Au JT de 20 heures de France 2 lundi soir, quatre titres et huit séquences précédent les reportages sur l’Egypte, dont un fait divers. Comme le titrait dans l’après-midi de lundi LeMonde.fr, « L’Egypte n’agite pas les JT » :

 


Et des informations utiles, il y en a. Seulement, elles ne sont pas ou elles sont peu relayées. Qui sait qu’avant-hier Ahmed Fathi Sorour, président de l’Assemblée du Peuple d’Egypte, membre du Parti national démocratique (PND) au pouvoir, a déclaré : « Des voix se sont élevées pour demander la dissolution de l'Assemblée, et cette question fait actuellement l'objet d'une enquête de la Cour de cassation. ». L'Etat de droit « demande le respect de l'ensemble des décisions de justice, et mieux vaut pour l'Assemblée de corriger sa composition en respectant les décisions judicaires » plutôt que de voir sa légitimité « mise en cause », a-t-il ajouté. Autant reconnaître tout de suite que le résultat des élections législatives de fin novembre et début décembre 2010 ont été largement truqués ! Avec 420 (81%) sièges sur 518 pour le PND au pouvoir et l’interdiction de la principale force d’opposition, les Frères musulmans, qui avaient raflé 88 sièges aux élections de 2005, un score truqué et qui ne reflètait qu’une partie de leur influence réelle....

Des Frères musulmans souvent incompris en Occident. Musulman ne signifie pas terroriste. Pendant les manifestations de ces derniers jours, les Frères ont adopté un profil bas, ne prenant part aux manifestations que le 4ème jour et ne les menant pas, pour ne pas donner le prétexte de la lutte contre « l’islamisme » à Moubarak.

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L'armée monte désormais la garde au musée du Caire, intact hormis quelques vitrines brisées

Des Egyptiens qui, malgré quelques pillages, quelques saccages – le musée du Caire a été visité, quelques vitrines endommagées, mais rien n’a été volé – se sont rapidement organisés. Le musée est gardé par l’armée et les habitants des environs.

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Armé d'un fusil à plomb, Kareem Ahmed, 17 ans, fait le guet à un point de passage au Caire (Ed Ou pour The New York Times)

Des comités de quartiers surveillent les voitures et les passants, repèrent les pilleurs et voleurs, et les livrent à l’armée ou à la police. Les contrôles sont acceptés de bonne grâce par les automobilistes. Dans le quartier verdoyant et résidentiel de Zamalek, où les ambassades et les restaurants chics côtoient les immeubles de standing, en face de l’épicentre du mouvement populaire, de la place Tahrir, un analyste financier de 26 ans, Samer Ahmed, vérifie que les automobilistes arrêtés au poste de contrôle habitent bien Zamalek. La conductrice d’une Mercedes, dans un manteau de fourrure, lance à Samer qui vient de la laisser passer : « Que Dieu vous bénisse, jeunesse d’Egypte ! ».

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La place Tahrir lundi dans la journée : il y avait plus de manifestant que les jours précédents selon les observateurs (Peter Macdiarmid/Getty Images)

Sur la place Tahrir, le cœur de la protestation égyptienne palpite : il se vide tard le soir, les manifestants épuisés allant dormir, au pire dans les parcs de la capitale, et se remplit dans la matinée. Les manifestants, souvent jeunes, s’organisent.

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Lundi, un tank de l'armée barrait le passage aux automobilistes sur le pont du 6 octobre, qui enjambe le Nil, près de la place Tahrir : des centaines de voitures sont bloquées et ne passeront pas (Yannis Behrakis/Reuters)

On parle de dizaines de milliers de manifestants : un exploit du faible contre le fort, l’armée bloquant tous les accès au centre-ville depuis 2 jours avec des chars, des hélicoptères et des avions de chasses faisant des survols de la place Tahrir et de la capitale depuis dimanche : plus que la vue, c’est le bruit qui cherche à oblitérer les volontés : Moubarak est un homme de l’armée de l’air égyptienne, dont il a gravi tous les échelons. Lundi après-midi, l’armée installait des blocs de béton pour boucher un peu plus les accès au centre-ville, en prévision de la journée de mobilisation d'aujourd'hui mardi.

 

 

Au milieu de la foule, sur la place, dimanche, un homme, avec comme seul moyen d’expression pour couvrir la clameur, un haut-parleur. Le prix Nobel de la paix, Mohamed ElBaradei, ancien directeur général de l’AIEA, qui a fondé un mouvement en février dernier, l’Association nationale de changement (ANC), et qui est revenu en Egypte jeudi dernier pour participer au mouvement de protestation. ElBaradei a deux mérites : il n’a pas de lien avec Moubarak ou avec les Etats-Unis, trop proches du pouvoir en place pour les manifestants. Dimanche soir, Mohamed ElBaradei a été propulsé à la tête d’une vaste coalition d’opposition à Moubarak, de l’opposition laïque aux Frères musulmans, en passant par une nébuleuse d’internautes issus du Mouvement du 6-avril, né en 2008 en soutien aux ouvriers du coton en grève et intégrant de jeunes militants très actifs sur la Toile, peu habitués à la hiérarchie et à la politique.

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Hosni Moubarak est intervenu à la télévision d'Etat dimanche soir ; le président est de plus en plus seul et isolé (AFP)

En face de la coalition naissante, un pouvoir qui se meurt. Le président Moubarak est seul. Etrangement, ses proches ne sont plus visibles depuis quelques jours. Y compris Gamal Moubarak, son fils cadet, propulsé au Secrétariat Général du PND, et qui était l’héritier présomptif de son père. Son père, qui avait gardé depuis son accession au pouvoir il y a 30 ans le siège de vice-président vacant. Pour ne pas tenter un futur rival disent certains, Moubarak ayant été le vice-président d’Anouar el-Sadate,  Anouar el-Sadate celui de Nasser. Pour garder une place au chaud pour son fils Gamal, qui a appuyé son ambition et son ascension sur les milieux d’affaires. Las, Le Monde daté d’aujourd’hui titre : « La bourgeoisie du Caire prend ses distances avec le régime ».

De fait, des rumeurs font le tour de l’Europe et du Maghreb, insistantes depuis samedi, mais toujours non confirmées. The Guardian et Al Jazeera ont mené l’enquête, sans pouvoir conclure. The Sun est plus affirmatif et titrait lundi « La ‘ruée vers Londres » de la famille Moubarak » : « La famille du président Moubarak, paniquée, aurait fuit l’Egypte pour le refuge luxueux de leur demeure londonienne de 8,5 millions de livres. Le fils du dirigeant, Gamal,  aurait conduit le mouvement en prenant un jet privé avec sa propre famille. ». Il faut dire que Gamal Moubarak a travaillé pour la Bank of America à Londres, possède un hôtel particulier de cinq étages dans le quartier huppé de Knightsbridge, à deux pas d’Harrods, et que sa mère, Suzanne Moubarak, est à moitié galloise, et donc possède la double nationalité anglaise et égyptienne.

 

Reportage d'Al Jazeera à Londres sur la présence de Gamal Moubarak et de sa famille (en anglais)

Un autre détail que la presse française s’évertue à dissimuler : la fortune du président Moubarak. The Sun l’évalue à 25 milliards de livres (29 Md€), The Telegraph à 20 milliards (23 Md€), amassés depuis son accession au pouvoir en 1981. Au fait, combien valait la tonne d’or et demie de Ben Ali ?

Moubarak a procédé à un remaniement ministériel aujourd’hui. Sur 30 ministres et secrétaires d’Etat nommés (2 postes restent à pourvoir), 15 appartiennent à l’ancienne équipe, et 15 sont « nouveaux », sans aucun renouveau démocratique. Aux postes-clés, des militaires : Omar Souleiman occupe le poste de vice-président vacant depuis 30 ans, Ahmed Chafik celui de Premier ministre, et le ministre de l’intérieur fraîchement nommé, Mahmoud Wadgi, a dirigé l’administration pénitentiaire du pays. Le gouvernement a été massivement rejeté par les manifestants, et notamment par les Frères musulmans.

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Un manifestant lundi au Caire. Les premiers slogans, repris aux Tunisiens, étaient, en français, "Moubarak, dégage!" (AP/Ben Curtis)

Mais il ne faut pas oublier la jeunesse égyptienne, très présente. L’armée, ce ne sont pas que de vieux dirigeants. L’armée est à l’image du pays : jeune. Et l’armée a déjà à plusieurs reprises, au cours des manifestations des jours passés, fraternisé avec les manifestants. L’armée a jugé lundi soir, dans un communiqué adressé « au grand peuple d’Egypte », « légitimes » ses revendications, et assuré quelle ne recourrait « pas à l’usage de la force contre le peuple égyptien ».

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Les scènes de fraternisation des manifestants avec l'armée se sont multipliées ces derniers jours ; hier soir l'armée a tranché : elle ne tirera pas sur les protestataires (Reuters)

Dès dimanche en début d’après-midi, un reporter du britannique Sky News, commentait la nomination de militaires aux postes-clés, un commentaire que les médias français n’ont même pas commencé à formuler :

« Moubarak n’est plus aux commandes, il ne peut plus rien faire que l’armée ne veuille. Et l’armée, j’en suis sûr, l’a obligé à nommer un vice-président, ce qu’il n’avait jamais fait en 30 ans, et elle l’a obligé à nommer un Premier ministre qui est issu des forces armées, en fait elle dirige le gouvernement, et maintenant elle montre sa force. On prépare sa sortie, et les militaires préparent sa sortie. Ils ne veulent pas le voir tomber en flammes et devoir tirer sur des centaines de manifestants, alors ils préparent la transition. »

Or pourquoi l’Occident est-il muet, « prudent » disent certains ? Parce qu’il a peur. Peur d’une révolution islamique comme « en Iran » comme le disait hier le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, lors d’une conférence de presse conjointe avec Angela Merkel, en visite d’Etat en Israël. Peur aussi qu’un verrou saute, celui qui, pour beaucoup, maintenait la paix au Moyen-Orient. Le président israélien Shimon Péres a exprimé « son grand respect » pour le président Moubarak, comme pour un au-revoir. « Je ne dis pas que tout ce qu'il a fait était bien, mais il a fait une chose dont nous devons tous le remercier : il a maintenu la paix au Moyen-Orient. ».

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Dessin de Martin Vidberg (www.martinvidberg.com)

Le président Obama n’en pense pas moins, et se garde bien d’appeler ouvertement au départ de Moubarak. « Jusqu'ici, nous sommes satisfaits de la retenue qui a été de mise et nous l'encourageons, au moment même où nous voyons des informations sur une augmentation de la participation des manifestants demain. », a indiqué lundi le porte-parole du président Obama, Robert Gibbs.

Ne parlons pas de Jeannette Bougrab, secrétaire d’Etat à la Jeunesse, qui avait osé dire : « Il faut que le président Moubarak parte. […] Après 30 ans de pouvoir, il y a quand même une forme d'usure. ». Recadrage à Matignon, Jeannette a vite dû déclarer « que la position de la France et de son gouvernement a été exprimée par le président de la République et le Premier ministre ».

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Hosni Moubarak et Nicolas Sarkozy au Palais de l'Elysée, à Paris, le 30 août 2010 (MAXPPP)

Rappelons les mots de Nicolas Sarkozy en Egypte le 30 décembre 2007« Et je voudrais dire au Président Moubarak combien j’apprécie son expérience, sa sagesse et la vision modérée qui est la sienne sur les grands dossiers où il privilégie le dialogue, le consensus, la rencontre dans une région qui a besoin de paix et qui n’a pas besoin de guerre. L’Egypte est, pour la France, un partenaire essentiel et le Président Moubarak est, pour nous, un ami. ». Avec le marché du métro du Caire et la perspective de vendre des centrales nucléaires, c'est évident!

Côté PS, Martine Aubry a déclaré cette phrase étrange, au milieu d’une interview sans relief et vague, menée par Elkabach sur Europe 1 : « Nous soutenons tous les peuples qui se battent, et j’espère qu’ils arriveront à le faire avec la même dignité et le même courage que le peuple tunisien, pour la liberté, pour la démocratie, pour la lutte contre la corruption, et pour plus de justice. ». Les Egyptiens seraient-ils moins méritants que les Tunisiens ? Le porte-parole du PS, lui, dira cette autre chose étrange : « Le Parti socialiste s’implique ou s’impliquera politiquement le plus possible. », avant de profiter de l’événement égyptien pour faire un sort aux agences de notation qui abaissent les notes de ces pays. Deux exemples qui permettent de prendre une posture sans entrer trop dans les détails.

Aujourd’hui mardi, l’Egypte se prépare à la « marche du million » de l’opposition : 1 million de manifestants, c’est l’objectif fixé. Même si le chiffre n’est pas atteint, une forte participation marquera les esprits.

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Comme le disait Ségolène Royal au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI il y a une semaine : « Lorsque des dirigeants restent trop longtemps au pouvoir, on sait bien que, petit à petit, l’absence d’opposition, l’absence de contrepouvoirs, c’est une vérité universelle en démocratie, toute personne qui a du pouvoir a tendance à en abuser, Montesquieu le disait déjà. C’est ce qu’on voit aujourd’hui se dérouler dans ces pays. […] Ce qui est toujours préférable, ce sont des transitions démocratiques, pacifiques. ».

Souhaitons à l’Egypte une transition démocratique et pacifique : les ingrédients sont en place, les rumeurs de fuite vers Londres de la famille Moubarak, la coalition de l’opposition, la volonté de ne pas recourir à la force contre le « grand peuple d’Egypte » de l’armée, la possibilité éventuelle d’une transition pacifique avec les militaires. Il reste à réussir la recette, avec la jeunesse égyptienne.

 

JT de 20h de France 2 lundi 31 janvier : Omar Sharif s'exprime à la 6ème minute

Omar Sharif, l’acteur égyptien le plus connu en France, actuellement au Caire, dans un hôtel qui a une vue imprenable sur la place Tahrir, s’émerveillait hier soir :

« Qu’il y ait la démocratie dans le monde arabe, ça ne me gêne pas du tout, au contraire. Mais c’est tous les pays arabes, il n’y en a pas un qui a de la démocratie dans les pays arabes. Et moi j’ai toujours pensé qu’il n’y aurait jamais de démocratie dans les pays arabes.

Je crois que le président va se démettre, quand même. C’est impossible qu’il continue comme ça. Ça fait 40, 50 ans qu’on est avec les militaires qui sont au gouvernement. Ça suffit, et le peuple c’est les jeunes. Les jeunes, c’est extraordinaire, je ne m’y attendais pas.

Moi je suis avec les jeunes, toujours. Surtout quand ils sont comme ça, tous réunis : ils ont fait une révolution. »

Frédérick Moulin

Suivez la journée de protestation sur LeMonde.fr, minute par minute.

Retrouvez ici la journée de dimanche et ici la journée de lundi.

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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 19:23

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    3 règles simples pour une autre politique économique c'est possible !  

 

Une autre politique économique est possible avec Ségolène Royal.

   

 

1 - L’Etat doit être beaucoup plus entreprenant :

Pour soutenir une politique industrielle en faveur de l’innovation et la croissance verte. Si la mondialisation est difficile, elle peut aussi devenir un atout pour la croissance des entreprises qui savent innover. L’Etat doit les y aider. Ainsi dans la croissance verte de très nombreux chantiers s’ouvrent dans tous les domaines : transport, bâtiment, nouveaux matériaux, …

Pour réformer le système bancaire :

En créant une banque publique d’investissement pour aider les petites et moyennes entreprises à investir et créer des emplois. Les PME sont le véritable tissu productif de la nation et de l’Europe.

En imposant aux banques de séparer les activités économiques et les activités spéculatives.

Pour favoriser la formation des salariés face aux mutations notamment par la création de la sécurité sociale professionnelle pour permettre aux entreprises de conserver leurs salariés pendant le temps de leur formation. La sécurité sociale professionnelle est un droit de formation du salarié pour s'adapter aux mutations technologiques tout au long de sa vie professionnelle.

Pour s’attaquer au chômage des jeunes et permettre l’accès de tous à la formation et l’emploi. « L’investissement dans l’éducation et dans la formation c’est une des clefs de la croissance économique de demain ».

 

2 - L’Etat doit favoriser la confiance :

La confiance passe par une bonne gestion budgétaire imposant :  l’abandon du bouclier fiscal et une réforme fiscale pour donner des marges de manœuvre afin de permettre une politique de relance sans alourdir la dette.

La confiance passe par le dialogue social qui est un facteur d’efficacité économique. La démocratie sociale dans l’entreprise explique une partie de la compétitivité économique et au contraire l’archaïsme des relations sociales en France explique une partie de la perte de compétitivité des entreprises. Le dialogue social permet l'anticipation des mutations et leur accompagnement pour le bien des salariés et de l'entreprise.

« Quand les partenaires sociaux sont capables de se parler… ils sont capables d’assumer les mutations économiques difficiles. »

La confiance passe par une juste rémunération pour tous. Il ne peut pas y avoir d’un côté des patrons qui augmentent très fortement leurs rémunérations et de l’autre des salaires qui n’augment pas ou très peu. Les salaires aujourd’hui sont beaucoup trop bas pour relancer l’activité économique.  

3 - L’Etat doit remettre de l’ordre juste dans un système déréglé :

Il faut sortir du discours de l’impuissance politique. « On a besoin d’une partie de radicalité » pour assurer le changement.

De l’ordre en renforçant le droit du travail en faveur des salariés dans les petites et grandes entreprises. L'interdiction des licenciements boursiers est un exemple de rééquilibrage des pouvoirs.   "Le licenciement boursier n’a que pour seul objectif d’augmenter la productivité financière".

La loi : « Toute entreprise dont la croissance économique est là, dont les résultats économiques augmentent, ne peut en aucun cas prétendre qu’elle peut faire des licenciements économiques ».

De l’ordre en conditionnant les aides publiques à l’interdiction de délocaliser pour les entreprises qui font du profit.

De l’ordre en favorisant l’entrée de l’Etat ou des collectivités locales dans le capital des entreprises pour les aider dans leurs mutations économiques. Pour ne pas accepter que ces entreprises ferment, au nom du marché, entraînant une désindustrialisation de la France.

 

Une politique de bon sens : ça change !

 

Philippe Allard

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29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 19:47

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Ségolène Royal à son arrivée devant le local de l'association Arc-en-Ciel à la Villeneuve (GreNews.com)

Ségolène Royal, lors de sa visite à Grenoble, a été suivie toute la journée par des élèves du lycée Mounier du quartier de la Villeneuve qui marquaient leur présence par de grandes bannières blanches contre la rénovation de leur lycée, qui selon eux risquaient de se traduire par la fermeture de classes et la dispersion des élèves dans les lycées voisins. Ségolène Royal n’a pas été la seule, et de façon générale, les « Mounier » étaient très présents aux Etats Généraux du Renouveau à la MC2 et à ses abords, marquant les marches menant au bâtiment de cœurs rouges et de « Mounier », ou improvisant une chorégraphie sur « Waka Waka (This Time for Africa) » de Shakira.

Les « Mounier » étaient présents au marché de l’Abbaye, avec Ségolène Royal et Céline Deslattes, leur grand bannière déployée juste derrière elles ; ils étaient à l’entrée du local de l’association Arc-en-Ciel à la Villeneuve, et ils étaient aussi aux questions/réponses du débat entre Ségolène Royal et Dominique de Villepin (voir Visite de Ségolène Royal à Grenoble hier : soutien à une candidate aux cantonales, visite aux habitants et aux jeunes de la Villeneuve, Etats Généraux du Renouveau).

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À l’entrée du local de l’association Arc-en-ciel de la Villeneuve, ils faisaient un petit piquet joyeux, avec une bannière « Mounier ne perdons pas une 2nde » : en effet, la rénovation devait à l’origine se traduire par la fermeture des classes de seconde et de BTS à la rentrée 2011 pour permettre, officiellement, la rénovation. « On est encore là ! On est encore là. », se sont exclamées en riant les lycéennes du piquet qui soutenaient la bannière.

Puis Ségolène Royal est entrée dans le local de l’association Arc-en-Ciel pour prendre le thé. Dans la foule qui bruissait du fait de sa présence, on a entendu une femme, admirative, s’exclamer : « Elle est magnifique ! Elle est belle ! ». Ségolène a alors été interrogée sur quoi faire pour le lycée Mounier. Ce qui tombait bien pour une présidente de région qui a la charge des bâtiments des lycées, et pour une ancienne ministre déléguée à l’Enseignement scolaire…

Contrairement à ce que l’auteur de la vidéo écrit, Ségolène Royal n’a rien « appris à l’élève Queyranne », et elle n’a nullement soutenu un « combat contre Jean-Jack Queyranne », deux thèses qui sont d’ailleurs démenties par le contenu même de la vidéo, qui demeure très intéressant en lui-même : Ségolène Royal connaît bien Jean-Jack Queyranne, qui soutient sa démarche, et cette proximité permet à Ségolène Royal de lui téléphoner pour discuter de problèmes comme celui du lycée Mounier.

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"Ensemble TOUT devient possible" disait Sarkozy en 2007 : pourquoi le lycée Mounier risque-t-il de fermer? Parce que Sarkozy et son petit camarade Chatel suppriment 16 000 postes d'enseignants à la rentrée 2011. Pourquoi Sarkozy supprime-t-il des postes d'enseignants? Parce que les enseignants ont "un bac L", donc sont "mauvais", "cons", ou "pauvres" (coucou maman!), ou les 3 à la fois, et que "le lycée est pourri". D'ailleurs, il y aura bien assez d'enseignants après les suppressions de postes, vu que "28% des élèves redoublent" et que "ça doit devenir une exception". Sarkozy le dit, donc c'est fait! Puisqu'on vous dit que TOUT est possible! (dessin de Martin Vidberg)

De plus, c’est mal connaître Ségolène Royal, présidente de la Région Poitou-Charentes, que de penser qu’elle puisse donner des leçons ou lutter contre un autre président de Conseil régional socialiste, un président qui la soutient de surcroît, alors que la candidate aux primaires prône l’unité du parti : Ségolène Royal a été très claire, pour elle, la rénovation des bâtiments du lycée va trouver une solution au niveau de la région Rhône-Alpes et de son président, et le seul problème maintenant, c’est le maintien de l’équipe pédagogique, qui est du ressort du ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, qui veut supprimer 16 000 postes d’enseignants à la rentrée scolaire prochaine.

En 2011 et en 2012, la leçon devra être donnée à l’élève Sarkozy et son petit camarade Luc Chatel, pas à Jean-Jack Queyranne !

Frédérick Moulin

 


envoyé par mounierpamplemousse


Danielle Mingone : nous sommes ravis de bous avoir avec nous, et de pouvoir dire aussi que la démocratie, c’est le maintien d’un lycée sur son territoire…

Ségolène Royal, enjouée : ah ! Le lycée !

Danielle Mingone : … le territoire du quartier Sud, le maintien du lycée Mounier, c’est aussi pour ça que nous nous battons, pour qu’il soit reconstruit sur site, sans redéploiement de son personnel et des élèves. Nous vous remercions d’être venue et de nous avoir entendue. Je suis Danielle Mingone, conseillère principale d’éducation du lycée.

Ségolène Royal : alors, sur le lycée … (Applaudissement, acclamations) … alors un mot peut-être sur le lycée dont j’ai rencontré avec Michel [Destot, maire de Grenoble, NdlR] à l’instant les élèves et la communauté éducative, et puis j’ai eu Jean-Jack Queyranne au téléphone encore ce matin. Moi ce que je voudrais, c’est d’abord vous apporter la garantie du président de la région sur son attachement à l’éducation nationale et à tout ce qui fait la réussite des jeunes.

Et comme il me le disait, comme le rappelait aussi Michel Destot à l’instant, c’est vrai que ce lycée est un lycée exemplaire, je crois qu’on peut le dire, parce qu’il a réussi la mixité sociale, et avec cette bataille pour la mixité sociale, grâce à la qualité de l’équipe pédagogique, il a réussi à avoir des résultats scolaires très bons. Donc moi je ne peux que me réjouir, on se réjouit tous quand on est socialiste et quand on est attaché à l’éducation, de voir des hommes et des femmes et des élèves qui se battent pour leur lycée, qui se battent pour l’éducation, qui ont envie de travailler, et je trouve que ces combats-là sont des combats positifs.

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Ségolène Royal pendant son allocution sur le lycée Mounier dans les locaux de l'association Arc-en-Ciel : à gauche, Céline Deslattes, candidate PS aux cantonales, soutenue le matin par Ségolène Royal au marché de l'Abbaye, et Michel Destot, député-maire de Grenoble

Maintenant, il y a un certain nombre de contraintes physiques, puisque c’est vrai que ce lycée est en mauvais état, qu’il y a des problèmes de sécurité. Mais je crois qu’il y a eu aussi un rapport de médiation, qui a je crois posé des bases justes, et qui consisterait à faire en sorte que les travaux puissent commencer par tranches, là c’est une présidente de région qui vous parle, donc j’ai eu les mêmes difficultés quand il faut rénover les lycées, il faut déplacer les élèves à l’intérieur du lycée, c’est un peu compliqué, il y a des lycées en chantier où on continue à enseigner, etc., et je pense que le rapport de la médiation va dans la bonne direction, c’est-à-dire qu’on peut très bien maintenir le lycée, commencer les travaux par tranches, c’est-à-dire maintenir le lycée, maintenir l’équipe pédagogique, et entamer un processus de travaux par tranches, qui permettra à la fois de maintenir le lycée, mais en même temps de garantir la sécurité des élèves et des équipes pédagogiques.

Donc j’espère que votre combat sera victorieux et va déboucher sur ce que vous souhaitez, parce que des combats pour l’éducation, eh bien sachez que les socialistes les soutiennent, et je suis sûr que Jean-Jack Queyranne, que j’avais à l’instant au téléphone et qui est favorable aussi à la [perspective] de la solution de médiation, saura trouver les mots auprès du ministère de l’Education nationale !

Parce que c’est maintenant vers le recteur qu’il faut que vous vous dirigiez pour que la région, qui va investir matériellement sur les travaux, puisse obtenir de la part du rectorat et donc du ministère de l’Education nationale, le maintien de l’équipe pédagogique sur place au lycée Mounier, voilà. Bon courage pour votre combat !

Les habitants réunis présents : merci ! (Applaudissements)

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29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 10:05

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Ségolène Royal aux Etats du Renouveau hier à Grenoble (GreNews.com)

Ségolène Royal effectuait hier une visite à Grenoble, et était l’invitée des Etats Généraux du Renouveau, organisés par Libération et Marianne à la MC2 dans l’après-midi. 

Ségolène Royal a commencé sa visite à Grenoble dès le matin par une visite au marché de l’Abbaye, manteau sombre et écharpe rouge, ce qui rappelait François Mitterrand, pour soutenir et écouter la candidate PS Céline Deslattes aux élections cantonales. Céline Deslattes est conseillère municipale déléguée en charge de la Petite Enfance, et secrétaire fédérale PS à l’éducation.

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Au milieu, les U imbriqués de la Cité de l'Abbaye ; un peu à gauche en bas, la place du marché

Le marché de l’Abbaye est situé en bordure de la Cité de l’Abbaye, bâtie entre-deux-guerres, un quartier populaire et qui se caractérise selon l’INSEE un haut degré de précarité des ménages (forte concentration de familles monoparentales ou de couples à bas revenus avec au moins deux enfants, chômeurs de faible qualification).

L’accueil réservé à Ségolène Royal au marché de l’Abbaye a été très chaleureux, quelques bousculades ont eu lieu dans la foule assemblée, de nombreuses mains ont été serrée par la candidate à la primaire organisée par le PS. Ségolène Royal, souriante, était visiblement dans son élément, au contact avec le peuple qui souffre et qui se bat, dans un quartier où la vie n’est pas facile.

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Ségolène Royal au marché de l'Abbaye à Grenoble hier matin

« Bonjour Madame Ségolène ! », « Ségolène avec nous, Ségolène avec nous ! » scandé en rythme, « Ségolène, Ségolène ! », « Je pourrais avoir une photo avec vous ? Je vais la faire montrer à tous mes copains dans le quartier ! », voilà ce qu’on pouvait entendre sur le passage de Ségolène Royal. L’ex-candidate à la présidentielle de 2007 était accompagnée de Michel Destot, député-maire PS de Grenoble, et de Najat Vallaud-Bellkacem, adjointe au maire de Lyon et proche de la présidente de la Région Poitou-Charentes.

Elle était également suivie par une bannière, portée par des lycéens, sur laquelle on pouvait lire : « Fermer une école, c’est ouvrir une prison – We love Mounier ». Le lycée Mounier doit en effet fermer partiellement à la rentrée prochaine, les classes de seconde et de BTS étant supprimées pour cause de « rénovation », mais les élèves craignent que le lycée ne ferme complètement dans 2 ans. Il semble qu’une solution se dégage avec l’appui et une médiation proposés par Jean-Jack Queyranne, président de la Région Rhône Alpes ; les « Mounier » seront présents toute la journée auprès des personnalités politiques, jusque dans le grand auditorium de la MC2.

Devant les caméras de GreNews.com, Ségolène Royal est revenue sur les raison de sa venue au marché de l’Abbaye, parlant de Céline Deslattes :

« Ségolène Royal : elle est excellente, c’est pour ça que je viens la voir.

Une journaliste de France Bleu : et vous allez lui dire quoi ?

Ségolène Royal : je vais écouter surtout ! Je vais écouter, elle va me dire justement quelle est son ambition pour le canton par rapport à l’éducation des enfants. »

 


 

Puis Céline Deslattes a explicité son action, chemin faisant, sur le marché, Ségolène Royal à ses côtés :

« Pour nous c’est extrêmement important, c’est important parce qu’ici vous avez 45% des 0-3 ans qui vivent dans des familles en-dessous du seuil de bas revenus, vous avez une situation de paupérisation et de précarité. Et se battre pour l’éducation, ce que disait Ségolène, c’est une priorité ici. On a monté une structure passerelle, ensemble avec des professionnels, on a des espaces famille, on a des lieux de parentalité, comme la Marelle ici, qui font un travail extraordinaire avec les familles, et je crois que c’est par là, par l’éducation, qu’on peut sortir tout le monde vers le haut. »

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Ségolène Royal à son arrivée au local de l'association Arc-en Ciel dans le quartier de la Villeneuve

Ensuite, Ségolène Royal s’est rendue dans le quartier de la Villeneuve, qui avait connu une flambée de violence en juillet 2010, ce qui avait donné un prétexte à Nicolas Sarkozy pour faire son fameux discours à la préfecture de l’Isère le 30 juillet 2010. Là, rien de tel : Ségolène Royal est allée prendre le thé au local de l’association Arc-en-Ciel, non sans avoir déclaré que son déplacement dans le quartier de la Villeneuve était « très important », « emblématique », et qu’elle venait voir le « travail de terrain qui a été fait pour remettre de la cohésion sociale et de la tranquillité publique ». Les « Mounier » étaient encore sur le passage de la candidate aux primaires, qui les a salués. Puis devant les caméras de GreNews.com, une habitante s’est exclamée :

« Mais quand vous êtes algérienne, vous restez avec votre balai toute votre vie. Et moi je suis ASH à l’hôpital, j’en ai marre, parce que j’ai voulu faire aide soignante,  j’ai voulu faire dans les bureaux, ça a toujours été des bâtons dans les roues. Et je comprends les jeunes, je comprends pourquoi les jeunes aujourd’hui en ont marre, et je suis d’accord avec eux. »

 


Puis Ségolène Royal a pris la parole :

« Moi ce que je veux dire ici solennellement, c’est qu’il n’y a pas de territoire perdu pour la République. Le nouveau souffle à donner à la République, il est d’abord autour de la justice sociale, parce que la République, elle marche sur deux jambes, il y a la démocratie, la République démocratique, et le République elle est devenue sociale avec les combats sociaux. Et donc aujourd’hui chaque fois que la démocratie recule, c’est la République qui s’affaiblit, chaque fois que l’injustice sociale avance, c’est la République qui s‘affaiblit. »

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Les jeunes du quartier de la Villeneuve qui ont abordé Ségolène Royal

En quittant le quartier de la Villeneuve, Ségolène Royal a été abordée par des jeunes du quartier. « Y’a rien dans ce quartier, y’a rien pour les jeunes » ont répété de très nombreuses fois ces jeunes, contredits dans un premier temps par Ségolène Royal, puis par Michel Destot, maire de Grenoble, qui se trouvait hors du champ de la caméra et qui a indiqué qu’il existait des équipements « pas très loin ». Malgré un flot de griefs difficiles à interrompre, les jeunes admiraient et respectaient quand même Ségolène Royal : « Vous m’impressionnez un peu, vous êtes présidente bientôt, Incha’Allah », puis à un autre jeune : « Enlève ta veste [qui te couvre la bas du visage], réponds bien, c’est une ministre, ça, c’est une ministre.. ».

Ségolène Royal, pour arrêter le flot de paroles et entamer un dialogue, a été obligée de se montrer ferme : « Calmez-vous », a-t-elle dit sans s’énerver, « sinon je m’en vais », car « je vous ai entendus, avant de répondre ».

 


La candidate aux primaires a alors discuté avec les jeunes, proposant finalement :

« Ségolène Royal, à un jeune avec lequel elle discutait : il faut trouver un apprentissage. Il va y avoir la rénovation du quartier. Il va falloir que les jeunes soient embauchés sur la rénovation du quartier, avec des contrats d’apprentissage. On va demander aux entreprises, on a vu ça avec le maire ce matin, les entreprises qui vont venir rénover le quartier seront obligées de prendre des jeunes en apprentissage. Mais vous devrez faire des efforts, aussi !

Les jeunes : on fait des efforts.

Ségolène Royal, au jeune : si on vous donne les moyens de vous former, et d’accéder aux métiers du bâtiment, par exemple, ça serait intéressant, pour rénover votre quartier…

Le jeune : bâtiment, j’le fais, moi, Madame.

Ségolène Royal : eh bien voilà, eh bien c‘est très bien.

Le jeune : ben ouais, ben, trouvez moi ça, hein.

Ségolène Royal : voilà. Et si on vous trouve ça, vous allez le faire ?

Le jeune : ouais, j’le fais direct !

Ségolène Royal : bon, eh bien alors on va trouver ça, vous prouver qu’on va trouver ça. »

En bref, un vrai dialogue, pas de « karcher » ou de « descends, descends, on va s'expliquer ! » comme nous y avait habitué Nicolas Sarkozy, qui de toute façon ne se déplace plus qu’en terrain nettoyé préalablement par les forces de l’ordre et surveillé.

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Le grand auditorium des Etats du Renouveau à la MC2 de Grenoble hier (Sina Mirabdolbaghi/Libération)

Vinrent enfin Les Etats du Renouveau à la MC2. Le grand auditorium était plein et après un bref discours d’ouverture de Laurent Joffrin, directeur de publication de Libération, l’un des deux titres co-organisant l’événement avec Marianne« Je déclare ouverte non pas la campagne électorale mais la campagne des idées » - vint le temps du premier débat. Depuis plusieurs jours déjà, la MC2 affichait complet pour le débat avec Ségolène Royal, qui avait pourtant lieu dans le grand auditorium, plus aucune place n’était disponible à la vente. Premiers intervenants donc, Ségolène Royal et Dominique de Villepin, deux diplômés de la promotion Voltaire de l’ENA, et deux candidats dans l’optique de 2012 : ça tombait bien, le thème de leur confrontation d’idées était : « 2012, un nouveau souffle pour la Ve République ? ».

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Beaucoup de points de convergence entre les camarades de promotion, une franche courtoisie et un ennemi commun, Nicolas Sarkozy. Mais tandis que Ségolène Royal s’attachait à marquer les frontières entre droite et gauche, Dominique de Villepin appelait, sans préciser lesquels « à des nécessaires rassemblements ». Ce à quoi la candidate au primaires rétorque : « rien ne serait pire que de ne construire des convergences que sur l’antisarkozysme » : une convergence sera forcément une convergence des idées et des valeurs.

De retour du quartier de la Villeneuve, Ségolène Royal souligne : « Comment ne ferions-nous pas un bout de chemin ensemble si la République est menacée ? Je rêve d'un monde où les questions d'immigration et de sécurité ne seraient plus instrumentalisées et dans lequel on pourrait dépasser les clivages politiques. »

La présidente de la Région Poitou-Charentes, qui a abandonné son mandat de député pour se consacrer à sa fonction, cible alors le cumul des mandats. Une mesure qui peut s’inscrire dans la refonte de l’Etat voulue par Dominique de Villepin : gouvernement resserré, nombre de régions réduit à huit ou dix, abaissement du nombre de députés à 400. Des mesures qui ne déplaisent pas à la candidate aux primaires.

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Ségolène Royal et Dominique de Villepin hier lors de leur débat aux Etats Généraux du Renouveau (Michel Sicot/Libération)

« On aurait dû faire un referendum d’initiative populaire sur les retraites », regrette Ségolène Royal ; « Gauche et droite confondues, l’impuissance et l’immobilisme sont toujours au rendez-vous », renchérit de Dominique de Villepin.

 « La première décision que je prendrai, c’est de rétablir l’année de formation pour les jeunes enseignants », s’exclame Ségolène Royal. Encore une fois, Dominique de Villepin n’est pas opposé à cette mesure.

Un différend tout de même, sur un point-clé du programme de Ségolène Royal : les licenciements boursiers. Dominique de Villepin met en garde contre « les bonnes intentions », indiquant qu’une telle mesure est impossible et risque de faire fuir de France les entreprises concernées, alors que Ségolène Royal demande à ce qu’on ne lui fasse pas de procès en « incompétence ».

« Il y a des sujets sur lesquels le combat politique est là, et bien là. », note l’ex-candidate à la présidentielle de 2007.

 


Puis Ségolène Royal martèle : « La République, c’est un combat. La République, c’est un combat pour remettre le peuple au cœur de la décision politique. La République, c’est ce qui est fait par le peuple, pour le peuple, le pouvoir du peuple. »

Les « Mounier », venus dans l’auditorium, l’interrogent : « Trouvez-vous normal qu'un socialiste, votre ami Jean-Jack Queyranne, décide de fermer un lycée? ». Applaudissements.

Ségolène Royal connaissait son dossier, et la réponse fut prompte :

« Je me réjouis de constater que vous combattez pour votre lycée. C'est un beau combat, vous avez raison. Ce lycée a réussi le pari de la mixité sociale, l'équipe pédagogique est d'une grande qualité. Il y a besoin de travaux. Mais la fermeture ne semble pas justifiée.

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Ségolène Royal devant la MC2 à Grenoble, où se tenaient les Etats Généraux du Renouveau hier (Dauphiné Libéré)

Je crois savoir qu'une médiation a été menée [sous l’égide de Jean-Jack Queyranne, président de la région, NdlR], qu'il est possible d'engager des travaux tranche par tranche... Il y a donc un bon espoir. Quelque chose me dit même que vous allez être récompensés de votre détermination. Retournez-vous vers le rectorat ! La balle est désormais dans son camp, dans celui de l'Etat. J'espère que vous gagnerez ! » Applaudissements nourris également.

Bonus track ajouté samedi 29 janvier à 23h00 :

Vous trouverez ci-dessous l'intégralité du débat entre Ségolène Royal et Dominique de Villepin aux Etats Généraux du Renouveau à la MC2 de Grenoble vendredi 28 janvier de 15h à 16h30, sur le thème : "2012, un nouveau souffle pour la Vème République?" :

 


Frédérick Moulin

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 19:45

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Le Siècle c’est ce club très privé regroupant les membres de la classe dirigeante, une association pour des privilégiés. Il compterait environ six cents membres aujourd’hui, des membres cooptés, il faut être introduit et recevoir le vote des membres triés pour venir s’asseoir à la table du grand capital.

Ses membres (journalistes, dirigeants de grandes entreprises et politiques) se réunissent chaque dernier mercredi du mois au célèbre et luxueux hôtel de Crillon, place de la Concorde à Paris. Sous les lambris d’or et les lustres de cristal, derrière les rideaux épais, une coupe de champagne à la main, la haute classe peut deviser loin, bien loin du peuple et défendre ses intérêts contre la populace. Là les amitiés se tissent et toutes les compromissions sont possibles entre le grand capital, les politiques et les représentants des médias si fiers d’être acceptés à cette table dorée.

Un monde à part, mais une injure au peuple qui de l’autre côté de la place de la Concorde envoie ses représentants en comptant de moins en moins sur les pouvoirs de cette assemblée pour les défendre. Les lieux de pouvoir semblent ailleurs, un monde où les mots sont plus feutrés, dans un hôtel de l’autre côté de la place par exemple.

 

Parmi les membres de ce club très fermé, on y trouve quelques personnalités de gauche, qui ont accepté d’en faire partie, malgré leur idéal, malgré l‘espoir de changement qu‘ils devraient porter. On peut notamment retrouver Lionel Jospin, on comprend mieux certaines de ses déclarations …, mais aussi Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry. Tiens, c’est un trio qui me dit quelque chose …

Imaginons un instant Jean Jaurès venir à la table du grand capital pour discuter noblement avec lui des luttes à mener pour arracher les droits des ouvriers … Impossible me direz-vous … et vous aurez raison. L’engagement politique impose une conduite car comme le dit le proverbe « dis-moi qui tu fréquentes je te dirai qui tu es ».

Martine Aubry la représentante du premier parti de gauche, préparant le fameux programme des socialistes qui tarde tant à venir … Martine Aubry qui avait refusé de soutenir le référendum contre la casse des retraites brisant le mouvement social, Martine Aubry à la table du grand capital. Mais dans quel but ? Quel intérêt pour une dirigeante du premier parti de gauche d'être membre de ce club fermé pour nouveaux artistocrates, quel intérêt de s’asseoir à cette table dorée ? Est-ce le lieu pour voir les problèmes de notre société ? Est-ce le lieu pour réfléchir aux solutions à proposer ? Est-ce le lieu pour préparer le programme de la gauche pour une société plus juste ?

 

Non bien sûr ! Alors quel intérêt ?

Le grand capital sait qu‘à la droite peut succéder la gauche. Après la gouvernance totalement ratée de Nicolas Sarkozy devenu « l’homme malade » de la droite, il faut d’autant plus ménager certaines personnalités recommandables à gauche. Entre gens bien comme il faut, entre personnes qui se respectent, se côtoient, discutent, on peut s’entendre… Autour d’un verre on peut faire comprendre certaines choses pour maintenir un système nécessaire, tellement indispensable au fonctionnement du pays et du monde.

Pourtant un système qui n‘a pas peur de « dégraisser »  comme ils disent au nom de l‘intérêt de quelques uns, un système qui peut plonger dans la misère des hommes et des femmes, « un système aussi cupide qu’il peut inventer le médicament qui tue »… Un système qu’il faudrait avoir la force et le courage de maîtriser, de contrôler, de réguler.

Depuis plusieurs mois maintenant, le peuple subit un véritable matraquage à coup de sondages et d’articles complaisants aux bénéfices de Dominique Strauss-Kahn et de Martine Aubry. Depuis plusieurs mois, on nous vante la compétence, les qualités de ces deux personnalités. Mais dans quel but au juste ? Pensent-ils vraiment que nous soyons dupes de ces jeux là ?

 

Philippe Allard 

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 04:21

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Philippe Aghion à l'UPP sur la crise de l'€uro et de l'Europe (MEAGSR/F.M.)

Dimanche dernier, Ségolène Royal, interrogée sur les manifestations qui surgissent au Maghreb, et plus particulièrement, après la Tunisie, en Algérie, faisait une analyse très juste de la situation :

« Il y a eu là des revendications, des manifestations par rapport aux difficultés économiques, très fortes, par rapport au chômage des jeunes, c’est un peuple où il y a une jeunesse considérable, de façon générale, d'ailleurs, ces pays sont très jeunes, et ces jeunes ne comprennent pas pourquoi, dans un pays qui en plus a des ressources importantes [rente pétrolière et gazière – 50% du gaz africain et 2ème producteur de pétrole, exporté à 85%, NdlR], pourquoi il n’y a pas une plus juste répartition, là aussi, des richesses, pourquoi est-ce que le peuple algérien souffre de précarité et de pauvreté, alors qu’il y a tant de richesses distribuées. Donc c’est une véritable mutation non seulement économique, mais [aussi] politique, que le gouvernement algérien doit aujourd’hui enclencher. […]

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C’est évident, il y a un problème de libertés publiques, il y a un problème de liberté d’expression, il y a un problème de constitution d’autres forces politiques, il y a un problème d’échéances électorales, et d’une façon générale, lorsque des dirigeants restent trop longtemps au pouvoir, même si au début, d’ailleurs, de l’exercice de ce pouvoir, ils ont fait des choses positives pour leur pays, on sait bien que, petit à petit, l’absence d’opposition, l’absence de contrepouvoirs, c’est une vérité universelle en démocratie, toute personne qui a du pouvoir a tendance à en abuser, Montesquieu le disait déjà. C’est ce qu’on voit aujourd’hui se dérouler dans ces pays. […] Ce qui est toujours préférable, ce sont des transitions démocratiques, pacifiques, et qui se déroulent normalement, c’est-à-dire tout dirigeant doit organiser sa succession. »

 

 


Lundi soir, lors de l’UPP sur l’€uro, interrogé par un militant de Désirs d’avenir des Hauts-de-Seine, Mamadou (12ème minute de la vidéo), que Ségolène Royal avait eu l’occasion de rencontrer récemment à Boulogne-Billancourt, sur l’impact de la crise de l’€uro et de l’Europe sur l’Afrique, Philippe Aghion, économiste enseignant à Harvard et à l’Ecole d’économie de Paris, a repris cette analyse en faisant référence (après 14 minutes et 19 secondes de vidéo) à un article de l’écrivain franco-marocain Tahar Ben Jelloun paru dans Le Monde daté de dimanche 23-lundi 24 janvier, « Un printemps en hiver », repris ci-dessous, où il évoque « ces momies aux cheveux gominés qui sèment la détresse et le malheur parmi leur peuple » :

« Je veux juste dire un mot sur l’Afrique. Je crois que la Tunisie, c’est quelque chose de très important pour la France, parce que je crois que la France a fait le mauvais calcul souvent, enfin, à mon avis, de penser qu’on pouvait s’accommoder de régimes autoritaires et corrompus. Et elle se rend compte que d’abord ça fait le lit d’extrémismes dont on ne veut pas, plutôt que d’en être le rempart, et puis tous les problèmes que nous avons d’interaction, sont aggravés par le fait qu’il y ait dérive. Quand on a fait l’ouverture à l’Est, dans les statuts de la BERD, il y avait l’idée […] de dire : « Vous vous ouvrez au marché, c’est-à-dire au marché européen, et à la démocratie en même temps. » Et très curieusement, ceux qui ont proposé, nos dirigeants, l’Union de la Méditerranée, s’accommodaient tout à fait de ce que Tahar Ben Jelloun appelait « ces présidents goménolés qui se teignent les cheveux jusqu’à 95 ans et qui persécutent leurs populations. » […]

Si on veut créer un espace de développement avec lequel on puisse dialoguer, et qu’il puisse y avoir un ‘cross fertilizing’ entre nous et eux, il faut pousser pour des régimes démocratiques, c’est très important, parce que c’est le meilleur rempart possible pour le développement, et contre toute forme d’extrémisme et de fondamentalisme, c’est la démocratie qui va l’apporter. Je crois que la Tunisie, c’est une leçon que les Français ont pris en pleine figure, l’administration Obama a beaucoup mieux compris que l’administration française ce qu’il fallait faire en Tunisie, et j’espère que ça va nous donner des leçons pour comment traiter avec l’Egypte, l’Algérie, le Maroc, etc., parce que le développement mutuel ne peut venir que d’un mouvement comme ça. »

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Tahar Ben Jelloun (El Païs)

Tahar Ben Jelloun ne parle pas du Maroc, le pays où il est né et auquel il reste très attaché, peut-être parce que l’histoire de la dynastie alaouite remonte au XVIIème siècle, parce que les Alaouites sont des chérifs, descendants de Mahomet selon la tradition, et parce que le roi est – et c’est aujourd’hui dans la constitution marocaine – le commandeur des croyants, grade à la fois religieux, politique et social. Et que cette histoire n’est pas celle de Ben Ali, un « ancien flic » comme l’appelle Tahar Ben Jelloun, de Kadhafi, fil de bédouin de la région Syrte, de Moubarak, né dans une bourgade du Delta du Nil, qui a gravi un à un les échelons de l’armée avant d’arriver au pouvoir, ou de Bouteflika, qui a grandi au Maroc à Oujda et y est devenu moniteur scout. Tahar Ben Jelloun ajoute aussi le régime opaque libyen de Kadhafi.

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Dessin de Plantu

Avec les manifestations de ces derniers jours en Egypte, pays sublime et cher à mon cœur, un des berceaux de la civilisation, arrêtons nous quelques instants sur ce pays. Un pays dirigé par le président Moubarak : « des dépenses gouvernementales excessives » dit Wikipédia. Et deux fils, Alaa, accusé de corruption sur fond d’affaires de marchés publics et de privatisations, et Gamal, qui gravit consciencieusement les échelons du parti au pouvoir, le Parti national démocratique fondé par le président Anouar el-Sadate, assassiné en 1981. Même si le président Moubarak l’a toujours nié, de nombreuses rumeurs le pressentaient pour succéder à son père.

L’Egypte est un pays à la population jeune : 33% de la population, soit 28 millions d’Egyptiens, a moins de … 14 ans ! L’âge moyen de la population est 24 ans… Même le site de données de la CIA l’écrit : « En dépit d’une croissance économique importante ces dernières années, les conditions de vie de l’Egyptien moyen restent mauvaises. » La proportion  de la population en dessous du seuil de pauvreté est de plus de 20%, contre 6% pour la France par exemple.

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Manifestants face à la police hier dans une rue de la ville portuaire de Suez, 3ème ville du pays avec plus de 500 000 habitants (Khaled Desouki/Agence France-Presse-Getty Images)

Notre Nicolas Sarkozy national n’a pas été en reste pour aller à la soupe dans ce pays de 85 millions d’habitants, aux besoins en équipements immenses : métro du Caire, propositions de centrales nucléaires, tout sera bon. Relevons cette allocution qui montre l’abysse qui sépare les valeurs de Ségolène Royal et celles de Nicolas Sarkozy, lors d’un discours effectué le 30 décembre 2007 en voyage officiel en Egypte, à l’occasion de la troisième rencontre des deux présidents, la première ayant eu lieu dès le 1er août à Paris, trois semaines après la visite de Sarkozy en Tunisie :

« Et je voudrais dire au Président Moubarak combien j’apprécie son expérience, sa sagesse et la vision modérée qui est la sienne sur les grands dossiers où il privilégie le dialogue, le consensus, la rencontre dans une région qui a besoin de paix et qui n’a pas besoin de guerre. L’Egypte est, pour la France, un partenaire essentiel et le Président Moubarak est, pour nous, un ami. […]

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Les amis de Nicolas Sarkozy : Ben Ali (ah non! Il est "ennemi facebook" maintenant!), Kadhafi, Moubarak... (dessin de Martin Vidberg)

Nous avons évoqué le dossier du nucléaire civil en détail. Le Président Moubarak connaît très bien la qualité de la filière nucléaire civile française, son expertise, son expérience et la volonté que nous avons de fournir à l’Egypte l’énergie dont elle a besoin. Les journalistes le savent très bien ici, je suis persuadé que le nucléaire, c’est l’énergie du futur et qu’il est de la responsabilité de pays comme la France de permettre aux pays arabes d’accéder à l’énergie du futur. Ceux qui ne comprennent pas cette orientation veulent en vérité condamner les pays arabes à ne pas ouvrir leurs économies au XXIème siècle ».

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Combat de rue entre manifestants antigouvernementaux et la police. La police anti-émeute et des policiers en civil ont tapé sur les manifestants et ont dispersé la foule avec du gaz lacrymogène (Scott Nelson pour The New York Times)

Mais qu’en dit RSF, un baromètre sûr ?

« 143ème sur 175 dans le dernier classement mondial [de la liberté de la presse] - Depuis son arrivée au pouvoir en 1981, Hosni Moubarak n’a eu de cesse de vouloir contrôler la liberté de la presse, mais également l’accès à l’information des citoyens. Depuis quelques années, les autorités ont renforcé leur contrôle de la Toile, sans pour autant pratiquer un filtrage à outrance. Le Caire se veut également le moteur, avec Riyad, de la création d’un Office des chaînes satellitaires arabes, surfant sur la vague du retour à l’ordre moral.

La création d’un journal requiert non seulement l’aval du Haut Conseil de la presse, dirigé par le chef de l’Etat, mais également celui du Conseil des ministres et des différents services de sécurité. En cas de publication d’articles apparentés à des “menaces à la sécurité nationale”, les autorités peuvent arbitrairement fermer et le journal et le parti lié. En outre, 99% des maisons de presse lui appartenant, le gouvernement égyptien conserve une mainmise sur l’impression de la presse. Ceci lui donne la possibilité de censurer à tout moment la publication d’un journal.

Toutefois, malgré l’état d’urgence et les lois liberticides en vigueur, les journalistes égyptiens s’évertuent à repousser les limites imposées, les titres indépendants sont parvenus à s’imposer.

Mais la liberté de ton n’est pas sans risque. 32 articles de loi pénalisent ainsi la presse, éparpillés entre le code pénal, la loi sur la presse, la loi sur les publications, celle relative aux documents d’Etat (qui interdit notamment aux journalistes d’accéder à certains contenus officiels), à la fonction publique, aux partis politiques, etc. »

Quant au régime policier au pouvoir en Egypte, Tahar Ben Jelloun explique clairement ce qu’il en est. Le message est clair à travers un exemple terrible, en concluant :

« On dirait que Dieu a maudit ces pays, il les aurait abandonnés à des guignols bruts et cruels jusqu'au jour où le feu de la justice surgit de la rue, comme un printemps en plein hiver. »

Aujourd’hui a lieu en Egypte une manifestation « qui s’annonce importante », comme l’écrit LeMonde.fr, « la manifestation de tous les dangers ». Pour la première fois, la principale force d’opposition, les Frères musulmans, complètement éliminés du Parlement lors des « élections » législatives de novembre dernier après avoir obtenus 88 sièges en 2005 sur 518, appelle à descendre dans la rue « contre la vie chère et pour des réformes politiques ».

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Mohamed ElBaradei, entouré de journalistes à son arrivé au Caire hier (Peter Macdiarmid/Getty Images)

Mohamed ElBaradei, ancien directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), prix Nobel de la paix 2005 avec l’AIEA pour leurs efforts contre la prolifération des armes nucléaires, a fait par ailleurs son retour en Egypte hier pour participer à la manifestation d’aujourd’hui, après avoir créé un mouvement politique en février, l’Agence nationale pour le changement (ANC). Il est prêt à « mener la transition » politique si la population égyptienne le lui demande. « Il sert le pays depuis trente ans et il est temps qu'il se retire. », a ajouté M. ElBaradei en parlant du président Moubarak, rejoignant sur ce point l’analyse générale de Ségolène Royal.

Frédérick Moulin

-oOo-

lemonde pet23 janvier 2011

Un printemps en hiver

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Quand une dictature se rouille de l'intérieur, il suffit d'une étincelle pour qu'elle s'effrite. On dit qu'un maillon faible a cédé, et de ce fait il est plus fort que toute la chaîne. Ainsi le régime d'un ancien flic et d'une ancienne coiffeuse est tombé sur le fil des évidences, un fil tenu par un peuple qui ne pouvait plus supporter les humiliations, le mépris, le vol et la misère. Un peuple qui, dès 1988, avait manifesté sa colère et avait été réprimé sauvagement.

Voir un chef d'Etat, gras et épais, cheveux teints et regard satisfait, fuir comme un voleur, mendier un lieu d'asile, essuyer quelques refus, apprendre que cet homme qui a semé la terreur chez un peuple bon et patient est dans la détresse d'un Bokassa ou d'un Duvalier, tout cela prouve qu'il ne méritait pas d'avoir été un chef d'Etat et que, tout au plus, il aurait pu poursuivre sa carrière de fonctionnaire médiocre dans une ambassade lointaine. Le Tribunal pénal international devrait se dépêcher de l'inculper et espérer l'arrêter et le juger. Sinon, c'est trop facile : on réprime, on torture, on vole puis on part en exil doré à Djedda.

A présent, ce que feront les Tunisiens de ce printemps en plein hiver est une affaire qui les regarde. Cependant l'exemple tunisien fascine et inquiète. Il suscite l'admiration et des interrogations. Des régimes arabes tremblent en silence ; des dirigeants se passent et se repassent le film des événements : "Et si ça arrivait chez moi ?" Des insomnies sont à prévoir et des comptes à l'étranger à bien fournir (ils viennent d'apprendre qu'il faut éviter les banques françaises).

Il est des sociétés dans le monde arabe où tous les ingrédients sont réunis pour que tout explose. Trois Etats entrent dans cette configuration.

La Libye d'abord, parce qu'on ne sait rien de ce qui s'y passe. Un homme, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat (1969), cultive son culte de manière si grotesque qu'il échappe à toutes les prévisions. Le pays vit sous un linceul de silence et de résignation. Rien ne filtre. Pour la Tunisie, c'est un voisin dangereux et pervers. Il faudra s'en méfier. Quand le " raïs " se déplace à l'étranger, il impose à ses hôtes son folklore et son arrogance. Il a la maladie du pétrole. D'où, après l'illégitimité, l'impunité. Et certains Occidentaux se mettent presque à genoux dans l'espoir de lui faire signer de gros contrats. En vain.

L'Algérie. Un pays et un peuple magnifiques. Des potentialités exceptionnelles. Une jeunesse nombreuse et vive. Des richesses immenses en gaz et en pétrole. Mais un système militaire qui tient le pays depuis l'indépendance et qui ne lâche rien. Quand l'armée installe un civil à la présidence de la République, il est là pour exécuter ses ordres. Sinon, son élimination est possible, comme ce fut le cas de Mohamed Boudiaf, qui avait cru pouvoir gouverner selon ses propres principes et valeurs. Il fut assassiné le 29 juin 1992.

L'écrivain algérien Rachid Mimouni (1945-1995) avait publié un roman, La Malédiction (Stock, 1993). Il parlait de son pays. On peut hélas ! inclure une grande partie du monde arabe dans cette malédiction qui dure depuis si longtemps. Des régimes issus de coups d'Etat, des présidents qui se font " élire " à des scores frisant les 99 %, un mépris profond pour le citoyen, les richesses du pays accaparées par des individus qui tirent les ficelles dans l'ombre - ainsi la manne pétrolière et gazière de l'Algérie ne profite pas au peuple, qui reste pauvre et sans espoir de changement.

L'autre pays, c'est l'Egypte. Là, la pauvreté, la corruption et le culte de la personnalité ont fini par installer la rouille dans tous les rouages de l'Etat. Au moment où Mohamed Bouazizi s'immolait par le feu à Sidi Bouzid (cet acte sacrificiel ne fait pas partie des traditions du monde musulman, c'est dire combien le désespoir est immense !), la police égyptienne faisait du Kafka sans le savoir.

Il s'appelait Sayyid Bilal, il avait 31 ans, musulman pratiquant. Il vivait à Alexandrie tranquillement avec sa femme, qui était enceinte. Le mercredi 5 janvier, il reçut un coup de téléphone du ministère de l'intérieur : " Venez nous voir ce soir à 10 heures ; apportez une couverture avec vous, vous en aurez peut-être besoin. " A l'heure dite, il se présenta, ne sachant pas la raison de cette curieuse " invitation ", mais, en bon citoyen, il ne posa pas trop de questions.

Vingt-quatre heures plus tard, le même agent de police appelle sa famille et leur dit : " Venez chercher le corps de Bilal : il est mort. " Stupeur. Le corps porte de nombreuses traces de torture. Les parents reconnaissent à peine leur fils, ils ont juste le temps de prendre des photos. La famille porte plainte. On lui ordonne de la retirer sous peine de se retrouver tous dans les locaux de cette police si délicate. En outre, ordre est donné pour que le corps soit enterré le jeudi soir et non le lendemain, jour de la grande prière. La presse relate cette affaire. La police veut que ce cas soit porté à la connaissance du plus grand nombre. Le message est clair : voici ce qui vous attend si vous choisissez le camp de l'opposition. Le fait d'avoir choisi un citoyen sans histoires est une façon vicieuse de marquer le message.

On dirait que Dieu a maudit ces pays, il les aurait abandonnés à des guignols bruts et cruels jusqu'au jour où le feu de la justice surgit de la rue, comme un printemps en plein hiver. Ce printemps sera complet le jour où le monde arabe sera débarrassé de ces momies aux cheveux gominés qui sèment la détresse et le malheur parmi leur peuple.

Tahar Ben Jelloun

Ecrivain et poète, Tahar Ben Jelloun est membre de l'académie Goncourt depuis 2008. Il a reçu le prix Goncourt pour " La Nuit sacrée " (Points Seuil) en 1987.

Derniers livres parus : " Jean Genet, menteur sublime " (Gallimard) et " Beckett et Genet, un thé à Tanger " (Gallimard).

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27 janvier 2011 4 27 /01 /janvier /2011 01:29

163600_1801432923421_1467755058_31906039_991885_n-1-.jpg Ségolène Royal est entrée en campagne et le seul mot d’ordre pour la candidate : convaincre les Français qu’une autre politique est possible, convaincre et encore convaincre …

Face au désarroi des Français qui entendent tous les jours qu’aucune autre politique n’est possible, que la gauche ne ferait pas mieux que la droite, qu’il faut se résigner, qu’elle serait incapable de mener une autre politique : la candidate socialiste veut convaincre que cette autre politique est possible !

 

 Elle s’active pour réunir les experts et les politiques lors notamment des Universités populaires organisées par son association Désirs d’avenir.

 Elle multiplie les rencontres avec les Françaises et les Français, les interventions dans les médias, consciente que la campagne de 2012 se prépare maintenant pour porter le débat des idées devant les Français, et faire naître la volonté de changement parce qu’il y un réel espoir qu’une autre politique est possible après les échecs de Nicolas Sarkozy.

 

 Invitée de Guillaume Durand mercredi soir sur France 2, le journaliste est revenu sur les attaques que subit la candidate sur sa compétence. Des attaques très fortes qu’avait également subies François Mitterrand, a rappelé Jean-Marie Rouart, ce qui ne l’a pas empêché d’être élu. Ségolène Royal est consciente de l’impact, chez les électeurs, que peuvent avoir ces attaques. Mais il faut avancer, passer outre, et continuer à se battre pour défendre ses idées. C’est le combat des idées qui doit l’emporter pour la socialiste.

 

Ségolène Royal a d’ailleurs pu défendre ses propositions. Pour les jeunes d’abord, la candidate croit sincèrement qu’une action politique est possible pour sortir les jeunes du chômage que l’on connaît aujourd’hui, un drame pour beaucoup de familles. Elle veut un Etat plus entreprenant pour mener une politique industrielle favorisant notamment l’innovation et la croissance verte. Elle propose de créer une banque publique pour soutenir les petites entreprises. C’est une autre politique économique qu’elle propose et veut défendre pour une relance sans pour autant en rabattre sur la nécessité de réduire l’endettement.

 

Education, santé, insécurité, justice, inégalité, économie, l’Europe, la France dans le monde, … tous les dossiers sont examinés pour toujours démontrer qu’une autre politique est possible.

 

Revenant sur la campagne de 2007, Ségolène Royal est consciente des erreurs notamment de communication qui ont pu être faites. Elle ne referait pas tout exactement comme elle l’a fait à l’époque. Mais sa détermination est intacte pour porter un projet crédible, sans mentir aux Français, pour rassembler l’ensemble des forces républicaines et redonner à la France une espérance. Elle y croît, elle est déterminée, forte de son expérience, des soutiens qu’elle reçoit, de son ambition pour une France plus juste et plus entreprenante. Ségolène Royal est en campagne pour convaincre, pour proposer une autre politique. Elle a aussi changé, beaucoup plus assurée, ce sera son plus bel atout pour l’emporter.

 

Philippe Allard

Photo de Christine Pichette.

 

Pour voir ou revoir l'émission :

http://www.pluzz.fr/face-aux-francais-2011-01-26-22h30.html

 

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26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 07:26

Susan MEAGSRFM 1

(MEAGSR/F.M.)

Susan George, citoyenne française – elle a acquis la nationalité française en 1994 – et américaine, présidente d’honneur d’ATTAC et membre de son conseil scientifique, vit depuis plus de 40 ans en France. En 1976, elle s’inscrit à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et décroche une thèse, avec mention « très honorable », sur le transfert du système alimentaire américain au reste du monde. Mariée en France peu de temps après son arrivée, Susan George a trois enfants et quatre petits-enfants. En 2010, elle a publié chez Albin Michel un livre dont la lecture a été recommandée par Stéphane Hessel, l’auteur d’Indignez-vous !, intitulé Leurs crises, nos solutions.

Son intervention vise tout particulièrement – mais hélas pas uniquement, car les projets récents de la Commission pour le Pacte de stabilité sont également gravesles banques dans la crise, dans la crise de l’€uro , dans la crise de l’Europe, elles qui s’enrichissent sur le dos des plus pauvres après avoir été renflouées par les Etats à hauteur de 14 000 milliards de dollars, la taille du gigantesque déficit public américain aujourd’hui :

« Je recommande qu’on socialise les banques, qu’elles soient obligées, qu’elles aient un cahier des charges qui les oblige à prêter par priorité x % de leur portefeuille aux PME-PMI, surtout les PME-PMI qui ont un projet vert ou un projet social parce que les PME-PMI fournissent en Europe 90% de l’emploi, ce sont les PME-PMI qu’il faut traiter avec des égards. Et je pense que si on avait fait ça au moment où les banques ont eu besoin d’être renflouées, on aurait pu exiger les conditions que l’on voulait, seulement on ne le voulait pas. »

Frédérick Moulin

 


envoyé par segolene-royal

  

Transcription des interventions réalisée par MEAGSR/F.M.

Jean-Louis Bianco : merci Jacques. Je vais passer aussitôt la parole à Susan George, elle non plus on ne la présente pas, sinon pour dire, c’est peut-être anecdotique, qu’elle est à la fois citoyenne américaine et citoyenne française, qu’elle est – c’est sa manière à elle de vivre la mondialisation – qu’elle est présidente d’honneur d’ATTAC et que son dernier ouvrage, qui tombe bien, dans le titre, par rapport à notre université, c’est Leurs crises, nos solutions. (Applaudissements) Alors pour en profiter pendant que Jacques est encore là, peut-être pouvez-vous réagir à ce que Jacques a dit, indépendamment de ce que vous vous diriez, je vous passe le micro Susan.

(Applaudissements)

Susan George : je suis vraiment ravie et très honorée d’être là et je veux remercier tout particulièrement Ségolène Royal qui a une approche démocratique et pluraliste de cette université. (Applaudissements) Elle ne fait pas que parler de la démocratie, elle la pratique, et elle sait que j’aurais une approche plus critique mais elle souhaite que tous les points de vue puissent trouver leur expression ici.

Je dois dire aussi que je ne suis pas économiste en préambule, alors que je suis entourée de gens totalement brillants dans ce domaine, j’aurai un autre point de vue.

Oui, [eh] bien Jacques Attali et moi nous avons le même point de vue sur beaucoup de question sur ce qu’il faut faire, je ne pense pas qu’il faille sortir de l’euro, très loin de là. Je pense qu’il faudrait avoir une banque centrale normale qui émet des bons du Trésor, il y a beaucoup de points comme cela. Peut-être là où je suis un peu, pas en opposition, mais à côté, c’est que je pense que Jacques Attali n’aborde peut-être pas les raisons toujours pour lesquelles nous nous trouvons dans cette crise, et il aura le temps d’intervenir après, je vais essayer de m’expliquer.

Mais quand je dis : j’aurais une approche critique, je voudrais mettre tout de suite de côté pour ne plus en parler les problèmes que nous avons eus à ATTAC mais pas seulement, tout ce que l’on appelle la gauche de la gauche, avec l’attitude du PS en 2005. Appeler à voter « oui », c’était son droit le plus strict, c’est certain, mais le résultat de ce vote montre que c’était un vote de classe. Neuilly a voté « oui » à 85%, une banlieue ouvrière de Rouen a voté « non » à 85%. Et notre vote, même nos pires ennemis ne disent pas que l’extrême-droite avait le monopole de ces votes, non, même nos pires ennemis disent peut-être 17-18% venaient de l’extrême-droite, mais notre point de vue c’était que nous voulions l’Europe, nous sommes très clairs là-dessus, mais pas cette Europe-là. Et je ne dirai pas qu’on ait tout prévu, certainement pas, mais nous avons tout de même prévu beaucoup de choses, et nous nous sommes dit, et nous avons dit aux autres que nous allons dans le mur avec cette Europe-là, et il faut donner un coup de pied dans la fourmilière pour faire un avertissement.

Malheureusement, après ce vote de la France et de la Hollande, l’accueil, si je puis dire, démocratique faisait quelque peu défaut. D’abord, les élus français ont tous crié comme des orfraies, mais Günter Verheugen a la palme, je crois, à l’époque vice-président de la Commission, qui disait : « Après ce vote, il ne faut pas céder au chantage. ». En voilà pour la souveraineté populaire et le vote des citoyens. On passe là-dessus. Ce qui ne nous a pas étonnés mais nous a attristés une fois de plus.

Susan MEAGSRFM 2

(MEAGSR/F.M.)

Mais là où nous avons un problème plus grave avec le PS, c’est qu’au moment de faire passer le traité de Lisbonne, le Parti socialiste a de nouveau décidé d’approuver le changement constitutionnel, pour permettre au traité de Lisbonne, qui je vous rappelle, était une copie conforme du traité constitutionnel qui avait été rejeté à 54%, pour que Monsieur Sarkozy puisse utiliser son Parlement à la botte pour faire passer Lisbonne. Et Giscard d’Estaing lui-même, qui avait été le principal architecte de la constitution, a dit de Lisbonne : « Ils ont fait quelques changements cosmétiques pour que ce soit plus facile à avaler. », fin de citation. Alors là, nous avons un problème droite-gauche sur cette construction de l’Europe qui a menés là où nous sommes. Mais je vais quitter ce sujet maintenant, je voudrais juste dire que les bases avaient été assez viciées.

Maintenant, la crise. Personne ne l’a vue venir, disaient les banquiers, disaient encore une fois les élus. Mais si, beaucoup de gens l’ont vue venir, depuis les Universités d’été de 2004-2005 à ATTAC, on voyait venir la crise, on ne savait pas la date de déclenchement, mais c’était évident, on nous expliquait les ‘subprimes’, on nous expliquait les produits dérivés, on avait des économistes qui ont analysé tout cela.

Mais maintenant que cette crise est là, nous avons déjà perdu beaucoup de temps parce qu’en avril 2009, je crois que le G20 avait – et les autres dirigeants – avaient vraiment très peur. Ils parlaient en tout cas, ils sont allés très loin en paroles parlant de développement durable, de changement vert, de paradis fiscaux, de taxation, même, dans quelques phrases, et nous avons perdu le temps quand il fallait frapper, parce que maintenant il est clair, comme dit Jacques Attali, que c’est, les affaires continuent, c’est « business as usual », c’est tout ce que veut le G20 et le G8, c’est sauver les banques, ils l’ont prouvé, tous les deux, les gouvernements nationaux l’ont prouvé. Résultat, nous avons, selon les chiffres de la Banque d’Angleterre, dépensé 14 000 milliards en sauvetages et en différents types de garanties pour sauver les banques. 14 000 milliards, je le traduis pour les auditoires, parce que c’est un chiffre impossible à comprendre, c’est la même chose que la dette des Etats-Unis, mais si vous voulez le voir d’une autre façon, et si vous avez une trotteuse à votre montre, regardez votre montre, et chaque dollar est une seconde, eh bien regardez votre montre pendant 4 500 ans … (Rires) … non, 450 000 ans ! (Rires) 450 000 ans, et vous arriverez à 14 000 milliards, voilà. Voilà ce que c’est que ce chiffre de ce qu’on donne aux banques. (Applaudissements)

Susan MEAGSRFM 3

(MEAGSR/F.M.)

Mais ça n’était pas assez. Qui possède la dette de l’Irlande, du Portugal, de l’Espagne, de la Grèce et des autres pays faibles ? Ce sont nos banques. C’est la moitié qui appartient à 5 pays, c’est-à-dire Allemagne, France, Royaume-Uni, Pays-Bas et Italie, dont les principaux évidemment sont le Royaume-Uni et l’Allemagne. La France aussi a beaucoup de dette grecque. Mais les chiffres exacts sont, pour les ‘PIGS’ ensemble, Portugal, Irlande, Grèce et Espagne, ensemble, les trois quarts de leur dette appartient à des non-résidents, c’est pas acheté par les gens du pays, et l’Europe a 55%. Voilà.

Alors, on ne sauve pas les peuples ; les peuples tout le monde s’en fiche. On sauve les banques. Si on donne une deuxième fois, qui par ses retraites, qui par le sabrage de sa fonction publique, qui par la destruction des services publics de l’Education, et ainsi de suite, c’est pour sauver les banques, et pas les peuples, ça je crois qu’il faut l’avoir bien en tête, que c’est cela la politique de l’Europe aujourd’hui.

Mais comme les Etats n’ont pas trouvé cet argent… du ciel, ce n’est pas tombé, comme ça, pour sauver une banque, maintenant nous sommes obligés soit de créer cet argent, c’est-à-dire de nous endetter encore plus, soit de le trouver là où il est, comme disait Alphonse Allais : « Si vous cherchez de l’argent, faut le chercher là où il est, c’est-à-dire chez les pauvres. » (Rires) Pas question de chercher cet argent-là où il est, c’est-à-dire chez les riches.

Et les inégalités n’ont jamais été aussi énormes dans le monde, Merrill Lynch fait un rapport sur la richesse dans le monde chaque année, et cette année j’ai le bonheur de vous dire que les riches se sont rétablis, tout va bien, il ont connu une toute petite perte, enfin, parce qu’ils prennent des risques, mais, en 2008-2009, ça allait pas si bien, mais en 2010 tout est rétabli et nous sommes à à peu près à 10 millions de personnes de par le monde qui ensemble ont une fortune de 41 000 milliards de dollars, et ça c’est en cash ou autres liquidités qui peuvent être investis, parce que c’est l’investissement qui intéresse Merrill Lynch qui veut gérer leur argent.

Susan MEAGSRFM 10 scratch

(MEAGSR/F.M.)

Bon alors là il y a un signe des inégalités, je pourrais vous montrer comment la pyramide va jusqu’au plafond parce que c’est moins de 1% de ces 10 millions de personnes qui possède le tiers de ces 41 trilliards de dollars. Et puis c’est encore 1% de cet 1% de cet 1% qui possède à peu près 3 trilliards et demi, 4 trilliards selon les listes des milliardaires de Forbes. C’est pour vous dire que les inégalités n’ont jamais été aussi grandes. En France on a un certain nombre de ces personnes très riches, je ne vais pas vous ennuyer avec les histoires de bouclier fiscal,  vous connaissez tout cela par cœur, mais c’est partout pareil, et il n’est pas question de toucher à ces gens-là, ni aux paradis fiscaux où ils planquent leur argent, ni à leurs différents conseillers, etc.

Et surtout, on ne fait pas payer les banques, alors que c’est elles qui ont pris tous les risques et qui ont fait toutes les bêtises, qui nous ont entraîné dans cette crise. Ce n’était pas par accident cette crise-là, bien sûr il y a des crises dans le capitalisme tout le temps, mais celle-là est particulièrement spectaculaire, et c’est parce que les lobbies des banques sont arrivés à faire déréguler depuis environ 1990 : aux Etats-Unis, ils ont fait abroger une douzaine de mesures dont la plus importante ou les plus importantes, c’étaient d’une part la loi qui séparait les banques de dépôt des banques d’investissement, qui a été abrogée et qui n’a pas été rétablie, et l’autre c’est, que je considère comme la plus grave, c’est qu’on a abrogé la loi qui empêchait les transaction massives sur les marchés de denrées alimentaires. Du coup, quand les spéculateurs ont compris que le marché des ‘subprimes’ sentait le roussi, ils se sont massivement déplacés sur les produits alimentaires dont 90% au moins est opaque, personne ne sait qui possède combien de contrat de blé, de maïs, de soja, de riz, etc., et cela a fait 100 millions de personnes de plus qui ont été ajoutées en 2008 aux rangs de ceux qui ont chroniquement faim, et nous voyons la même chose se produire aujourd’hui.

  Susan group MEAGSRFM 2

(MEAGSR/F.M.)

Alors qu’est-ce qu’on fait dans tout cela ? Je suis entièrement d’accord qu’il ne faut pas sortir de l’euro, je ne prendrai jamais la responsabilité morale de dire qu’il faut sortir de l’euro parce que pour les peuples ce serait un désastre, encore plus grand qu’aujourd’hui, et l’austérité serait encore plus grave, ce serait l’Argentine en 2001-2002. Joe Stiglitz dit maintenant : « Oui, très bon exemple, parce que 2 ans après, il y a eu une croissance formidable en Argentine. », bon, peut-être, mais entre temps, il y a eu aussi beaucoup, beaucoup de gens à la rue, qui ont perdu toutes leurs assurances, leurs économies, leurs pensions, etc. Alors moi je ne prends pas cette responsabilité morale.

Mais je dirais que l’Europe ne regarde absolument pas l’avenir, j’aime beaucoup l’idée de Jacques Attali, je la partage, que l’Europe pourrait être une très grande puissance, quelque chose de très important, mais j’ai peur que l’on ne devienne qu’une destination touristique pour les Indiens et les Chinois, qui viennent voir ce que nous avons de très beau, n’est-ce pas, la cuisine, les cathédrales, le Louvre, bon, mais ce n’est pas mon rêve pour l’Europe, très loin de là, alors j’espère que le scénario que trace Jacques Attali soit le bon, mais ce que je vois pour l’instant, c’est que Keynes est bien mort, que l’on fait une politique en Europe comme si nous étions en 1930-31, qu’on n’a rien appris, et que l’on est en train de dire : mais comment voulez-vous qu’il y ait la croissance, comment voulez-vous que l’on croisse dans une économie où la Banque Centrale prête aux banques, aux banques commerciales, à 1% ou moins, et que ces banques reprêtent aux Etats à entre 2,5% et parfois jusqu’à 8% ? (Rires et applaudissements)

On n’a pas besoin d’être un génie financier pour faire de l’argent quand emprunte à 1 et qu’on reprête jusqu’à 6, je ne sais pas quels sont les taux cette semaine, mais de l’ordre de 6-7 pour l’Irlande certainement encore. Alors ceci est une injustice fondamentale. Il faut évidemment avoir une Banque Centrale qui prête directement aux Etats, qui l’office du ‘Federal Reserve’, parce qu’avec la politique qu’on a maintenant, on va nécessairement réduire l’activité économique, donc on va réduire les impôts qui vont à l’Etat, donc on va réduire leur capacité de rembourser leur dette, et on va la rendre quasiment impossible avec des taux d’intérêt comme ceux que l’on impose.

Alors, essayons de retrouver l’esprit de Keynes, essayons d’avoir aussi des bons du Trésor de la Banque Centrale. Ce que je crains pour l’avenir, c’est que l’Europe ne s’est pas amendée, qu’elle ne va pas du tout dans la direction que recommande justement Jacques Attali. Ce qu’on mijote actuellement, et qui est sorti vraiment depuis une dizaine de jours, c’est que nous allons encore perdre du pouvoir démocratique parce que les budgets nationaux vont être examinés à la loupe par la Commission européenne qui va s’octroyer de nouveaux pouvoirs pour imposer son pont de vue sur nos budgets des Etats, Barroso appelle ça la « révolution silencieuse » (Rires) Oui, mais c’est vrai, parce quand on essaie d’en dire le moins possible (Rires), et il veut aussi avoir la capacité d’imposer des sanctions économiques beaucoup plus graves encore sur les Etats qui ne se conformeraient pas très vite au Pacte de stabilité.

Susan MEAGSRFM 4

(MEAGSR/F.M.)

Alors dans ce cadre, qu’est-ce qu’on peut faire ? On peut recommander, nous avons beaucoup de recommandations, moi dans mon livre je recommande qu’on socialise les banques, qu’elles soient obligées, qu’elles aient un cahier des charges qui les oblige à prêter par priorité x % de leur portefeuille aux PME-PMI, surtout les PME-PMI qui ont un projet vert ou un projet social parce que (Applaudissements) les PME-PMI fournissent en Europe 90% de l’emploi, c’est pas les transnationales que l’Europe soigne énormément, fait tous les accords de libre-échange en faveur des transnationales pour qu’elles puissent faire des investissements où elles veulent sans aucune condition ni aucun frein, non, ce sont les PME-PMI qu’il faut traiter avec des égards. Et je pense que si on avait fait ça au moment où les banques ont eu besoin d’être renflouées, on aurait pu exiger les conditions que l’on voulait, seulement on ne le voulait pas. Et ce qui nous attend aussi avec ces sanctions, c’est : attention au Pacte de stabilité et aux budgets nationaux ! Et je peux vous dire que ‘Business Europe’, qui est le Medef au niveau européen, présidé aujourd’hui par le baron Ernest-Antoine Seillière (Réaction de la salle) est absolument ravi et a exprimé son bonheur avec ce programme dont le premier vote sera en avril et qui doit être clôturé en juin.

Alors je ne sais pas comment conclure si ce n’est de dire qu’il faut avoir une véritable révolution dans la notion même de croissance, la croissance on ne peut pas l’avoir comme on l’a eue au XIXème siècle, il faut aller beaucoup plus vers ce que les écologistes économiques ou économistes écologiques appellent l’économie de la performance, c’est-à-dire qui emploie beaucoup plus de personnes, beaucoup plus de ressources renouvelables, dont les personnes, dont le travail, c’est renouvelable, le travail, et beaucoup moins de matériel et beaucoup moins d’énergies fossiles, il y a des ouvrages là-dessus, si je suis réinvitée, je vous ferais une liste. (Applaudissements)

Ségolène Royal : juste, Susan, pour rebondir et éviter la succession comme ça de prises de parole, sur la spéculation concernant les matières premières, que nous subissons très cruellement aujourd’hui, et en particulier ceux qui ont le plus faim, à l’échelle de la planète, quelles seraient vos pistes sur cette question-là ?

 

Vidéo partielle envoyée par la militante mariepanic2


Susan George : c’est interdire carrément les produits dérivés sur ces marchés-là ! (Applaudissements) C’est tellement simple que c’est dit en une phrase. On a permis à n’importe qui d’acheter n’importe combien de contrats, et dans l’opacité la plus totale, donc personne ne sait qui possède quoi, et il est facile si vous êtes Cargill, Bunge, ou même un investisseur, un hedge fund, vous pouvez vraiment prendre en main le marché. La preuve : en 2008, je crois en mars, il y a avait un jour où le prix du blé a augmenté de 31%. Ça n’est pas des gens qui fabriquent des cookies (Rires) qui ont fait augmenter le prix de 31% en 1 jour, donc c’est vraiment remettre en place les règlements qu’il y avait avant [aux États-Unis, NdlR] et abroger cette loi qui a été passée par le Congrès [américain, NdlR] en 2000 parce que, il y a eu du lobbying, du forcing et que, bon, on peut payer pour ça et on a les lois que l’on veut, hélas, aux Etats-Unis, ça marche comme ça.

Susan groupe MEAGSRFM 1

(MEAGSR/F.M.)

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 20:56

 

125603-1-.jpgInvitée de l’émission Le Grand journal sur Canal+, la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a déclaré « elle est impatiente, la Ségolène » provoquant l’hilarité de Michel Denisot qui n’en demandait pas tant !

Beaucoup de téléspectateurs ont été choqués, on les comprend, par la vulgarité de ces propos. Certes les Français connaissent la rivalité, entre les deux femmes, mais comment peut-on en arriver à un tel dénigrement d’une personnalité qui assume une fonction politique importante au nom du Parti socialiste et qui pourrait demain conduire à nouveau la gauche à l‘élection présidentielle ?

Ségolène Royal interrogée par Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1 n’a pas souhaité répondre à Martine Aubry.

 

Il faut dire que la candidate socialiste est sur un autre registre. Entrée en campagne, Ségolène Royal veut s’adresser directement aux citoyens et se battre sur le terrain des idées politiques. Face à la morosité des Français, qui croient de moins en moins aux paroles politiques, la présidente de région, a décidé de se battre. Forte de ses réalisations, de cette « politique par la preuve » selon son expression, elle veut convaincre les Français qu’une autre politique est possible avec un Etat beaucoup plus entreprenant.

 

Ce fut l’axe principal de la réflexion lors de l’Université populaire organisée lundi soir à Paris sur le thème de la Crise de l’euro en présence notamment de Jacques Attali, de la présidente d’honneur d’Attac Susan George, qui l’a chaleureusement remerciée pour l’organisation de cette université populaire pluraliste, et de l’économiste à l’Université d’Harvard Philippe Aghion. Dans son introduction, Ségolène Royal a rappelé toute l’importance qu’elle donne à la démocratie qui doit faire vivre le débat pour informer les citoyens afin qu’ils puissent se prononcer, faire leur choix. Pour cette université, elle a clairement indiqué la feuille de route : existe-t-il une marge de manœuvre du politique malgré la mondialisation, malgré les crises ?

 

La candidate socialiste a été confortée dans ses choix. Philippe Aghion notamment a développé toutes les actions que peut mener un pouvoir politique. Il a ainsi rappelé l’importance de la politique fiscale qui peut permettre de dégager des marges de manœuvre, ou encore l’importance de la politique d’éducation pour miser sur l’innovation et ses nouveaux secteurs, sur l’indispensable politique industrielle, sur la confiance à instaurer, un élément clé pour toute réussite de politique de relance. Une autre politique économique est donc bien possible.

 

Ségolène Royal ainsi confortée ne pouvait pas répondre à Martine Aubry, les deux femmes ne sont pas dans le même temps politique. La candidate socialiste est en campagne, tournée vers les Français. Compte tenu de la situation, elle sait l’importance de l’engagement politique pour défendre et convaincre qu’une autre politique est possible. Il ne s’agit pas en effet de gagner seulement une élection pour finalement décevoir en menant la même politique. Il s’agit pour la candidate socialiste de convaincre les électrices et les électeurs de sa volonté et de sa capacité à mener cette autre politique, malgré les attaques, malgré les coups bas, malgré les dénigrements. Il lui faut convaincre de passer au-dessus de tout cela pour permettre le réel changement en 2012.  

 

Philippe Allard

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