Après cinq années passées au service des plus riches, Nicolas Sarkozy soucieux d’apparaître comme le candidat du peuple, annonce qu’il entend désormais user régulièrement du referendum. Et bien parlons de l’usage du referendum comme mode de gouvernement !
Nicolas Sarkozy joue en fait la carte de la démocratie directe contre la démocratie représentative. Or, l’opposition entre ces deux modes de délibération appartient au passé. En effet, depuis 2007, du Poitou-Charentes à la Meurthe et Moselle, du Creusot à Arcueil, en passant par Grenoble ou le 4ème arrondissement de Paris, un vent démocratique nouveau souffle sur nombre de collectivités françaises : la démocratie participative. Associant étroitement les citoyens aux décisions prises par les élus, cette méthode de gestion des affaires de la cité concilie démocratie directe et démocratie représentative. Efficace et citoyenne, c’est le nouveau visage de la démocratie du XXIème siècle.
Alors oui, la modernisation de nos institutions ne passe pas par le recours systématique et dévoyé au referendum tel que le conçoit le Président-candidat. Si l’initiative référendaire n’est pas en soi à proscrire, les modalités de son exercice doivent être redéfinies à l’aune d’une exigence de participation des citoyens et à celle de la définition des enjeux majeurs de notre devenir collectif.
Rien ne serait pire que d’encourir le risque de l’instrumentalisation politicienne au service du pouvoir et de l’émergence d’un populisme dont l’histoire nous a appris que souvent il débouchait sur des régimes autoritaires. La stigmatisation des « publics » jetés en pâture à un peuple en colère, tels les chômeurs et les étrangers, obsession du candidat du clivage et de la division des Français, sont là pour nous le rappeler.
Rien ne serait pire que de réduire le débat au clivage binaire du oui contre le non. Dans un monde de plus en plus complexe, il est inconcevable de ne pas offrir la possibilité aux citoyens de prendre la parole, d’affiner un texte, d’avancer des contre-propositions, de suggérer des ajustements, de présenter des amendements.
Rien ne serait pire que le referendum soit la démocratie de « ceux qui veulent » contre « ceux qui ne veulent pas ». Ce serait alors une démocratie bipolaire, une démocratie prémâchée, une démocratie des faux choix.
Car effectivement, la crise économique et sociale invite à reconsidérer en profondeur la façon dont les nations conçoivent leur organisation. Je rejoins Pierre Rosanvallon lorsqu’il déclare qu’ « un pouvoir n’est désormais considéré comme pleinement démocratique que lorsqu’il est soumis à des épreuves de contrôle et de validation à la fois concurrentes et complémentaires de l’expression majoritaire».
Face à l’impératif de modernisation de nos institutions, la voie d’avenir proposée et mise en oeuvre par Ségolène Royal et d’autres élus, c’est la participation des citoyens à la construction des projets et des décisions publiques.
L’impératif d’invention démocratique est une projection dans le temps de la souveraineté partagée et des décisions co-construites entre élus et citoyens. Aujourd’hui dans mon arrondissement, tout aménagement de l’espace public et toute projection dans le futur ne peuvent se concevoir sans l’appel aux citoyens. C’est la démarche que j’impulse régulièrement par la constitution d’ateliers citoyens fondés sur le tirage au sort sur listes électorales.
Il devient évident que ce qui est réalisé au plan local peut aussi l’être au plan national. Plateformes de consultation, jurys citoyens, conférences de consensus sont l’avenir de la modernisation de nos institutions pour une France juste et à nouveau rassemblée comme le propose notre candidat François Hollande.
Notre société ne demande qu’à être traitée en adulte, voilà le véritable avenir de notre démocratie.
Dominique Bertinotti