« Mais rien ne peut me faire renoncer, je suis candidate depuis le 6 mai 2007 […], je n’ai pas besoin de crier tous les matins sur les toits que je suis candidate, c’est un devoir, je ne suis pas candidate pour vaincre qui que ce soit, je suis candidate d’abord pour convaincre » : avec le titre, s’il fallait retenir deux passages de l’interview de Ségolène Royal sur le plateau du JT de 20h de TF1 hier soir, ce seraient ces deux-là. Laurence Ferrari interrogeait la candidate aux primaires organisées par le Parti socialiste.
Ségolène Royal a donc répondu aux questions qu’on lui posait sur l’actualité sur Dominique Strauss-Kahn.
Puis très vite, elle est passée à la nécessité de « tourner la France vers l’avenir », grâce à un « changement de politique », qui ne pourra passer que par l’union et le rassemblement à l’issue des primaires derrière la candidate ou le candidat ayant remporté les primaires :
« La responsabilité des socialistes, aujourd’hui, je le fais ce soir, c’est de dire à tous les Français qui attendent désespérément un changement de politique, un changement de président, une alternance en 2012, que les socialistes seront prêts, et que nous pouvons à nouveau incarner l’espoir, et répondre aux préoccupations des gens. »
Et pour conclure :
« La victoire, elle se fera dans le rassemblement, dans la force de notre projet, et dans notre volonté de tourner la France vers l’avenir. »
Frédérick Moulin
S.Royal invitée de Laurence Ferrari au jt de 20h... par eric3362
Transcription de l’interview de Ségolène Royal par MEAG avec SR / F.M.
Laurence Ferrari : et notre invitée ce soir, c’est Ségolène Royal. Bonsoir Madame Royal.
Ségolène Royal : bonsoir.
Laurence Ferrari : d’abord les faits : Dominique Strauss-Kahn a passé sa première nuit dans la prison de Rikers Island, est-ce que vous avez été surprise de la décision de la justice américaine de le maintenir en détention ?
Ségolène Royal : oui, bien sûr, de nombreux Français d’ailleurs ont été surpris, puisqu’il y avait apparemment des garanties pour qu’il ne quitte pas le territoire américain. Enfin bon respectons les décisions de la justice, je crois…
Laurence Ferrari, lui coupant la parole : vous parlez aussi de respecter la dignité humaine de Dominique Strauss-Kahn. Est-ce que vous avez une pensée pour la victime présumée, la femme de chambre ?
Ségolène Royal, immédiatement : bien sûr. Vous savez, je crois qu’il faut en revenir aux principes fondamentaux. Quels sont-ils ?
D’abord toute personne a droit à la présomption d’innocence, c’est-à-dire, tant que les faits ne sont pas prouvés, il est considéré comme innocent, donc il va maintenant pouvoir dire sa vérité, pouvoir se défendre.
Et bien évidemment, si ces faits sont avérés, ils sont abominables, ils sont dramatiques, autrement dit, si c’est un coup monté, c’est dramatique pour lui, pour sa famille, pour ses proches, si les faits sont vrais, ce sont des faits abominables.
Et vous connaissez mon engagement contre les abus sexuels que subissent les femmes ou les enfants, toutes les personnes vulnérables, j’ai agi contre ce fléau quand j’étais ministre de la Famille, on sait aussi que beaucoup de femmes n’osent pas porter plainte, et donc bien évidemment ces faits sont totalement répréhensibles et condamnables.
Laurence Ferrari : donc vous pensez aussi à cette victime présumée…
Ségolène Royal : … présumée… bien sûr…
Laurence Ferrari : … cette femme de chambre, qui elle n’est pas, effectivement encore, qui n’a pas encore donné sa version des faits, du moins publiquement. Alors on va parler du président Sarkozy, qui lui a demandé hauteur et dignité sur l’affaire Dominique Strauss-Kahn. En revanche, le Premier ministre, lui, a estimé qu’il n’y aurait aucune excuse pour DSK si les faits sont avérés. Comment jugez-vous l’attitude de la droite ?
Ségolène Royal : elle est très variable, cette attitude, puisque certains responsables de droite l’ont déjà accablé avant même toute décision. Moi ce que je veux dire ce soir, c’est que je pense d’abord aux Français, il y a beaucoup de Français qui espéraient dans la nouvelle dynamique de la gauche que l’alternance en 2012 était à portée de main. Donc aujourd’hui, bien évidemment, c’est un coup, c’est un choc, qui est porté.
Donc la responsabilité des socialistes, aujourd’hui, je le fais ce soir, c’est de dire à tous les Français qui attendent désespérément un changement de politique, un changement de président, une alternance en 2012, que les socialistes seront prêts, et que nous pouvons à nouveau incarner l’espoir, et répondre aux préoccupations des gens.
Vous savez, j’étais encore il y a quelques jours auprès des gens : pour les Français, la vie n’a pas changé. C’est vrai qu’il va y avoir une surdose d’informations concernant cette affaire dans les médias, vous faites votre métier, mais pour les Français, la vie n’a pas changé. Et quand ils me disent : nous, ce que nous voulons, c’est vivre et non pas seulement survivre, lorsque je rencontre cette femme à Nancy qui dit qu’elle gagne 980 euros en travaillant, avec un enfant, et qui met déjà 200 euros dans son réservoir pour aller à son travail, c’est-à-dire moins que le SMIC parce que …
Laurence Ferrari, lui coupant la parole : ça ce sont effectivement les préoccupations des Français.
Ségolène Royal : oui, et je crois que c’est ça qui est essentiel, parce que des millions de Français…
Laurence Ferrari, lui coupant la parole : absolument. Malgré cela, c’est une mauvaise nouvelle pour le Parti socialiste, vous en convenez ?
Ségolène Royal : bien sûr, c’est un coup très rude pour le Parti socialiste, mais nous avons du ressort, nous avons…
Laurence Ferrari, l’interrompant : et l’unité socialiste, elle va durer, selon vous, cette unité, qui perdure encore aujourd’hui, même si elle se fissure un peu, Jean-Marc Ayrault disait ce matin : « Nous ne savons pas si la victime est DSK ou bien la plaignante. ».
Ségolène Royal : les socialistes, je crois, ont eu un comportement exemplaire, nous sommes unis, rien ne serait pire que de relancer aujourd’hui la guerre des egos. Nous avons un projet, nous avons un calendrier, les Français vont venir voter le 9 octobre prochain pour choisir celui ou celle qui va représenter la gauche à l’élection présidentielle, et qui j’espère va l’emporter en 2012, il est clair qu’il faut aujourd’hui remettre la France sur ses bases morales, c’est-à-dire sur les valeurs d’honnêteté, sur les valeurs familiales, sur les valeurs éducatives, sur l’accès à la santé, sur l’accès à l’éducation, sur la lutte contre les injustices.
Et donc si on remet la France sur ces fondamentaux, solides, à ce moment-là je crois que les Français reprendront confiance et que nous pourrons à nouveau redonner un élan à notre pays.
Laurence Ferrari : est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux avoir un seul candidat socialiste aux primaires, c’est quelque chose qu’on commence à entendre, plutôt que de se déchirer lors de ces primaires et affronter donc le présidentielle en situation défavorable ?
Ségolène Royal, immédiatement : en politique, je pense qu’il faut tenir parole. Et nous avons donné notre parole d’organisation des primaires, c’est-à-dire un libre-choix démocratique donné aux Français pour qu’ils comparent les candidats, qu’ils comparent les projets et les priorités des candidats, pour qu’ils comparent les tempéraments des candidats, et ce droit-là, nous l’avons donné aux Français et nous leur garantirons. Nous devons tenir parole.
Laurence Ferrari : une autre question rapide, Madame Royal, qu’est-ce qui pourrait vous faire renoncer à vous présenter à ces primaires ?
Ségolène Royal : mais rien ne peut me faire renoncer, je suis candidate depuis le 6 mai 2007, j’ai beaucoup travaillé, je me suis préparée, je n’ai pas besoin de crier tous les matins sur les toits que je suis candidate, c’est un devoir, je ne suis pas candidate pour vaincre qui que ce soit, je suis candidate d’abord pour convaincre, et je suis candidate pour servir mon pays et dire aux Français que pour relever la France et pour incarner une espérance et un nouvel espoir, c’est parce que chaque Français aura la certitude qui’il peut à sa place jouer un rôle pour redresser la France.
Laurence Ferrari : est-ce que vous aviez rendez-vous avec Dominique Strauss-Kahn ce matin-même pour lui annoncer votre décision de le rallier, est-ce que c’est vrai ou c’est totalement faux ?
Ségolène Royal : c’est totalement faux. J’avais, c’est vrai, ce rendez-vous qu’il avait d’ailleurs sollicité, mais c’est normal, je parle avec tous les grands dirigeants du Parti socialiste, nous parlons entre nous. Pourquoi nous nous parlons ? Pour préparer le rassemblement après les primaires.
Et moi je ne veux pas que se reproduise ce qui s’est passé en 2007, où après avoir été désignée avec un score massif, ensuite chacun est allé vaquer à ses occupations. La victoire, elle se fera dans le rassemblement, dans la force de notre projet, et dans notre volonté de tourner la France vers l’avenir.
Laurence Ferrari : merci beaucoup Madame Royal d’avoir été notre invitée ce soir sur TF1.