Le rapport Montebourg, adressé à Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, lance des accusations extrêmement graves contre Jean-Noël Guérini, patron des Bouches-du-Rhône, accusé d’utiliser des menaces pour régner sur son département et de malversations financières sur les marchés publics.
Malgré ce rapport accablant, Martine Aubry a maintenu son soutien à Jean-Noël Guérini, et vient de rejeter le dossier de preuves constitué par Arnaud Montebourg.
Une partie de la presse, face à cette réaction, a su rappeler le lien entre Jean-Noël Guérini et Martine Aubry depuis le Congrès socialiste de 2008. La Première secrétaire l’avait alors emporté de très peu, contre sa rivale Ségolène Royal, grâce à un apport des voix manquantes effectué dans la nuit par la fédération des Bouches-du-Rhône !
Depuis la publication de ce rapport, beaucoup d’élus du Parti socialiste semblent mal à l’aise et n’osent pas réagir. Il est en effet de notoriété au Parti socialiste que les fédérations des Bouches-du-Rhône et du Nord sont loin d’être transparentes. Mais pour beaucoup de cadres et d’élus cette affaire vient au mauvais moment alors que le parti socialiste espère pouvoir l’emporter en 2012 contre une droite très affaiblie après les échecs de Nicolas Sarkozy.
Alors faut-il se taire ?
Les sondages, faisant miroiter une victoire facile, ne sont-ils pas en train de nous faire oublier qu’une élection n’est jamais gagnée ?
Les élections cantonales marquées par une forte poussée de l’extrême droite et une victoire très nuancée du Parti socialiste qui n’a pas réussi au premier tour à s’imposer comme la force d’alternance crédible, ne révèlent-elles pas une situation fragile ?
Le Parti socialiste pourra-t-il obtenir l’adhésion du peuple, pour rétablir l’intégrité de l’Etat et la morale républicaine, après cinq ans de sarkozysme, alors que son image est dégradée dans l’opinion publique ?
La réaction de Martine Aubry après le rapport Montebourg est exactement ce qu’il ne fallait pas faire. Le Parti socialiste a besoin d’incarner l’espoir en 2012. Il doit être irréprochable et profondément rénové pour s’ouvrir plus largement sur la société.
Est-il trop tard pour réagir ?
A quelques mois des primaires, le Parti socialiste a la capacité de réagir. Mais pour cela il faut de l’audace, encore de l’audace.
Il faut en effet sortir vite de ces petites stratégies, de ces clans, de ces alliances ou pactes concluent ici ou ailleurs. Le Parti socialiste doit se mettre en ordre de marche pour 2012. Pour cela, le PS a besoin d’un nouvel élan. Le PS a besoin d’une nouvelle direction, entièrement renouvelée, pour réussir ce grand rendez-vous démocratique que sont les primaires, ouvrir le débat avec le peuple, et réussir l’alternance en 2012.
Philippe Allard