On n’avait jamais vu cela de mémoire de diplomate !
Dans une tribune parue dans le journal le Monde daté du mercredi 23 février, les diplomates, restés anonymes, compte tenu de leur fonction, mais se déclarant appartenir à des orientations politiques diverses, attaquent sévèrement la politique de Nicolas Sarkozy.
Ils dressent un bilan catastrophique de la politique suivie par l’actuel chef de l’Etat et c‘est le langage de la fermeté qu‘ils ont décidé d‘adopter. « Impulsivité», « amateurisme , « préoccupation médiatique », « manque de cohérence », les mots sont particulièrement durs, venant de diplomates, pour qualifier cette politique.
Ils révèlent une situation très alarmante alors que la diplomatie française avait su jusqu’ici conserver une place forte dans le monde. On perçoit également, par ces termes, toute la blessure de ces fonctionnaires qui se sentent méprisés par un homme qui selon eux « n’apprécie guère les administrations de l’Etat » et ne les écoute pas.
Tous les dossiers sont sans appel : le retour de la France dans l’OTAN, l’Union de la Méditerranée, la conférence de Copenhague, l’affaire judiciaire avec le Mexique, les politiques au Moyen Orient et en Afrique francophone. Il faut selon les diplomates tout reprendre avec « une réflexion de fond » sur l’Europe, sur le monde Arabe, sur les objectifs en Afghanistan et « s’appuyer sur certaines valeurs » fondamentales.
De plus en plus de voix s’élèvent à gauche et à droite pour demander la démission de la ministre des affaires étrangères Michèle Alliot-Marie.
En déplacement en Martinique, l’adversaire de Nicolas Sarkozy à la précédente élection présidentielle, Ségolène Royal, s’est alarmée de cette situation très préoccupante car c‘est toute l‘image de la France dans le monde qui est atteinte. Sans vouloir entrer dans une chasse à l’homme, la socialiste appelle à « un sursaut ». En effet, après la tribune des diplomates, on s’aperçoit que le problème est beaucoup plus profond et impose de la part du Président de la République de revoir toute la politique étrangère afin de redonner un souffle et une ambition politique. Mais est-ce dans ses cordes ?
Philippe Allard