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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 14:19

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Ségolène Royal était l'invitée d'Arlette Chabot dans l'émission "À vous de juger" sur France 2 hier à 20h35, sur le thème des retraites. Elle était également interviewée par l'économiste et journaliste Jean Boissonnat.

Elle s'est employée avec brio à démonter les 3 arguments de François Fillon, intervenu plus tôt et séparément dans l'émission :

-les Français doivent avoir la liberté de pouvoir partir à la retraite à 60 ans, contrairement à ce que le premier ministre veut faire croire ; 300 000 personnes partent actuellement chaque année à la retraite avec une durée de cotisation complète (ouvriers, petits employés, ...) et auront une retraite à taux plein ;

-la France est, avec 40,5 annuités de cotisations nécessaires aujourd'hui, 41 en 2012 et 41,5 en 2020, le pays où l'on cotise le plus longtemps en Europe, et donc où la réforme est la plus dure (35 ans en Espagne et en Allemagne, 40 ans après la réforme en cours en Italie), contrairement à ce que dit le premier ministre ;

-"On vit plus longtemps, il faut travailler plus longtemps" : Ségolène Royal s'est employée à démonter cette maxime du premier ministre et du gouvernement, mettant en avant l'intensité croissante du travail (augmentation de la productivité), et en exigeant que la pénibilité résultant de cette intensification, et non la seule incapacité ou invalidité, soit prise en compte, calculée et défalquée de la durée complète de cotisation.

F.M.

-oOo-

(Extrait)

Jean Boissonnat : la gauche est venue au pouvoir au début des années 80, elle a pris un certain nombre de décisions dont la retraite à 60 ans.(…) Est-ce que vous, Madame Royal, vous feriez voter la retraite à 60 ans ?

Ségolène Royal : Monsieur Boisonnat, je vais vous raconter un souvenir politique, qui ne dira peut-être pas grand-chose aux jeunes générations, mais, moi, qui a marqué mon histoire politique. C’était le dernier conseil des ministres, en 1993, avec François Mitterrand, qui était d’ailleurs très fatigué, déjà, à ce moment-là, il perdra la vie quelques temps plus tard, et il nous a transmis un talisman politique. Il nous a dit ceci, il nous a dit : « Vous verrez, chaque fois que la droite arrive au pouvoir, elle a comme préoccupation de mettre à mal la sécurité sociale, et écoutez bien ce que je vais vous dire parce que vous allez le vivre, et en particulier la droite fera toujours des tentatives pour remettre en cause la liberté de prendre sa retraite à 60 ans, parce que c’est un des grands acquis de la gauche etsymboliquement cet acquis, elle ne le supporte pas. ».

Et il avait ajouté ceci : « Vous verrez, vous vous battrez le dos au mur, vous aurez parfois l’impression que ce combat est perdu d’avance. Eh bien moi, je vous demande même quand vous êtes le dos au mur » – et c’est le sentiment que nous avons aujourd’hui, puisqu’on nous dit que même avec 2 millions et demi de personnes dans les rues, rien ne va changer – « eh bien, nous devons continuer à nous battre le dos au mur, car », ajoutait-il et ça reste étonnamment d’actualité, « si la droite veut remettre en cause la liberté de prendre sa retraite à 60 ans, c’est parce qu’elle veut faire en sorte que ceux qui sont tapis dans l’ombre, les banques, les assurances, les fonds de pension attendent de faire main basse sur ce pactole pour que la solidarité s’affaiblisse, et que les Français fuient vers des assurances privées parce qu’ils auront peur de ne pas avoir leur retraite garantie. ».

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Dessin de Martin Vidberg (www.martinvidberg.com)

Et d’ailleurs, dans le reportage que vous avez montré tout à l’heure, vous avez vu, et on l’a entendu dans les manifestations, ceux qui ont moins de 40 ans, ceux qui ont moins de 30 ans, qu’est-ce qu’ils disent ? Ils disent : « Nous n’aurons pas de retraite, et nous allons devoir nous débrouiller tous seuls. ». Et donc si on accepte la réforme de la droite, mais elle a gagné, les fonds de pension auront gagné, et quand vous comparez la France à d’autres pays, pourquoi vous ne dites pas que dans ces pays, les petits retraités ont été ruinés, ils sont restés sur le carreau, parce qu’ils ont donné leur argent à des fonds de pension qui ont fait faillite ? Eh bien moi je ne veux pas de cela pour mon pays, et la gauche ne veut pas de cela.

Arlette Chabot : François Fillon a dit la même chose, tout à l’heure. Il a défendu la retraite par répartition, en disant : nous ne voulons pas, justement, de retraite par capitalisation ; il a dit ça. Donc vous ne le croyez pas, et vous ne croyez pas que la réforme du gouvernement aujourd’hui va permettre d’assurer le système des retraites, la pérennité de ce système, par répartition, vous n’y croyez pas ?

Ségolène Royal : est-ce que vous y croyez, vous ?

Arlette Chabot : ah non mais moi je vous demande une réponse, c’est votre réponse à vous qui est intéressante.

Ségolène Royal : si c’était vrai, entrons dans son raisonnement, s’il voulait vraiment protéger le système par répartition, on entendrait protester le MEDEF. Car vous ne trouvez pas qu’il y a quand même quelque chose de très étrange, dans ce débat, on n’entend pas le MEDEF. Pourquoi est-ce qu’on n’entend pas le MEDEF ? Parce que la réforme de François Fillon EST la réforme du MEDEF ! Je l’ai là, la réforme du MEDEF. C’est quoi la réforme du MEDEF ? C’est en effet mettre à bas la retraite à 60 ans, et mettre à bas l’accès à la retraite à taux plein à 65 ans, et c’est taxer les salariés. C’est exactement ce que fait le gouvernement. Car lorsque l’on reporte l’âge de la retraite, ça revient à quoi ? Ça revient à taxer les salariés, et seulement les salariés. Est-ce que c’est juste ? Est-ce que c’est durable ? Non. C’est pourquoi, dans le projet des socialistes, nous acceptons un certain allongement de la durée de cotisation. Quand j’entends dire que nous ne bougeons pas, ce n’est pas exact, ce n’est pas juste. Nous acceptons le passage à 40 ans, nous acceptons le passage à 41 ans en 2012…

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Arlette Chabot : c’est la réforme de 2003, quoi, en fait, c’est dans le prolongement de la réforme de 2003.

Ségolène Royal : non, non, pas la réforme de 2003.

Jean Boissonnat : … la réforme Balladur.

Ségolène Royal : pas la réforme Balladur, ni la réforme Fillon. Pourquoi ni l’une ni l’autre ? Parce que ces deux réformes cumulées ont abouti à baisser le niveau des pensions de 20%. 20% ! Alors que les retraites ne sont déjà pas très élevées, et que M. Fillon avait dit – vous lui avez d’ailleurs presque rappelé tout à l’heure – lorsqu’en 2003, il a présenté sa réforme, il a dit : « C’est une réforme qui est financée jusqu’en 2020, et vous allez voir qu’ensuite, dormez tranquilles, les retraites sont sauvées. Aujourd’hui il nous fait le même discours, il nous dit : « Dormez tranquilles, les retraites sont sauvées. ». Alors que la présidente de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse a vivement protesté, elle a dit : il manque 4 milliards ; c’est-à-dire que ce n’est financé que jusqu’après, comme par hasard, l’élection présidentielle, et elle a ajouté ceci : comment se fait-il que le capital, les revenus du capital ne soient pas appelés en cofinancement des retraites, et cela d’autant plus qu’il y a 30 milliards,30 milliards d’exonérations de cotisations sociales dont profitent les entreprises.

Arlette Chabot : alors on va revenir avec Jean sur les entreprises, je voudrais juste que ce soit clair…

Jean Boissonnat : je voudrais tout de même avoir la réponse à la question, s’il vous plaît, que j’ai posée : si vous venez au pouvoir dans 2 ans, est-ce que vous rétablissez la retraite à 60 ans ?

Ségolène Royal : solennellement, je vous dis OUI. Pourquoi oui ? Parce que contrairement aux embrouillaminis, aux embrouillaminis qui sont régulièrement avancés – on en a eu encore un exemple tout à l’heure avec M. Fillon qui nous dit : on ne peut pas partir à 60 ans à la retraite. Mais les Français ne partent pas à 60 ans. C’est quoi la retraite à 60 ans ? C’est la liberté de pouvoir profiter de son travail lorsque l’on a cotisé pendant 40 ans. Est-ce que c’est injuste ? Non. Quand vous remettez en cause la liberté – non pas l’obligation – la liberté de prendre une retraite à 60 ans, vous frappez qui ? Vous frappez les ouvriers, vous frappez les petits employés, vous frappez les femmes, qui ont déjà des durées de vie [professionnelle] incomplète ; quand vous remettez en cause l’accès à 60 ans, vous frappez qui ? Vous frappez encore les femmes, qui ont des durées de vie [professionnelle] incomplètes, vous frappez les cadres, qui ont eu des durées d’études longues, et donc qui souvent sont entrés tard dans la vie active. Est-ce qu’il est juste, au moment où nous devons sauvez le système de répartition, de frapper les catégories populaires, et les catégories moyennes ? La réponse est non.

Arlette Chabot : Ségolène Royal, pour être très clairs, donc, vous reviendrez sur la réforme d’aujourd’hui en 2012, vous rétablirez le droit de partir…

Ségolène Royal : la liberté.

Arlette Chabot : la liberté de partir, mais pas à taux plein, forcément, pas à taux plein, pour que les gens qui nous écoutent, comme c’est compliqué, comprennent bien ?

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Ségolène Royal : mais à taux plein, si vous la durée de cotisation. C’est le cas aujourd’hui. C’est le cas aujourd’hui, quel procès d’intention fait-on aux socialistes ? Mais aujourd’hui, ceux qui partent à 60 ans – 300 000 salariés et ouvriers qui partent à 60 ans – vous croyez qu’ils ont les moyens de partir avec des durées de cotisation incomplètes ? Non. Ils partent avec des durées de cotisations complètes. Au nom de quoi les plus riches qui s’enrichissent en dormant et qui ont des revenus du capital, des stock options, des retraites chapeaux, de l’intéressement, des actions, au nom de quoi ceux-là ne cotiseraient pas pour cette retraite – qui est un salaire différé, finalement…

Jean Boissonnat : c’est pas une masse de Français, hein, ces gens là…

Ségolène Royal : ce n’est pas une masse… mais ça fait beaucoup d’argent, ça fait beaucoup d’argent M. Boissonnat. Savez-vous que la Cour des Comptes a évalué à 25 milliards le montant des fraudes fiscales des plus riches dans ce pays ? 25 milliards, c’est presque le besoin de financement – 30  milliards – pour financer les retraites cette année. Vous ne croyez pas que ça vaudrait quand même la peine ?

Quant aux ouvriers sur lesquels on frappe en remettant en cause la retraite à 60 ans et les petits employés, à quoi a abouti leur travail ? Leur travail, ça a quand même enrichi les actionnaires, leur travail a permis de revaloriser le capital de l’entreprise, leur travail a enrichi les détenteurs du capital de l’entreprise, et c’est tant mieux, si cet enrichissement a permis de créer à nouveau des emplois et de la croissance économique. Donc la partie du salaire qui s’est transformée en capital ou en revenus pour les actionnaires doit contribuer au financement des retraites. Il est absolument intolérable qu’un gouvernement puisse faire une réforme des retraites [sans] la faire financer [par] les revenus du capital, et sans répartir équitablement les choses.

Alors la garantie (…), ce que je vous dis aujourd’hui solennellement, parce qu’on entend les ricanements (…) quand les socialistes disent qu’ils rétabliront la liberté de partir à 60 ans, on les traite soit de menteurs, soit d’irresponsables. Eh bien je vais vous dire, je pense que le camp des menteurs et des irresponsables n’est pas de ce côté-ci. Nous, nous sommes conscients de ce que représente la sécurité sociale pour les Français. Nous estimons que nous rentrons dans un contexte économique très difficile, où il va falloir des sacrifices et des efforts, et les Français veulent la garantie que ces sacrifices et que ces efforts soient équitablement répartis, et c’est ça, la garantie que leur donne le projet des socialistes.

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