Contrairement à ce que prétendait Dominique Paillé samedi 17 juillet 2010 sur France Info, Désirs d’avenir n’est pas à l’origine des micropartis. Selon Le Monde, les personnalités politiques de droite se sont souvent inspirée de leur chef incontesté, Nicolas Sarkozy, qui a créé dès 2001 « L’Association de soutien à l’action de Nicolas Sarkozy », à une époque où il était « marginalisé par la Chiraquie ».
À la lecture de l’article du Monde daté du 22 juillet 2010, Micropartis et maxistratégie, plusieurs caractéristiques semblent se dégager de ces micro-partis.
Une caractéristique spécifique à l’UMP tout d’abord, de la bouche même d’Hervé Mariton, député UMP de la Drôme et proche de Dominique de Villepin : « L'émergence des micropartis est révélatrice de la volonté d'exister en dehors de l'UMP. ». Les hommes politiques de droite veulent « veulent vivre leur vie sans être écrasées par l'UMP et l'Elysée », « être libre » : c’est le revers de l’hyperprésidentialisation de Nicolas Sarkozy, qui par ailleurs se conduit plus comme un chef de parti, l’UMP, que comme un président de tous les Français.
Car contrairement à ce que prétendait Dominique Paillé samedi 17 juillet sur France Info, Désirs d’avenir, créé fin 2005, n’est pas à l’origine des micropartis - Désirs d’avenir, à sa création comme aujourd’hui, n’est d’ailleurs pas un parti politique mais une association loi 1901 enregistrée auprès de la préfecture de Paris. D’après Le Monde daté du 22 juillet 2010, « L'Association de soutien à l'action de Nicolas Sarkozy », fondée par ce dernier en 2001, à l’époque où il était marginalisé par la Chiraquie, est la source d’inspiration de bien des micropartis de droite. Après tout, Nicolas Sarkozy est le leader incontesté de la droite, il est bien plus logique que les personnalités politiques de droite se soient inspirées de lui plutôt que de la présidente, « hystérique » à leurs yeux, de la Région Poitou-Charentes !
Valérie Pécresse, pendant les élections régionales en Ile-de-France (Thomas Padilla/MAXPPP)
Le financement de ces micropartis poursuit notamment un but : « mettre de côté un petit pécule » écrit Le Monde, que ce soient par exemple le microparti de Valérie Pécresse, « Changer, c’est possible ! », qui sert à financer ses activités diverses hors élections officielles et profite des élections régionales pour récolter auprès des candidats UMP élus près de 360 000 euros, ou « L'Association de soutien à l'action de Nicolas Sarkozy », en sommeil depuis l’élection présidentielle mais qui détient « 200 000 euros », ou encore « l’Association de soutien à l’action d’Eric Woerth », qui a dégagé en 2008 un excédent de 44 126 euros selon la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques.
Nicolas Sarkozy et Eric Woerth : "À l'UMP, on multiplie les petits partis. Pour mieux se financer?", LExpress.fr, 1er juillet 2010
Les termes employés, ou non employés dans l’article du Monde, sont à cet égard intéressants : « financer », « chèques », « payer », « donateurs ». Ainsi, les micropartis sont financés par des dons, et non par des cotisations (plus de 50% du financement de Désirs d’avenir), et ces dons ne sont pas, la plupart du temps, effectués par des « adhérents » ou des « militants », comme à Désirs d’avenir : pas une seule fois ces termes ne sont prononcés pour les micropartis de la droite dans l'article du Monde.
Quand Jean-François Copé, avec son « club » - on est tout de suite dans la catégorie supérieure, les militants n’ont pas de « club » – « Génération France.fr », réunit « toute une partie de la droite » en Provence début juillet pour avoir « une réflexion intellectuelle, des débat », il annonce tout de suite la couleur : c’est uniquement pour grossir les rangs de ses « donateurs », pas pour faire de la démocratie participative avec des militants (où sont-ils d’ailleurs ?). Et de poursuivre par une petite réplique mercantile et assassine à propos de Laurent Wauquiez : « Ce n'est pas parce que vous allez une fois dîner à Londres que vous récupérez des mille et des cents. » Tout cela rappelle un peu les galas de charité organisés par la haute société internationale, qui a le cœur le plus souvent du côté du portefeuille. Un point commun : la haute société internationale et les donateurs du microparti de M. Copé adorent les déductions fiscales qu’apportent les dons, qui permettent la « défiscalisation » comme l’énonce M. Mariton.
"François Fillon, actuellement à Nouméa, s'est déclaré favorable au financement public des micro-partis politiques" (AFP)
Il est également intéressant de noter que François Fillon et la Sarkozie en général défendent ces micropartis – François Fillon est récemment intervenu de Nouméa pour voler au secours du principe du microparti et de son financement – alors que la gauche et la Parti socialiste en particulier y sont opposés, bien que Manuel Valls, électron libre du PS, ait créé le sien « À gauche, besoin d’optimisme ! ». Mais M. Valls s’est dit prêt à envisager de changer de type de structure, et le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a rappelé qu’il s’agissait d’un cas « unique » dans la mouvance du PS, Manuel Valls ayant créé cette structure pour pouvoir financer sa candidature aux primaires de la gauche organisées à l’automne 2011 par le PS.
Le Monde énonce l’argument de la droite :
« En contre-attaque, l'UMP accuse la gauche, notamment Ségolène Royal, d'avoir recours à des associations simples, pour échapper à cette limitation des dons. ».
Cet argument est stupide : le financement de Désirs d’avenir, des cotisations surtout, mais aussi des dons, est englouti par le fonctionnement de l’activité intense et d’envergure nationale de l’association, et ne sert pas à accumuler un trésor de guerre en vue d’une campagne électorale ; d’ailleurs dans quel but ? L’accusation est sans fondement : en tant qu’association de loi 1901, les dons faits à Désirs d’avenir ne bénéficient d’aucun avantage fiscal et l’association ne présente aucune candidate ni aucun candidat, car elle n’est justement PAS un parti politique.
Enfin, la droite fait remarquer que les dons faits par l’UMP aux micropartis et aux partis politiques satellites s’élevaient à 2,3 M€ en 2008 contre 178 000 € versés par les micropartis à l’UMP. Ce n’est qu’un effet d’optique : en période de vaches grasses pour le parti majoritaire, qui détient la présidence de la République, a la majorité absolue à l’Assemblée Nationale, est le premier parti du Sénat, et détient de nombreux sièges de conseillers municipaux, généraux, et régionaux, il est plus judicieux de redescendre une partie du financement qu’il reçoit, public ou privé, dans des micropartis, qui pourront amasser un « petit pécule » et ensuite appuyer l’action de l’UMP et de son candidat/ses candidats en toute discrétion, par exemple quand un élu local met systématiquement la photo du président Sarkozy sur ses tracts pour des élections ou des actions locales, ou publie un petit journal de propagande. En 2008, pour un excédent dégagé par « l’Association de soutien à l’action d’Eric Woerth » de 44 126 euros, LExpress.fr du 1er juillet 2010 indique que le micro parti n’a reçu « aucune cotisation d'adhérent » (quelle surprise !) mais a pu compter sur de « généreux donateurs qui ont versé 19 650 euros » et sur « une confortable contribution venue de l'UMP: 66 250 euros ». « Heureux hasard, le trésorier de l'UMP s'appelle... Eric Woerth. » !
Dessin de Chimulus
Il faut enfin rappeler de quel côté se placent les « généreux donateurs », en général des particuliers fortunés : « En 2007, Nicolas Sarkozy avait récolté plus de 9 millions d'euros de dons de personnes physiques contre... seulement 743 000 euros pour Ségolène Royal. » rappelle LExpress.fr. Soit un rapport de 1 à plus de 12 ! Au casino UMP, les jeux sont faits, rien ne va plus !
Frédérick Moulin
Micropartis et maxistratégie, Le Monde daté du 22 juillet 2010